Julien Gracq
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Note moyenne : 7.86/10Nombre d'évaluations : 65
5 Citations 27 Commentaires sur ses livres
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Aldo, à la suite d'un chagrin d'amour, demande une affectation au gouvernement d'Orsenna et il est envoyé dans les Syrtes. Il devient l'Observateur de l'Amirauté et il se retrouve plongé dans un coin éloigné où règne l'ennui et l'immobilisme. Depuis 300 ans, entre Orsenna et le Farghestan, on fait face à une guerre passive. Le malaise devient de plus en plus oppressant et face aux rumeurs qui circulent, Aldo va vouloir transgresser l'interdit.
Julien Gracq est un écrivain talentueux. Il n'en fait aucun doute. Son style s'attache tout particulièrement à l'attente qu'il crée chez le lecteur. Je dois avouer que la lecture du "Rivage des Syrtes" n'a pas été facile. La description des lieux tient une place toute particulière puisqu'elle est reliée au ressentit des protagonistes. Il n'y a aucun marqueur de temps et tout est dans la suggestion. Certains n'iront pas jusqu'à la fin de ce récit car il ne s'agit pas d'un roman conventionnel. D'autres, comme moi, vont se sentir troublés par cette attente et lorsqu'ils auront lu les derniers mots de la toute dernière page, ressentiront un certain malaise face à cette réalité percutante.
Afficher en entierBien sûr, comme j'avais lu des commentaires sur ce livre avant de le commencer, je n'ai pu m'empêcher de penser au Désert des Tartares, de D. Buzzati. Mais cela a été de courte durée, car le style très particulier de cet auteur nous plonge dans une histoire très originale. A recommander.
Afficher en entierComment dire qu'il ne se pas rien dans ce livre.... Je l'ai étudié pour le bac de français mais je n'ai pas vraiment aimé. Le temps passe et c'est tout pour résumer.
Afficher en entierJe ne vais pas à nouveau faire un résumé du livre, les autres commentateurs ayant réussi cette tâche à la perfection. Je n'ai pas apprécié ce livre en partie à cause du style d'écriture bien trop ampoulé. Certes, je reconnais que l'écriture de Gracq est belle mais elle est aussi très poétique et ses phrases sont extrêmement longues. Il faut parfois s'accrocher ! J'ai aussi eu du mal avec le rythme du livre: il y a peu d'action puisque la région est embourbé dans un immobilisme pesant. Je dirais que ce roman est un "roman d'ambiance". L'auteur fait en sorte que le lecteur ressente un certain malaise et surtout qu'il se sente frustré par ce manque d'action. Malheureusement, j'ai abandonné ma lecture au bout d'un moment car je n'en pouvais plus et le livre ne m'accrochait pas. J'ai finalement décidé d'aller jusqu'au bout après avoir laissé de côté mon livre pendant 2 ans... La fin est géniale et j'ai vraiment saisi le sens du livre et le message que Gracq voulait faire passer. Je ne regrette donc pas d'avoir persévéré mais je peux dire que ce livre n'est pas pour tout le monde.
Afficher en entierCet essai est une véritable mine, une pépite, un joyau qui sublime et aide à saisir les multiples irisations de la littérature française.
Il est ce genre de livre qu'on ne commence ni ne finit vraiment, que l'on reprend au début dès la dernière page tournée, dont on s'imprègne lentement, page par page, phrase par phrase, mot par mot, laissant les arômes du savoir infuser doucement dans notre esprit ; c'est le cas de cet essai, ou plutôt de ces essais tant la richesse et la diversité des sujets abordés par Gracq est grande.
Ouvrage de critique, mais contre la critique professionnelle et les professionnels de la critique, En lisant en écrivant est avant tout un carnet de lectures, où la critique est celle du lecteur. Carnet, aussi, de l'auteur, de l'écrivain, qui partage ses réflexions sur les genres littéraires.
Ceux qui me connaissent savent bien, pourtant, que Gracq n'a pas toujours été mon ami — Le Rivage des Syrtes, abandonné à la p.24, croupira peut-être jusqu'à ma mort dans ma bibliothèque [edit: j'en ai finalement triomphé fin 2018] — mais je dois me rendre à l'évidence : cet ouvrage est fondamental, tant pour la littérature française en général et du XXe siècle en particulier, mais aussi pour le lecteur — et peut-être écrivain — qui le lit.
Il aura même réussi à me transmettre un petit morceau de son admiration pour Stendhal !
Une œuvre difficile d'accès, dont on pourrait se passer sans problème, mais d'une incommensurable profondeur, d'une immense intelligence et d'un grand intérêt — l'on sait bien que la sagesse est à la fois la plus superflue, mais en même temps la plus utile des richesses, tout en étant en même temps la plus inaccessible !
Afficher en entierIl y a deux ans, je m'étais essayé au Rivage des Syrtes et m'y étais cassé les dents, abandonnant au bout de trente pages. Mais j'ai persévéré, m'y suis replongé et... waouh. Juste, waouh. J'en perds mes mots, et il en faudrait beaucoup pour rendre justice à ce roman.
Rentrer dans le Rivage des Syrtes, c'est plonger dans une immense transposition onirique, où la réalité des choses s'efface pour laisser place à la réalité de la suggestion qu'en fait Gracq. La nature, plus que jamais, devient consistante, organique, consciente, même. Jamais dans la figuration, toujours dans la suggestion, ses scènes prennent vie et sont animées par le lecteur. Les irisations de sa prose, la tension constante entre le concret et l'abstrait, le tangible et l'immatériel, entre les différents sens — magnifiques synesthésies ! —, sont incroyables. Par cette abondance de métaphores gorgées de sens — perceptions comme signifiés —, Gracq rend avec maestria les impressions et les sensations. Il ne s'éloigne de la réalité concrète et physique du paysage, de la scène, du moment, que pour se rapprocher du vrai de ce qu'il décrit, s'inscrivant, par la puissance évocatoire dans la lignée de ces œuvres puissamment imaginaires — faisant surgir des images — et réussit à donner une « vision plus complète, plus saisissante, plus probante que la réalité même »¹. Mais la prose de Gracq ne s'explique pas, elle s'expérimente, dans toute son ampleur déstabilisante. Je me contenterai de citer trois courts extraits :
« Dans la déflagration brutale d'une bourrasque, les trompettes sonnèrent. [...] Une douce foudre tombait en pluie d'argent sur le cimetière. Longues, brèves, longues, les notes se poursuivaient en appel surhumain, en coulée de joie chaude et rouge, étouffante comme un caillot de sang. »
« le brasillement énorme et stupéfiant des étoiles déferlait de partout [...], exaspérant l'ouïe jusqu'à un affinement maladif de son crépitement d'étincelles bleues et sèches. »
« la fraîcheur s'égouttait lentement des branches en se diluant comme une odeur dans l'air transparent. »
Et pourtant, c'est ce style que j'ai détesté pendant mon premier essai, et à de nombreuses reprises dans le roman. Ampoulé, abscons souvent, difficile toujours, phrases interminables toutes en tours et détours (ce genre de phrases dont on oublie le sujet tellement elles sont longues et où l'on s'étonne ensuite d'un accord), l'aborder est d'une complexité extrême. Mais quand on prend le temps — et qu'on arrive à rentrer en résonance avec, je l'avoue —, quel régal !
Mais rentrer dans le Rivage des Syrtes, c'est aussi comme plonger dans une eau fraîche : cela ne se fait pas sans appréhension, on frissonne, on hésite. Une fois immergé, on s'y sent bien, on s'ébat, mais on en ressort beaucoup trop facilement, pour profiter du soleil plus chaud d'occupations plus abordables. C'est dommage parce qu'il est très dur de progresser dans ces chapitres, qui sont, en plus de cela, assez longs — quarante pages de Gracq, ça semble sans fin — et que sortir de l'histoire, ça veut dire avancer à une lenteur de tortue.
J'ai été extrêmement surpris, ayant été prévenu contre un roman de l'attente — ce qu'il est —, un roman de l'ennui — ce qu'il est... plus discutablement —, de le trouver à ce point passionnant. Peut-être que, par mon expérience de lecture, j'ai appris à tirer parti de l'éternité d'une olive² ? Ou alors, de même que Aldo s'habitue petit à petit à l'ennui des Syrtes, je me suis habitué à l'ennui du roman ? Le fait est que j'ai trouvé que ce roman est — globalement (il a des lacunes aussi, et plus que mon avis, qui peut paraître assez dithyrambique, ne le laisse penser : l'ennui, parfois, est vraiment réel et profond) — un excellent roman de l'attente et du mystère. Ce n'est pas un climat de mollesse passive qui domine, mais plutôt une tension de l'attente qui va crescendo, à mesure que l'auteur instille une menace voilée, recouvre la narration d'une brume de mystère qui intrigue. Il n'a rien à envier à certains maîtres du suspens, hormis peut-être que cette tension ne trouve pas d'accomplissement ni de réalisation — ce qui est très déroutant.
De quoi n'ai-je pas parlé ? Pêle-mêle, la relation entre Aldo et Marino est fantastique ; certains dialogues me sont resté totalement inaccessibles, je ne comprenais ni les questions ni les réponses, c'était très perturbant... ce qui implique que je devrai le relire dans quelques années ; ce roman, parce que je l'ai majoritairement lu entre une et deux heures du matin — pas en une seule nuit, hein ! en plusieurs tranches "une à deux heures" sur un peu plus d'une semaine —, revêt une couleur oscillant entre bleu roi et le noir, moucheté d'étoiles (oui, mon cerveau est étrange, il associe mes lectures à des couleurs ou des impressions...) ; mais surtout, je m'étais fait une montagne de cette lecture de manière peut-être un peu injustifiée — elle est extrêmement difficile, il n'y a pas de doute, elle ne m'a pas ménagé, mais moins que ce à quoi je m'attendais — et je suis particulièrement fier d'en avoir triomphé #PersonalPride.
Je finirai sur l'idée qui, je trouve, résume le mieux ce qui m'a envoûté dans Le Rivage des Syrtes et que j'ai si longuement développé — au détriment, je l'avoue, des points négatifs, qui font que mon avis semble un peu trop tranché et élogieux — : la réalité des choses s'efface pour laisser place à la réalité de la suggestion qu'en fait Gracq.
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¹ Maupassant, préface de Pierre et Jean : « Le réaliste, s'il est un artiste, cherchera non pas à nous montrer la photographie banale de la vie, mais à nous en donner la vision plus complète, plus saisissante, plus probante que la réalité même ».
² Reprise de René Char, « [Le poète] comme le pauvre sait tirer parti de l'éternité d'une olive ».
Afficher en entierTellement prit dans l'histoire que j'ai lu les 60 premières pages en une soirée. Il est vrai qu'il est plutôt dure et que j'ai du m'y prendre à plusieurs fois pour le lire. Mais une magnifique histoire ! Un histoire d'amour magnifique, un suspens réaliste, et surtout des descriptions poétiques à couper le souffle ! Un très, très, très grand livre !!!!!
P. S. : Le "manque d'action" n'est pas dérangeant pour apprécier l'histoire. Et je trouve un peu dur de dire qu'il n'y a pas d'action. Il y en a peut-être peu, mais il y en a quand même.
Afficher en entierQuel absolu plaisir que de retrouver la prose élégante, dense et infiniment riche d'irisations et de subtilités, d'un auteur comme Gracq !
Ce style éminemment évocateur, parce que sensuel — tous les sens sont sollicités, sur-excités, pour faire de la lecture et de l'écriture des expériences grandioses, totales —, est mis au service dans En lisant en écrivant, d'observations sur l'immense champ littéraire : auteurs, œuvres, propriétés, enjeux, apories.
En lisant en écrivant, c'est une anthologie (dans son sens premier, le plus beau : "bouquet de fleurs") de fragments en tous genres, mais qui possèdent comme dénominateur commun le plaisir de la lecture, le goût de l'art, alliés à l'exigence du style. Tout est bon pour rendre compte de la littérature, qu'elle soit sans distinction lecture ou écriture (En lisant en écrivant, sans virgule, n'exprime rien d'autre que ce va-et-vient continu, cette indissociable liaison entre deux faces d'une même médaille) ; tout est bon pour en suggérer les pouvoirs et les charmes : ouïe, vue, goût — les métaphores gastronomiques pullulent —, comparaison aux autres arts, détour par les sciences (chimie, biologie, optique surtout).
En lisant en écrivant est le cahier d'un lecteur (et amateur d'art) engagé dans ses lectures, qui n'hésite pas à affirmer avec force ses goûts, et aussi le cahier d'un auteur, qui écrit sur, mais surtout qui écrit, intransitivement.
Une fantastique expérience littéraire, qui transforme le "discours second" du critique en discours premier, pleinement littéraire en lui-même.
Afficher en entierRoman très littéraire qui demande une lecture attentive. La langue de Gracq, est très riche, foisonne de vocables complexes, d'adjectifs innombrables, de phrases longues à la Proust. Mais on se laisse emporter par cette beauté narrative ; on aime s'y perdre comme dans les brumes humides qui flottent sur Orsenna ou dans cette nature désertique plus présente que les hommes qui y vivent. C'est le roman de l'attente, intemporel, comme un songe.
Afficher en entierLa plume de J. Gracq, comme toujours, a cette précision acérée qui sert ici un ton mordant, ironique, mais toujours intelligent. Cela dit, ni son propos ni son style ne pétillent ici comme ils peuvent le faire dans des notes comme celles d'En lisant en écrivant, sûrement parce que le texte n'est pas animé ici par son profond amour de la lecture et de l'écriture, dans la mesure où c'est un portrait à charge des milieux littéraires de son temps — que ceux d'aujourd'hui reproduisent en partie.
Afficher en entierOn parle de Julien Gracq ici :
2015-11-04T13:10:20+01:00
2011-04-03T00:10:51+02:00
Les gens aiment aussi
Dédicaces de Julien Gracq
et autres évènements
Aucun évènement prévu
Editeurs
José Corti : 16 livres
Editions José Corti : 2 livres
Le club français du livre : 1 livre
Gallimard : 1 livre
Inconnu : 1 livre
Biographie
Julien Gracq
Ecrivain français
Né à Saint Florent-le-Vieil le 27 juillet 1910
Décédé à Angers le 22 décembre 2007
Né sur les bords de la Loire, dans un village très éloigné des cercles littéraires et des parades mondaines, Julien Gracq est très marqué par le pensionnat de son enfance. Il fréquente d'abord un lycée de Nantes, le célèbre lycée Henri IV à Paris puis l'Ecole normale supérieure et l'Ecole libre des sciences politiques. Normalien agrégé d'histoire, Julien Gracq commence à enseigner alors qu'il écrit sa première fiction 'Au château d'Argol'. Il exerce sa fonction de professeur sous son vrai nom Louis Poirier, et utilise celui de Gracq pour ses activités littéraires. Entre autres pièces de théâtre et poèmes en prose, il est notamment l'auteur de 'Le Rivage des Syrtes' pour lequel il obtient le prix Goncourt 1951. Prix qu'il refuse, écoeuré par un certain milieu mondain intellectuel qu'il caricature dans son pamphlet 'Littérature à l'estomac'. Grâce à une écriture peuplée de symboles et de mythes, il 'exploite le capital de rêverie de la langue' selon ses propres termes. Julien Gracq, écrivain exceptionnel et critique littéraire reconnu, s'éteint en 2007 à l'âge de 97 ans.
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