Mathieu Belezi

Hargneux, avec des personnages odieux.

Ce livre m'a laissée sans souffle et sans voix. Certes il n'y a guère de points qu'à la fin de chaque chapitre où chaque voix y conte son récit sans respirer, un flux de la pensée, des souvenirs, du temps qui se mélange les pinceaux.Véritablement bouleversant, ce roman est un concentré d'histoire(s), de violences et de douleurs partagées. Le livre traite sans pudeur de la folie et de la cruauté des hommes pris dans les filets de l'histoire qui se fait avec et malgré eux. Une naissance inéluctable dans le sang et les larmes, celle d'une Algérie libre et indépendante.

Un sujet intéressant mais dont l'exploitation m'a déçue. Dommage...

Même si le thème abordé par l'auteur est fondamental et que j'ai été plutôt agréablement surprise par sa plume et par la forme atypique de la narration, je suis passée complètement à côté de ce roman. Je n'ai pas été convaincue par l'angle choisit par l'auteur pour dénoncer les horreurs de la colonisation, et je n'ai pas compris non plus l'intérêt de l'évoquer d'une manière aussi peu nuancée et aussi tranchée, au travers de personnages qui manquent également de profondeur (et qui, de fait, ne sont pas parvenus à susciter la moindre émotion chez moi).

Roman intéressant sur la colonisation française en Algérie. Écriture intéressante également. Mais trop de sang, trop de malheurs et de violence.

Mathieu Belezi est de ces auteurs que je vois régulièrement passer sur mon fil mais que je n'avais pas encore pris le temps de découvrir. "Attaquer la terre et le soleil" est celui que je croise le plus souvent en ce moment, et les nombreux et jolis retours des Babelpotes m'ont incitée à le lire à mon tour.

Ce court roman nous emmène en Algérie au XIXᵉ siècle. Nous sommes amenés à suivre d'un côté les colons français fraîchement arrivés dans une des colonies agricoles, et de l'autre côté, la campagne des soldats colonisateurs.

"Rude besogne" d'un côté. "Bain de sang" de l'autre. Gentils français et méchants algériens d'un côté. Méchants français et gentils algériens de l'autre. Choléra et désillusions d'un côté. Razzias et barbarie de l'autre.

De sa plume puissante, âcre, qui ne mache pas ses mots, l'auteur nous emporte dès les premières lignes dans une atmosphère suffocante que l'on ne veut pourtant pas abandonner. Choléra, mort, désillusions, hostilités, viols, massacres, tels sont le quotidien des protagonistes. Certains subissent, peinent à se relever et abandonnent pendant que les autres profitent de leur position et prennent plaisir à se servir. J'ai eu beaucoup d'empathie pour les premiers, alors que les seconds m'ont horrifiée (pour le coup, je puis vous assurer que je ne suis pas fière d'être française...).

C'est un roman court mais très efficace, dur également, qui marque, tourneboule, dérange. J'aurais pas mal de chose à lui reprocher, si je me fie à ce que je recherche dans mes lectures habituellement. Pourtant, je n'y ai pas fait attention, tellement j'étais prise dans ses filets.

Je regrette seulement l'absence de majuscules et de points en début et fin de phrases, ainsi que la fin moyennement satisfaisante, parce que vite arrivée et expédiée pour les uns et totalement absente pour les autres.

Mais il n'empêche que c'est une lecture que je n'oublierai pas de sitôt, tout à la fois dure et prenante.

Première expérience avec Mathieu Belezi, et certainement pas la dernière.