Philippe Lançon

Le lambeau | Philippe Lançon

Cette lecture m'a accompagné plusieurs jours. Et elle ne me quittera jamais définitivement.

Lors du tristement célèbre attentat commis au sein de Charlie Hebdo Philippe Lançon est laissé pour mort, le visage à moitié détruit, sa mâchoire n'étant plus qu'un trou béant.

Au milieu de la souffrance morale et physique il y a surtout la finesse d'une plume incroyable qui va nous faire partager son combat, ses doutes, ses peurs...Véritable ode à l'amour, à l'amitié et à la famille.

Le ton n'est jamais plaintif, mais il ne se pose pas non plus en super héros.

Je suis admirative de sa capacité à ne pas céder à la haine non plus.

Admirative aussi de sa sagacité face à ce que la vie lui a réservée.

C'est sans aucune doute, un grand homme. Un grand homme pour un grand récit.

En cette période de covid-19 on ne peut que saluer et apprécier l'hommage incroyable rendu par l'auteur, tout au long du livre, au personnel hospitalier.

Admirable. Bouleversant. Précieux.

« Tout allait mal, mais tout irait mieux, donc tout allait bien »

Roman tout en tension jusqu'au récit de l'attentat, dont la lecture est saisissante. Mais qui constitue une petite partie de ce témoignage, dont l'essentiel est ce qui vient après, la longue et difficile reconstruction d'un visage déchiré par une balle. Rien n'est épargné, et le récit des opérations, de la rééducation, des interventions des différents soignants, se répète encore et encore, et même si nous y lisons une progression, passant de la Salepêtrière aux Invalides, c'est un peu long. Certaines des réflexions développées m'ont un peu échappées, par ennui, ou incompréhension... Libérateur certainement par son auteur, ce roman autobiographique ne m'a pas vraiment convaincue.

Un livre poignant, où je relève

- l'absence de haine et d'esprit de vengeance à l'égard de ceux qui ont tué ses collègues et l'ont gravement blessé;

- la remarquable résilience dont il fait preuve: animé d'un optimisme foncier, il ne se laisse jamais aller au désespoir, au renoncement (ou du moins il tait ces sentiments s'il l'a ressenti à certains moments, ce qui serait pourtant bien naturel);

- la très vaste culture qui manifestement le soutient dans la longue épreuve qu'il traverse: lire Proust en attendant l'anesthésie, se faire soigner en écoutant Bach, rédiger des critiques de livres ou d'expositions quand la douleur empêche le sommeil... au point que je me suis bien des fois demandé quelle était la part de spontanéité, de sincérité, et quelle la part de pose, de prétention, voire d'orgueil - je lui accorde le bénéfice du doute!

Je comprend bien que l'auteur ait eu besoin d'écrire ce livre, et le bénéfice que certains auront à le lire.Pour ma part, j'ai trouvé le 100 premières pages ennuyeuses à souhait. Que de digressions ! L'auteur écrit lui-même qu'il va nous parler longuement de personnages (description physique, milieu familial, étude du père etc etc) dont il ne sera plus question ensuite, et qui n'ont aucune incidence sur le récit.Tout est dilué, critique théâtrale, philosophie, souvenirs. La deuxième partie est plus intéressante même si elle a toujours le défaut de se perdre dans les détails. Pour la forme, ce roman manque de rythme et le sens perd beaucoup en efficacité. Quand au fond, pour moi qui vit loin de la France et de sa politique, qui me tient soigneusement à l'écart des médias journalistiques et des faits d'actualités, et qui ai vécu dans des pays autrement plus tourmentés par la violence, et qui ne connaissait pas le journal Charlie, ce livre n'est pas pour moi et ne peut pas me toucher.

Lu en 2019. Il y aura "un avant" et "un après". Le Lambeau restera pour moi un témoignage unique dans cette tragédie personnelle et collective, de celle qui transpire sous la plume ciselée de Philippe Lançon !

Impossible de le lire d'une traite. J'avais eu besoin de faire des pauses, pour respirer, remonter à la surface de temps en temps, tant ce récit peut être vampirisant.. Et à certains moments si palpable que l'uppercut n'a pas été que moral (!)

Spoiler(cliquez pour révéler)Le 7 janvier 2015, 11h28-11h30 : deux minutes qui ont rendu le monde entier "Charlie", et ont bouleversé à jamais une existence, parmi tant d'autres. Le lambeau, c'est Philippe Lançon : "reporteur et chroniqueur d'une reconstruction." Philippe Lançon, un homme meurtri et défiguré, une victime, un survivant et un miraculé. Il ne revient pas que des limbes de l'enfer, il va le vivre réellement durant des mois. Un espace-temps aboli, un épais brouillard, qu'il décrit sans épargner le lecteur, témoin sidéré et impuissant, dans les moindres détails, dans les moindres souvenirs ou bribes : la reconstruction du corps, qui prime, urgente, doit passer avant la cicatrisation de l'âme, balayant colère, deuil et espoir. En guise de placebos, il y aura, immuables, Bach, Kafka, Proust et "La montagne magique"... L'hôpital comme une seconde maison, durant 9 mois, aussi protectrice qu'infantilisante, la bienveillance du personnel, familiale, amicale, parfois plus étouffante que les bandages. Surtout, prégnante et lancinante, la douleur à "accueillir", la greffe et un nouveau visage à apprivoiser, en plus du vide, de la terreur, de l'abandon, de l'indifférence, de la dépendance...

10/10

Les premiers chapitres du livre qui parlent de l'avant attentat, et de l'attentat en lui même sont très poignants, saisissants. Nous sommes tout de suite plongés dans les souvenirs de Philippe Lançon, des souvenirs entremêlés d'une vaste culture générale. Mais cette manière d'écrire devient très vite épaisse ce qui détache le lecteur du récit. Si les premiers chapitres se lisent facilement et sont captivants, les suivants sont lourds, très longs et ne traitent que de la rééducation de l'auteur. Un livre sensible, touchant, mais impossible à finir ; il est une guérison pour l'auteur plus qu'il est un plaisir pour le lecteur.

Une très belle écriture au service d'une humanité encore plus grande .

La seule façon de comprendre certaines choses est de les mettre par écrit. Peut-être qu’à la fin, il ne sera pas possible de percer complètement le mystère, mais cela éclairera les zones d’ombre qui l’entourent. C'est ce que Philippe Lançon a proposé et réalisé dans ce livre mémorable, mélange de chronique, de mémoire et de grande littérature. Avec une prose simple et un style très épuré, Lançon nous offre dans "Le lambeau" un très vaste portrait de sa vie – de Paris, de la France, du monde – après avoir survécu au terrible attentat contre Charlie Hebdo. Le 7 janvier 2015. Ce portrait, qui est nécessairement une reconstruction, est parallèle à d'autres reconstructions : celle de sa mâchoire – fracassée par une balle – et celle de sa nouvelle vie après cette matinée. Car comment est-il possible de vivre après avoir subi un attentat au cours duquel tant de collègues et d’amis ont perdu la vie ? Que signifie continuer à vivre quand on a été en enfer sur terre ? N'est-ce pas aussi une condamnation ?

Avec un ton mesuré, plein de réflexions sur le temps qui passe, sur les personnes que nous étions et celles que nous serons, Philippe Lançon dresse une merveilleuse cartographie émotionnelle de l'individu vulnérable de nos jours. Sans reculer devant la cruauté de l'événement, il se concentre sur les événements quotidiens avant et après l'attentat, sur la vie à l'hôpital et sur la longue reconfiguration d'une nouvelle identité. Le revenu modifie votre vie et celle des personnes qui vous entourent ; Elle modifie vos ressentis, vos souvenirs, votre façon de lire, d'écrire et même de respirer. La peur, la dépendance et la culpabilité s'emparent du narrateur, qui recherche sans cesse des signes alors que les références se perdent continuellement.

Ces pages font défiler les amis, la famille, les couples et les collègues de travail qui ont connu l'ancien Lançon et qui contribueront à la naissance du nouveau, de l'autre. Mais surtout se démarquent les membres du personnel de santé, ces anges qui donneront un nouveau visage à l'auteur et dont la présence, comme celle de la littérature (Shakespeare, Kafka, Proust) et de la musique (Bach, Bill Evans), ponctue le livre entier et la naissance de la nouvelle existence. Acclamé par la critique et le public, ce n'est pas un livre sombre, mais terriblement lumineux ; un livre nécessaire que personne ne voudrait avoir écrit et dont la lecture passionnante ouvre autant de questions que d’espoirs.

Il ne s'agit pas de n'importe quelle histoire, mais de l'histoire de ce survivant racontée dans un style élevé avec de nombreuses références culturelles et surtout littéraires, musicales et cinématographiques, qui permettent au lecteur de comprendre et de s'immerger pleinement dans les réflexions du patient.

Ce livre est magnifiquement écrit et ne devient jamais lourd ou long, et grâce à la capacité expressive et culturelle de son auteur, il nous fait ressentir jusqu’au moindre détail de la « reconstruction » physique, spirituelle et familiale de son auteur.

Ce livre m'a subjugué, éclairé, captivé. C'est une grande œuvre, de la grande littérature tout autant qu'un témoignage fascinant et terrifiant, aussi sincère qu'intime et profondément humain. Livre sur le deuil de ce que l'on a été qui parvient néanmoins à être consolateur.

Dès la sortie de ce livre, j'avais entendu son auteur en interview et sa façon de s'exprimer m'avait donné envie de le lire , mais je ne m'y sentais pas prête . C'est maintenant chose faite et je ne regrette ni ma lecture, ni le temps passé depuis les événements de Charlie, qui m'a permis d'avoir la distance nécessaire à ma lecture.Sur la forme déjà, l'écriture est superbe de précision , de profondeur et parfois d'un humour qui n'est ni décalé ni inapproprié , mais nécessaire. L'émotion est omniprésente , mais sans misérabilisme ni haine. C'est un exploit pour le narrateur d'avoir pu analyser et faire partager son vécu si intime , à la fois dans une dimension très pragmatique ( la réparation du corps) et très poétique (l'amitié, l'amour, le ressenti , le rapport à la littérature et à la musique) . Je suis soignante et j'ai aussi été très admirative de la façon dont Philippe Lançon décèle l'humain derrière le professionnel, ce qui révèle une attention portée à autrui qui force l'admiration. L'auteur décrit bien comme il se sent ni tout à fait la même personne ni tout à fait un autre avant et après l'attentat et il le fait bien ressentir au ont de son récit par l'usage répété d'oxymores, nous plaçant sans cesse dans une position de confident témoin de ses luttes les plus sombres ou les plus lumineuses entre espoir et ténèbres. L'épilogue est le point d'orgue de cette lutte , celle de l'humanité , capable du meilleur ( réparer un corps dévasté) et du pire en laissant parler sa violence aveugle ( la nouvelle série d'attentats) .