Rosa Montero

Ce roman se déroule en 2110 mais on pourrait transposer l'histoire de nos jours. Cela reflète parfaitement l'époque que nous vivons.

"La Chair" un besoin, celui d'une femme "Soledad"(solitude en espagnol), âgée de 60 ans, celui d'être aimée sur tous les plans tellement elle se sent seule.Aimer pour elle est une fuite en avant contre le souvenir de son premier amour, contre son histoire familiale perturbante, contre le temps qui passe et une revanche en se payant les faveurs d'un gigolo dont elle tombe amoureuse.

Ce roman, parsemé de références culturelles nombreuses tant littéraires, artistiques que musicales, ne se lit pas aussi facilement que ça car il ne raconte pas une histoire linéairement mais aborde avec profondeur beaucoup de thèmes dont la fuite inexorable du temps, les souvenirs et les milieux artistiques.L'auto-portrait de Rosa Montero est savoureux et esquisse bien la façon de travailler de l'autrice en se mettant subtilement en scène face à Soladad.

J'attendais cependant mieux ; un peu déçu.

J'ai trouvé ça mauvais. Peut-être est-ce dû au fait que je venais de lire la trilogie berlinoise, de Philip Kerr, qui donne une véritable leçon en matière de roman noir. En comparaison, le poids du cœur rate le coche. L'écriture est parfois difficilement supportable. Certaines erreurs peuvent être imputées à la traduction qui est assez catastrophique, mais le style en lui-même fait mal aux yeux.

Quelques tentatives très maladroites de philosophie, comme le conte raconté par la détective à la petite fille, censé servir de fil rouge distillé au long du récit, tombent en fait comme autant de cheveux sur la soupe informe qu'est cet univers. La plupart des personnages, leurs croyances et leurs interactions, frisent le ridicule. Ainsi Montero rate-t-elle le coche sur le plan du féminisme, en présentant une héroïne fragile, soumise à quasiment tous les hommes du récit, qui sont à l'inverse tous des machos un peu taciturnes.

Pour ce qui est du cadre spatio-temporel, on est en 2109 et les innovations majeures de ce dernier siècle se résument à des implants, des hologrammes et des androïdes. Les téléphones portables sont devenues des sortes de montres et on utilise toujours Google. Quelle imagination ! Ce cadre permet à l'autrice de jouer les Nostradamus en nous dépeignant un gouvernement mondial totalitaire ("Globalia" en moins bien), à la solde des méchantes grandes entreprises, et en proie aux conséquences du changement climatique.

Évidemment, son message est pertinent et même important, notamment sur l'urgence climatique. Ce n'est pas ça que je reproche à l'autrice ; c'est plutôt d'avoir amené la chose avec de si gros sabots que c'en est déjà lassant à la page 3. "Regardez, à droite, un homme au visage ravagé par l'explosion de la centrale nucléaire russe de 2054 ! Oh, et à gauche, une borne qui permet aux citoyens de payer l'air qu'ils consomment !".

De nombreux éléments semblent confirmer que l'autrice n'y connaît rien en science-fiction et utilise ce genre juste pour faire passer son message. Elle en exploite tous les clichés à un tel point que c'en est ridicule. Outre le terme de "réplicants" qui était bien la seule chose à ne pas reprendre de Blade Runner, on a les t-shirt chauffants, les fusils à plasma, et bien d'autres joyeusetés...

Et "Par le grand Morlay...", sérieux ? Ça m'avait déjà rebuté dans "Idéalis" mais c'était déjà plus pardonnable : l'histoire se déroulant au 25ème siècle, on pouvait imaginer (non sans peine) qu'une nouvelle religion s'était développée dans l'intervalle. Mais là, en moins de 80 ans, dans un monde où la science est de plus en plus importante, qu'une nouvelle religion se crée et se répande au point d'amener son lot d'expressions dans le langage courant ? Pour mettre en place un monde fictif, c'est une bonne technique de faire passer les choses comme si elles étaient banales dans le fil d'une description ou d'un dialogue. Mais lorsqu'on introduit des éléments allant à rebours de l'univers qu'on crée, c'est quand même bien de les expliciter un peu.

On a aussi découvert vers 2060 des espèces extraterrestres – alors que l'innovation technologique ne semble pas battre son plein, mais soit – et le sujet est juste balayé sous le tapis. Il s'agit de la proposition de peuples extraterrestres la plus simpliste qu'il m'ait été donné de découvrir. Peut-être que l'autrice s'est dit qu'en calant le mot "extraterrestre", ça ressemblerait encore plus à de la science-fiction.

L'enquête policière, reléguée au second plan, existe de toute façon aussi pour servir de socle à une critique politique. Parfois, les résolutions d'éléments de l'enquête sont tellement simples qu'on se demande comment les personnages ont pu ne pas les trouver avec une simple recherche internet. Il s'agit en fait ni plus ni moins que de facilités scénaristiques justifiant leurs nombreux voyages dans cet univers farfelu.

Le dénouement final, pas si mauvais, n'est à mon sens pas suffisant pour rattraper l'ensemble.

"La bonne chance" c'est ce qui peut arriver à chacun de nous car tant qu'on est en vie, on mérite d'être heureux.Mais "quel bonheur" nous rend heureux ?

C'est la réponse multiple à la situation de chacun des personnages qui éclaire le lecteur dans la lecture de cette fable.

D'abord,il y a Pablo, architecte de renommée internationale qui a "tout pour être heureux" mais qui ne l'est pas et qui découvre dans le train qui le mène à Malaga , un appartement à vendre qu'il achète le jour même à un propriétaire véreux : Benito.

Ensuite, il y a Reluca, une femme abandonnée à sa naissance par sa mère sur un banc d'un parc ou plutôt comme elle dit trouvée par une éducatrice spécialisée, dont sa rencontre a conditinné sa vie.Elle a connu des moments difficiles, proches de la folie mais s'en sort car elle croit en sa chance.

Enfin, il y a tous les autres : ceux qui incarnent le Bien ceux qui incarnent le Mal dans cet univers qu'est Pozonegro, ancienne ville minière imaginée par l'autrice et laissée à l'abandon avec elle même.Ils ont eu "la bonne chance" car ils l'ont saisie : Felipe, un voisin de Pablo qui avait décidé de se suicider à ses 82 ans mais qui est encore en vie car il veut encore gouter aux joies simples de la vie.Cette fille qui a "la bonne chance" d'être retirée de sa mère qui la violente et même cette mère qui de fait, se trouve protégée d'elle même....Même ce jeune chiot, dont la mère a été tué par des "Méchants" a "la bonne chance" d'être donné à Pablo par jeune adolescente droguée et perdue...

Reluca et Pablo se rencontrent, s'aiment et vont avoir une "bonne chance" de s'être rencontrés car ensemble, ils vont avoir un enfant qui va être aimé donc incarner le Bien contrairement au fils de Pablo qui est le Mal en personne car lui, son père, n'a pas été aimé et n'a pas su l'aimer comme il n'a pas su aimer et faire part de ses émotions à sa femme Clara, décédée d'un cancer.

Un beau livre sur le Bien, le Mal, "les Gentils, les Méchants" comme dit Felipe et sur la définition des valeurs simples du bonheur : Reluca continuera d'être elle-même, continuant de travailler dans une grande surface et Pablo l’architecte qui mettra à profit son talent pour que les pauvres puissent être bien logés."Cette bonne chance" dépend donc des rencontres qu'on fait et de ce qu'on en fait.Belle morale pleine d'espoir !

A lire surtout quand le monde qui nous entoure nous déprime au point de douter de l'intérêt d'y vivre !

Pas mon style de lecture, mais joli style d'écriture

Le fait de lire ce livre ''dans le texte'', c'est à dire en espagnol m'a demandé un effort supplémentaire et évidemment beaucoup plus de temps. L'avantage, c'est qu'il m'a gardé plus longtemps plongé dans cette histoire absolument palpitante, me donnant l'impression de côtoyer ces personnages probablement surréalistes mais tellement attachants.

Court roman qui nous entraîne dans le trafic des êtres humains. L’originalité vaut par la double écriture (une autrice espagnole, un auteur français). Même si l’intrigue et son issue sont facilement identifiables le rythme incessant donne un réel intérêt à ce livre. On a juste l’impression parfois qu’il aurait mérité un peu plus de développement…(et il y avait matière) mais là n’était pas le but !

C'est avant tout le plaisir de retrouver l'ambiance de Blade Runner qui m'a poussé vers ce roman.

J'avoue avoir été surpris au début. L'oeuvre de PK Dick si bien reprise par Ridley Scott et Villeneuve n'est qu'une trame de fond, une base, sur laquelle l'auteure s'appuie et développe sa propre intrigue. Et puis rapidement j'ai apprécié son style, sa profondeur... Ce roman m'a touché dans les thèmes qqu'il aborde. L'auteure sait faire parler les sentiments. Xénophobie, populisme, complots pour ce qui est de l'intrigue. Solitude, peur de la mort, mélancolie du temps qui passe, douleur des souvenirs perdus pour ce qui est des personnages.

Au final une écriture profonde et touchante, des thématiques qui ne laissent pas de marbre. Un peu ce qui m'avait plu dans l'univers de Blade Runner mais vu sous un autre angle moins froid et plus sentimental.

J'ai acheté la suite des aventures de Bruna en espérant y retrouver cette "humanité" propre aux réplicants/techno-humains.

Second roman que je lis de Rosa MONTERO, et je suis toujours aussi touché par sa façon d'écrire. Il y a une réelle sensibilité. l'auteur sait jouer avec les émotions.

Pour cette suite des aventures de Beuna Husky je trouve personnellement l'intrigue un peu légère... Tromperie, trahisons, les fils sont un peu gros! La Bruna méfiante et torturée du premier livre à laissé place à une Bruna toujours aussi torturée mais quand même sacrément cruche face à la série de "malchances" qui l'entrainent dans cette histoire et qu'elle ne voit pas venir.

Mais au final ce fut une bonne lecture, un bon thriller écolo rempli de bons sentiments!

indispensable, brut, sincère.