Ryszard Kapuscinski
Auteur
Activité et points forts
Thèmes principaux
Classement dans les bibliothèques
Quelques chiffres
Note moyenne : 7.11/10Nombre d'évaluations : 9
0 Citations 6 Commentaires sur ses livres
Les derniers commentaires sur ses livres
Voici une oeuvre très dense et passionnante qui décortique le fonctionnement de l'un des régimes les plus néfastes qu'ait connu l'Afrique du XXème siècle. Derrière le portrait glorifié de Hailé Sélassié, qu'en ont dressé les baba cools et autres rastas, se cache en réalité un potentat sanguinaire au mode de pensée anachronique et au comportement dans la droite lignée de l'absolutisme Louis quatorzien. On a ainsi l'impression de lire par moment Les Lettres persanes, voir même un conte philosophique de Voltaire, tant les parallèles entre l'Empire éthiopien et l'Ancien Régime sont parfois criant !
Répartis en trois chapitres, les témoignages décrivent dans un premier temps les rites de cette cour, puis son déclin et enfin sa chute. A chaque pages tournées l'on passe du dédain à la consternation et inversement.
Il est ainsi extraordinaire de découvrir qu'un tel système politique existait encore dans les années 60/70, qu'au temps des Trente glorieuses et de l'apogée du modèle américain, l'on trouvait une cour plus soucieuse de se faire remarquer par son monarque de droit divin, plus soucieuse de détourner la fortune impériale, que du bien être de sa population. Je ne parle pas d'un régime corrompu et autocratique à la Idi Amin Dada ou à la Franco, non l'Empire éthiopien allait bien plus loin dans ses dysfonctionnements.
Laissez moi vous citez un exemple frappant avec cette anecdote, une vraie parabole criante de vérité. Un ancien courtisan du Négus explique ainsi qu'avant d'entamer un voyage dans une province, le tyran prévenait le gouverneur de cette dernière de son arrivée pour qu'il ait le temps de nettoyer l'endroit et de le remettre à neuf. Déjà cette phrase en dit long sur le niveau d'incompétence du système étatique, mais continuons, c'est pour l'instant chose banale dans une dictature. Ces règles suivaient donc leur cours quand un jour, le roi des rois décida d'organiser une visite surprise dans une province non prévenue ! Catastrophe, le gouverneur n'a pas eu le temps de masquer son immobilisme, il est limogé. Que font alors les autres gouverneurs ? Leur travail ? Non ce serait logique ! Ils préfèrent se plaindre auprès de l'Empereur qu'il ne peuvent désormais plus vivre sereinement, car ils sont dans la crainte constante d'une visite surprise de ce dernier. Ils soulignent par ailleurs que cela va à l'encontre de toute règle protocolaire. Finalement les deux partis trouvent un compromis : construire un grand palais dans le désert qui recevrait de la nourriture fraîche tous les jours, ainsi le Négus s'il venait dans la région n'aurait pas à visiter les paysans et pourrait de fait séjourner à cet endroit avec sa cour. Notons qu'entre l'inauguration du palais et sa chute, le roi des rois ne vint qu'une seule fois en ce lieu. Et le plus fascinant et surréel dans tout ceci, c'est que les courtisans ne comprennent pas pourquoi l'on en veut à l'Empereur et au système qu'ils contribuent à faire perdurer. Pour ces mêmes personnes, les famines sont des mal nécessaires au bien être des paysans qui voient leurs ardeurs ainsi calmés.
A ce titre, le terme pour qualifier ce récit est bien surréaliste. On nage dans un archaïsme et une incompétence (encouragés par un Selassié qui pouvait ainsi se faire valoriser à travers la médiocrité de ses courtisans) à la fois terrifiante et tordante. C'est certain, Le Négus mérite infiniment que l'on s'y arrête ne serait-ce que pour découvrir une facette d'un Empereur trop souvent rattaché et résumé à cette image héroïque que lui a forgé l'invasion italienne de l'Ethiopie en 1936 (quand bien même, il s'était contenté de s'exiler en Angleterre, et qu'il s'était ensuite appuyé sur cette dernière pour reprendre le pouvoir au détriment des vrais résistants qu'il fit massacrer ... il est beau le héros !).
Afficher en entierCarnet de voyage sympathique, mais déroutant : on est beaucoup plus tourné vers la pédagogie que vers le récit d'aventure.
L'auteur nous explique dans les détails les cultures, les traditions et toutes les subtilités des endroits qu'il visite. Il y a de tout, du plus évidant (comme des rappels historiques sur la colonisation) à la petite anecdote méconnue (par exemple, comment meurent les éléphants ?).
Ce livre m'a fait prendre conscience d'à quel point j'étais ignorante de la richesse culturelle de l'Afrique, qui se révèle être un continent des plus fascinant. Rien que pour ça, je ne peux que dire merci à l'auteur.
Mais je trouve quand même que ce livre souffre de son absence quasi totale d'intrigue. On ne fait qu'enchainer les tranches de vie, sans qu'elles soient réellement liées entre elles, et ne permettent donc pas la création d'enjeux palpitant plus d'un chapitre. Aussi, les personnages ne sont pas très intéressants car leurs descriptions se limitent au strict minimum, ils n'ont pas vraiment de personnalité définissable.
Afficher en entierJ'ai lu ce livre après mon premier voyage en Afrique subsaharienne (j'y vis maintenant depuis 5 ans). Et Kapuscinski a mis des mots sur toutes les choses du quotidien qu'on ne raconte pas une fois en Europe, car on ne les voit plus, car elles sont rentrée dans l'habitude. Du coup, à chaque fois qu'on me demande : c'est comment l'Afrique ? je dis : lis Ebène pour avoir juste une petite idée. Et je sais que cet avis est unanimement partagé par tous ceux que j'ai rencontrés sur mon chemin.
Afficher en entierExcellent. On peine parfois à croire que les témoignages recueillis par l'auteur dans ce roman sont vrais, tant on a l'impression de nager dans l'absurde, à contre-courant de toute pensée politique cohérente. A travers les mots des courtisans qui l'ont côtoyés, c'est la vie du dernier Empereur d'Ethiopie dans tout son faste et sa médiocrité qui se dévoile, pour une lecture des plus surprenantes, intéressantes et entrainante.
Afficher en entierComment fait on pour lire le livre en entier
Afficher en entierLes gens aiment aussi
Dédicaces de Ryszard Kapuscinski
et autres évènements
Aucun évènement prévu
Editeurs
Flammarion : 4 livres
Plon : 3 livres
Pocket : 3 livres
France Loisirs : 1 livre
Omnibus : 1 livre
Esprit : 1 livre
Biographie
Ryszard Kapuściński (né le 4 mars 1932 à Pinsk, en actuelle Biélorussie, mort le 23 janvier 2007 à Varsovie) est un écrivain et journaliste polonais. Cet auteur polonais, l'un des plus traduits à l'étranger, est célèbre pour ses reportages réalisés au cœur de l'Afrique et de ses populations, ses analyses du régime du Shah d'Iran, ses descriptions de l'Europe communiste, et une biographie de Haile Selassié I.
Ryszard Kapuściński est né dans une famille d'instituteurs ; son père a participé à la résistance polonaise contre l’occupation hitlérienne pendant la Seconde Guerre mondiale, puis contre l'occupation soviétique. Le jeune Polonais fait ses débuts littéraires à l’âge de dix-sept ans dans la revue hebdomadaire Dziś i Jutro puis, après avoir obtenu son baccalauréat au lycée Staszica de Varsovie, entre au département d'histoire de l’Université de Varsovie. Il fait son apprentissage du journalisme en écrivant pour le Sztandar Młodych.
En 1956, il reçoit son premier prix Złoty Krzyż Zasługi pour son reportage To też jest prawda o Nowej Hucie, qui décrit le travail pénible des ouvriers sur les chantiers. La même année, il effectue son premier voyage à l’étranger, en Inde. Il quitte le journal en 1958, après le renvoi de la rédaction pour avoir soutenu l’hebdomadaire Po prostu, critique à l’égard du pouvoir en place.
Ryszard Kapuscinski rejoint alors l’hebdomadaire Polityka. Dès 1962, il travaille pour l'Agence de presse polonaise en tant que correspondant permanent en Afrique, en Amérique latine et en Asie. Il assiste à la chute de l’empire d’Hailé Sélassié en Éthiopie et du Shah d'Iran. À partir de 1974, il travaille également pour l’hebdomadaire Kultura. Il était l’ami de Che Guevara et de Salvador Allende.
De 1954 à 1981, il a été membre du Parti ouvrier unifié polonais.
En 2010, une biographie rédigée par Artur Domoslawski accuse Kapuściński d'avoir été, entre 1965 et 1977, un agent des services secrets de la République populaire de Pologne.
Afficher en entier