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Tous les livres de Tahar Ben Jelloun

Harrouda n'apparaît que le jour. Elle commence par lâcher ses cheveux en avant et tourne sur place. Puis elle relève sa robe. Les enfants n'ont que le temps d'y croire, déjà le rideau est baissé. Le reste, ils le retrouvent dans leur rêves et, pour le narrateur, à chaque étape de son adolescence. Harrouda, prostituée déchue, fut son premier amour et la maîtresse de deux villes : Fès, lieu de toutes les vertus et de la tradition, Tanger -que Jean Genet appelle Tanger-la-trahison. Une femme, deux villes, toutes les femmes " et nous guettons la solitude pour de nouveaux fantasmes. Nous les collons sur une page d'écriture. Le rire. Seul le rire peut accoupler ce que nous avons osé."

Un petit livre d'initiation à l'antiracisme, réellement adressé aux enfants, par l'intermédiaire de la fille de l'auteur. On verra que les questions sont simples mais qu'elles permettent, de fil en aiguille, d'aller au fond des choses. Qu'est-ce que le racisme ? Qu'est-ce qu'un étranger ? Pourquoi n'accepte-t-on pas facilement la «différence» ? Le raciste a-t-il peur, et de quoi ? Etc. En définitive - et c'est le propre de ces petits livres d'initiation - les réponses de Tahar Ben Jelloun s'adressent tout autant aux adultes qui liront ce livre sous couvert d'apprentissage pédagogique ; comme ils ont lu Le Monde de Sophie sous couvert de révisions philosophiques.

Lorsque l’on s’attarde sur la biographie de Tahar Benjelloun, on comprend que sa passion pour l’écriture est peut être née un jour de l’année 1965. Il se trouve alors avec d’autres étudiants, interné dans un camp disciplinaire de l’Armée marocaine, après avoir manifesté à Rabat contre les excès du pouvoir. Dix huit mois de détention : une expérience décisive. Elle inspira son premier recueil de poésies « Hommes sous linceul de silence », sorti en 1970 et préfacé par Abraham Serfaty. Cette expérience l’accompagne. Il poursuit son chemin en parlant des autres, de la vie, de ses affres, écrivant ce que les autres ne peuvent pas écrire. Dans une approche universelle, il met son talent au service des autres.

Voici le portrait d’un homme en exil. C’est un travailleur immigré. Il nous décrit la misère sociale, psychologique et sexuelle dont il est la victime quotidienne. À travers le récit de sa «réclusion solitaire», c’est l’attitude de nos sociétés occidentales face à l’immigration qui est mise à mal. Mais Tahar Ben Jelloun, en humaniste averti, s’insurge contre un danger plus grand encore. Il nous donne à voir où l’indifférence et le mépris de tout homme envers son semblable peuvent conduire.

Pour des hommes obligés de s'expatrier afin de vendre leur force de travail, l'absence d'affectivité se traduit quotidiennement ; abstinence forcée, refoulement croissant de leurs désirs sexuels.

La misère matérielle dans laquelle ils vivent est de plus en plus connue et souvent dénoncée. Mais que dire de l'autre misère, moins visible, aussi évidente, celle de la solitude, celle qu'ils subissent dans la rue, dans la chambre, dans le sommeil ? C'est de cette misère vécue que Tahar Ben Jelloun témoigne, en transcrivant le discours de ces hommes venus le consulter dans le centre de médecine psychosomatique où il a exercé trois années durant.

poèmes, Niaspero, "Voix "

1980

Les Yeux baissés. Dans l'âpre dénuement d'un village berbère du Sud marocain, une petite fille - la narratrice - s'affronte à sa tante, incarnation du mal, découvre la cruauté, rêve à son père parti travailler en France et porte en elle un indicible secret, laissé par l'arrière-grand-père : celui du trésor enfoui clans la montagne et qu'elle seule, au nom du village, pourra découvrir...

Un jour d'après drame, le père revient de "Lafrance" pour arracher toute sa Famille au désastre du village et la ramener à Paris, dans le quartier de la Goutte d'Or. La narratrice, dès lors, découvre un univers qu'elle ne soupçonnait pas : les voitures et la pluie, mais aussi les livres et la langue française, l'égoïsme raciste des uns, la générosité des autres, et l'amour... Ce long apprentissage, cette "deuxième naissance", marque aussi un lent, un irrésistible déracinement, qui laissera l'ancienne "petite fille" dans l'ambiguïté d'un territoire nouveau : un « troisième lieu » qui n'est ni la terre natale ni le pays d'adoption.

Dans ce grand et ample roman de la maturité, Tahar Ben Jelloun conjugue tous les thèmes qui ont nourri son oeuvre : le déracinement et l'exil, la fatalité du malheur, le déchirement entre deux cultures, la condition des femmes. Celles qui vivent encore les yeux baissés...

Vertueux dans un monde corrompu, consciencieux sans que l'on reconnaisse ses mérites, a toujours résisté aux tentations. Sa femme sa belle-mère lui reprochent d'être resté pauvre. Au bureau, on ironise sur son train de vie minable. Mais les fonctionnaires comme lui ne sont-ils pas les derniers remparts protégeant l'Etat ? Un jour cependant, Mourad finit par craquer et accepte " une enveloppe ". Puis une deuxième. Il découvre avec ivresse les délices de l'argent facile, prend une maîtresse et emmène sa fille à la mer. Aussitôt d'étranges malheurs s'abattent sur sa tête. On le soupçonne. On le traque. On l'interroge. Est-il si difficile d'entrer dans la tribu ?

" L'amitié est une religion sans Dieu ni jugement dernier.

Sans diable non plus. Une religion qui n'est pas étrangère à l'amour. Mais un amour où la guerre et la haine sont proscrits, où le silence est possible. Ce pourrait être l'état idéal de l'existence. Un état apaisant. Un lieu nécessaire et rare. Il ne souffre aucune impureté. L'autre, en face, l'être qu'on aime,est non seulement un miroir qui réfléchit, c'est aussi l'autre soi-même rêvé. Pour parler de l'amitié, je n'irai pas compulser des ouvrages dans les grandes bibliothèques. Je ferai simplement un retour sur moi-même, un voyage dans ma mémoire.

Je vous conterai mes histoires d'amitié comme des histoires fabuleuses ou banales, surprenantes ou quelconques. "

Poésie complète. A la poésie, il nous faut toujours revenir pour faire cesser le bruit que font l'illusion et le désespoir, Pour être dans l'essentiel sans tapage, pour rester voisin de l'enfance en ce qu'elle peut avoir de troublant, de vrai et de juste, Pour parler avec la mère, même si la mienne ne sait ni lire ni écrire, être avec elle, l'écouter et écrire. Pourquoi rassembler en un seul volume tout ce que j'ai écrit en poésie depuis 1966 ? Peut-être pour faire un bilan et savoir si je Peux encore, comme dit Aimé Césaire, " m'installer au coeur du vivant de moi-même et du monde ". Parce que mes premiers textes sont des poèmes, dictés par la colère, par le besoin de réagir contre le mensonge et la trahison.

.... J'explique aussi, dans cette nouvelle édition, comment cette religion, ses principes et ses valeurs ont été détournés et mis au service d'une idéologie fanatique.

Plus que jamais l'enseignement de l'islam et des autres religions monothéistes doit être étendu et approfondi.

Je suis tenté" de dire que l'islam est ici expliqué aux enfants ainsi qu'à leurs parents. T.B.Jelloun

Avec ce roman, Tahar Ben Jelloun donne une interprétation littéraire de l'horreur et de l'oubli où furent tenus, dix-huit années durant, les prisonniers du bagne de Tazmamart, au Sud-Est du Maroc.

Incarcérés après l'attentat manqué - et le massacre - de Skhirat en juillet 1971, les prisonniers de Tazmamart furent littéralement ensevelis dans le silence et dans l'obscurité, dans un lointain désert de sable. Enfermés, comme au temps de Louis XI, dans des cachots-tombeaux où nulle station debout n'était possible, ils vécurent dans sa plus inhumaine intensité la souffrance d'une mort vivante. Sur cette tragédie emblématique, Tahar Ben Jelloun fait œuvre d'écrivain et nous livre un texte intense et nu sur la résistance par la spiritualité, où la poésie et l'imaginaire se rejoignent pour évoquer l'indicible.

Sur ma mère, Gallimard, 2006

Les derniers mois de sa vie, la mère de Tahar Ben Jelloun se met à perdre la mémoire, convoquant dans son délire les vivants et les morts. Elle, si pudique et secrète sur son passé, redevient soudain une petite fille, puis une jeune mariée et confie à son fils des bribes de sa vie. Plein d’amour filial, l’écrivain l’écoute évoquer sa jeunesse dans la vieille médina de Fès dans les années trente et quarante, un paradis perdu pour celle qui habite Tanger désormais, exilée dans cette ville moderne : mariée à 15 ans, mère et veuve à 16 ans, elle épousera encore deux hommes par la suite, choisis par ses parents. À l’époque, les femmes découvraient leurs maris le soir de leurs noces mais se faisaient entre elles des confidences très crues ! Musulmane modeste et pieuse, infatigable cuisinière, cherchant à recevoir le mieux possible, et toujours coquette, elle n’échappe pas aux taquineries de son dernier mari, notamment sur sa petite taille. Est-elle vraiment heureuse ? Tahar, le plus jeune de ses fils, restera toujours très proche d’elle, veillant à lui remettre chacun de ses nouveaux livres, alors qu’elle est illettrée, le premier dénonçant la condition de la femme… Tandis que s’installe la décrépitude physique et morale, la mère supporte mal les deux femmes qui s’occupent d'elle, qui, selon elle, la rudoient et la volent (il n’existe pas de maison de retraite au Maroc, où il est inconcevable d’abandonner ainsi ses parents, nous explique l’auteur avec une soudaine âpreté). Elle se préoccupe de sa mort prochaine en émettant quelques vœux très prosaïques : qu’on ne la mette surtout pas dans le frigo comme son pauvre mari, mort à l’hôpital et qui a donc passé sa première nuit à la morgue, et que la maison soit impeccable, et les mets abondants, pour la réception de funérailles ! Tahar Ben Jelloun essaie d’anticiper la mort de sa mère, qu’il redoute. En vain. « Non, ma mère n’est pas morte. Il suffit de l’appeler et je l’entendrai me dire : mon fils, lumière de mes yeux, le foie de mon cœur, toi qui a toujours pris soin de moi... toi, qui m’a toujours secouru, que serais-je sans toi… Dieu te récompensera comme tu le mérites, je sais que ta fortune, c’est ta bonté… ». Elle partira pourtant, et les dernières pages, simples comme tout le récit, sont bouleversantes….

On retrouve dans ce texte, qui fait alterner les souvenirs de jeunesse peuplés de personnages attachants et la progression éprouvante de la maladie, la grande tendresse d’un fils protégé par la bénédiction de ses parents, et le talent bien connu du conteur, qui recrée tout un monde, celui de la société traditionnelle marocaine, où l’Islam était paisible et non violent. Présentant le projet de ce livre, en quatrième de couverture, l’auteur écrit : « … j’ai inventé ses émotions, et j’ai dû lire ou plutôt traduire ses silences. « Sur ma mère » est un vrai roman, car il est le récit d’une vie dont je ne connaissais rien, ou presque ».Pari difficile magnifiquement tenu.

Présentation de l'éditeur

Deux narrateurs se succèdent pour raconter — chacun à sa façon — la même histoire, la leur, celle d'une amitié d'enfance, approfondie durant l'adolescence et qui, au bout du compte, paraît se dissoudre peu à peu dans la rivalité conjugale et déboucher sur une surprenante trahison. Du moins est-ce la certitude vécue douloureusement par le premier narrateur.

Avec le récit du second, et jusqu'au coup de théâtre final, on comprendra que cette "trahison" n'en était peut-être pas une. Les ressorts de l'amitié — ici admirablement analysés — sont au moins aussi complexes que ceux de l'amour. Une dureté affiché peut dissimuler une forme presque délirante de délicatesse amicale.

Le Dernier ami est peut-être le plus étrange des romans de Tahar Ben Jelloun. Sa brièveté, volontaire, induit une écriture épurée, précise et limpide à la fois. Plus étrange encore : ce texte commence dans le ton de ce qu'on pourrait appeler une littérature d'aveu, mais qui se trouvera ici subverti. En effet c'est d'un double aveu qu'il s'agit, d'un aveu "croisé" pourrait-on dire de sorte que chacun de ces aveux jette un trouble sur la véracité de l'autre. Roman cruel et dérangeant sur l'amitié, c'est aussi un livre sur la sincérité, sur l'impossible et périlleuse sincérité.

Enraciné dans la réalité marocaine des cinquante dernières années, très concret dans ses péripéties, ce roman atteint cependant à l'universel.

À travers le témoignage contradictoire de deux hommes qui furent longtemps amis, un court roman sur l'amitié et la trahison. L'histoire commence dans le Maroc des années 50 et 60, décennies marquées par la répression policière et la tentation des jeunes pour l'utopie révolutionnaire. Il s'achève dans la mélancolie tangéroise de la fin du siècle, dans une société marocaine à la fois moderne et toujours archaïque.

Avec une incroyable constance, suivi de livre en livre par un public considérable, Tahar Ben Jelloun approfondit ici les thèmes qui hantent tous ses livres : amitié, amour, plaisir, oppression, difficulté des rapports entre hommes et femmes, etc. Il les approfondit en ce sens qu'il s'approche sans cesse davantage du feu. On verra que ce roman-là brûle pour de bon…

Ce livre raconte le déséquilibre et les malentendus entre l'homme et la femme arabes.

Les histoires qu'on y trouve ne parlent que d'amour, c'est-à-dire de solitude, de secret, et d'incompréhension. Et puis ce besoin d'amour devient vite une recherche de soi, car pour aimer l'autre, pour donner, il faut s'aimer un peu soi-même. Ce n'est pas si simple, dans un pays où la tradition et la religion aident surtout l'homme à asseoir sa petite puissance, alors même que rien ne peut s'y faire sans la femme.

« La petite Malika, ouvrière dans une usine du port de Tanger, demanda à son voisin Azel, sans travail, de lui montrer ses diplômes.

– Et toi, lui dit-il, que veux-tu faire plus tard ?

– Partir.

– Partir... ce n'est pas un métier !

– Une fois partie, j'aurai un métier.

– Partir où ?

– Partir n'importe où, là-bas par exemple.

– L'Espagne ?

– Oui, l'Espagne, França, j'y habite déjà en rêve.

– Et tu t'y sens bien ?

– Cela dépend des nuits. »

Présentation de l'éditeur

Nous sommes les enfants des cités de transit, nous sommes arrivés sans que personne en soit prévenu, nous sommes des centaines descendus du bateau du soir qui attend que la lune soit voilée pour débarquer ses passagers sans papiers... Quel pays est le mien ? Celui de mon père ? Celui de mon enfance ? Ai-je droit à une patrie ? Il m'arrive parfois de sortir ma carte d'identité. En haut et en majuscules : REPUBLIQUE FRANCAISE. Je suis fille de cette république-là. Signes particuliers : néant. Ils n'ont rien mentionné. Cela veut-il dire que je ne suis rien ? Pas même " rebelle " ou " beur " en colère ?

Cette histoire est arrivée dans un tout petit village d'Afrique de l'Ouest. Mon village n'a pas de nom. On l'appelle "le village" .

Moi, je l'appelle "le néant". Aujourd'hui, je suis le nouvel instituteur de mon village. Et chaque jour, j'ai de moins en moins d'élèves. Ils disparaissent un à un dans une étrange bâtisse blanche, d'où ils ressortent avec de l'argent. Il faut que j'aille les chercher pour les ramener à t'école. À travers cette fable moderne d'une grande poésie, Tahar Ben Jelloun dénonce les ravages de l'ignorance, véritable source de la misère et de l'intolérance.

Qui, au Maghreb, ne connaît Moha ? On l'a entendu déclamer sur une place publique. On l'a vu déchirer de vrais billets devant une banque. Il a tiré au clair l'étrange histoire d'une ancienne et puissante famille, su le secret de l'esclave noire et celui de la petite domestique, chacune interdite de parole. Il a pris à partie le technocrate et le le psychiatre, conversé avec Moché, le fou des Juifs, et avec l'Indien, cet autre exclu.

Arrêté, tué, enterré, Moha ne cesse de parler - et sa parole ne peut tarir car elle est la tradition maghrébine même, la vérité lyrique qui résiste.

Moha raconte son peuple, Tahar Ben Jelloun raconte Moha : allez donc arrêter le vent sur les sables.

Ces dix-huit nouvelles, en grande partie inédites, sont organisées autour des trois mêmes thèmes (qui n’en forment qu’un) : l'amour, l’amitié et la trahison. Sur des tons divers, usant d'un registre assez large, Tahar nous propose ici ce qu'il sait le mieux faire : raconter des histoires. Histoires de femmes, d’hommes comblés ou blessés, d'amour fou et – souvent – naufragé, qui se situent dans le Maroc d’aujourd’hui, un Maroc tiraillé entre la tradition et la modernité, où le recours au sorcier marabout, au voyant ou charlatan est de plus en plus fréquent. Les femmes ne sont d’ailleurs pas les seules, loin s’en faut, à recourir à ces formes de magie ou de superstition. Les hommes y cèdent eux aussi, y compris ceux qui appartiennent à l’élite occidentalisé. Ce parfum magique, avec filtres et malédiction, enveloppe tout le livre, et lui donne une saveur particulière.

Ainsi, L’amour sorcier, raconte comment une femme tente de retenir un homme dans son amour et comment celui-ci, malgré tout, s’en détache. Ou encore, Homme sous influence, qui campe un grand scientifique, victime de plusieurs déconvenues et contrariétés, qui apprend qu’il a été proprement ensorcelé. Hammam, la plus longue nouvelle du recueil, raconte l’histoire d’un grand pianiste marocain de réputation internationale jalousé et escroqué par des gens qu’il considérait comme des amis.

Enfin, la quatrième et dernière partie réunit non point des « nouvelles » à proprement parler mais deux magnifiques récits authentiques. L’un, Le prophète qui réveilla l’ange retrace la dernière rencontre amoureuse de Jean Genet avec un jeune marocain, histoire dure et belle dont Tahar – ami personnel de Genet – fut le témoin direct. L’autre, Naima et Habiba est le récit d’une amitié bouleversante entre une femme malade et handicapée et sa femme de compagnie, borgne et analphabète. On retrouve ici, sous une forme séduisante, la quintessence de l’univers romanesque de Tahar Ben Jelloun.

Le paysage du Maroc est jalonné du nord au sud de monuments très simples et dépouillés que l'on nomme " Marabouts ". Ce sont des tombeaux de saints de l'Islam. Ces lieux de grande spiritualité et de ferveur populaire ont été construits, voilà des siècles, tantôt en pleine campagne, tantôt en plein désert, parfois au milieu des villes. Nombre d'entre eux sont presque inconnus ou inaccessibles. Ce livre, grâce aux textes de Tahar Ben Jelloun et aux photographies d'Antonio Cores et Beatriz del Rio, donne pour la première fois une vision d'ensemble unique de ces mausolées secrets et splendides. Une invitation à l'émerveillement.

« Les livres inspirés sont rares et précieux, parce que ce qu'ils disent n'appartient-pas à l'artifice du langage qui feint d'être vrai. Le livre de Tahar Ben Jelloun est de ceux-là. Histoire imparfaite et hasardeuse, car les hommes et les femmes qui l'habitent sont des ombres fugitives... Mais c'est la force de cette interrogation et la magie de cette poésie qui nous capturent, et nous entendons à nouveau la voix du conteur sur la place, qui sait changer le cours du temps. »

Gharib le poète aime les femmes. Il les chante dans ses poèmes, les célèbre dans ses souvenirs, les adore en pensées, et en actes. Surtout à Naples, la ville de tous les désirs, de tous les débordements, où les Marocains, comme Gharib, peuvent se sentir comme à casa. La ville où lui-même a vécu la plus passionnée et la plus tragique des histoires d'amour, dans un lointain passé. Aussi, lorsqu'il rencontre Wahida, jeune Marocaine charnelle, pleine de vie et criante d'amour, il succombe aussitôt à son charme. Mais sous quelle forme aimer cette jeune femme vouée à la prostitution ? Comment l'atteindre ? Nous le suivons dans cette quête à travers les rues napolitaines, rythmée par les affiches lacérées d'Ernest Pignon-Ernest, ces madones et ces veuves qui semblent lui raconter sa propre histoire tout en lui indiquant le chemin.

A Tanger, dans une grande maison vide et délabrée, par un jour de vent et de solitude, un vieil homme s'ennuie et se souvient.

Visages, voix, bousculades des voisins d'hier, chevelure de femme. Une vie entière tient dans une seule journée de silence. Faut-il accepter d'être vieux ? Dans ce récit contenu que domine l'image du père, le narrateur est sans complaisance. Alors, de loin en loin, le vieil homme prend la parole pour lui répondre et murmurer ce qui, jamais, ne fut dit.

"C'est un roman d'initiation grave et tendre, une évocation tout à la fois puissante et retenue de l'âpre bonheur que procure une liberté toute neuve, un beau chant de grâce aussi en l'honneur d'une femme qui trouve en elle la force, dans une société régentée par les mâles, d'affirmer son existence autonome, fût-ce au prix de la solitude."

Pierre Lepape, le Monde.

Prix Goncourt 1987.

Tahar Ben Jelloun nous livre ici le récit de douze années de rencontres avec Jean Genet. Les fulgurances de leurs conversations et les nombreuses anecdotes que recèlent ces souvenirs inédits jettent un jour nouveau sur cet écrivain secret et souvent mal compris. On retrouve aussi toute la force et l'urgence des débats politiques et intellectuels du tournant des années quatre-vingt. En 1971. lors de leur premier rendez-vous. l'homme qui s'installe en face de Tahar Ben Jelloun n'a plus grand-chose en commun avec l'écrivain-voleur mythique. saint et martyr. II écrit rarement, a coupé les ponts avec Sartre et Cocteau et se passionne désormais pour les luttes révolutionnaires les plus contemporaines : Zengakuren japonais. Black l'anthers américains, et enfin la cause palestinienne. Ce Genet " politique„ n'en est pas moins resté un homme insaisissable et créatif. Pendant les dix années qui vont suivre. Genet tantôt apparaît, tantôt disparaît. pour se lancer dans de nouveaux projets auxquels il associe souvent Tahar Ben Jelloun : entretiens, articles, scénarios, traductions... Malgré les séismes que Genet provoque encore régulièrement. quand il apporte son soutien à la Fraction armée rouge par exemple, ces années sont également marquées par des doutes et une fragilité dont Tahar Ben Jelloun est aussi le témoin. I : opinion l'ignore, Genet est alors un homme gravement malade qui met ses dernières forces dans l'écriture d'un livre ultime, achevé à la veille de sa mort : Un captif amoureux.

Attention, contient certains passages osés pouvant choquer.

Un jeune écrivain marocain de Marrakech, le narrateur, se retrouve à Naples, ville dont il doit faire le portrait. Sur place, il y découvre un bâtiment extraordinaire, l'Auberge des pauvres. Edifiée par un roi italien, soucieux de se faire pardonner l'édification de son propre palais, celle-ci est habitée par une vieille femme juive, qui sera le personnage principal du roman

Un universitaire marocain rumine une vie médiocre. Son couple est usé et son poste d'enseignant l'ennuie. Jusqu'au jour où il est sélectionné par la mairie de Naples pour venir rédiger un portrait de la ville. À peine arrivé, il découvre un bâtiment extraordinaire et délabré : l'Auberge des Pauvres. Sa dernière résidente, la Vieille, le conduira dans un dédale de contes pittoresques et flamboyants...

Récit du vain combat d'une veuve dont le mari est assassiné dans son étable à chevaux; invasion étrange d'un minuscule village italien par plusieurs centaines d'Africains immigrés; confession désespérée d'un sociologue-criminologue enquêtant sur la Mafia; rêveries libertines d'un élu, membre d'une commission d'enquête; retour pathétique d'un émigré américain vers la tombe de son père assassiné... Sur tous ces récits plane la même stupeur devant l'innommable; la toute puissance du crime et de la violence, l'errance morale d'une population livrée au meurtre et à la peur par la démission – ou la corruption – de l'État. Ce « roman de la Mafia », écrit après de longs mois de voyage dans l'Italie du sud et la Sicile restitue une réa-lité dans son épaisseur sa complexité, son ambiguïté, bien mieux que n'aurait pu le faire une enquête journalistique. L'écrivain, venu d'un autre monde, jeté dans un réel aussi fort, voit littéralement des choses que les habitants eux-mêmes ne distinguaient plus.

Dans cet essai, publié simultanément en France, en Italie et en Allemagne, Tahar Ben Jelloun livre à chaud son analyse de ce mouvement de révolte qui traverse depuis novembre 2010 le monde Arabe, et qui depuis ne cesse de se propager. C’est « un immense mur de Berlin qui tombe » écrit-il, un moment historique, car il est maintenant acquis que plus rien, dans la région, ne sera comme avant. On ne reverra en effet pas de si tôt autour de la méditerranée des dictateurs à la longévité de Moubarak et Ben Ali, tant cette forme d’exercice du pouvoir a perdu toute légitimité au yeux des populations arabes. Des millions de manifestants sont descendus dans la rue pour réclamer dignité et égalité, et aucun régime n’a réussi à les empêcher, aussi verrouillé soit-il. Même le soutien hypocrite et intéressé des pays occidentaux, qui redoutaient tant l’islamisme et voulaient se ménager de bonnes opportunités commerciales, n’est plus d’actualité. Pourtant bien peu de gens ont vu venir ce vent de révolte qui semble maintenant irréversible. Pour nous l’expliquer, Tahar Ben Jelloun nous projette habilement « dans la peau » de Moubarak puis « dans la peau » de Ben Ali, acculés à la fuite, puis « dans la peau » de ces hommes ordinaires, tel Mohamed Bouazizi qui s’immola par le feu en Tunisie, et quelques autres en Egypte, en Lybie, en Algérie, qui furent les étincelles qui enflammèrent cette révolution. Mais, se refusant à considérer ces révolutions comme un seul et même phénomène, global et uniforme, Tahar Ben Jelloun, dans la deuxième partie de son essai, examine au cas par cas la situation des pays arabes touchés par la contestation : Tunisie, Egypte, Algérie, Yemen, Maroc, Lybie, Syrie, et évalue les chances de réussite de ces mouvements en tenant compte de leurs spécificité et de l’histoire de ces pays. L’occasion pour lui de souligner et saluer le rôle nouveau et décisif de la jeunesse arabe dans ces révoltes immensément courageuses. Un essai clairvoyant et instructif sur ces événements à l’actualité brûlante, par l’un de nos écrivains les plus informés et attentifs au sujet en France.

Le 17 décembre 2010, Mohamed Bouazizi s’immolait par le feu. Ce geste radical fut le signal déclencheur de la Révolution de Jasmin en Tunisie. Tahar Ben Jelloun, dans une fiction brève, réaliste et poétique, reconstitue les jours qui ont précédé ce sacrifice. Un superbe hommage aux révolutions arabes et ces millions d’hommes et de femmes anonymes descendus dans les rues pour réclamer liberté et dignité dans leur pays.

Un destin funeste a voulu que Zina, l'héroïne de ce roman, soit conçue durant une nuit frappée de malédiction, une nuit de l'erreur durant laquelle il ne fallait rien concevoir. Frappée par le sort, maudite à jamais, elle sera une enfant, une femme en marge, celle par qui le malheur arrive. Zina fera de la cruauté sa façon d'être au monde et se vengera des hommes captivés par sa beauté.

Tahar Ben Jelloun, comme dans ses autres ouvrages, nous décrit la violence des rapports entre l'homme et la femme, l'érotisme, l'amour inquiet du pays, la passion de la liberté...

Quatrième de couverture (point, 1998) :

" il est une douleur millénaire qui rend notre souffles dérisoire. Le poète est celui qui risque les mots. Il les dépose pour pouvoir respirer.

Cela ne rend pas ses nuits plus paisibles.

Nommer la blessure, redonner un nom au visage annulé par la flamme, dire, faire et défaire les rives du silence, voilà ce que lui dicte sa conscience. Il doit cerner l'impuissance de la parole face à l’extrême brutalité de l'histoire, face à la détresse de ceux qui n'ont plus rien, pas même la raison pour survivre et oublier."

L’amitié est une religion. Fidèle ou occasionnelle, elle est la source des plus grandes joies. Silencieuse ou démonstrative, elle ne supporte aucun manquement et se retrouve parfois la cible de trahisons et de blessures jamais apaisées. De l’école coranique au prix Goncourt, la vie de Tahar Ben Jelloun est jalonnée de rencontres d’une vie ou d’un soir.

Quatrième de couverture

Inspiré d'un fait divers authentique, ce roman raconte la vie d'Ahmed, huitième fille d'un couple qui, sans héritier mâle, décide d'élever celle-ci comme un garçon. Découvrant peu à peu dans le trouble et l'incertitude ce qui est dissimulé aux yeux de tous, Ahmed choisit d'assumer la révolte de son père, de vivre en homme et d'épouser une fille délaissée, bientôt sa complice dans une vertigineuse descente aux enfers du mensonge social le plus fou.

Casablanca, début des années 2000. Un peintre, au sommet de sa gloire, se retrouve du jour au lendemain cloué dans un fauteuil roulant, paralysé par une attaque cérébrale. Sa carrière est brisée et sa vie brillante, faite d’expositions, de voyages et de liberté, foudroyée. Muré dans la maladie, il rumine sa défaite persuadé que son mariage est seul et unique responsable de son effondrement. Aussi, décide-t-il, pour échapper à la dépression qui le guette, d’écrire en secret, avec l’aide d’un ami, un livre qui racontera l’enfer de son couple. Un travail d’autoanalyse qui l’aidera à trouver le courage de se délivrer d’une relation profondément perverse et destructrice.

Mais sa femme découvre le manuscrit dans un coffre de l’atelier et livre sa version des faits, répondant point par point aux accusations de son mari et relisant, à sa manière incisive et percutante, leur histoire.

Qui a tort, qui a raison dans cette comédie cruelle que se jouent un homme et une femme ? Question épineuse dans une société où le mariage est une institution et une époque où le bonheur conjugal est un leurre.

J'ai écrit Hospitalité française pendant l'été 1983, après l'assassinat, le 9 juillet, du petit Taoufik Ouannès (onze ans). Je voulais comprendre à l'époque comment on en arrivait à tuer un gamin parce qu'il jouait au ballon en faisant du bruit. Pour analyser ce geste, il m'avait fallu remonter très loin dans l'histoire et la mémoire de la France.

Cette première version est reprise ici dans sa quasi intégralité, augmentée d'une nouvelle préface où j'analyse la notion d'hospitalité, telle qu'elle est définie par Emmanuel Lévinas dans Totalité et Infini et reprise par Jacques Derrida. Si l'hospitalité est une éthique, comment en faire un droit ? J'essaie de répondre en examinant le développement du racisme en France ces quinze dernières années.

On assiste à la fois à une régression et à un redoublement de vigilance : d'une part, les idées racistes s'affichent avec arrogance ; d'autre part, les luttes antiracistes se multiplient et se diversifient. Tel est le paradoxe français : l'intégration des étrangers se poursuit, malgré les obstacles et les résistances.

L'hospitalité française est ainsi soumise à rude épreuve. Ce livre fait le point sur les nouveaux visages de l'accueil et du rejet, tout en se référant à mon expérience personnelle.

«Parce que vous êtes "le plus suggestif de tous les peintres", je pense pouvoir vous faire revenir au Maroc par la magie du verbe. Je vous imagine en ce début d'année 1832, jeune homme élégant et réservé, quitter votre atelier de la rue des Fossés-Saint-Germain, laissant derrière vous une lumière retenue, empêchée par un ciel gris et bas d'éclater, une lumière brève et faible à laquelle les Parisiens finissent par s'habituer. Vous sortez de ce quartier et vous vous trouvez, quelques jours après, inondé par une lumière si vive, si pleine et même brutale que vous subissez un choc. Vous êtes à la fois en Méditerranée et face à l'océan Atlantique.» Tahar Ben Jelloun rend hommage à Eugène Delacroix, converti à la lumière lors de son voyage en Afrique du Nord. Mais au-delà du peintre génial, c'est la beauté de tout un pays qu'il célèbre : celle du Maroc.

Témoins vigilants, observateurs attentifs, il arrive parfois que le romancier se voient confier des vies pour les raconter dans leurs livres. Ils font alors fonction d'écrivain public.C'est ce qui m'est arrivé il y a deux ans lorsqu'un ami, qui avait été opéré de la prostate, m'a demandé d'écrire l'histoire de son ablation.

Je l'ai écouté pendant des heures. Je l'ai accompagné dans ses pérégrinations hospitalières. Je suis devenu ami avec le professeur d'urologie qui le suivait. L'idée d'un livre s'est imposée peu à peu. Un livre utile qui rendrait service aux hommes qui subissent cette opération, mais aussi à leur entourage, leur femme, leurs enfants , leurs amis, qui ne savent pas comment réagir.

Mais la situation est délicate: fallait- il, comme le demandait mon ami, tout raconter, tout décrire, tout révéler? Après réflexion j'ai choisi de tout dire.

Quatrième de couverture : Poète autant que romancier,Tahar Ben Jelloun laisse sourde dans ces pages une voix toute empreinte de son Maroc natal: l'air et le soleil, les odeurs et les musiques, les paysages magiques, majestueux, tragiques parfois, où passent et disparaissent hommes, femmes et enfants... C'est tout un chant de mémoire, libre et pudique, rêveur et mélancolique que ces poèmes font naître. Un chant qui a perdu son innocence et qui s'interroge, aussi, sur l'écriture qui le nourrit, sur la mort, le devenir du monde et des hommes.

Ces quatre nouvelles de Tahar Ben Jelloun qui se lisent en une soirée constituent d'excellents prétextes à méditer sur des thèmes à la fois actuels, éternels et universels.

Dans la première, Le temps s'est arrêté au Caire, le narrateur, marocain, de passage au Caire, visite, au motif d'y rencontrer Khaïri Chalabi, l'auteur égyptien de La Panse de la Vache, qui a choisi d'y vivre, l'étonnante Cité des Morts, cet ensemble labyrinthique de cimetières où se sont installés, à demeure, dans et entre les caveaux, plus d'un million de Cairotes misérables à qui la promiscuité avec la mort donne une sérénité et une dignité sobrement et simplement exprimées dans les réponses qu'ils font aux questions du voyageur.

Ce court séjour au Caire se poursuit à Khan El Khalil et, par contamination, fige dans le temps des figures de rencontre aussi connues que Georges Moustaki et Naguib Mahfouz, sur une toile de fond où sont évoqués les grands problèmes politiques et sociaux du pays qui, bien que cruciaux, prennent, après la visite à la Cité des Morts, cet aspect presque dérisoire des événements actuels confrontés à l'éternité.

Les trois autres textes traitent de questions plus récurrentes dans l'œuvre de Tahar Ben Jelloun.

Le premier décrit en contraste l'hospitalité marocaine traditionnelle, fraternelle et sans borne, et la réserve et la gêne qui marquent la manière européenne d'accueillir l'hôte (L'invitation).

Le suivant rappelle le sort, souvent tragique, des migrants marocains qui s'aventurent, poussés par le désespoir, entassés dans des barques de fortune, chaque nuit, vers l'Espagne qui ne veut pas d'eux (Le clandestin).

Le dernier met en scène, avec pudeur et humour, un émigré marocain, laveur de carreaux à Paris, qui, bien que résidant légalement en France, sent peser continuellement, sur fond de première guerre du Golfe, sur son humble et honnête personne, le regard immanquablement soupçonneux de l'administration, de ses collègues de travail, et des forces de l'ordre qui effectuent des contrôles d'identité au faciès (Le suspect).

Grand connaisseur des contes et légendes, Tahar Ben Jelloun entreprend avec un évident plaisir la réécriture de dix contes de Perrault. Le Petit Poucet, Barbe Bleue, Le Chat botté, Peau d'Ane, Le Petit Chaperon rouge s'enrichissent de clins d'oeil au monde arabo-musulman et de savoureux rebondissements, le tout dans un style enchanté aux airs de Mille et Une Nuits.

" A Fès, quand il y avait une bagarre, on me choisissait come arbitre et juge, à cause de mon état encore fragile d'enfant malade. Je comptais les points et je séparais les belligérants. C'est à ce moment-là que fusaient les insultes. A celui qui en dira le plus et qui ira le plus loin dans l'audace. J'aimais bien crier dans la rue déserte toutes les insultes où sexe, religion et parents étaient mêlés.

Il m'arrive encore de penser à Fès comme à un parent disparu. Ce n'est même pas un souvenir, une espèce de fatalité, une image effacée par le temps. la ville s'est déplacée. Reste le cimetière de Bab Ftouh. Des silhouettes passent à la recherche d'une tombe anonyme. Elles y déposent une branche de laurier et récitent une sourate."

Que la blessure se ferme est un recueil de poèmes et d'aphorismes tantôt lyriques, tantôt caustiques. Tahar Ben Jelloun y revisite son enfance à Fès, observe le monde qui l'entoure, explore le sentiment amoureux. Mélange savant de sagesse et d'ironie, ces textes offrent une suite inédite et inspirée à ses oeuvres poétiques complètes réunies en 2007 dans la collection Poésie/Gallimard.

Dans l’islam, il est permis à un homme qui part en voyage de contracter un mariage à durée déterminée pour ne pas être tenté de fréquenter les prostituées. On le nomme «mariage de plaisir».

C’est dans ces conditions qu’Amir, un commerçant prospère de Fès, épouse temporairement Nabou, une Peule de Dakar, où il vient s’approvisionner chaque année en marchandises. Mais voilà qu’Amir se découvre amoureux de Nabou et lui propose de la ramener à Fès avec lui. Nabou accepte, devient sa seconde épouse et donne bientôt naissance à des jumeaux. L’un blanc, l’autre noir. Elle doit affronter dès lors la terrible jalousie de la première épouse blanche et le racisme quotidien.

Quelques décennies après, les jumeaux, devenus adultes, ont suivi des chemins très différents. Le Blanc est parfaitement intégré. Le Noir vit beaucoup moins bien sa condition et ne parvient pas à offrir à son fils Salim un meilleur horizon. Salim sera bientôt, à son tour, victime de sa couleur de peau.

(Source : Gallimard)

Un roman d'un intense actualité. Tout jeune Mohamed a voulu fuir la misère, en France il a travaillé toute une vie, élevé ses enfants . Alors qu'en sonne l'heure de la retraite et se profile la possibilité d'un retour, Mohamed doute, hésite, il ne sait plus très bien qu'elle est sa vraie patrie. Passionnant !

Les jeunes sont une proie privilégiée pour la peur qui s'est installée au cœur de l'Europe, et en France en particulier, depuis les derniers attentats djihadistes.

Comment les aider à s'en libérer?

En mettant des mots sur la chose. En retraçant l'histoire du mot terrorisme et des réalités qu'il désigne, depuis certains des épisodes les plus sanglants de l'histoire jusqu'au déchaînement actuel du fondamentalisme islamiste, auquel l'essentiel du dialogue est consacré.

A nouveau, c'est avec sa fille que Tahar Ben Jelloun s'explique ici.

Conteur exceptionnel pétri de la tradition orale de son enfance marocaine, Tahar Ben Jelloun joue de la fuite de la cruelle réalité vers les rêves qui la rendent supportable. Ainsi ses romans sont-ils tissés de nombreuses voix qui se répondent ou se heurtent en quête d'une identité multiple : le Maroc des origines, l'arabe langue maternelle, le français choisi pour l'oeuvre littéraire. Si ses personnages sont si vivants, si incarnés, c'est qu'il les a empruntés à son univers le plus proche – oncles et tantes, cousins et cousines.

Au fil des onze romans réunis dans ce Quarto, ils dessinent aussi le portrait d'un des acteurs principaux, le Maroc depuis les années soixante, le pays qu'il lui a fallu fuir pour ses crimes d'Etat, fuir une pauvreté telle que ses enfants désespérés sont prêts à tout pour immigrer. Dix-neuf mois de rééducation disciplinaire dans un camp militaire puis l'islamisation de la philosophie qu'il enseignait au lycée lui ont fait choisir la France où il a obtenu un doctorat de psychiatrie sociale.

Il n'a cessé de militer pour l'alphabétisation des immigrés, contribuant à lever le silence qui pesait, tant sur la fracture culturelle que sur les problèmes d'intégration. Le pays natal, la liberté, la femme qui en est souvent si cruellement privée, l'immigration hantent ces romans publiés entre 1973 et 2016. Son premier maître en écriture, son premier lecteur, a été Jean Genet, un guide sévère auquel il reste fidèle : "Quand tu commences à écrire, me disait-il, sache qu'il y aura un lecteur qui te tiendra la main, si ce que tu écris ne l'intéresse pas, il retirera sa main et tu te retrouveras sans lecteur.

Donc, il faut toujours penser à cet homme ou femme qui a pris la peine d'acheter ton livre pour le lire."

La punition raconte le calvaire, celui de dix-neuf mois de détention, sous le règne de Hassan II, de quatre-vingt-quatorze étudiants punis pour avoir manifesté pacifiquement dans les rues des grandes villes du Maroc en mars 1965. Sous couvert de service militaire, ces jeunes gens se retrouvèrent quelques mois plus tard enfermés dans des casernes et prisonniers de gradés dévoués au général Oufkir qui leur firent subir vexations, humiliations, mauvais traitements, manœuvres militaires dangereuses sous les prétextes les plus absurdes. Jusqu’à ce que la préparation d’un coup d’État (celui de Skhirat le 10 juillet 1971) ne précipite leur libération sans explication.

Le narrateur de La punition est l’un d’eux. Il raconte au plus près ce que furent ces longs mois qui marquèrent à jamais ses vingt ans, nourrirent sa conscience et le firent secrètement naître écrivain.

(Source : Gallimard)

Voici une pièce écrite avec les syllabes de l’absence, à l’insu de ceux et de celles qui, non seulement ne la liront ni la verront jouer, mais qui n’en entendront même pas parler.

Les absents ne sont pas les morts. Ils ne sont pas quelques-uns, mais une communauté, et dans bien des cas, ils sont tout un peuple.

De ces absents, je n’ai pas réussi à faire des personnages, des êtres de fiction, mais des ombres qui bougent et agitent le voile jeté sur eux par les mots, discours de ceux-là mêmes qui leur ont confisqué la terre et l’eau, la parole et le pain.

Si le vent est assez fort, il sera la rumeur et atteindra ce village du Haut Atlas. Alors ils devineront que de l’autre côté de la nuit une scène est ouverte, cimetière turbulent où il n’y a point de sommeil, où seule une belle et éternelle insomnie maintient les ombres et leurs robes dans la liberté d’aller et de venir, lentement, sans précipitation, avec l’élégance de la dignité, prononçant distinctement les mots et les phrases de leur histoire.

« Ces pages, à l'écriture diverse, disent ce que l'on ne peut dire autrement. Avec retenue, avec tendresse. Comme un cocktail d'humanité et de poésie. Peut-être sont-elles un feu de brume en un temps opaque. Peut-être une éclaircie dans l'épaisse forêt des faux-semblants et des facticités. Peut-être une trêve dans l'absurde jeu pour paraître, abuser les autres et se tromper soi-même. Peut-être un instant de vérité au milieu de notre grand bal masqué. Certainement un signe pour signifier à ceux qui éprouvent le handicap au quotidien : " Vous n'êtes pas seuls. Votre fragilité est la nôtre ". »

"S'il vous plait...un petit peu de sommeil...un petit peu de cette douce et agréable absence...une simple échappée, une brève escapade, un pique-nique avec les étoiles dans le noir ..."

Grand insomniaque, un scénariste de Tanger découvre que pour enfin bien dormir, il lui faut tuer quelqu'un. Sa mère sera sa première victime. Hélas, avec le temps, l'effet s'estompe...Il doit récidiver. Le scénariste se transforme en dormeur à gages. Incognito, il commet des crimes qu'il rêve aussi parfaits qu'au cinéma.Plus sa victime est importante, et plus il dort. Et c'est l'escalade.

Parviendra t-il à vaincre définitivement l'insomnie?Rien n'est moins sûr. Une erreur de scénario, et tout peut basculer.

Source : quatrième de couverture.

« Toi qui viens

Donne-moi le sens caché des choses

La direction des vents

Le nom de ce que je ne connais pas

La couleur de l'espérance

La plénitude de l'amour

Et la présence

Donne-moi ce que tu as

Car je suis ce que je peux. »

" Kandisha s'ébroua ; des puces, des punaises et des poux tombèrent de ses vieux habits. Elle se tourna vers les fées et prononça sa sentence : Un objet tranchant, un simple objet - je ne sais pas encore lequel, mais ce sera terrible -, un objet tranchant, donc, entaillera la main droite de la princesse et elle en mourra, voilà ce que je vois, voilà ce que j'entends, des cris, des larmes, et la mort sur un âne centenaire viendra emporter la petite princesse... "

Qu'est-ce que l'amitié ? L'imagination ? L'égalité ? Le racisme ? Parce qu'il n'est jamais trop tôt pour apprendre à penser, Tahar Ben Jelloun invite le lecteur à s'initier dès le collège aux notions clefs de la philosophie. Une leçon de sagesse lumineuse et nécessaire qui, dans un monde toujours plus complexe, nous aide à mieux comprendre notre rapport à nous-même, à l'Autre et à notre planète.

Tanger, au début des années 2000. Un pédophile abuse de jeunes filles en leur faisant miroiter la publication de leurs poèmes dans son journal. Il agit en toute impunité, sans éveiller le moindre soupçon.Ce roman raconte l'histoire d'une de ses victimes, Samia, une jeune fille de seize ans. Elle ne se confie pas à ses parents, mais consigne tout dans son journal intime, qu'ils découvriront bien après son suicide.À partir de cette tragédie, les parents de Samia basculent dans un désordre qui révélera leurs lâchetés et leurs travers. Le père, homme intègre, rejoint la cohorte des corrompus. Ensemble, ils s'abîment dans une détestation mutuelle aussi profonde que leur chagrin.La lumière viendra d'un jeune immigré africain, Viad. Avec douceur et bienveillance, il prendra soin de ce couple moribond. Viad panse les plaies et ramène le souffle de la vie dans la maison. Le pauvre n'est pas celui qu'on croit. Et le miel peut alors venir adoucir l'amertume de ceux qui ont été floués par le destin.

Aux sources de la création de Tahar Ben Jelloun

Enfant, Tahar Ben Jelloun dessinait sur les grands papiers d'emballage du magasin d'épices de son père. Étudiant, durant les dix-neuf mois passés dans un camp disciplinaire de l'armée marocaine, il écrivit en cachette ses premiers poèmes.

Écrire et peindre : ces deux passions n'ont cessé de guider sa vie. Le bleu de Tanger et la lumière crue ont nourri son oeuvre protéiforme. Entre deux cultures, entre deux rives, entre deux disciplines, Tahar Ben Jelloun s'est construit au fil des rencontres.

Dans ce récit intime, il plonge pour la première fois aux sources de sa création. Là où, entre ombre et lumière, se tissent la douleur et la beauté du monde.

Voie mystique de l'islam, née peu après la mort de Mahomet, le soufisme repose sur la conviction que le Coran possède un sens caché et sur la nécessité d'en faire une lecture intériorisée. Il encourage des formes de dévotion nouvelles – méditations, retraites, invocations, chants et danses extatiques – afin de favoriser l'élévation spirituelle. À partir du XIIIe siècle, les communautés soufies se structurent en grandes confréries dont l'influence s'exerce sur la vie religieuse mais aussi politique, sociale et culturelle. Le soufisme se diffuse dans l'ensemble du monde musulman, de l'Afrique à l'Inde, de l'Asie centrale à la Chine et à l'Indonésie. S'adaptant aux modes de vie locaux, il constitue aujourd'hui encore une passerelle entre l'islam et les autres religions.

« Ils avaient regardé ensemble Scènes de la vie conjugale d’Ingmar Bergman. Ils étaient jeunes et amoureux. Très amoureux. Ils avaient trouvé ce film fort et désespéré. Ils venaient juste de se marier et, leurs études terminées, chacun entrait dans la vie active. Lui comme médecin pédiatre, elle, pharmacienne. Ce fut son père qui lui acheta la pharmacie Derb Ghellef dans un des quartiers les plus vivants du centre-ville, dans la médina de Casablanca. Lui reprit le cabinet de son oncle qui avait une clientèle fidèle. La vie était facile, le ciel d’un bleu limpide et la paix régnait sur leur monde.

Ils avaient ri à la fin du film, convaincus que cela ne leur arriverait jamais. »

Casablanca, 2016. Nabile et Lamia forment un couple solide depuis plus de dix ans. Jusqu’au jour où elle s’éprend de Daniel, un homme à la réputation sulfureuse. Six mois plus tard, elle demande le divorce…

Quel avenir pour une femme ambitieuse dans un monde patriarcal où la liberté se paie au prix fort ?

Entre fresque sociale et roman psychologique, Les amants de Casablanca, magnifique histoire d’amour, explore la grande aventure du mariage, les oscillations du désir, les petits arrangements avec la religion et la capacité de l’être humain à embrasser ses contradictions.

C'est un lundi ; ciel bleu, pas un souffle de vent. Un professeur invite ses élèves à planter un arbre. L'écolier Tahar Ben Jelloun donne un nom à la pousse qu'il enterre et arrose : Sahbi, " mon copain ". Depuis, il cultive une passion pour ceux qu'il appelle avec tendresse " mes amis silencieux ". Dans ce livre qu'il a lui-même illustré, l'auteur du Racisme expliqué à ma fille nous convie à une promenade auprès des arbres qui ont marqué sa vie. Mêlant souvenirs et poèmes, il nous invite à les écouter, les protéger. Et à ne jamais cesser de nous émerveiller de leur présence bienveillante.

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