Chiens enragés

L’émir avait donné ses ordres. L’opération aurait lieu le 11 septembre.C’était arrivé codé, par porteur, au domicile d’un frère américain. Le groupe devait se diviser en six équipes et agir de manière quasi simultanée. Les quatre premières frapperaient les Tours jumelles, le Pentagone et la Maison-Blanche. Les deux dernières resteraient en réserve. Il allait passer à l’action avec les hommes qu’il détestait le plus sur terre. Majed notamment, le plus jeune, qui voulait se marier avant d’entrer dans le martyre et répétait que les gens qu’ils allaient tuer n’avaient d’autre signification que la tâche qui leur avait été assignée dans leur berceau le jour de leur naissance : remplir aveuglément leur rôle de victime sans aucun droit sur leur propre destin. Il n’y avait que l’utilité de leur mort violente à considérer.Majed se gargarisait avec les mots, mais c’étaient les mots de l’émir, Nawaf le savait.« Parmi ces victimes, leur avait répété Oussama, il en sera de nombreuses, juives et mécréantes, sur qui le sang des autres retombera. N’y pensez pas. Ne vous en préoccupez pas. Tuez-en le plus possible. Chaque goutte de ce sang renforcera le vôtre. Faites couler un fleuve de sang pour nourrir les jardins sacrés de l’Islam. »Nawaf Al-Hazmi avait donc appris la veille qu’il décollerait de l’aéroport international de Dulles, dans la banlieue de Washington DC, à 8 h 20, sur le vol United Airlines 77. Presque au même moment, deux autres groupes s’apprêteraient à prendre l’air sur les vols 11 d’American Airlines et 175 de United Airlines. Environ trois quarts d’heure plus tard, ce serait au tour de la dernière équipe sur la United Airlines 93 en partance de Newark.