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Comme s'il avait souhaiter une Léna, pas une Ridley. Une fille droite et sympa au lieu d'une rouée égoïste. Une nana qui écrivait des poèmes sur les murs de sa chambre, pas une Sirène assise seule sur le bord d'un trottoir.

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- Le problème, Rid, c'est que je perçois autre chose, quand je suis avec toi.

Il fallait qu'il soit franc. Il n'avait rien à perdre, de toute façon.

- Oh, je t'en prie ! cracha-t-elle, méprisante.

Il persista.

- Je vais être honnête avec toi. J'ai comme l'impression que tu...

- Tais-toi !

Elle avait levé le doigt. Menaçante.

- Que tu m'aimes.

Il sourit, parce qu'il savait que c'était vrai, qu'elle l'admette un jour ou non.

( Link & Ridley )

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- Arrête tes âneries, finit-elle par gronder en détournant les yeux.

Link passa une main dans ses cheveux hérissés.

- Ah ouais ? Ce n'est pas ce que tu es censée répondre quand un mec te dit qu'il t'aime, tu sais ?

Il essuya le maquillage qui salissait ses lèvres. Ridley poussa un gros soupir.

- Et que veux-tu que je te réponde d'autre ? Que je t'aime aussi ? Tu ne vois pas à quel point c'est ridicule ?

- Non, même si j'ai l'impression que tu ne vas pas te gêner pour me le démontrer.

( Link & Ridley )

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« Il n’existe que deux sortes de Mortels dans ce trou perdu de Gatlin, en Caroline du Sud : les trop bêtes pour partir et les condamnés a rester. C’est du moins ce qu’on raconte.

Comme s’il existait des Mortels d’une autre espèce quelque part ailleurs !

Ben voyons !

En revanche, il n’y a qu’un type de Sirène, ou qu’on soit dans le monde.

Condamnée, non. Damnée ? Peut-être.

Débile ?

Tout n’est jamais qu’une question de point de vue.

Voici le mien : on a eu beau m’affubler de tous les noms d’oiseaux possibles et imaginables, je ne me résume en réalité qu’à un statut, celui de survivante. Or si les Sirènes idiotes se comptent par dizaines, aucun survivant n’est un imbécile. »

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Il n’y avait pas que des avantages à avoir une petite copine Enchanteresse ; ça s’accompagne, parfois et par exemple, d’une malédiction et d’une mère encore plus maudite

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— Puis-je quelque chose pour vous, Wesley Lincoln ?

— Ridley Duchannes, y a-t-il la moindre imbécile de parcelle minuscule en toi qui aime la moindre imbécile de parcelle minuscule en moi ?

Elle le fixa en ravalant ses larmes. Elle aurait pu empêcher tout ce qui venait de leur arriver en se jetant à son cou dès la première fois qu’il lui avait avoué l’aimer, en couvrant de baiser son adorable visage, en confessant qu’elle aussi l’aimait. Ils ne se seraient pas disputés. Elle n’aurait pas fui le pays ni le monde des Mortels. Elle n’aurait pas essayé de s’oublier dans une partie de cartes débile.

Souffrance était le nom idéal pour la boîte où elle avait failli tout perdre. Il décrivait également ce que tous deux avaient subi dès l’instant où elle y était entrée. Pourtant, si elle était honnête envers elle-même, Ridley devait admettre qu’elle avait déjà bien morflé durant les trois mois qu’il lui avait fallu avant de trouver ce maudit endroit.

Pourquoi ?

Parce qu’elle ne se résolvait pas à dire à l’unique garçon stupide dont elle était éprise jusqu’au moindre morceau de son stupide cœur brisé qu’elle l’aimait plus passionnément que n’importe qui au monde ?

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— M. New York City nous a sauvé la vie.

— Ouais. Parce que c’était lui qui la menaçait. Pour être fidèle aux événements, s’entend.

— La fidélité ne m’intéresse pas.

— Je ne suis pas lui, continua Link, les yeux fixés sur la route. Je ne le serai jamais. Je suis un gars du Sud. Le jour où je t’offrirai des boucles d’oreilles, je les aurai achetées au supermarché. Tu devrais l’avoir compris, depuis le temps.

Quelque chose se brisa en Ridley. Ses émotions la submergèrent malgré elle. Au point qu’elle en fut désorientée. Ce que j’ai, ce que je n’ai plus. Qui j’ai, qui je n’ai plus. Elle et Link avaient survécu, cependant. Ils étaient ensemble. Ils avaient le présent devant eux ; elle l’avait lui, et il l’avait, elle. C’était ce qui comptait par-dessus tout.

Quel dommage qu’elle ne sache pas comment le lui formuler !

— Je ne te demande pas d’être autre chose que Wesley Lincoln de Gatlin en Caroline du Sud, dit-elle.

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Qu’elle profite d’aujourd’hui. Demain est pour les anges.

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— J’aurais préféré ne pas gagner, reprit-il. Ne t’avoir jamais attirée ici. Ne jamais t’avoir demandé un batteur. J’ai eu tort, et j’en suis navré.

L’authenticité de ses paroles était indéniable, l’émotion derrière encore plus palpable. Ridley balança alors le jeton de toutes ses forces dans le brasier.

— Je te pardonne, chuchota-t-elle.

Du revers de sa main noire de suie, elle essuya une larme qui roulait sur sa joue.

Une larme de Sirène.

Nox n’avait vu une Sirène pleurer qu’en une occasion. Sa mère. Le jour où Abraham Ravenwood la lui avait arrachée. Il n’avait pas oublié cet épisode-là.

Il n’oublierait pas celui-ci non plus.

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— Ça n’est pas grave, Rid. On va se sortir d’ici sains et saufs.

« Tu seras saine et sauve. » Tel était le véritable fond de sa pensée. Elle le fréquentait depuis assez longtemps pour deviner ses réflexions. Et qu’il soit furieux contre elle n’y changeait rien. Elle avait toujours été sa priorité. Prendre soin d’elle, la respecter, veiller sur elle. Ridley ne pigeait pas pourquoi elle avait mis autant de temps à y croire. Et maintenant, il est trop tard pour ça. Elle résista à l’envie de tendre la main vers lui, ne serait-ce que pour poser une paume sur son bras. Se rappeler de ne pas le toucher était étrange.

C’est ma faute. Je me suis infligé cela à moi-même.

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