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Extrait ajouté par JeremieLebrunet 2014-09-18T20:11:59+02:00

Sommaire

Duplicate Corporation : page 4

Le processus de création de la nouvelle : page 22

A propos de l'auteur : page 28

Du même auteur : page 29

Remerciements : page 31

Mentions légales : page 32

Duplicate Corporation

Par les hautes fenêtres encadrées de rideaux en velours bleu sombre, des flots de lumière se déversaient dans la pièce. L’enfant blond en costume gris avait fini son fromage. Deux domestiques venaient de desservir la table de banquet et de la redresser en vue du dessert.

Le cœur battant sous son uniforme blanc, Suliac déposa le gâteau sur la nappe brodée recouvrant la table. Malgré la tension qui l’habitait, le jeune pâtissier ne renoncerait pour rien au monde à son projet. Il avait mis des mois à le préparer et l’avenir de sa mère en dépendait. De plus, c’était l’unique manière de payer les services des bio-trafiquants.

Il s’éclaircit la gorge :

— Monsieur Bonnefoy, bavarois à la vanille Bourbon et aux framboises Arpeggio, annonça-t-il avec mesure.

Muni d’une pelle à tarte en argent, il entreprit de couper une part de sa main gantée. Puis, il la servit dans une petite assiette en porcelaine de Sèvres, décorée de fleurs.

Le gamin le dévisageait et Suliac se demanda si celui-ci avait remarqué sa nervosité. Le petit costume et la cravate lie-de-vin portée sur une chemise blanche donnaient à l’enfant un air sévère qui tranchait avec ses sept ans. Pour Suliac, ce contraste avait quelque chose de grotesque, comme une blague de mauvais goût.

— Magnifique gâteau, Puilmanac’h… commenta le blondinet de sa voix fluette. Vous parvenez chaque fois à me surprendre. Cela fait une éternité que je n’en ai pas dégusté ! La dernière fois remonte à la réception de Duplicate Corporation pour leur bicentenaire. Vous veniez à peine de naître… Il était excellent. J’espère que je pourrai en dire autant du vôtre.

Les réflexions du petit l’irritaient, mais le jeune homme s’appliqua à respirer avec régularité pour ne rien laisser transparaître. Il posa l’assiette devant son employeur et fit un pas en arrière. Il se redressa bien droit, mains croisées derrière le dos, avec le maintien élégant exigé chez Maître Perquier, le restaurant où il avait fait son apprentissage.

— Vous pouvez disposer… dit l’enfant avec un geste négligent.

— Bien, Monsieur Bonnefoy. Bonne dégustation.

Le pâtissier partit à reculons, lentement, fixant la petite main qui s’emparait de la fourchette à dessert… coupait un bout du gâteau… la portait à sa bouche… Suliac ferma les yeux une seconde. Le responsable des problèmes de sa mère était désormais à sa merci. Enfin, un corps sur deux.

Dès qu’il eut franchi les lourdes portes de la salle à manger, gardées par deux colosses de chez Sentinel, le jeune homme se rendit dans les vestiaires pour se changer. Il vérifia machinalement que le sachet plastique et l’objet protégé dans un étui n’avaient pas quitté la poche de son blouson et prit la direction de la sortie.

Il se composa une figure souffrante pour passer le portail réservé au personnel. Depuis leur guérite, les deux gardes, assis à une petite table pour jouer aux cartes, lui jetèrent des regards étonnés : le service n’était pas encore fini en cuisine.

— Ça va, Suliac ? s’enquit l’un d’eux en s’approchant dans l’embrasure de la porte.

— Non, pas trop, j’ai mal au ventre… Je viens de voir avec l’intendante pour partir plus tôt et aller chez le médecin.

Le malade fictif les salua et continua son chemin. Les hommes lui répondirent d’un signe de main, puis reprirent leur partie. Peu importe ce que l’on penserait de lui par la suite, car, si tout se passait selon son plan, Suliac ne remettrait jamais les pieds ici.

Il se dirigea d’un pas rapide vers la gare toute proche. Le train pour la capitale partait dans vingt minutes. Maintenant que le petit clone avait mangé le gâteau, le jeune homme allait rendre visite au vieil exemplaire malade de Dominique Bonnefoy. Si les deux corps de son employeur étaient menacés de mort en même temps, il accéderait à ses requêtes.

ᴥ ᴥ ᴥ

Suliac sortit de la bouche du métro et leva les yeux sur l’énorme bâtisse de verre et de béton gris, à l’image du ciel d’automne. À droite, un bâtiment plus petit mais d’apparence plus moderne arborait sur sa façade le D et le C entrelacés, logo de Duplicate Corporation, la multinationale du clonage.

Une ambulance passa non loin de là, sirène hurlante. Elles défilaient comme ça toute la journée, sans discontinuer. Suliac le savait pour être venu ici de nombreuses fois. Le service des soins palliatifs occupait les trois étages du haut de l’immeuble au toit hérissé d’antennes. Là, dans une chambre du huitième, le Delta de Dominique Bonnefoy reposait, rongé précocement par un cancer des os en phase terminale : il avait à peine cinquante-cinq ans.

La lettre grecque delta indiquait qu’il s’agissait du quatrième corps. L’Alpha, l’exemplaire d’origine, était mort depuis bien longtemps, comme les deux suivants. La conscience du millionnaire prenait possession des enveloppes charnelles les unes après les autres, mais jamais plus de deux ne coexistaient à la fois. Il fallait attendre que l’un des doubles meure ou soit euthanasié, avant de cloner l’autre. Posséder trois corps en même temps s’avérait au-delà des aptitudes humaines. On racontait qu’à la naissance d’un troisième clone simultané, les gens sombraient dans un état végétatif, comme si cela faisait surchauffer leur esprit jusqu’à la rupture.

« Translocation » était le nom du processus permettant à la conscience de s’approprier le nouvel organisme, de l’englober lui aussi dans le champ de sa perception. Pour réussir à se coordonner, les néo-clonés qui venaient de réaliser leur première duplication devaient suivre une formation spéciale dispensée par Duplicate Corporation. Écrire avec un corps et manger avec l’autre ou bien mener deux conversations en même temps demandait une certaine maîtrise.

Peu après son embauche dans les cuisines du manoir, un commis avait expliqué au nouveau pâtissier que le cinquième clone de Bonnefoy était mort dans un accident d’avion huit ans auparavant, alors qu’on venait de diagnostiquer la maladie du Delta. Il s’était fait dupliquer encore une fois en espérant que le nouveau, intitulé Zêta, l’exemplaire qui logeait au manoir, atteindrait l’âge de la majorité clonale avant que la vie n’abandonne le vieux corps.

Le gamin serait majeur dans un an aux yeux de la loi, quand son organisme aurait huit années d’existence. Bonnefoy acquerrait alors le droit de mener officiellement ses affaires avec ce jeune clone et d’assurer sa charge au Parlement européen, bien qu’il s’agisse en réalité d’une seule et même personne.

Suliac chassa ces pensées en franchissant les portes vitrées du sas de l’hôpital et se dirigea vers le couloir des ascenseurs, sur la gauche. En ce milieu d’après-midi, le hall grouillait comme une ruche, des gens parlaient et marchaient en tout sens. Pendus au plafond, de multiples panneaux indiquaient les directions des différents services du bâtiment. À droite, de l’autre côté d’une paroi transparente, une salle d’attente et une cafétéria étaient à moitié pleines.

— Bonjour Monsieur Puilmanac’h, l’interpella soudain une voix derrière lui. Vous allez bien ?

Il pivota pour découvrir l’une des infirmières du neuvième étage. Elle avait une drôle de tête aujourd’hui, un sourire forcé plaqué sur le visage. Il la salua et confirma brièvement, sans lui retourner la politesse.

— Vous venez voir votre mère ? continua-t-elle.

Suliac acquiesça de nouveau, impatient qu’elle s’en aille.

— Bon, alors je vous verrai là-haut. Je vous laisse, j’ai à faire.

C’est au moment où elle tournait les talons qu’il comprit ce qui le dérangeait : elle venait de se faire lifter. Ça expliquait les lèvres et les coins des yeux étirés. Cette vaine tentative de lutter contre les effets du temps indiquait clairement qu’elle ne disposait pas des moyens nécessaires pour se faire dupliquer. Retendre les chairs n’était qu’un succédané de rajeunissement. La cure de jouvence des pauvres…

Suliac reprit sa marche jusqu’aux portes des cabines.

FIN DE L’EXTRAIT

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