Extraits

Ce soir-là, les habitants de l'enclave ont décidé qu'il était temps d'instaurer des règles. Chacun d'entre nous devait avoir un rôle, et agir pour le bien de la communauté.

- Il faudrait diviser les tâches comme dans les tribus, a suggéré Austin. Certains chassent, d'autres bâtissent.

Cela en a fait rire plus d'un, mais pas notre chef.

- Et les autres ? a-t-il demandé.

- Ils se reproduisent pour assurer notre descendance. Mais pas trop. On veut survivre dans ces tunnels, pas les surpeupler.

A ma grande surprise, ils ont accepté. Et cela a fonctionné. Mon père a vécu dix ans de plus. Mme Shelley est morte peu de temps après lui. Les filles Marakowitz ont eu des enfants. Et Austin ? Il n'a cessé de bâtir. Même ici, même sous terre. Oh, il a construit des choses merveilleuses ! Et je l'ai aidé jusqu'au bout.

Je l'ai perdu il y a deux ans.

Je m'appelle Robin Schiller, et je vais bientôt mourir. Cette histoire, je le confie à toi, mon élève. Tu es le premier Gardien des Mots. Dans ce monde, les mots comptent plus que tout. Alors je te confie les miens. Qu'ils ne soient jamais oubliés.

Jamais.

J’ai posé ma main sur la sienne quelques secondes. J’avais vu mon père le faire des centaines de fois avec ses patients. Mais, entre Austin et moi, c’était… différent. Au moment où nos peaux se sont touchées, des étincelles m’ont parcouru tout le corps.

J’ai toujours su que j’étais différent. Pas parce que je préférais les garçons aux filles, mais parce que je me fichais d’avoir quelqu’un dans ma vie. Mes peintures et mes dessins suffisaient à me tenir compagnie. Et puis, les deux fois où j’avais été attiré par quelqu’un, c’était à cause de sa bonté et de son esprit, pas de son apparence physique.

In this world, words matter. Sometimes they're all we have. So I entrust mine to you. Let them be remembered.

Let it be so.

Austin m'a pris par la main et m'a attiré loin des autres.

-C'est mieux que les bunkers, a-t-il murmuré.

-Tu as raison. Au moins, on n'est pas dépendant d'une entreprise. Ils nous retrouverons jamais.

Austin a posé une main sur mon épaule et m'a poussé contre le mur. Il a plaqué sa bouche contre la mienne, m'embrassant avec urgend etbpassion. Un baiser pleonbde promesse.

Je savais qu'on était fait l'un pour l'autre. Je le savais depuis que j'avais entendu sa voix pour la première fois. J'avais déjà embrassé quelqu'un, mais ce baiser-là serait le seul et l'unique qui compterait, celui que je chérirais toute ma vie. Quand il a retiré ses lèvres des miennes, j'étais à court de souffle.

-Je n'était pa sûr que tu... a-t-il bafouillé. J'avais peur...

-N'aie pas peur. Jamais. Jamaisbavec moi.

Trente-quatre jours après ma rencontre avec Austin, mes parents ont demandé à me parler. Ils voulaient discuter de nos conditions de vie. Apparemment, ils trouvaient malsain de vivre enfermés comme des animaux en cage.

Il m’a expliqué que son père était colonel, et qu’il exigeait de lui qu’il suive le même chemin. On a discuté une heure de plus, puis il était temps de retourner dans nos bunkers. Nos familles se sont promis d’organiser une autre rencontre très prochainement.

J’aurais préféré rester avec Austin.

Un mois plus tard, les parents Markowitz sont tombés malades. Leur fille aînée nous a appelés, en larmes, implorant mon père de venir les sauver. De tous les habitants du bunker, il était le seul médecin. Ma mère l’a supplié de ne pas y aller.

— Il faut que j’essaie, Mel. Tu le sais très bien.

— S’il te plaît, reste avec nous ! Appelle l’administrateur, il s’en chargera.

Dans ce monde, les mots comptent plus que tout. Alors je te confie les miens. Qu'ils ne soient jamais oubliés.

Jamais.

His expression became exultant, defiant, even. He put a hand on my shoulder and pushed me against the wall, then kissed me with such surety and promise. No more waiting for cues, apparently. Since he had been for me, almost from the moment I heard his voice in the dark, I curled my hand into his hair. There had been one touch of lips to mine before this, but this was the kiss I would cherish and remember, a kiss to obliterate all others. I was breathless when he stopped.

And Austin? He was a builder, even down here; oh, he crafted the most marvelous things. I helped him in that. Austin Shelley was also the love of my life.

I lost him two years ago.

And I am so very tired now. My name is Robin Schiller, and I have come to the end of my life.