J'ai tendance à faire des pavés en ce moment pour donner mon avis, donc comme j'en ai quatre à mettre, je ne vais pas mettre mes commentaires en entier cette fois (le message sera interminable sinon ^^).
7- Lire un livre ayant moins de 25 lecteurs booknode
J'ai lu
Héloïse, ouille ! de Jean Teulé qui n'a actuellement que sept lecteurs sur Booknode.
Sorti début mars, le roman nous plonge en plein XIIe siècle et nous propose la célèbre histoire d'Héloïse et Abélard. Cette romance historique se retrouve brusquement remis au goût du jour par la plume de l'auteur décidément très inspiré. La grivoiserie est au rendez-vous pour ce dernier roman !
Si le style sonne parfois graveleux, on a pourtant du mal à trouver ça réellement grossier. Bien sûr, Teulé manie à la perfection le licencieux, mais derrière son langage si fleuri se cache une poésie un brin excessive et délurée absolument jubilatoire. Teulé sait jouer avec les mots et il prend un grand plaisir à le faire.
L'association se fait avec un style mélangent le langage classique de l'époque avec de temps à autres, du parlé d'aujourd'hui. Le résultat est très drôle et fonctionne parfaitement. Le décalage surprend mais ne dérange jamais, c'est fait avec précision.
J'ai beaucoup aimé découvrir la romance d'Héloïse et Abélard. La connivence entre les deux personnages et la passion furieuse qui les dévore est délectable. Décomplexé et sans-tabous, Teulé s'en donne à cœur joie dans les ébats des deux amants.
La suite par ici.
16- Lire un livre que vous avez abandonné ou mis en pause trop longtemps
J'ai lu
La dame dans l'auto avec des lunettes et un fusil de Sébastien Japrisot mis en pause depuis novembre dernier et jamais terminé.
J'ai déniché ce livre dans une librairie d'occasion, en fouillant un peu au hasard. Je n'avais jamais entendu parler de celui-ci ou de son auteur, mais j'ai tout de suite été irrémédiablement intriguée par son titre. Ces derniers temps, je choisis beaucoup mes lectures en fonction de leur titre et si les résultats sont parfois un peu décevant, on peut également tomber sur d'excellentes surprises. Ce roman en est une !
Sébastien Japrisot met en scène avec beaucoup de subtilité une héroïne ambiguë qu'il est fascinant de suivre. Naïve mais brillante, paumée et lucide à la fois, l'auteur joue sur les facettes de la personnalité de cette protagoniste à fleur de peau à laquelle on s'attache très vite. L'histoire est du point de vue subjectif de Danny durant une grande partie du roman, et on est partagé entre le sentiment de folie présumée et celui de rationalité acceptée dans laquelle évolue la jeune femme. À l'image de Danny, on ne sait jamais sur quel pied danser. Qui croire ? Que penser ?
La suite par ici.
18- Lire un livre choisi au hasard juste pour son titre
J'ai lu
Les oranges ne sont pas les seuls fruits de Jeanette Winterson, dont le titre m'avait intrigué.
Un roman autobiographique ? Non, pas tout à fait, pourtant, on l'aurait presque cru. Les oranges ne sont pas les seuls fruits reprend les souvenirs d'enfance de Jeanette Winterson et nous les propose au sein d'un récit réaménagé, retravaillé. C'est clairement le titre qui a attiré mon attention, j'étais loin d'imaginer tomber sur une histoire basée sur des faits réels, mélangeant religion et homosexualité, qui plus est.
Le style est agréable lorsque l'auteur évoque sa jeunesse, parfois sur le ton de l'humour, d'autre fois plus sérieux. Il se dégage une certaine curiosité face à cette famille plutôt atypique. Le père effacé, dont on a l'impression qu'il n'est là que pour faire figure de patriarche. La mère forte et très pieuse ayant adopté Jeanette car elle serait l'Élue.
J'ai beaucoup apprécié le point de vue du roman. Le regard intérieur de Jeanette qui garde sa foi chrétienne quoiqu'il arrive, analyse tout avec sa curiosité d'enfant, se pose des questions. L'évolution de sa pensée, de son orientation sexuelle également. Elle accepte à la fois Dieu et son attirance pour les femmes, sans jamais voir en quoi cela pourrait être une mauvaise chose. Elle se heurte à sa mère, à son église pour qui le pêché est de haut niveau. Elle sera d'ailleurs blâmée, rejetée, exorcisée même pour l'amour qu'elle porte à Mélanie, jeune fille rencontrée à l'église.
Jeanette ne comprend pas forcément sa mère, ni en quoi son amour est un péché et le regard posé sur ses croyances et la prétendue incompatibilité avec ce qu'elle ressent est intéressant.
La suite par ici.
22- Découvrir un auteur qui vous fait envie
J'ai lu
Zombi de Joyce Carol Oates, je voulais lire l'auteur depuis un moment.
Quentin est un serial-killer. Du haut de sa trentaine, obsédé par l'idée de se créer un Zombi qui le vénérerait et obéirait au moindre de ses désirs, il kidnappe des jeunes hommes pour les lobotomiser et parvenir à ses fins... chose qui, à son grand dam, échoue à chaque fois.
Suivi de près par son contrôleur judiciaire et son psychiatre pour s'être fait prendre par le passé, il est en liberté conditionnelle, ce qui ne semble jamais l'avoir empêché de poursuivre son petit bonhomme de chemin, entre chacun de ses kidnapping, dans la banalité la plus simple. Il a un poste de gardien d'immeuble, il fait des études, il est entouré par sa famille avec son patriarche, imminent professeur d'université, qui le soutient ou encore sa grand-mère pour qui son petit-fils est la gentillesse incarnée. Vu comme un bon garçon, discret et calme, on est loin d'imaginer les noirceurs qui se cachent dans l'âme de notre protagoniste. Et pourtant...
Écrit du point de vue de Quentin, le lecteur est immédiatement confronté à la vision très sombre et dénuée d'empathie du trentenaire. On est interpellé par la typographie particulière avec ses esperluettes à la place de tous les "et" ou par les initiales qui viennent remplacer les noms de tous les personnages, comme s'ils n'étaient pas réellement des personnes et qu'il n'y avait pas d'intérêt à les nommer. Les longues énumérations et phrases composées de beaucoup de propositions frappent également. On se retrouve avec un style très épuré et une narration vraiment mécanique qui renforcent le côté sociopathe de Quentin. On en revient même à redouter les apparitions des majuscules, signe que Quentin s'emballe et que, sous le coup de l'excitation, ses actes vont prendre une ampleur qui fait froid dans le dos.
La suite par ici.