Bientôt, notre char aura finit son deuxième tour du cirque, et il s'arrêtera au centre d'entraînement. Pour ma part, aucun cri de la foule ni gros plan sur mon visage affiché sur tous les écrans géants du Capitole n'est encore parvenu à m'arracher ne serait-ce qu'un sourire. Je me contente donc de garder mon regard fixé sur les chevaux noirs de mon char en attendant qu'il ait finit son tour et que le district 13 passe enfin.
Au moment ou je jette un coup d'œil à l'un des écrans géants situés aux entrées du cirque, je vois de nouveau notre trio éclairé des flammes de nos capes dans la nuit tombante, peut-être plus magnifique encore que tout à l'heure lors de notre entrée, mais toujours pas suffisant à mes yeux pour me faire sourire. Avant que je ne me mette de nouveau à fixer les équidés, mon regard s'attarde sur Finnick. Légèrement penché vers moi comme quelques minutes au paravent quand il m'avait chuchoté de sourire à l'oreille. Je tourne vivement ma tête vers lui puis ai juste le temps de lui lancer un regard interrogateur avant qu'il ne s'approche un peu plus de mon visage jusqu'enfin déposer un bref baiser sur mes lèvres, ce qui naturellement ne manque pas de me faire rougir jusqu'aux oreilles et de faire hurler la foule quand elle nous voit au grand écran.
Si c'était ça sa technique pour me faire sourire, c'est plutôt réussit car même si j'essaie de m'en empêcher, je n'arrive pas à enlever ce sourire d'imbécile de mes lèvres jusqu'à ce qu'on arrive au centre d'entraînement où je donne un grand coup de coude à Finnick.
- Pourquoi tu as fait ça ? je m'exclame.
- Ça a dû bien passer, aux caméras, non ? réplique le rouquin un large sourire aux lèvres.
Je pousse un grand soupir, histoire d'insinuer qu'il est vraiment désespérant. Bien-sûr, juste insinuer. Parce-que finalement, ce baiser ne m'a pas déplut tant que ça.
Nous n'avons même pas le temps de faire quoique ce soit d'autre que notre équipe de préparation arrive à grand pas vers notre char, nous aide à en descendre, puis nous inondent de compliments ou bien de remarques sur nos tenues et enfin, nous enlèvent ces coiffes et ces capes encore enflammées. Apparemment, les costumes on fait leur effet ; d'après Joy, ils auraient tous hurlé de joie en nous voyant entrer dans le cirque avec, savant probablement tous que c'étaient les même que ceux des 74è jeux.
- Et ce baiser avait presque l'air d'être un vrai ! s'exclame Dusk tandis que je lance un regard vers Finnick, commençant à me demander s'il n'avait pas prévu de m'embrasser avec son équipe avant de monter dans le char.
- Oh, oui ! Maintenant le public va penser à des nouveaux amants maudits en plus de ça ! ajoute Joy.
- Les... amants maudits ? (je roule mes yeux dans tous les sens, voyant que personne ne me répond et se contente de me regarder les leurs grands yeux comme si cette question n'avait même pas à être posée.)
- C'était le surnom donné à Peeta et Katniss au 74ème Hunger Games, finit par répondre Gem. Un amour impossible : ça avait plu au public.
Ca me fait une belle jambe : Après le retour de la fille du feu, le retour des amants maudits. Ce cher public sera sûrement aux anges, cette année.
« SHLAK ! » C'est le bruit que fait ma flèche quand elle se plante à une distance infime du centre de la cible. Les arcs de la salle sont différents de celui que j'utilisais dans la forêt avec mon père, mais il faut croire que je me débrouille plutôt bien avec. Quand je jette un vif coup d'œil aux juges qui seront chargés de nous donner une note lors de l'entraînement « privé », je les vois échanger quelques messes basses tout en me détaillant de haut en bas, lâchant parfois quelques rires en reprenant un verre de vin ou une bouchée de leur plats divers et variés. Ian, lui, est passe depuis quelques heures de stand en stand : instructions sur les baies, les plantes, le camouflage et le lancer de poids... Quant à Finnick, il cherche depuis le début de l'entraînement son « arme de prédilection », passant du stand des couteaux à celui des javelots, et même des massues. Soudain, j'entends la voix d'Ian hurler «Eden, Attention ! ». Par reflexe, j'ai à peine le temps de me décaler d'un pas vers la gauche que je vois un couteau se planter dans la cible devant moi. Je me tourne derrière moi, dévisageant longuement la jeune fille qui venait de lancer le projectile d'un stand à quelques mètres de moi.
- Excuses-moi. Lance sèchement celle dont je me souviens encore du nom, Diams Hawthorne, la petite fille de Gale Hawthorne, avant de retourner à ses occupations.
Je jette un coup d'œil à Ian, apparemment aussi perplexe que moi. Je soupire, puis regarde encore quelques instants ce drôle de duo que sont les Hawthorne ; Neil et Diams, restant plus silencieux que tous les autres tributs, n'ont pas l'air de s'en entraîner moins rudement ; quand je me retourne vers la cible je peux apercevoir que le couteau s'est planté exactement au milieu, à quelques centimètres de ma flèche. Couteau me laissant déduire que les croiser dans l'arène reviendrait à signer mon arrêt de mort, d'après moi.
Nos quatre jours d'entraînements se sont déjà écoulés quand je quitte la salle où je m'étais encore entraînée au tir à l'arc toute la journée. Demain matin, nous aurons à faire nos preuve devant les juges, moi, et les trente-huit autres tributs. Rien que cette pensée me glace le sang ; si je ne parviens pas à obtenir un score suffisant, –nous sommes chacun notés de 1 à 12- les sponsors n'accourront clairement pas pour me sauver avec leur précieux parachutes argentés et remplis de médicaments, nourritures ou d'autres choses qui aident toujours pendant les jeux. En général, plus on a de sponsors et plus on a de chances de gagner, et naturellement ces derniers placent généralement leur paris sur les tributs les plus apte à remporter les jeux. Arpentant les couloirs du treizième étage du bâtiment, je cherche désespérément la chambre de Finnick. Depuis que nous sommes arrivés au centre d'entraînement je cherche en vain un argument pour lui faire renoncer à me protéger dans l'arène, mais pour le moment je n'ai toujours rien trouvé. Les jeux commençant après-demain, j'ai donc décidé que j'allais improviser. Finalement, j'arrive devant la porte de sa chambre, entrouverte. Je jette un coup d'œil par l'ouverture, histoire de voir si « Fin » est bien à l'intérieur. A la place, je découvre l'affreux spectacle de la fille du District 4, genoux sur les jambes de Finnick et mains sur ses avants bras, le rouquin bloqué sur son lit et la blonde l'embrassant à pleine bouche. Je reste quelques secondes à décrire les mouvements de la jeune fille avant qu'elle ne commence à enlever le T-shirt de Finnick. C'en est trop ; je pousse la porte d'un geste brusque et déboule dans la salle.
-Ca va, je vous dérange pas trop ? je leur lance, particulièrement à la fille du District 4 dont je viens de me souvenir du nom, Posy, qui me fusille du regard avant de se lever en s'appuyant sur Finnick, qui pousse un léger cri de douleur. Une fois debout, elle recoiffe ses cheveux d'un blond presque blanc en arrière, puis se dirige fièrement vers la porte, tête haute. Oh, et Posy, la prochaine fois que tu essaie de violer quelqu'un, évite de laisser la porte ouverte. J'ajoute avant qu'elle ne quitte la chambre. Soudain, une idée me vient. Pour que Finnick ne veuille plus me protéger, il faudrait qu'il me déteste. Et pour ça, j'ai déjà ma petite idée. Le rouquin s'assied doucement sur le lit et se frotte les yeux en soupirant. J'essaie de lui lancer un regard noir aussi noir que possible bien qu'il ne doive pas être très réussit, avant de commencer à m'en aller moi-aussi. Finnick se lève brusquement et m'attrape par le bras, me lançant un regard presque suppliant.
-Eden, elle m'a forcée, je voulais m'en aller mais elle...
-Je sais. Le coupé-je dans sa phrase avant de le détacher de moi pour regagner ma propre chambre.
Finnick, moi et les trois tributs du District 13 tous assis dans une petite salle tapissée de métal, attendons patiemment notre tour pour passer devant les juges. Les autres sont tous déjà passés, et à l'heure actuelle c'est Ian qui doit impressionner la salle avec ses lancers de couteaux. Si je me souviens bien il était loin d'être mauvais ; il s'était longtemps entraîné à parfaire ses lancers avec notre père sur des cibles ou des animaux, dans la forêt de notre District. Je n'adresse pas un mot à Finnick, me contentant de fixer le sol métallique en attendant que ce soit mon tour. Je n'ai pas demandé à Fin s'il avait trouvé ce qu'il allait faire pour impressionner les juges mais je suis sûre que c'est le cas ; il a dû faire tous les stands du centre d'entraînement, et leur nombre n'étant pas des moindre ce serait étonnant si il n'avait pas d'arme de « prédilection ».
Une vingtaine de minutes passent encore, puis j'entends enfin mon nom retentir dans la salle, émit par une sorte de mégaphone accroché en haut de l'immense porte qui mène à la salle des juges, du moins quelque-chose qui y ressemble. Je passe donc cette massive porte qui s'ouvre automatiquement quand je m'en approche, puis pénètre dans la salle. Là, juste devant l'estrade où chuchotent encore les juges, Finnick fait tournoyer une longue épée avant de la reposer en faisant un son métallique, à l'emplacement qui lui est destinée. Je reste perplexe en le fixant quelques instants ; je ne l'ai jamais vu ne serait-ce que toucher ce genre d'armes, le voir manier une épée de la sorte relevait, d'après moi, de pure fiction. Il me lance un regard furtif s'éclipse pour me laisser seule avec les juges. J'avale ma salive, prend une grande inspiration puis balaye la salle du regard, à la recherche d'un arc. Quand j'en trouve finalement un, je le prends en main et attrape l'une des quelques flèches qui étaient entreposées juste au dessous. Je me tourne vers la cible dessinée sur le mannequin juste en face de moi, puis encoche ma flèche avant de tendre mon arc. Je me concentre quelques instants tout en visant le centre de la cible –bien que ce soit légèrement compliqué compte tenu du fait que mes mains tremble comme si je tenais un marteau piqueur- puis lâche ma flèche, qui décrit un infime sifflement avant de se planter au centre de la cible. Je reste perplexe quelques instants, la fixant avec des grands yeux, puis dévie mon regard sur les juges qui, comme toujours, parlent entre eux en jetant un par un un regard sur moi. Ne sachant pas si ça signifie que ça leur suffira, je prends une seconde flèche puis répète la même action. Cette fois la flèche se plante à quelques centimètres de la première, ce qui me laisse pousser un léger soupir.
-Vous pouvez disposer. Finit par lancer l'un des juges d'un ton neutre en me fixant du regard, un verre à la main. Probablement l'organisateur des jeux.
Je m'exécute donc et va reposer l'arc à sa place avant de quitter la salle par une autre porte que celle par laquelle je suis entrée, néanmoins toute autant imposante. Je prends ensuite l'ascendeur pour me rendre au treizième étage ; les notes de Finnick, Ian et moi doivent déjà avoir été annoncés, et avec eux ceux de tous les autres tributs exceptés ceux du District 13 qui doivent être devant les juge, à présent. Quand l'ascenseur s'arrête, je trottine dans le couloir pour rejoindre la salle de séjour, ornée d'un papier-peint d'un blanc aussi immaculé que le carrelage et le tapis posé au sol. Mon petit trio, Peeta et Daisy sont déjà là, les yeux rivés sur l'écran plat accroché au mur.
-Tu as eu un 10. Fait Finnick en détachant les yeux des tas de chiffres affichés sur la télévisons.
10. Étonnamment, je m'attendais à moins, vue la façon dont les juges ont eu l'air de parler de moi dans mon dos. Enfin ils doivent probablement faire ça avec tout le monde. Je m'assois sur le canapé de la même couleur que toutes les autres choses des pièces, puis contemple moi aussi l'écran.
Mon regard passe de ligne en ligne, allant du District 2 avec ces chers Neil et Diams, ayant eu les notes respective de 12 et 11, –ce qui confirme ce que je pensais à propos des quelques risques que je pourrais avoir à les croiser dans l'arène-, en passant par le District 4, avec la sympathique Posy ayant eu la note tout aussi sympathique de 11, le District 5 avec une fille du nom d'Echo –ressemblant d'ailleurs comme deux goûtes d'eau à Finnick, que ce soit à cause de la forme pointue de son visage ou ses cheveux roux- ayant eu une 9, le District 7, avec l'une des filles, nommée Honey -que j'avais remarquées pendant l'entraînement pour n'avoir absolument fait- ayant eu un simple 1. Et enfin, notre District. Ian s'en sort donc avec un 7, Finnick avec un 6 et moi, avec ce joli 10 réussissant à me faire croire que j'aurais peut-être une infime chance de survivre plus qu'une journée dans l'arène grâce à des sponsors.
- C'est fantastique ! entonne joyeusement Daisy. Je ne suis pas habituée à voir de telles notes pour le District 12 ! ajoute-t-elle en lâchant un léger gloussement, frappant joyeusement dans ses mains.
- C'est surtout consternant, oui ! maugrée Peeta en levant les bras en l'air, manquant de frapper Ian avec sa Canne. J'veux dire, vos résultats sont bons les p'tiots, mais ceux des autres aussi, et encore plus qu'les autres années. (Il soupire puis continue) Les sponsors vous arracheront p'têt' pas s'vous faites pas preuve d'originalité pendant l'interview, gamins.
- En parlant de ça, tu étais pas sensé nous donner des conseils concernant tout ce qui est arène, par exemple ? je rétorque en me penchant en arrière.
- Oh, si. 'Suffit de pas aller à cette foutue corne d'abondance, sinon y'aura bien l'un des 39 morveux qui viendra vous poignarder, ou je n'sais quoi ! Pis allez près d'un ruisseau, ou quequ'chose comme ça, et trouvez vous à manger !
Au moins, ça a le mérite d'être simple. Ian et Finnick se lance un regard presque apeuré tandis que continue de fixer vaguement l'écran.
- Pour c'qui est des alliés, à part vous trois z'avez trouvé d'autres gamins qu'vous voudriez dans votre équipe ? continue Peeta en nous fixant Ian, Fin et moi.
- Honey. Répliqué-je sans même réfléchir.
- Honey ? La fille du District 7 ? renchérit Finnick d'un ton quasi-ahurit. Mais elle a seulement eu 1 à l'entraînement !
- Justement, si personne ne l'aide elle s'en sortira pas, une fois dans l'arène. Je rétorque en tentant une fois de plus de lancer un regard méprisant au rouquin –que je dois d'ailleurs échouer lamentablement.
- Moi je veux bien. Lance Ian un léger sourire aux lèvres.
- Alors c'est réglé. Je soupire avant de me lever de la banquette. Dans quelques heures, notre équipe de préparation débarquera une nouvelle fois pour ajuster les costumes que nous porteront lors de l'interview avec Blake Wentworth, l'interviewer officiel des jeux.
Quand les gens parlaient de « fille du feu », ils ne rigolaient pas ; il s'agit en effet d'une robe pailletée et dégradée de couleurs rouge-orangées que je vais porter lors e l'interview. Légèrement moins basse que la création de son créateur, le fameux « Cinna », elle n'en est pas moins impressionnante quand je tourne sur moi-même pour déclencher les mêmes flammes synthétiques que nous portions quelques jours auparavant pour l'ouverture des jeux, tournoyant avec moi pour s'éteindre une fois immobilisée. Gem, Dusk, Joy et Witness s'en sont étonnamment bien sortis, encore une fois. Pendant que nous attendons notre tour pour passer à l'interview dans les coulisses du plateau, nous pouvons voir en direct celles des autres tributs. Chacune dure cinq minutes, où Blake Wentworth s'efforce de faire ressortir quelque-chose de chaque tribut. Des yeux étonnement clairs contrastés avec des cheveux d'une couleur différente chaque année, et néanmoins toujours aussi sombres, le moins qu'on puisse dire est qu'il a assez de charme pour l'emploi. D'autant que je me souvienne je l'ai toujours vu sur les plateaux des interviews, à questionner incessamment tous ces tributs, lâchant parfois une petite vanne ne manquant pas de faire éclater le public de rire. Pourtant, pas une ride, et il semble encore avoir vingt ans, si ce n'est moins. Me coupant dans mes pensées arrive Neil Hawthorne, habillé dans une sorte de costar-cravate noir et blanc. Au moins la simplicité de la tenue qu'ont choisit ses préparateurs ne manquent pas de faire ressortir sa mystériosité et, par la même occasion, quelque-chose en lui qui me donne la chair de poule. Je me contente d'écouter vaguement chaque questions, pour le moins banales, que lui pose Blake Wentworth jusqu'à ce que l'une d'elles finisse par m'interpeller.
- Dis-moi, Neil, tu as eu une très bonne note ; enfin la meilleure que l'on puisse avoir. Est-ce qu'on pourrait avoir ton secret ?
- Vous l'avez dit, c'est un secret. Répond-t-il, son visage toujours impassiblement neutre, tout en regardant fixement Blake. Ce dernier se contente d'acquiescer pour reprends ses questions de plus belle, évitant apparemment toute blague qui serait mal venue. Quand le bruit électronique du buzzer signifiant que le temps de Neil est écoulé, c'est au tour de Diams de s'assoir aux côtés de notre interviewer. Une longue robe, elle aussi noire et simple, des talons aiguilles et un peu de maquillage de la même couleur, elle s'assied doucement sur le fauteuil blanc en esquissant un léger sourire. Blake se remet donc à enchaîner les questions, auxquelles Diams répond bien moins froidement que son frère, puis finit par revenir sur le sujet de l'entraînement.
- Oh, notre secret est simplement que nous touchons à... A peu près toutes les armes, rétorque-t-elle en haussant les épaules comme si c'était une évidence.
- Toutes les armes ? répète Blake d'un ton ahurit.
Diams hoche la tête, puis le buzzer retentit. Un tas d'autres tributs passent devant les caméras, y comprit « Echo », dont je peux bel et bien confirmer la grande ressemblance avec Finnick ; des yeux verts, des cheveux cuivrés et quelques taches de rousseurs parsemées sur un visage relativement fin ; son portrait craché. Cette chère Posy arrive quelques dizaine de minutes plus tard sur le plateau, une robe lui arrivant bien plus au dessus de ses genoux, possédant un immense décolleté, et la cerise sur le gâteau ; quasi-transparente à part le paquet de paillettes dorées que l'on croirait avoir saupoudré par-dessus. Bref ; provocatrice au plus au point, n'hésitant pas à lancer des sortes défis à Blake quand il lui pose des questions.
- Combien de temps penses-tu pouvoir tenir une fois dans l'arène, Posy ? lui demande-t-il donc en souriant à pleine dents, comme à son habitude.
- Oh, aucune idée. Et vous, combien de temps tiendrez vous si vous y étiez, Blake ? réplique-t-elle en imitant le ton que ce dernier vient de prendre.
- Si je n'ai pas le droit à mon quotta de pâtisseries, pas un seul jour, je suppose. Plaisante-t-il sans se laisser déstabiliser.
Puis arrive Honey, avec ses longs cheveux blonds descendants jusqu'à la taille et sa robe en forme de fleur, gloussant niaisement à chaque blague que Blake lui lance. A côtés de tous les autres tueurs qui ont été tirés au sort cette année, elle n'aurait vraiment aucune chance de survivre seule demain, une fois dans l'arène. Une trentaine de minutes à attendre, puis c'est enfin à notre District de passer ; comme lors de l'entraînement, Ian le premier. Finnick et lui, comme Peeta lors de l'interview des 74ème Hunger Games, se sont habillés d'un costume rouge et noir. Pour ce qui me paraît être la centième fois, Blake Wentworth enchaîne vannes et questions, telles que « Alors tu as fait des cupcakes pour impressionner les juges, c'est ça ? » quand Ian annonce fièrement que son plus grand tallent est la cuisine, ne manquant pas de faire exploser le public de rire. « Humour du Capitole. », je pense. « ...Humour du Capitole ». Puis, Ian laisse sa place à Finnick.
- Et voici Finnick Junior Junior, comme le célèbre Finnick, dont il a d'ailleurs hérité la beauté! entonne Blake en présentant Fin' comme une vulgaire marchandise. N'est-ce pas mesdemoiselles ? (Les « Capitolienne » du public hurlent comme des groupies tandis Finnick lâche un petit éclat de rire avant de s'accouder à son fauteuil) Alors, Finnick, raconte-moi tout. Cette année, depuis ce baiser lors de l'ouverture des jeux, tout Panem croit vraiment avoir déniché de nouveaux amants maudits. Je pense donc que tout le monde voudrait savoir, toi et Eden...
- Oui. Rétorque Finnick toujours souriant en coupant la parole de Blake, ne prenant même pas la peine d'entendre la fin. Je me contente de continuer de fixer l'écran géant en face de moi, me doutant que bientôt les caméras se tourneront aussi vers moi histoire de m'y afficher moi aussi.
- Fantastique, n'est-il pas ? (La foule pousse des hurlements et des sifflements tout en applaudissant, fous de joie de retrouver ces chers amants maudits) Et que serais-tu prêt à faire, pour elle ?
- (Finnick marque une légère pause, fixe l'un des écrans géant où mon visage est déjà affiché, puis se tourne vers Blake d'un air sérieux) N'importe quoi.
La foule hurle de nouveau de joie tandis que je cligne plusieurs fois des yeux, probablement les joues assorties avec ma robe rouge. Alors comme ça, mon plan n'a pas marché, il ne me déteste pas. Ou peut-être qu'il fait simplement ça pour les caméras et son public. Du moins, je l'espère. Après ces deux questions apparemment «capitales » s'ensuivent comme pour les autres tributs d'autres questions à propos de leur séjour au Capitole, ou de leur entraînement. Le buzzer finit une fois de plus par retentir, puis c'est à mon tour. Je prends mon courage à deux mains et monte les escaliers qui mènent jusqu'au plateau, immédiatement acclamée de toutes part par la foule. Je m'assois à mon tour dans le fauteuil, puis attend la première question en priant pour que je puisse y répondre sans commencer à sortir tout un baratin incompréhensible, ou quelque-chose dans ce goût-là.
- Et là fille du feu entre en scène ! rigole Blake en me lançant un genre de sourire complice que je m'efforce d'imiter, mais j'échoue lamentablement et termine avec une grimace. Dis-nous, quelle sera ton arme de prédilection, dans l'arène ? me demande-t-il en se penchant vers moi, ne perdant pas son sourire.
- L'arc à flèche. Je réponds immédiatement en esquissant un infime sourire.
- Nous avons donc véritablement notre nouvelle Katniss Everdeen ! plaisante-t-il à nouveau, aussitôt applaudit par la foule. (Il prend un air un peu plus sérieux puis, toujours penché vers moi, reprend) Eden, qu'as-tu pensé quand ton frère a été appelé, à la Moisson ?
- J'ai pensé que les volets de deux maisons seraient fermés ce jour là, au lieu de trois. Je réponds sans réfléchir tout en fixant mes escarpins rouges, assortis à ma robe.
- Et quel a été son sentiment quand, à son tour, Finnick a été appelé ?
- (Je croise les jambes, puis relève la tête vers Blake et répond après un léger soupir) Celui de quelqu'un qui allait probablement perdre les deux personnes qu'elle aime le plus dans quelques jours. (Blake me lance une espèce de sourire compatissant, puis reprend son interview)
- Et depuis quand est-ce que vous vous connaissez, Finnick et toi ? demande-t-il en s'accoudant sur son siège.
- Depuis qu'on est tout petit. Je réponds en esquissant un infime sourire. On se connaît depuis que j'ai cinq ans, et lui sept.
En effet, quand les voyages entre les districts étaient encore autorisés, les parents de Finnick avaient étrangement décidé d'aller au douzième, emménageant dans le même quartier qu'Ian, mon père et moi. D'ailleurs, je crois que c'est à cause de Peeta et Katniss. Dès son arrivée, nos parents nous avaient forcés à faire connaissance, et depuis, Ian Fin, et moi ne nous sommes jamais quittés d'une semelle.
- Oh, et il semblerait que, comme à l'ouverture des jeux, tu aie encore une fois revêtis la fabuleuse tenue de Katniss Everdeen ! (J'acquiesce d'un vague hochement de tête) Et cette robe-là prend flamme, comme l'originale ? (Je hoche de nouveau la tête avant de jeter un coup d'œil à Gem, assit dans la foule, qui décrit des petits cercle avec son doigt. Ayant naturellement comprit, je me lève de mon fauteuil et prend une grande inspiration avant de commencer à tournoyer sur moi-même, déclenchant les flammes synthétiques qui commencent à s'élever tout autour de moi jusqu'à ce que je m'arrête. La foule, de nouveau en délire, semble se calmer un peu quand le buzz retentit dans mes oreilles. Blake s'approche donc de moi et attrape ma main pour la lever en l'air comme il l'a fait avec tous les tributs précédents.) C'était Eden Mellark-Everdeen, notre nouvelle fille du feu ! s'exclame-t-il avant de me lâcher pour me laisser partir.
Démaquillée, ma magnifique robe ôtée, remplacée par une simple chemise de nuit et enfin dans ma propre chambre –si on peut vraiment dire que ce soit la mienne-, voilà quelques minutes que je reste assise sur mon lit à regarder les toits des immenses buildings du Capitole. Le soleil a déjà commencé à se coucher, et la prochaine fois qu'il se lèvera, ce sera pour annoncer notre départ pour les Hunger Games, et toutes les fabuleuses autres choses qui les accompagnent chaque année. Ian a été parlé à Honey pour qu'elle devienne notre alliée, ce qu'elle a bien-sûr accepté. Ma prestation lors de l'interview a apparemment été fantastique, d'après Daisy, Gem, Joy et Witness bien que je n'aie pas fait grand-chose à part répondre à deux questions et tourné sur moi-même comme on m'avait dit de le faire. Néanmoins, j'espère que les sponsors seront du même avis qu'eux. Alors que je contemple encore le paysage derrière l'immense baie vitrée, j'entends quelqu'un frapper à ma porte et me contente d'attendre qu'on ouvre. Ça ne peut pas être Daisy qui annoncer le dîner, puisqu'il est déjà passé. Dos à la porte, j'entends donc la voix de Finnick lancer à voix basse :
- Eden... Met une jolie robe, et rejoins-moi sur la terrasse.
Sur ces mots il reste quelques instants dans la salle, attendant peut être une quelconque réaction de ma part que je ne donne pas, puis soupire avant de quitter la pièce, fermant la porte derrière lui. Je reste à cogiter sur mon lit quelques instants, puis me lève presque mécaniquement pour aller chercher une robe dans mon armoire. Bien que n'ayant aucune idée de ce qui pourrait bien l'amener à me donner « rendez-vous » sur la terrasse, et de plus dans une « jolie robe », je reste curieuse de le savoir. Plus précisément, de savoir si mon plan avait marché –bien que ce soit peu probable. Je trouve finalement parmi les nombreuses robes accrochées aux cintres une robe plissée, à bretelles, noire et blanche et décorée de nombreux rubans bien noués. Je l'enfile en vitesse accompagnée de ballerines noires, puis me regarde brièvement dans la glasses, moi et mes cheveux toujours aussi bouclés et mes yeux cernés, un peu cachés par ma frange qui tombe par-dessus.
Je sors donc de ma chambre et sillonne le couloir avant de monter le petit escalier qui mène à la terrasse du centre d'entraînement. Une fois la porte passée, je peux déjà entendre une petite mélodie percer le silence. Bien que les personnes du Capitole fassent la fête, le treizième étage est si haut que l'on ne peut pas entendre les bruits de la rue. Je m'avance sur la terrasse, attendant immobile comme je ne vois ni Finnick, ni personne d'autre d'ailleurs. Soudain, une voix vient déranger le courant de la musique ;
- Tu es magnifique. (Je me retourne pour voir Finnick, debout derrière moi, un petit sourire dessiné sur ses lèvres et habillé d'un costume noir et blanc, tout comme ma robe.)
- Merci. Je réponds d'un souffle en ne pouvant m'empêcher de lui rendre son sourire.
- M'accorderiez-vous cette danse ? lance Finnick en me tendant la main, comme dans l'un de ces comptes de fées que mon père avait l'habitude de me lire quand j'étais petite.
- Je ne sais pas danser. Bafouillé-je en fixant sa main.
- Et alors ? (il rit légèrement puis m'attrape la main pour m'embarquer dans une sorte de valse, ne me laissant même pas le temps de m'en dégager.) Tu sais, tu es une très mauvaise actrice. Sourit-il en ralentissant un peu.
Alors j'étais si pitoyable que ça dans mon rôle d'Eden méprisable et méprisante ? Dans tous les cas, le contraire m'aurait étonnée. J'aurais essayé.
- Désolée. Je susurre après avoir longtemps fixé le sol, plongeant maintenant mes yeux dans ceux de Finnick.
- Non, c'est moi qui le suis. Pour l'histoire avec Posy. Répond-t-il en prononçant le nom de cette fille avec un air de dégoût.
- Je sais que c'était pas de ta faute. Je réponds en m'efforçant de sourire ; tant qu'à avoir raté ma tentative de me faire détester, autant arrêter maintenant. Et sur ces mots je pose ma tête contre son épaule et passe mes bras autours de son cou, fermant les yeux en continuant de me laisser guider par ses pas et la petite mélodie qui continue toujours. L'odeur de Finnick a changée depuis notre arrivée ici. Mais pas lui. Du moins, j'espère que ce n'est pas le cas. J'espère que ce ne sera jamais le cas, pas même demain ou après demain, quand nous seront jetés dans l'arène.
