Chapitre 4, Partie 2
C’est alors qu’il détourna son regard et se mit à fixer l’eau.
- Je suis désolé de t’avoir parlé du Jour du Choix comme ça, ce matin.
- Tu n’as pas à t’excuser. Plus les jours passent, plus nous devenons inquiets.
Je soupirai et continuai :
- Depuis l’accident de ce jeune homme du 4ème Clan…
Je frissonnais
frissonnai. Le Jour du Choix était la journée où les jeunes Welfreds de seize à dix-sept ans étaient sélectionnés pour avoir la chance d’avoir une vie plus belle, plus illuminée. En tout cas, c’est ce que nous disaient les Érudits. Je n’avais jamais pu voir une sélection du Jour du Choix, quand j’étais petite. Les enfants de moins de seize ans, donc ceux qui ne participaient au Jour du Choix, avaient interdiction de voir la « cérémonie », comme disaient les adultes. Avant l’incident, tout le monde espérait être choisi. Maintenant…
Le jeune homme se nommait Adam. Il avait été choisi et était devenu domestique chez un grand et riche Alferd. Sa famille était heureuse et, quand son maître lui donnait un peu d’argent, Adam l’envoyait à sa famille. Tous les Welfreds voyaient en lui un jeune homme qui réussissait sa vie malgré ses ascendants pauvres. Et puis un jour, il disparut. Tous les Clans se mirent à sa recherche. Son maître Alferd avait assuré qu’il se trouvait chez lui, dans le 4ème Clan. Mais cet Alferd mentait. Les recherches durèrent des jours. Les rébellions allaient avec. Nos protecteurs Alferds lançaient des avis. Au bout de deux semaines de pleurs et de violence, Alessandro, un médecin, protecteur du 12ème Clan, revint un jour avec des amis, portant un corps avec eux. La famille d’Adam, qui avait trouvé refuge chez la Grande Éfélor sur ordre de leur Dirigeant, c’était jeté
jetée sur le corps. Adam avait été retrouvé à deux pas de l’une des fosses communes pour Welfred. Le deuil avait duré trois jours, puis les combats avaient recommencé. Nombreux ont été les nôtres à tomber sous le fer des soldats. Depuis, le Jour du Choix est un jour qui porte, selon nos anciens, malheur. Il n’y a jamais eu de second problème. Il n’y a plus jamais eu de portés disparus. Ou, s’ils y en avaient, nous n’étions pas au courant.
Les larmes commencèrent à rouler sur mes joues, pour venir s’écraser dans l’eau. Je retins un sanglot et hoquetai à la place.
- Élicia, tu n’es pas…
- Nous avons tous peur. Tous autant que nous sommes. Nous avons peur que cela se reproduise.
Sa main se resserra autour de la mienne, comme pour me réconforter. Quelques minutes après, Ash me lâcha et j’eus froid. Alors que je tournai la tête vers lui, croyant le voir partir, je l'aperçu enfiler sa chemise et ses bottes puis me tendre mes bottines. Je les pris et passai mes jambes par-dessus le rebord pour, ensuite, les laisser se balançaient
balancer au rythme du vent au-dessus des dalles qui s’étendaient sur la place. Mes pieds séchèrent rapidement avec la chaleur. Nous nous rapprochions des Nuits Chaudes. Nous les nommions comme cela car, il faisait tellement chaud le jour, que la nuit, la chaleur n’arrivait à redescendre. Personne ne dormait. Personne ne pouvait dormir.
J’enfilai mes chaussures puis rejoignis Ash qui c’était un peu écarté. Il me tendit son ancienne cape noire et me dit :
- On va aller t’en trouver une autre. Un peu plus légère. Puis je te raccompagnerais
raccompagnerai (c'est du futur, pas de -s à la 1er personne)au camp de ton Clan.
Je fronçais
fronçai des
les (je trouve que ça fait maladroit -des, mais je ne sais pas ce que tu en penses sourcils.
- Es
Est-ce prudent Ash ? Et si nous tombions sur Arald ?
- Je me ferais une joie de lui casser le nez et quelques cotes. Grinça-t-il avec froideur.
Je me mis devant lui pour l’empêchai
l'empêcher (penses, quand tu n'es pas sûre si le verbe est à l'infinitif, à le remplacer par un verbe du 3eme groupe. Par exemple: Je me mis devant lui pour le vendre, le perdre, partir etc... d’avancer et lâchai avec sévérité :
- Personne ne cassera de cotes ou de nez à qui que ce soit.
Son petit sourire apparut sur ses lèvres.
- Et moi qui te voyais me soigner comme une vraie petite infirmière.
Je m’empourprai. Le petit sourire s’étira, victorieux. Je fis volte-face et partis à grandes enjambées, me dirigeant vers le grand escalier. Quelqu’un m’arrêta en m’attrapant par le coude. Je me retournais
retournai pour me retrouvais
retrouver nez à nez avec Ash.
- On voulait partir sans moi ? Et puis… Il pointa le petit marché au fond de la place. C’est de ce côté-là.
Il me prit par la main et nous nous dirigeâmes vers les étalages. Même si il n’y avait que quelques marchands, je fus tout de suite éblouie par les mille et une couleurs. Toutes sortes d'étoffes plus belles les unes que les autres s'étendaient sur les tables. Dès qu’ils nous voyaient, les marchands nous faisaient de grands signes de la main ou nous interpellaient. Alors que je tournai la tête dans tous les sens pour voir tous ce qui reposaient sur les étalages, Ash, lui, ne bronchait pas. Il avançait la tête haute et lançait un regard noir aux quelques personnes qui venaient nous coller leurs bijoux et vêtements sous le nez. Enfin, celles qui essayaient car les passants se décalaient discrètement pour nous laisser passer. Puis, un groupe de jeunes femmes aux robes somptueuses arrivèrent droit sur nous. L’une d’elle passa entre nous, rompant nos mains attachées l’une à l’autre. Deux autres passèrent de chaque côté d’Ash, essayant de se faire remarquer. Mais ce dernier ne fit pas attention à leur manège et me rattrapa par l’avant-bras pour éviter de me perdre dans la foule qui s’épaississait. Puis il me reprit par la main et se rapprocha de moi de fait que personne ne pouvait s’interposait
s'interposer entre nous. Sans me prévenir, il vira à gauche et nous
nous retrouvâmes devant un petit marchand. Ses marchandises n’étaient que des beautés. Les foulards, les robes et les capes étaient fait dans un tissu si léger que même un petit vent pouvait les faire s’envolaient
s'envoler. Il nous sourit et attendit qu’Ash prenne la parole.
- Une cape s’il vous plaît.
Le petit marchand hocha la tête et disparut dans le fond de son étalage. Ash me dévisagea puis dit d’une voix grave :
- Bleu sombre.
C’est alors qu’un bout de tissu attira mon attention. C’était une petite écharpe d’un bleu clair magnifique. Par certains endroits le bleu penchait sur le blanc ou le gris.
- Elle a la couleur de tes yeux. Fit la voix d’Ash à mon oreille.
Je m’arrachais
m'arrachai de la contemplation du foulard et observa
observai mon ami. Il sortait
sortit une bourse en cuir et demanda au marchand :
- Combien ?
- 2 ioques en argent et 20 rilfs en bronze, jeune homme.
Ash lui tendit l’argent et le marchand, la cape en retour. Le marchand compta l’argent puis releva la tête, la surprise peint
peinte sur le visage.
- Vous m’avez donné une ioque en trop. Dit le marchand en lui tendant la pièce.
- Parce que je pensais vous prendre ce foulard. Lâcha mon compagnon en pointant du menton l’écharpe que je fixais quelque temps plus tôt.
Le marchand secoua la tête.
- Cette écharpe ne vaut que 10 rilfs, jeune homme. Soupira le marchand en lui tendant l’étoffe.
- Gardez la monnaie.
Il la prit puis s’éloigna en me faisant signe de le suivre. Juste avant que nous replongeâmes dans la foule, Ash posa la cape sur mes épaules et l’attacha grâce à une petite chaînette en argent vieilli. Puis, il me mit le foulard autour du cou et la noua avec douceur. Il me sourit et m’offrit son bras. Je pliais
pliai vite fait la lourde cape noire, la serrais
serrai contre moi avec l’aide d’un de mes avant-bras et m’accrochais
m'accrochai à mon ami.
- Je vous raccompagne chez vous, ma Demoiselle.
Je rigolais aux éclats alors que nous nous faufilâmes dans la masse.
~ ~ ~
En seulement quelques minutes, nous nous trouvions dans l’une des ruelles que je ne connaissais que par-cœur. La ruelle que je prenais à chaque fois pour revenir au Clan. Sur tout le chemin, j’avais venté les qualités de la cape que m’avait offerte
offert Ash. Mais depuis que nous trouvions dans cette rue, mon sourire disparaissait et ma bonne humeur avec.
Ash essayait de me réconforter en me disant que nous allions nous voir le lendemain, en me serrant la main mais je ne voulais rien entendre. Je me renfermai sur moi-même à chaque pas. C’est alors que, dans le silence de la ville, une voix froide, calme et autoritaire résonna. Me donnant froid jusque dans les os, elle s’exclama :
- Arrêtez-vous tout de suite.