Chapitre 1
Pommes et pouvoirs magiques
18 Septembre 1967 , Impasse du Tisseur.
C'était une belle journée d'automne. Je fixais au dessus de moi les magnifiques fruits rouges du pommiers. Je mourais de faim.
Papa m'avait privé de déjeuner car j'avais malencontreusement oublié de lui apporter ses chaussons quand il rentra du travail. D'ailleurs, je sentais encore la brûlure de sa gifle sur ma joue.
Papa était quelqu'un de violent et d'excessif. Il buvait beaucoup, aussi. Il nous tapait et nous criait tout le temps dessus, maman et moi. Il faillait faire tout ce qu'il disait à la lettre pour ne pas redouter sa colère. J'espère que plus tard je ne lui ressemblerai pas.
J'avais attendu soigneusement que papa reparte travailler pour apaiser ma faim. Je calai un panier entre la branche la plus basse et le tronc pour rapporter des pommes à maman. Je commençais mon ascension. Lorsqu'une pomme écarlate fut à portée de mon bras, je la cueillis et mordis à pleine dents dans le fruit juteux. J'en mangeai une autre pour apaiser ma faim, puis en cueillis quelques unes pour les mettre dans le panier. Je commençais à redescendre, quand soudain mon pied dérapa sur une plaque de mousse, et je chutai de l'arbre sans pouvoir me rattraper. Je tombai dans l'herbe les mains les premières, les pommes du panier toutes éparpillées autour de moi. Je me relevai sans peine, je ne m'étais apparemment rien cassé. Néanmoins je m'étais éraflé le genou gauche en tombant, et avais troué mon pantalon. Oh non! Le pantalon tout neuf! Si papa s'en rendait compte, il allait me battre et me punirai, c'est sûr!
Je ramassai les pommes et rentrai à la maison, penaud. Je déposai le panier dans la cuisine puis allai rejoindre maman dans notre minuscule salon où les murs étaient entourés d'étagères remplies de livres. Elle me tricotait une jolie écharpe grise.
Maman elle, n'avait pas de travail. J'avais déjà entendu papa la traiter de sorcière, mais je pensais que cela était plus une insulte que la vérité, car je n'avais jamais vu maman faire des choses étranges, comme de la magie.
Elle s'arrêta de tricoter quand elle vit l'état de mon pantalon et de mon genou.
- Severus, tu as déjà troué ton pantalon tout neuf! soupira maman. Tu t'es blessé, en plus!
- Je suis désolé maman, m'excusai-je, j'avais trop faim et... Je suis tombé du pommier!
- Ce n'est pas grave. Tu viens, je vais désinfecter ton genou. Tu voudras manger un oeuf au plat, après?
Le soir, ce que je redoutais le plus arriva: le retour de papa. Dès qu'il ouvrit la porte d'entrée, je m'empressai d'aller lui porter ses chaussons. Il grognait déjà:
- Dépèche-toi, gamin!
A peine avais-je posé ses chaussons devant ses pieds que je vis son teint changer de couleur. Ses yeux étaient rivés sur le trou de mon pantalon.
- SEVERUS!!! rugit-il.
J'étais terrifié. Il se rua sur moi, mais j'avais déjà pris mes jambes à mon cou. Je montais les escaliers quatre à quatre, papa sur mes talons. Je comptais me réfugier dans ma chambre, mais papa fut plus rapide. Il m'avait attrapé par le col et plaqué contre le mur. Il donna une gifle titanesque, puis une autre. Je sentais les larmes me monter aux yeux.
- Severus Rogue!!! cria papa, C'est moi qui te permets de vivre, d'être logé, lavé, habillé! Et c'est comme ça que tu me remercies!
Nouvelle gifle. Mes joues étaient écarlates, je ne pouvais contenir mes larmes. J'entendis maman monter les escaliers.
- Tu négliges tout ce qui te permet de vivre dans cette maison! continua mon père.
Je voyais une nouvelle gifle se préparer...
- C'est toi qui négliges ton fils, Tobias! dit maman d'une voix forte.
Maman tenait une sorte de bâton d'une vingtaine de centimètres dans sa main droite, elle le pointait sur papa.
- Tu ne me fais pas peur, sorcière!
- Encore un mot Tobias, et je te jure que je le ferai, menaça maman.
Je sentis que papa était tendu. C'était la première fois que maman lui tenait tête.
- Lâche tout de suite Severus.
Aussi incroyable que cela puisse paraître, papa obéit. J'en profitai pour filer dans ma chambre et m'enfermer à double tour. Je m’affalai sur mon lit, mon visage enfoui dans l'oreiller. Papa et maman descendirent les escaliers, et partirent dans une dispute à faire trembler tous les murs de la maison.
C'était ça ma vie, la vie de Severus Rogue, sept ans, de longs cheveux et des yeux noirs, un vilain nez, vivant dans une très modeste famille, avec un père colérique et une mère impuissante.
Je détestais papa.
Après avoir pleuré toutes les larmes de mon corps, je m'endormis.
Vers onze heures du soir, quelqu'un me réveilla en toquant à la porte.
- C'est maman!
Je lui ouvris la porte, elle rentra avec un plateau sur lequel se trouvait un verre d'eau, un sandwich au bacon et une pomme. Elle avait aussi apporté un duvet, et l' écharpe qu'elle avait fini de tricoter .
- Je crois que je ne vais pas supporter de dormir avec ton père, ce soir. Alors je dors dans ta chambre, si tu m'acceptes!
- Bien sûr! lui répondis-je. Merci pour l'écharpe, elle est très jolie!
Je l'enroulai autour de mon cou. Elle me tendit le plateau, et j'entamai le sandwich.
- Tu sais Severus, si j'avais un travail et que je gagnais assez d'argent pour que l'on puisse vivre sans ton père, je le ferai. Mais malheureusement, ce n'est pas le cas. C'est ton père qui ramène tout juste assez d'argent pour que l'on puisse vivre à peu près correctement.
Il y eu un grand silence dans ma chambre.
- Severus, continuait maman, je voudrais m'excuser au nom de ton père pour tout ce qu'il te fait subir.
- Mais ce n'est pas de ta faute, maman!
-Je sais.
Quelque chose me tracassait.
- Maman, c'était quoi ce bâton que tu pointais sur papa?
-Oh ça, dit-elle en sortant l'objet en question de sa poche. C'est une baguette. Une baguette magique.
- Une baguette magique? répétai-je.
- Oui.
- Mais alors, tu es une sorcière?
- Oui.
- Et papa, c'est un sorcier?
- Non, papa n'a pas de pouvoirs magiques. On appelle les gens qui n'ont pas de pouvoirs magiques les Moldus.
- Et moi, je suis un sorcier?
- Oui. Enfin, tu es trop jeune pour avoir des pouvoirs magiques. Plus tard, quand tu auras onze ans, tu iras à Poudlard, l'école des sorciers, et tu posséderas toi aussi ta propre baguette et tes fournitures.
- Mais c'est fantastique! m'exclamai-je. Tu peux lancer des sorts avec ta baguette?
Maman se leva et alla fermer la porte à clé, puis elle pointa sa baguette sur la pomme.
-
Wingardium Leviosa!dit-elle.
Soudain, la pomme se leva à quelques centimètres du sol, puis elle lévita au milieu de la pièce, pour se poser lentement au creux de mes mains.
- C'est extraordinaire, murmurai-je, fasciné.
Puis maman se leva, et éteignit la lumière.
-
Lumos! chuchota-t-elle.
Une petite lumière bleue apparut au bout de sa baguette.
- Fantastique, répétai-je. Tout simplement fantastique. Mais maman, pourquoi ne m'as-tu pas mis au courant plus tôt de tes pouvoirs magiques?
- Tout simplement parce que ton père est fou de jalousie du don que nous possédons tous les deux, et pas lui.
- D'accord.
Maman me prit dans ses bras et me câlina.
- Tu as appris quelque chose d'important aujourd'hui, et j'en suis très heureuse. Par contre, il vaut mieux éviter de parler de ces choses là aux Moldus, ils nous prendraient pour des fous. Maintenant, j'aimerais que tu dormes, Severus.
Je m'enfouis sous les draps de mon lit, et regardais la petite lumière bleue de la baguette de maman.
- J'ai hâte d'aller à l'école des sorciers, chuchotai-je.
Je m'endormis, rêvant de magie, de camarades d'école et de sortilèges.
Le jeune Severus, rêvant de magie, de camarades d'école et de sortilèges...
La suite des aventures du Prince de Sang-Mêlé la semaine prochaine! 
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