Le Temps des Surplombs - Fin 3e Partie [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Postez ici tous vos écrits qui se découpent en plusieurs parties !
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Judas_Cris

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Re: Le Temps des Surplombs (Chapitre 8 : les voies du pirate, part.2) [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par Judas_Cris »

DanielPagés a écrit :« Tu as la capacité d'entraîner tes lecteurs avec toi, quand d'autres se contentent de raconter. » scribsit DisneyClochette...
Heu, pour moi, on ne peut guère te faire de plus beau compliment... ;)
pour moi aussi :')
Judas_Cris

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Re: Le Temps des Surplombs (Chapitre 8 : les voies du pirate, part.2) [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par Judas_Cris »

PhoenixSolenne a écrit :Coucou :D donc premièrement je voulais m'excuser de ne pas avoir lu ton chapitre plus tôt.
A propos du chapitre, bon comme les autres je l'ai adoré :) j'ai hâte de lire la suite. Enfin le départ ! :D Où vont-ils aller? Rejoindre le père de Yulia ? Angora arrivera-t-elle à temps?...
Plein de questions tourne dans ma tête et j'ai hâte de en connaître la réponse :D
Pour ce qui est des personnages c'est une très bonne idée d'avoir fait cette liste ça permet de mieux se les représenter et je serai moins perdue si d autres Corsaires sont mentionnés dans le chapitre suivant ( avec une baston :D :lol: )
Bref voilà je n'ai rien à ajouter :D
Tatatata... pas d'excuse ! Ici on vient quand on veut, si on veut, et personne ne shame personne ! :mrgreen:
J'adore toutes ces questions :3 je pourrais me nourrir uniquement de larmes et de questionnements :'3
Merci beaucoup pour ton commentaire, ça fait super plaisir ! :D
La plupart ne seront pas nommés mais simplement décrit (bien que ça dépendra des points de vues : dans les points de vues de Yulia, elle les décriera, dans ceux d'Ashä elle les nommera, mais ça risque d'être un peu compliqué pour les intégrer immédiatement à votre mémoire alors essayez de ne pas vous focus dessus, je prendrais le temps de tous les développer plus tard ^^
Merci !! :D
Judas_Cris

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Re: Le Temps des Surplombs (Chapitre 8 : les voies du pirate, part.2) [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par Judas_Cris »

Grande nouvelle qui risque d'ajouter un (leger) retard : mon pc vient de me lâcher :|
DisneyClochette

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Re: Le Temps des Surplombs (Chapitre 8 : les voies du pirate, part.2) [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par DisneyClochette »

:o :( Bon courage! Ça tombe toujours au mauvais moment ce genre de chose... :?
On attendra... ;)
Judas_Cris

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Re: Le Temps des Surplombs (Chapitre 9 : Entre les Mondes, part.1) [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par Judas_Cris »

Yo yo yo yo yo ! Désolé du retard pour cette fois, on a enchainé les emplois du temps chargés et les contretemps cette semaine, ce chapitre devait arriver bien plus tôt, je m'en excuse ^^'
Mon ordinateur étant inutilisable jusqu'a ce que je lui change l'écran, je suis actuellement sur un petit (et vieil) ordi qu'un ami (merci Noé, tu gère putain T-T) m'a prété, ce qui veut dire que je n'ai ni mes fiches récap ni mes notes ni les musiques que j'avais préparé, et je ne pourrais pas mettre à jour le .pdf cette fois... Mais c'est pas grave, j'ai pu récup la correction que m'a envoyé Enora et du coup je peux vous poster le chapitre 9 : "Entre les Mondes" (youhouhou). C'est le chapitre final de la première partie du Temps des Surplombs, j'espère que vous l'apprécierez ! :D
(ps : je ne suis pas sur ma config habituelle, donc signalez-moi s'il y a des erreurs de mise en page surtout ! Par exemple : les tirets de dialogue et d'incises ne sont pas les mêmes, mais c'est parce que je n'ai plus le même logiciel de traitement de texte, qui a rétablit tous les tirets par défauts... ce qui est très moche et j'ai du les remplacer à la main ce matin ; j'en ferais plus dès que j'aurais récupéré ma config)
(ps² : oh, le chap est posté en deux parties car il était trop gros pour entrer en un seul morceau, ne vous arrêtez pas en cours de route surtout :p )
Allez... go !




CHAPITRE 9 : Entre les Mondes. (part.1)

Le sol se mit à trembler, plusieurs fois, et les souterrains, déjà en piètre état, le supportèrent mal. Angora reçu sur la tête quelques gravas, et manqua de finir coincée sous une poutre lorsque celle-ci tomba en travers de sa route. Pas de doute : les choses commençaient à barder, là-haut !

La Dragon pressa le pas –elle courait déjà depuis de longues minutes– et, d’une main, s’assura que son sabre était toujours prêt à être dégainé. Elle avait confié sa carabine à un des hommes d’Ashä, aussi devrait-elle se méfier des fusiliers de l’Inquisition : si on la visait de loin, elle n’aurait d’autre choix que de courir se mettre à couvert. Habituée à partir en mission bien mieux équipée que les autres agents de l’Empire, Angora s’était pourtant déjà retrouvée dans des situations compliquées, désarmée et en sous-nombre ; ce n’était pas cela qui la rendait anxieuse. Aujourd’hui, la vie de Yulia dépendait d’elle. La guerrière aux cheveux rouges pouvaient bien défaire le monde entier, elle n’avait aucun contrôle sur la petite lorsqu’elles étaient séparées.

Jamais elle n’aurait dû la quitter. La dernière fois déjà, lorsque Yulia avait été interrogée au Bastion, elle n’était pas présente, préoccupée uniquement par ses propres affaires. Et voilà qu’elle recommençait ! Elle en hurlerait de colère. Pourvu que Yulia aille bien ! Si quelque chose lui était arrivé, la Dragon sut qu’elle ne pourrait jamais se le pardonner.

Soudain, elle atteignit une porte, vieille, gonflée d’humidité, d’où filtrait quelques rais de lumières par les interstices. La poignée tourna dans le vide, et Angora dut peser de tout son poids contre le battant. Le bois craqua, et le tiers supérieur de la porte s’arracha, tombant dans la pièce au-delà. Angora passa la tête par le trou, et constata que cela donnait sur une vieille cave, servant de débarras. Contre la porte était poussée une lourde commode, ce qui expliquait que la femme au bras mécanique ne soit pas arrivée à l’enfoncer.

Dans le coin du fond, faiblement éclairé par une lampe à huile, enroulé dans une couverture de laine, les visages terrorisés, un couple de bourgeois s’était réfugié.

Angora ne leur prêta aucune espèce d’attention. Elle s’introduisit par le trou dans la porte, se contorsionnant un peu, ramassa son sabre qu’elle avait préalablement fait passer dans la pièce, et continua sa route.

Arrivée à l’étage supérieur, elle comprit pourquoi les propriétaires s’étaient enfermés au sous-sol : ce qui devait être la cuisine de cet appartement au bord des quais voyait sa façade éventrée, son mobilier pulvérisé, et trois autres de ses murs fracassés par un boulet de canon qui était venu finir sa route dans la penderie.

Voilà qui expliquait les tremblements du sol de tantôt.

Enjambant les restes de la table à manger, des armoires à vaisselles et de ce qu’elle pensait être un portrait de jeune femme, Angora passa par la devanture démolie du bâtiment. Elle ne mit pas longtemps à apercevoir l’Eclat.

L’endroit d’où elle était sortie des souterrains était un peu plus près que celui où elle avait emmené les Corsaires –elle voyait le navire à une vingtaine de mètres seulement–, mais il était également plus fourni en soldats Impériaux. S’accroupissant à l’ombre d’un muret éclaté, la Dragon compta trois groupes, autour d’elle, qui se rassemblaient en vue de l’attaque prochaine. Plutôt tendu pour rejoindre le bâtiment en évitant leurs tirs…

C’est alors qu’elle perçut, sur l’Eclat, une agitation. Au loin, deux navires de ligne se rapprochaient, les armes sorties, aussi les soldats au sol ne pensaient plus être la priorité… et furent surpris lorsqu’on braqua à nouveau les canons sur eux !

Les bouches du navire de Taylor crachèrent leurs projectiles, et les soldats se dispersèrent alors que les arches, les balcons et les ruelles éclataient en morceaux. Angora saisit la chance qu’on lui offrait : elle se mit à courir vers les quais. Il ne restait plus qu’à espérer que ces idiots ne lui tirent pas dessus par accident ! Elle avait beau être résistante, un boulet dans le nez la tuerait sans doute sur le coup…



Sur l’Eclat, Yulia surveillait l’avancée de la Dragon.

— Elle arrive ! cria-t-elle à Hellshima.

Ce dernier lui lança une corde, que la femme saisit, et commença à grimper. Elle fut sur le pont avant que les soldats ne comprennent ce qui se passe. On salua chaleureusement la retardatrice, mais personne ne délaissa son poste pour autant. Sur le port, les forces Impériales se regroupaient, bien décidées à enfin mener l’assaut, aussi Taylor tourna un grand coup sa barre, et fit quitter les quais de Cathuba à son navire.

Yulia chercha le regard de sa protectrice.

— Senex et Marisa ne sont pas venus ? demanda-t-elle, du bout des lèvres.

Angora posa ses yeux dans les siens, et hésita quelques instants avant de lui dire :

— Ils ont préféré rester à Cathuba. Tu connais Marisa, non ? Elle n’aimerait pas la vie sur un navire ; et Senex a dit qu’il était trop vieux pour un tel périple. Mais ils t’accompagnent en pensée. Ils seront toujours avec toi.

Elle se retourna ensuite vers le Capitaine :

— Désolée pour le retard, Taylor ! Comment ça se présente ici ?

— Constate par toi-même ! On a deux gros clients qui viennent sur nous !

Yulia porta son regard à l’Ouest, et vit parfaitement les deux navires de ligne qui s’étaient détachés de la ceinture autour du Surplomb. Ils étaient énormes, lourds et noirs. Leurs Ballons à Voile ne tremblaient pas aux vents, et ils avançaient à une allure mesurée, prudente, comme s’ils attendaient de voir la manœuvre qu’allait entreprendre l’Eclat pour leur échapper.

Ce fut alors qu’Irïllan, depuis le Ballon, leur cria :

— Le Cuirassé bouge ! Le Cuirassé bouge !

Yulia se retourna, saisit aux tripes, et pointa la longue vue au-dessus de la cité, droit sur le monstre d’acier et de vapeur. Sa vision remonta son armature, ses tuyaux, ses hélices… et s’arrêta, dans un instant surréaliste, sur le ponton avant où, donnant des ordres à la radio, dirigeant les opérations, elle reconnut la silhouette de l’Inquisiteur Viral.

Une bouffée de haine déferla dans son corps, immédiatement suivie par une vague de terreur glaciale. Par la Vapeur, puisse-t-il crevé ! Puisse-t-il disparaitre à jamais ! Puisse-t-il ne plus la poursuivre, avec ses yeux fous !

Le pont de l’Eclat s’inclina brusquement. A la barre, Taylor avait braqué.

— Merde ! merde ! merde ! Il faut pas qu’on reste là !

Un coup de canon éclata. Une explosion déchira les quais, là où l’Eclat se tenait quelques secondes plus tôt. Les soldats à terre s’élancèrent, lançant des grappins. Hellshima sorti sa carabine et ouvrit le feu, aussitôt suivit par l’escouade d’Ashä qui, entre deux salves, tranchaient les cordes. Le Capitaine ajusta les clapets et poussa le Ballon loin du Port, arrachant leurs grappins aux audacieux et tirant dans le vide les téméraires.

— Le Cuirassé a des canons de flancs, mais aussi un canon mobile ! leur cria Angora. Taylor, il faut que l’Eclat reste en mouvement sinon on se fera pulvérisé !

— J’avais compris, merci ! répliqua-t-il, acide. Merde, deux navires de lignes c’était déjà compliqué, si en plus…

— Le Cuirassé bouge ! répéta Irïllan depuis la vigie, comme s’il avait trouvé son nouveau mantra.

En effet, alors qu’il réarmait ses canons, le vaisseau de l’Inquisition volait dans leur direction. Son ombre dégoulinait sur les toits des maisons de Cathuba, descendant des collines pour fondre vers le vide. Taylor ouvrit et ferma certaines valves de son Ballon, et on sentit une nette accélération. Yulia entendit l’Eclair de Jade marmonner qu’ils auraient dû prendre des notables ou des officiers en otages pour s’enfuir, mais le Gros Tom posa sa main sur son épaule et, immédiatement, elle se concentra à nouveau : elle regroupa son escouade et chacun s’équipa de ses armes, qu’Hellshima avait préalablement préparées.

Angora attrapa la petite par la main, et l’emmena en bas. Descendant au pont inferieur, où les mousses suivaient les ordres de Kurd Bawn, un gaillard à la mine sombre et à la jambe mécanique, qui les faisait porter les boulets, recharger les canons, et vérifiait lui-même l’encordage des pièces afin qu’elles ne glissent pas lors des manœuvres et des tirs. Les trois jeunes étaient de physiques aussi différents que complémentaires : celui que Taylor avait appelé Hock était un svelte et pâle garçon aux cheveux ras portant des boucles et des pendentifs aux oreilles puis des anneaux insérés le long de sa nuque suivant deux lignes qui se perdaient dans son dos ; celle au nom de Saön affichait des cicatrices sur toute la partie gauche de son visage alors que sa peau était d’une couleur plutôt terreuse, donnant à sa figure un relief perturbant ; quant au troisième, c’était un jeune homme plutôt rond, d’une ethnie proche de celle d’Ashä, aux habits carmins, qu’on avait nommé Jun Mphu. Ces gars, fraichement revenus de l’équipe d’assaut, accomplissaient le travail en bougonnant, en grinçant des dents. Tous avaient des sabres et des pistolets à la ceinture, et s’en étaient servis avant d’être dépêchés aux canons.

— C’est l’boulot des trois asticots, l’artillerie, se plaignait à voix basse Saön, je veux me battre, moi…

— Ils consolident les cordages pour l’instant, tonna Kurd Bawn en tapant sur son ventre, s’tu veux pas qu’le Ballon y s’décroche tu fais leur job le temps qu’ils fassent le leur et t’arrête de te plaindre !

Intimidée, la fille de l’Amiral baissa la tête, espérant qu’on ne la remarque pas. Elle devait être la dernière de leur préoccupation à l’heure actuelle…

Sa protectrice descendit encore, et Yulia découvrit les quartiers de l’équipage : des pièces basses où se bousculaient hamacs, paillasses, tables et mobilier précaire –il y avait même, balancés là en vrac, les bancs volés à la prison. Quelques pièces étaient délimitées par des cloisons, et de certaines émanaient les cris des blessés ou le bruit confus d’un atelier.

— Reste ici, lui ordonna Angora.

— Je veux aider ! supplia-t-elle.

— Il n’y a plus rien que tu puisses faire, lui expliqua la femme au bras d’acier. Les prochaines minutes vont être intenses, j’ai besoin que tu sois en sécurité avant tout. Et…

— Angora ! l’appela Kurd au-dessus. Ça t’appelle, en haut !

— J’arrive !

Elles se lancèrent un dernier regard. Yulia pouvait sentir ses jambes trembler. Elle avait peur. Tout cela la dépassait complètement. On lui disait qu’elle ne pouvait aider, mais cela ne la faisait que se sentir plus inutile encore. Que faire ? Que faire si personne ne redescendait jamais dans les quartiers de l’équipage ?

Elle repensa à Viral, aux commandes du Cuirassé, venant vers eux avec toute la folie que pouvait contenir un homme. Les mains de la petite fille étaient moites. Vapeur, faites qu’il ne tue pas plus de ses amis…

Ashä saisit un cordage et bondit sur le bastingage, se penchant un peu pour avoir une vue complète sur la situation. C’était dangereux, bien sûr, elle était offerte aux balles si on leur tirait dessus, et l’Eclat n’était pas stable, s’agitant tant tous les sens alors que Taylor essayait de les conduire Vapeur savait où. Mais la jeune femme, si elle avait la notion du danger, n’était pas du genre à ne jamais prendre de risques inconsidérés.

Il ne pleuvait plus, mais l’orage était encore partout, et les navires plongeaient et ressortaient des cumulonimbus sans cesse. La plupart des nuages avaient perdu beaucoup de leur densité lors des pluies des dernières heures : l’Eclair de Jade pouvait distinguer les vaisseaux comme le Surplomb mais, en dessous comme au-dessus, c’était une mer de noirceurs chargée d’énergie encore vigoureuse. Elle cracha, et put déterminer la direction et la force du vent. Par la Vapeur ! pas étonnant que Taylor ait autant de mal à garder le pont stable !

Mentalement, elle fit le listing de ses gars. Il y avait Hellshima qui grimpait prendre la place d’Irïllan à la vigie, mais les seuls sur qui elle pouvait vraiment compter étaient ses gars, ceux dont Taylor lui avait confié le commandement pour ce genre de situation. La plupart d’entre-eux n’avaient jamais connu de tels conditions extrêmes cependant. Elle pouvait s’appuyer sur les membres d’expériences de son escouade : les anciens combattants pirates comme le couple Ambel et Kamina, Feulh la rousse, le barbu chauve du nord Dom Corto, mais aussi le noble quarantenaire Dimitri Logg Rowan, ainsi qu’Hikari, digne fils des Corsaires Nokoto… Les autres étaient des combattants corrects, mais manquaient encore –à son goût – d’expérience. Crok était encore un simple voyou un an plus tôt ; Dorian n’excellait qu’aux jets de dés ; Marie Clow tirait fort bien mais manquait encore de pratique à l’épée ; le renégat Anki manquait de discipline ; la jeune Karano, pour féroce et déterminée qu’elle était, se battait encore de façon brouillonne ; et la courtisane pirate Qiu Fang manquait de force pour autant qu’elle soit douée d’adresse. Les choix qu’avait à faire Ashä étaient limités : Clef Perry, en raison de son pied bot, ne partait plus que rarement à l’assaut, et Farid Corde-au-cou, leur charpentier, était trop précieux pour qu’elle lui fasse prendre trop de risques. Ils n’étaient que quatorze à être prêts au combat sur le pont, et elle aurait aimé disposer des trois mousses que Mphu avait accepté qu’elle entraine, mais ils étaient occupés aux canons pendant que les asticots grimpaient aux cordes avec Irïllan et Luce. Sans parler de Leoda qui avait disparu dans les ateliers de Käsh ! Bien entendu ils pourraient compter sur les gabiers, Gros Tom et Hellshima si l’Eclat était abordé –ils savaient tirer et se battre un minimum– mais L’Eclair de Jade devait disposer ses hommes sur le pont pour les défendre de ces manœuvres. Et ils n’étaient que quatorze… C’était trop peu pour tenir tête à l’équipage entier d’un navire de ligne, alors deux navires plus un Cuirassé ? N’y comptez même pas ! Ils allaient devoir tenir bon le temps de trouver une échappatoire…

Angora arriva comme elle l’avait appelé. Ashä lâcha sa corde et revint sur le pont. D’un coup d’œil, elle s’assura du soutien de Taylor.

— Qu’y a-t-il ? demanda la femme aux cheveux rouges.

La Première Epée désigna le sabre que la Dragon portait dans le dos.

— J’espère que tu sais t’en servir.

— Je sais aussi me servir de ça, répliqua froidement l’Impériale en désignant sa carabine.

Irïllan leur cria que le Cuirassé venait de s’élever dans les nuages. Un regard suffit à Ashä pour savoir qu’il disait vrai : le gigantesque navire à vapeur était hors de vue… Elle n’aimait pas ça.

— Tu connais les tactiques des officiers Impériaux dans ce genre de cas ? questionna-t-elle la Dragon.

— Je n’ai jamais servi dans un Cuirassé, répondit l’intéressée.

L’Eclair de Jade se mordit la lèvre de frustration. Elle détestait ne pas voir son ennemi, et elle détestait ne rien faire… La configuration du pont de l’Eclat le rendait difficile à défendre : sa pointe était fine et sans aucun poste de tireur alors qu’elle était couverte sur ses flancs, son bastingage était assez haut pour se couvrir des tirs mais pas pour empêcher un abordage, et sa cabine arrière, démurée, était reliée au pont par des échelles et non des escaliers. Se déplacer rapidement de l’avant à l’arrière du vaisseau était impossible, ce qui obligeait la Première Epée à répartir ses hommes et perdre en réactivité, et elle n’aimait pas ça.

— Clef, Dom, Dorian, vous allez sur la pointe ! Karano, Crok, Faulh, Rowan, au bastingage bâbord ! Farid, Ambel, Karmina, Anki, au bastingage tribord ! Hikari, tu prends Fang et Clow, et vous montez sur la cabine ! Allez, du nerf !

Les ayant répartis par groupe mêlant pirates expérimentés et combattants moins assurés, elle les observa se placer, une sale impression sur le cœur. Pourrait-elle compter sur la Dragon dans les prochaines minutes ou devrait-elle se débrouiller avec ce qu’elle avait là ? Gardant un œil sur les deux navires de lignes, que Taylor avait un peu distancés dans leur course-poursuite aérienne, elle se dit qu’ils avaient encore un peu de temps, mais cela ne suffit pas à la rassurer. Comme pour lui donner raison, un vrombissement traversa les cieux.

Angora releva la tête, frappée de panique : elle n’avait jamais servi dans un Cuirassé, mais elle connaissait ce son-là !

— Mettez-vous à couvert ! cria-t-elle.

Ils furent trop lents. Ashä elle-même ne comprit pas ce qu’il se passait lorsque, perçant les nuages au-dessus de leur tête, un aéronef fonça sur eux. Un tir de mitraille s’abattit sur le pont, et la confusion fut totale.

Ayant bondit à couvert du bastingage, l’Eclair de Jade suivit le Chasseur Impérial des yeux, stupéfaite. C’était un petit appareil de métal, elle ne saurait dire s’il fonctionnait à la vapeur ou avec un carburant, mais il était vif, agile, et volait vite. Il y avait deux places à son bord, elle pouvait le voir : une pour le pilote, et une pour l’artilleur qui chargeait à l’instant de mitraille son canon, prêt pour un second service. La petite ferraille tirée depuis l’aéronef avait creusé des sillons sur le ponton, et trois des hommes d’Ashä se trainaient, blessés plus ou moins sérieusement, hors d’état de combattre en tout cas. Marie Clow, Farid corde-au-coup, et Dimitri Logg Rowan. Par automatisme, elle les compta, et s’aperçut qu’ils étaient un de moins…

— Et merde, jura-t-elle tout bas.

— Dorian est tombé ! s’horrifia Dom qui l’accompagnait. Il a été surpris, il a glissé, il a… Par la Vapeur ! Dorian !

Elle grimaça, et se redressa. C’était sale comme coup de malchance, et elle ne savait pas si elle connaissait de pire façon de mourir que celle-ci où on voit le sol venir à nous pendant cinq ou six secondes sans pouvoir rien faire d’autre que chier dans son froc… Mais se préoccuper d’un mort était une perte de temps : son escouade venait de perdre quatre individus, elle n’en concèderait pas plus !

— Allez, on se bouge ! harangua-t-elle. Les blessés, dégagez de là vous nous gênez ! Les autres, on oublie les trois groupes, je vous veux tous sur le pont ! Sortez-moi les fusils et tirez sur ce truc avant qu’il nous dézingue plus de monde ! Allez !

Alors que Gros Tom descendait les blessés et que les autres se mobilisaient, elle vit Angora armer sa carabine.

— Il y avait trois aéronefs à moteur dans le cuirassé, lui expliqua-t-elle, le top du top sortant à peine de l’usine. J’en ai bousillé un, mais il en reste encore deux et le second devrait surgir…

Elle mit la crosse contre son épaule, et visa les nuages noirs au-dessus d’eux, fermant un œil.

— … exactement comme le premier.

Un deuxième appareil piqua hors des nuages dans un vrombissement. Ashä recula brusquement mais Angora, sans se précipiter, le verrouilla du regard et tira trois coups.

L’aéronef les dépassa, hurlant, son nez prenant feu. Il finit sa course en-dessous d’eux, s’écrasant sans doute en Contrebas. Hellshima, au-dessus d’eux, sifflota, impressionné. Elle avait raté son premier coup, mais le second avait frappé l’artilleur quand le troisième avait touché le moteur.

La Première épée lança un regard étrange à la Dragon

— Je l’entendais venir depuis un moment, dit-elle comme une excuse, j’ai juste attendu le bon moment.

On haussa les épaules, et on rassembla les forces pour s’occuper du premier appareil, qui leur volait toujours autour. Cependant, avant que les tireurs comme Hellshima ne parviennent à l’atteindre, Taylor fit faire volte-face à l’Eclat. Tous furent surpris, s’accrochèrent pour ne pas perdre l’équilibre, mais l’on aperçut bien vite le gigantesque Cuirassé sortir de sa couverture juste là où les Corsaires se dirigeaient quelques secondes auparavant.

— On s’est fait avoir ! leur cria leur Capitaine. Les deux navires de lignes nous rabattaient vers cette position ! On ne peut pas affronter le Cuirassé… on va devoir passer entre les deux autres !

Ils hochèrent tous gravement de la tête, et rejoignirent les postes de combat. Les choses allaient de mal en pis, songea l’Eclair de Jade. Heureusement, ses sabres la démangeaient depuis un moment…



Dans la calle, Yulia avançait timidement. La porte de la plus proche pièce, entrouverte, oscillait suivant les balancements de la navigation aérienne. Il faisait plutôt sombre ici-bas : la jeune fille voyait bien dans la coque des trappes destinées à s’ouvrir pour faire entrer la lumière, mais personne n’avait pris le temps de les déplier. Le seul éclairage venait d’une lampe dans la pièce dont les rais perçaient à travers les planches et l’ouverture ballante. C’était l’infirmerie, aucun doute là-dessus : des plaintes s’en échappaient, et elle reconnut la voix haute perchée du chirurgien.

— Tu te rends compte ? l’avait-elle entendu crier. C’est moi, votre chirurgien, qui suis blessé en premier ! Je ne sais pas si le destin est ironique ou si le soldat qui m’a eu le gigot était un ancien client mécontent !

Il riait jaune, et les réponses brèves que lui faisait Nadejda invitèrent Yulia à passer un œil par la porte. En caleçon, la jambe bandée et fagotée dans une attelle de fortune faite à la va-vite, les cheveux décoiffés, la fière frimousse du chirurgien gambadait gauchement entre les lits, saisissant des fioles, des compresses, et des bandages. Sur une paillasse, mâchant une pâte d’écorce, le petit bonhomme qui avait pris une balle au flanc se reposait ; on lui avait ouvert la chemise et appliqué des cataplasmes là où son sang poissait. La fille de l’Amiral eut un haut-le-cœur, mais ce ne fut qu’un avant-goût de la bille qui remonta lorsqu’elle vit Nadejda.

La renégate au crâne rasé était assise de dos, et à présent la jeune fille pouvait clairement –à la lumière de la lampe tempête– voir ses blessures. Le tir l’avait atteinte alors qu’elle tenait la barre, traçant un trou sombre et suintant dans son omoplate gauche. Son bras serrait un bâton, blanchissant ses phalanges et faisant trembler tous ses muscles jusqu’à la blessure.

— San va bien ? demanda-t-elle d’une voix peu assurée.

— L’écorce va l’anesthésier et le plonger en léthargie, sa blessure va se résorber d’elle-même j’espère, sinon je serai impuissant… mais passons à toi, maintenant ! Désolé de t’avoir fait attendre.

— C’est bien normal, Simon, fais ce que tu as à faire.

Le chirurgien attrapa ses flacons et ses outils, puis claudiqua jusqu’à la table où s’était assise la pilote.

— Ouvre ta combinaison, lui ordonna-t-il.

De la main droite, Nadjeda défit les attaches de son vêtement, et se découvrit jusqu’à la ceinture. Simon fit une grimace, et Yulia s’inquiéta. Il appuya du doigt sur l’épaule, à une bonne paume de l’impact, et la mécanicienne se crispa aussitôt.

— Dis-moi quand ça fait mal, prescrit le chirurgien.

— Ça fait putain de mal, sourit-elle en coin.

Il palpa encore cinq autres points, plus ou moins éloignés de la blessure, déclenchant à chaque fois la douleur. Il lui dit alors :

— La balle t’a fracturé l’omoplate, j’en ai peur. Je vais l’extraire, mais ta convalescence sera longue.

Elle hocha la tête sans hésitation. Simon lui tendit une lamelle de bois, lui conseillant de la prendre en bouche. L’image de cette femme forte, mordant pour lutter contre la douleur à venir, fit froid dans le dos de la fille de l’Amiral. Quel courage, et à la fois quelle injustice !

Le chirurgien attrapa la lampe tempête qu’il tint au plus près de la plaie, et se saisit d’une pince. Yulia préféra détourner le regard. Elle ne cria pas, mais la jeune fille n’en fut que plus consciente de son supplice.

L’Eclat oscilla plus violement par deux fois, et Yulia crut qu’elle allait rendre. Que sortirait-il de sa bouche ? Sans doute rien de plus que de la bille, son dernier vrai repas remontant à la veille… Elle put entendre Simon grommeler, puis gueuler dans le vide avant de s’excuser auprès de Nadjeda. Elle préféra ne pas en savoir plus.

On entendait des tirs au-dehors, on percevait la furie du vent claquant et le navire de Taylor accélérait, changeait de cap de manière imprévisible. Elle préférait ne pas connaitre la situation, là-haut, c’était plus facile à supporter, et peut-être aurait-elle également dû ne jamais jeter un œil dans l’infirmerie.

Des escaliers vinrent un bruit, et Yulia se jeta derrière un coffre. Risquant un œil, elle vit descendre la lourde masse de Tom, portant dans ses bras une jeune femme et un costaud garçon comme s’ils pesaient tous les deux le même poids –à savoir : une bagatelle. Ils étaient tous les deux blessés : la fille pissait le sang par l’oreille droite et se tenait le ventre à deux mains quand l’homme fermait un œil et s’était fait un garrot à la jambe avec sa chemise. Derrière eux se trainait un quarantenaire à la barbe grisonnante et dispersée, s’appuyant sur sa rapière, une main portée à sa hanche, son col défait révélant une blessure à la poitrine. Yulia écarquilla les yeux : trois nouveaux blessés, à ce rythme-là Simon serait vite dépassé !

Tom poussa la porte, et le chirurgien prit les choses en main. L’homme à la rapière échangea une blague de circonstance, et ils se forcèrent à en rire. Tom, sitôt sa tâche accomplie, courut rejoindre le pont supérieur.

Ce fut à ce moment-là qu’un brusque demi-tour ébranla l’Eclat. Yulia perdit l’équilibre et tomba dans un tas de nœuds, les quatre fers en l’air. Maudit soit Taylor et ses changements de caps ! Qu’il prévienne au moins ! D’autres jurons s’envolèrent, et elle y reconnut la patte imagée du chirurgien.

Elle se releva, s’étant à peine entaillé le coude, mais ne préféra pas retourner vers l’infirmerie. D’autres éclats de voix l’intéressèrent.

La porte la plus au fond de la calle avait été sortie de ses gonds, comme s’ils avaient eu à y faire passer un gros objet. Par l’ouverture, Yulia put voir le vieux Käsh, assis à l’atelier, une soudeuse à vapeur à la main, tordant une plaque de métal.

— Où t’en es des systèmes hydrauliques ? demandait-il sans se retourner.

Se penchant un peu plus, Yulia put observer la femme qui prétendait au titre de Paladin se redresser, les muscles des bras saillants, et se débarrasser de son masque soudeur.

— Je viens de finir, ça circule sans problème !

— Parfait, commenta l’artisan, il ne reste que les blindages à fixer…

La fille de l’amiral se décala encore un peu, et réussit à voir l’objet de leur attention. Derrière Leoda Klane était montée une armure à vapeur : d’acier massif, soutenue d’une armature aux proportions de la Paladin, c’était une merveille technologique au service de la force brute.

La petite ouvrait la bouche, béate, alors que les coups de canons reprenaient au dehors.



Engagé dans une course folle, le nez de l’Eclat fendait les nuages, balancé par les vents contraires et porté par la seule volonté de son Capitaine. Derrière eux : un Cuirassé Impérial, forteresse volante, monstre de métal ne demandant à les broyer de ses canons. Devant eux : deux navires de lignes, armés et bien décidés à les stopper. Tout autour : la mer de nuages, Cathuba ravagée, et une ceinture de navires bloquant toute échappatoire.

— On va pas pouvoir le faire, Taylor ! jura Ashä, qui pourtant avait sorti les sabres.

— Je vous demande de tenir le temps qu’on ait distancé le Cuirassé ! les harangua Taylor. On est encerclé de partout, alors on va prendre la dernière sortie qu’il nous reste ! On va plonger en Contrebas !

Angora écarquilla les yeux. Avait-elle bien entendu ? Sur le pont, on échangea des regards graves ; les pirates d’expériences refoulèrent rapidement leurs appréhensions et se focalisèrent sur la manœuvre, mais la Dragon put clairement lire dans le regard de l’Eclair de Jade son ahurissement.

— J’espère vraiment que tu sais ce que tu fais, Taylor, l’entendit-elle murmurer, anxieuse.

— C’est de la folie ! s’exclama malgré tout un combattant, un rude gaillard à la tignasse brune et sale. Il y a la Brume, en bas ! Tu veux tous nous tuer ?

— Reste à ton post Crok ! le rappela à l’ordre la Première Epée. Tu fais ce qu’on te demande et il n’y aura pas de problèmes !

Angora ne pensait pas voir Ashä si autoritaire, pourtant elle devait admettre que la situation pouvait très vite tourner à la mutinerie… Plonger en Contrebas, c’était une action extrêmement risquée ; seuls les fous se risquaient à braver la Brume ! Elle grimpa sur la cabine, et s’adressa doucement au Capitaine :

— Tu es sûr de ce que tu fais, Taylor ?

Le blondinet avait le visage marqué alors qu’il maniait la barre, manteau rouge ouvert et claquant au vent. Il avait chaussé des lunettes d’aviateurs, teintées selon ses goûts, et souriait, sans qu’on ne puisse déterminer si la perspective de ce saut dans l’inconnu l’excitait ou le terrorisait.

— Je me souviens très bien des derniers jours : le Contrebas était clair, il n’y avait pas la moindre trace de Brume.

— Et si jamais il y en avait maintenant ? le questionna la Dragon. Avec les nuages, impossible de savoir.

— Alors on se démerdera une fois en bas, dédaigna-t-il. C’est notre unique chance de nous en sortir, là maintenant, alors je vais la prendre, et advienne que pourra. Lorsqu’on aura engagé les combats et qu’on sera partiellement caché au regard du Cuirassé, notre plongeon passera pour une avarie, et ils penseront nous avoir abattus… on s’en tirera si on arrive à redresser à temps ensuite.

Elle jeta un coup d’œil au-dessus de leur tête. Irïllan et les gabiers s’affairaient encore aux cordages ; il fallait d’ordinaire une bonne journée pour affréter un navire tel que l’Eclat.

— Tu penses que ton Ballon va tenir le choc d’une telle perte d’altitude ?

— Il devra tenir, pas le choix. S’il se déchire, on s’écrase tous dans le désert en bas…

Il sourit, comme si la perspective l’amusait.




[... part 2 du chapitre 9 juste en dessous, limite de caractères oblige !]
Dernière modification par Judas_Cris le ven. 18 nov., 2016 1:53 pm, modifié 3 fois.
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Re: Le Temps des Surplombs (Chapitre 9 : Entre les Mondes, part.2) [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par Judas_Cris »

CHAPITRE 9 : Entre les Mondes. (part.2)


Pouvant sentir que leur vitesse augmentait et entendre les ordres qui s’échangeaient, Yulia ne pouvait ignorer que les choses se précipitaient au-dehors, et elle voulait être utile ! Reste en fond de cale était impensable pour celle qui était finalement au centre des enjeux du navire. Ils allaient partir rejoindre l’Amiral, pourrait-elle le regarder dans les yeux si elle restait entre les bancs, les hamacs et les cordes, à chouiner pendant que les Corsaires et Angora se battaient ? Non ! Elle était une Mangora, comme sa mère et son père ! Elle devait être utile ! Il devait bien y avoir quelque chose qu’elle puisse faire, à son petit niveau…

La jeune fille quitta son observation de l’atelier –là-dedans, Käsh et Leoda se suaient encore pour souder à l’armure ses blindages– et laissa aussi derrière-elle l’infirmerie de Simon –qui ne désemplirait probablement pas de la nuit. La petite gardait en tête l’ordre d’Angora : elle devait rester en sécurité, et cela voulait sûrement dire hors du pont supérieur, quelque part où on ne lui tirerait pas dessus…

Elle grimpa donc les escaliers, pour se retrouver avec les mousses, au pont inférieur, alors qu’ils vérifiaient les attaches des canons. Un peu intimidée mais pas dissuadée pour autant, Yulia s’adressa directement au ventru Kurd Bawn qui semblait en charge de diriger cet étage.

— Je veux aider, dit-elle un peu fort.

L’homme à la jambe de fer eut l’air un peu surpris.

— T’es pas censée rester en bas toi ? demanda-t-il, se grattant la panse, circonspect.

— Je peux servir ! plaida la fille de l’Amiral. Je sais plein de choses sur les navires, et je suis débrouillarde !

Les trois mousses commencèrent à la regarder de travers. La fille aux cicatrices résista même mal à son envie de rire. Kurd recentra tout le monde sur la tâche en haussant la voix :

— Oh, vous reprenez l’travail, oui ? Saön, si ça t’fais tant marrer, tu d’vrais venir récurer les canons plus souvent !

Puis, agacé, il se retourna vers Yulia qui attendait sa réponse, mal à l’aise. Le regard de l’artificier se fit pensif, et il finit par lui dire :

— Si tu veux te rendre utile, vas d’abord vérifier les bragues.

— Les quoi ?

— Les cordes, celles qui maintiennent les canons contre les bords du navire !

— Tou… Tout de suite !

Elle s’exécuta, le rouge aux joues. Elle pouvait presque entendre Kurd maugréer qu’elle ne connaissait pas tant de choses que ça sur la marine finalement… Quelle idiote ! Elle aurait dû mieux écouter Senex quand il lui faisait apprendre son vocabulaire, voilà qu’elle passait pour une sotte !

Souhaitant se rattraper, elle mit du cœur à l’ouvrage, et parcourut le pont de batterie –elle se rappelait que c’était ainsi que l’on appelait les ponts servant à l’artillerie– en inspectant les canons –de fières pièces en fonte de près de trois mètres, arrimées par des nœuds gros comme des bras. Comme tout lui semblait opérationnel, elle revint trouver Kurd, qui distribuait aux mousses des pains de poudres. Il hésita une ou deux secondes avant de lui en confier deux et de l’accompagner charger la rangée tribord.

L’Eclat ne comptait que douze canons, six de chaque côtés pouvant être repositionnés dans de nombreux sabords disposés dans toutes direction sur le pont de batterie, mais Yulia n’aurait jamais cru qu’il faille si longtemps pour tous les charger ! Glissant leur main par la bouche et déposant la poudre sous le regard attentif de l’artificier, ils mirent plusieurs minutes à accomplir leur tâche, et la jeune fille avait à présent les bras couvert de résidus noirâtre.

— Et maintenant les boulets ! On a déjà perdu trop de temps !

Ces derniers étaient rangés dans des coffres dédiés, disposés à côté de chaque pièce et fermement arrimés au sol. La jeune fille pouvait voir au sol des rigoles cernées de rails, aux dimensions des boulets… Ne devraient-ils pas les disposer là, afin de les avoir plus rapidement à disposition pour recharger ?

— Et que des sphères de 12 kilo commencent à voler dès qu’on va commencer à plonger et dresser lors des batailles ? pesta l’artificier. Non merci ! On utilise les rails seulement quand on bombarde de loin en restant immobile… mais arrête de poser des questions et bouge-toi !

Elle fit la moue, mais aida un des mousses à sortir assez de boulet pour charger tous les canons. C’était le jeune homme plutôt rond, dont la couleur de peau lui rappelait Ashä : ses habits carmins dissimulaient ses mains, même lorsqu’il tenait quelque chose. Il remercia la fille de l’Amiral et, alors que les deux autres courraient accomplir leur travail, il se pencha vers elle et lui chuchota :

— Tu es Yulia, c’est ça ?

Elle hocha la tête rapidement. Il parlait d’une voix très douce et claire, contrairement à la plupart des hommes qu’elle avait rencontrés.

— On nous a beaucoup parlé de toi, continua-t-il après avoir vérifiait que Kurd ne les surveillait pas, enfin, Taylor surtout. Moi, je m’appelle Jun, de la tribu Mphu, et c’est normalement moi qui m’occupe des nouvelles recrues… J’aurais aimé t’accueillir dans de meilleures circonstances mais, comme tu le vois, la situation est plutôt tendue, non ?

— Tu… t’occupes des nouvelles recrues ? demanda-t-elle, un peu perdue.

— Oui, exactement ! rayonna-t-il. Je ne sais pas me battre et je ne suis pas agile, alors je suis resté mousse et c’est moi qui les introduis au navire. Tu vois ces deux-là ? Lui, c’est Jonattan Hock, il a grandi dans les colonies du nouveau monde ; Elle, c’est Jasmine Saön, et elle vient du Sud. On les a pris à bord le mois dernier, et je leur apprends la vie à bord, je supervise leur travail et m’assure qu’ils s’intègrent bien !

Il paraissait rondement fier de lui, et Yulia était dubitative.

— C’est pour ça que tu veux faire ami-ami avec moi ? suspecta-t-elle en fronçant les sourcils. Tu crois que je suis la nouvelle mousse ?

— Oh, non ! s’empressa-t-il de la rassurer. Je sais que tu es trop noble pour devenir mousse !

Elle s’agaça. Qu’essayait-il de lui dire ? Qu’elle était trop bien pour eux ? Pour un superviseur des jeunes, il s’exprimait bien maladroitement !

— Assez rêvassé ! Tous à vos postes ! hurla Kurd Bawn. Mphu, lâche la gamine, tu lui f’ras l’école un autre jour ! On est pas là pour enfiler des perles !

Le jeune homme, hocha précipitamment la tête, et les mousses se positionnèrent aux canons. Yulia les regarda un instant faire, avant que l’artificier ne l’invite à les assister. La petite prit sa tâche au sérieux. Enfin, elle faisait quelque chose d’utile !

Angora redescendit sur le pont. L’Eclat avait encore gagné en vitesse, et devant eux les deux navires avaient adapté leur allure et leur angle pour lancer un abordage. Les nuages se creusaient de sillons sous les courbures des coques alors que le vent furieux rugissait à leurs oreilles et agitaient les flots montant et descendant.

— Est-ce que tout est paré ? mobilisa Taylor, de toute sa stature de Capitaine de cet équipage de cinglés.

— On a bientôt fini les cordages stabilisateurs, lui crièrent les gabiers, le Ballon se décrochera pas !

— Parfait ! Courrez remplacer les mousses aux canons dès que vous en avez terminé ! Tout le monde est prêt ? On ne pourra pas plonger avant d’avoir livré bataille si on veut s’échapper, alors je compte sur vous ! On y est !

Et, en effet, ils y furent.

Angora s’accroupit derrière un bastingage, la carabine dans les mains, le sabre dans le dos. L’Eclat traça, et Taylor tourna sa barre à roue d’un coup sec, criant au gros Tom :

— Feu !

Celui-ci abaissa le bras en direction du pont inférieur, et la femme aux cheveux rouges put entendre, sous les planches, Kurd Bawn répéter l’ordre aux mousses. Les canons tirèrent, tout le pont en trembla, et alors que leur première salve prit à dépourvue les deux navires de ligne qui se positionnaient encore, Taylor le Sans-nom redonna un coup de barre à roue, attrapant ses cordelettes et tirant sur les valves du Ballon. L’Eclat s’éleva d’une dizaine de mètres en moins d’une seconde, collant tout le monde au plancher.

Les sens aiguisés de la Dragon ne perdirent rien de l’action : les tirs de l’équipage avaient perforé les flancs des Impériaux, lesquels avaient tiré en réaction mais trop précipitamment car les Corsaires avaient déjà pris les hauteurs. Au lieu d’être pris sous deux feux, ils prenaient l’ascendant et leurs ennemis s’étaient mutuellement infligés des dégâts par leur tir croisés, semant la panique et l’incompréhension dans le camp des poursuivants.

Angora le savait : une bataille navale se gagnait dans les trois dimensions du champ de bataille. Et le Corsaire était loin d’être mauvais à ce petit jeu.

— Youhou ! s’écria-t-il, jubilant, avant de redonner de la barre.

On plongea, passant au-dessus d’un navire et se positionnant sur son autre flanc, alors qu’il devenait évidement qu’ils cherchaient à se dissimuler au regard du Cuirassé. Ils avaient besoin de quelques secondes, ils allaient donc les arracher.

L’équipage sortit de ses couverts, et ouvrit le feu sur les soldats ennemis. Angora prit à peine le temps de viser. En face, c’était un pont Impérial : on y distinguait une cinquantaine de soldat sur le qui-vive et des gradés aux commandes. Leur première salve n’en tua que quelques-uns, mais força les autres à se coucher au sol. Ils se remirent à couvert pour recharger. D’instinct, la Dragon sût que c’était l’instant parfait pour effectuer le grand plongeon…

Un vrombissement familier fut sur eux.

Merde, comment avaient-ils put l’oublier ? s’horrifia Angora alors que l’aéronef frôlait l’Eclat, et qu’une forme sombre en était larguée. La combattante perdit quelques instants à s’interroger : cet aéronef les avait attaqués une fois puis avait disparu lorsque le Cuirassé avait surgi. Où était-il passé jusqu’à présent ? L’Equipage ne s’en était plus préoccupé, pourquoi réapparaissait-il maintenant ? Quelle était la mission de ce dernier appareil ?

Alors qu’elle se relevait, dirigeant le regard vers la cabine et le poste de pilotage, les réponses s’imposèrent violemment.

L’aéronef était parti chercher Sagaryn.

Largué depuis les airs, le Dragon Impérial atterrit sur leur bastingage arrière. Pris au dépourvu, Taylor se retourna, face à face avec la silhouette sombre et distordue Celle-ci fit étinceler ses griffes. Agora avait bougé avant tous les autres, mais ne réussit pas à sauter sur la cabine avant que l’envoyé du Sénat ne porte son coup.

Par rélexe, le Sans-nom se jeta à terre, lâchant la barre à roue, et les griffes vinrent se planter dans le bois en un bruit sec. Angora dégaina, et fut sur lui.

L’Eclat, privé de son pilotage, manqua sa fenêtre d’évasion. Les canons adverses crachèrent leurs boulets, et les soldats sautèrent à l’abordage.



— Préparez-vous au grand plongeon ! les prévint Kurd.

Yulia attrapa une corde, et s’y cramponna. Vapeur, faites qu’elle ne vomisse pas !

Le plongeon ne vint pas ; tous se cherchèrent des yeux pendant une seconde. Et puis ce fut le fracas absolu. Des projectiles traversèrent la coque, pulvérisant le bois et envoyant voler des copeaux sur tout le pont de batterie. Elle cria. Un boulet vint frapper un canon, brisant le sabord et rompant net les bragues, envoyant la pièce de fonte se fracasser contre l’autre bord, manquant d’écraser le jeune Jonattan qui se jeta sur le côté au dernier instant. Un autre arracha plusieurs planches qui tombèrent en Contrebas, et ouvrirent leur flan au vide. Yulia, terrorisée, vu leur assaillant de près : les sabords ouverts, les bouches de son artillerie encore fumantes, les deux ponts du navire de ligne Impérial alignaient plus d’une trentaine de canons, et ils continuèrent à tirer !

Des planches au-dessus d’elle explosèrent, et sa vision se brouilla alors qu’elle était projetée au sol.



Sagaryn sauta au cou de Taylor, mais le long sabre d’Angora s’interposa. Le métal crissa contre le métal, et la Dragon repoussa son confrère contre le bastingage d’un coup de pied haut. Elle ne lui laissa pas le temps de se reprendre, et l’enchaina à l’épée.

Une feinte à gauche, une feinte à droite, et enfin un violent coup transversale. Galvaudée par sa haine et la colère de son sang, ses bras bougèrent à la vitesse d’une balle. L’autre encaissa tout, se ramassa, et bondit dans une botte improbable.

Taylor sortit un revolver de sa veste, et vida son chargeur d’un trait, furieux, sept détonations se succédant.

Sagaryne recula, chancelant, mais resta debout. Angora, se plaçant devant Taylor pour le protéger, adopta une garde défensive et reprit son souffle devant le monstre de l’Inquisition.

Fendu, son masque de cire tomba en deux morceaux. Sous ses airs de pantin, la figure de l’envoyé du Sénat présentait une peau sans âge, dénué de tout poil et cheveux, ainsi qu’un sourire déformé par une lèvre distordue, comme si elle avait été déchiquetée et recomposée cent fois. On crut discerner un sourire.

Le Dragon se débarrassa de son manteau et de son capuchon, eux aussi troué d’impacts de balles et déchiré par la lame de sa consœur. Il en arracha les agrafes, et le balança au vent qui l’emmena claquer au loin, dans les nuages. Le corps du guerrier d’élite était semblable à sa gueule : difforme et boursouflé. Son ventre presque squelettique lançait deux épaules de hauteur différentes supportant deux bras démesurément longs. Angora en était effrayé : il n’était presque plus humain. Depuis combien de temps vivait-il ainsi, à régénérer ses blessures et devenant peu-à-peu plus bête qu’homme ?

Il la fixa du regard, comprit qu’il la dégoûtait, que son sabre la démangeait… aussi sourit-il, et pointa d’une griffe son cou, pour parler d’une voix métallique et rouillée :

— Ils ont été nombreux, Angora, ceux à vouloir me tuer…

Il agita ses griffes. Le sang suintant des blessures par balles du revolver du Capitaine ou des longues entailles du sabre de la femme au bras d’acier arrêta de couler. Ses plaies se résorbèrent à vue d’œil, et ne laissèrent bientôt que de petites boursouflures supplémentaires.

— Ils n’y sont pas parvenus, ricana-t-il. A la fin, c’est toujours moi qui gagne.

Et il repartit à l’attaque.



Ashä bondit : un de ses sabres écarta la baïonnette sur le canon du fusil, l’autre elle le fit tracer de bas en haut, et le sang du soldat vola au vent. Une balle passa juste au-dessus de sa tête, et elle replongea dans le chaos. C’était la bataille, la vrai, l’imprévisible. D’habitude, c’était elle et son escouade qui sautait sur le pont ennemi, semant la panique, désorganisant les défenseurs, frappant là où l’adversaire ne s’y attendait pas. Là, la situation était inverse, et cela fit resurgir dans l’esprit de l’Eclair de Jade les pires heures de son histoire. Elle ne s’en battait que plus férocement.

Prétendre avoir une vue globale de la situation, lorsqu’on était comme elle au centre des combats, aurait été faux. Elle savait qu’Anki était déjà mort, tué d’une balle dans le crâne, mais elle n’avait des autres que des entrevues : impossible pour elle de savoir qui était tombé et qui était vivant ! Hellshima devait bien tout voir, lui, perché dans les cordages ! Ashä espérait juste que leurs tireurs empêchaient suffisamment d’Impériaux de partir à l’abordage, sinon ils seraient vite submergés ici !

Parant, taillant, feintant et découpant, toujours en mouvement, la jeune femme était insaisissable. Si les Impériaux étaient disciplinés, ils entraient sur l’Eclat dans un moment où les lignes d’infanteries se disloquaient à la faveur d’un chaos organisé digne d’une bataille de pirates. Dans cette configuration, Ashä avait sans aucun doute l’avantage : elle les surprenait, leur tournait autour, ne les frappaient jamais là où ils s’étendaient à la voir venir. Les hommes et femmes de la Marine de l’Inquisition tombaient face à elle sitôt qu’ils avaient posé pieds sur le pont.

Dans la furie des combats, elle se retrouva dos à dos avec Ambel et Karmina. Le couple de pirates, ayant participé à de nombreux raids, montraient des signes de fatigues et accumulaient les petites blessures. Cela n’enlevait rien à leur efficacité : l’Eclair de Jade avait toujours été admiratrice de leur style de combat coopératif, qu’ils perfectionnaient depuis leur naissance. Ce fut cinq fantassins qui les assaillirent et, si Ashä en bloqua deux de front, les deux pirates les prirent en tenailles et, à coup de sabres et de pistolets, les poussèrent les uns contre les autres pour qu’ils se gênent, se déséquilibres, et ils les achevèrent. Un coup de baïonnette avait cependant entaillé assez sévèrement la cuisse d’Ambel, et il se mit à boitiller.

— Ils sont trop nombreux, souffla Karmina avant de replonger dans le combat, on ne tiendra pas le pont pendant une heure !

Ashä, en sueur, voulut lui répondre, mais ne sut quoi dire. Et merde, assez rêvassé ! elle avait des vies à prendre ! Si elle tuait suffisamment, peut-être pourrait-elle soulager ses hommes !

Les tirs s’enchainaient d’un côté comme de l’autre. Les armes n’ayant généralement qu’un seul coup, on essayait de tirer, puis on chargeait à l’arme blanche. Heureusement pour les Corsaires, la bataille groupée avait lieu sur leur pont, et les Impériaux ne se risquaient pas à potentiellement abattre un des leurs. Par contre, les tireurs de l’Eclat ne se privaient pas d’arroser de plomb les fantassins ennemis qui sortaient à découverts pour partir à l’assaut. En retour, on visait les tireurs avec les fusils, mais il suffit à la jeune femme de lever la tête pour constater qu’aucun des gabiers n’était encore tombé. Hellshima, s’étant noué une corde à la ceinture, se balançait juste au-dessous du Ballon, maniant à deux mains sa carabine à long nez, tirant six coups –qui perçaient chacun la tête d’un Impérial– puis rechargeant d’une main experte.

Elle se concentra pour bloquer une nouvelle charge. Karmina avait raison : ils étaient trop nombreux ! Dom Corto, une hache de guerre à la main, tenta de couper les grappins retenant l’Eclat, mais il fut déborder par six soldats, qui le prirent à la baïonette. Ashä se précipita, rompant son duel avec un jeune Impéral, mais le chauve venu du nord tomba, l’abdomen transpercé trois fois. Elle stoppa les soldats alors qu’ils avançaient vers les escaliers descendant aux ponts inférieurs : elle en sabra un avant qu’il ait pu faire quoi que ce soit, et se positionna, prête à en découdre. Faulh la rousse vient l’aider : son révolver tira six coup, dont trois frappèrent un soldat, faisant reculer les autres. Ashä en profita pour les charger, et ses sabres en ouvrirent le ventre de deux d’entre-eux, le dernier cherchant à s’enfuir avant d’être abattu par un des gabiers.

L’Eclair de Jade aurait aimé monter sur la cabine, aider Taylor et la Dragon ; mais on eut besoin d’elle sur le pont de toute urgence. Ayant bondi depuis le navire adverse et atterri dans un terrible son de bois fendu, son poids colossal suffisant à inspirer la crainte, une armure se redressa lentement, lâchant des soufflés de vapeur, un symbole d’épée ailée sur le plastron.

— Un Chevalier de l’Ardre ! cria Clef. Attention !

L’Eclair de Jade resserra sa prise sur ses sabres, et courut rejoindre le centre du pont. Le Chevalier, grand et massif dans son armure d’acier, sortit sa masse : un gigantesque marteau à pistons hydrauliques, dont les dégâts devaient être ravageurs. Clef lui tira dessus avec son pistolet. La balle rebondit sur les blindages du colosse qui balaya un large cercle avec son arme : il faucha deux soldats Impériaux, mais toucha également le Corsaire basané à l’œil de verre dont les côtes explosèrent sous la force augmentée par la vapeur du Chevalier. Ses boyaux se déversèrent sur les planches et l’Eclair de Jade, hurlant de rage, se jeta sur l’homme en armure.
Deux passes, et ils se séparèrent à nouveau. La Dragon, l’épaule droite sévèrement entaillée par une griffe, fit passer son sabre dans sa main de chair. Elle devait faire très attention : sa régénération était beaucoup moins rapide que celle de l’envoyé du Sénat ! D’ailleurs, il ne lui laissait aucun repos, aucun temps-mort : la cabine était un lieu exigu pour un combat, et pourtant il se glissait partout, sautant, tournoyant, se jetant à terre pour mieux se relever en frappant depuis un angle improbable… Tout le temps, il essayait de frapper Taylor, voyant bien qu’Angora essayait de le protéger, ce qui ne rendait le combat que plus inégale pour elle.

Et il la provoquait :

— Comme c’est pathétique, ma petite Angora ! Toi, qui es censée être une guerrière d’élite, te voilà poussée à bout par une vielle fouine telle que moi ! L’ordre des Dragons est plein de surprise, pas vrai ? Allez, pourquoi tu n’utilises pas tous tes atouts ? Si tu continues comme ça tu vas vraiment te faire tuer !

Elle ne devait pas céder. Elle ne savait rien des pouvoirs de Sagaryn, il avait un avantage énorme. Elle devait attendre le bon moment, elle devait le surprendre, et ne pas lui donner l’occasion de la surprendre elle.

Taylor, ayant dégainé son sabre court, se releva, et voulu aller reprendre le pilotage de l’Eclat. Sagaryne bougea les épaules, et Angora tira le Capitaine en arrière juste avant que les griffes du Dragon ne tranchent l’air, interdisant l’accès à la barre à roue.

— Pas si vite, siffla l’envoyé du Sénat. Vous ne quitterez pas ce Surplomb vivant, alors inutile de se débattre : laissez-nous simplement vous éradiquer !

La femme au bras mécanique serra les dents, et envoya son sabre de Dragon dans un grand coup de taille. L’autre se coula sous la lame, et son acier imprima ses marques sur le plastron de sa consœur.

— Sans tes misérables protections, tu serais morte trois fois déjà ! lui rit-il au visage. Regarde-moi : nous sommes supérieurs au premier humain venu, alors pourquoi nous battre comme eux ? Je me suis forgé des griffes, et mon corps est unique ! Maintenant regarde-toi : tu te caches derrière des pièces d’armures, et tu utilises ton sabre pour défendre…

Son sourire distordu se déforma alors un peu plus, et elle put jurer ne jamais l’avoir vu si fier de lui.

— Si tu es si peu combative, pas étonnant que tu aies laissé Vicmarr te battre.

Elle attaqua immédiatement. L’instant clé était venu, et elle ne pouvait plus supporter ce qui sortait de cette bouche. Elle voulait le fracasser, le déchirer, le tuer. Son épaule régénérée, elle agrippa son sabre à deux mains, et sauta sur le Dragon Inquisiteur.

Ce dernier ne fut guère surpris. La femme aux cheveux rouges crut un instant l’avoir touché, mais il s’effaça au dernier moment, et la lame s’enfonça de trois paumes dans les planches de la cabine.

Sagaryn n’attendait que ça : il tenta de lui porter un coup, que la Dragon para avec son bras d’acier. Elle lâcha la poignée de son sabre –impossible de l’extraire rapidement, il était planté trop profondément– et recula précipitamment.

L’envoyé du Sénat attaqua, toutes griffes dehors. C’était le moment qu’il attendait ! La chienne était muselée ! Sans son sabre, sa consœur ne pouvait plus le blesser, et il l’achèverait vite !

Angora passa une main dans son dos. Taylor y glissa son sabre court.

Sagaryn fut sur elle. Elle brandit la lame du Capitaine et, d’un geste fluide, s’ouvrit le bras gauche, du biceps à la base de la paume. Un torrent de sang en jaillit alors que la Dragon parait les griffes de sa main mécanique maniant le petit sabre.

Elle lut alors dans les yeux de Sagaryn qu’elle avait gagné. Tout s’était joué en un quart de seconde.

Réunissant son pouvoir, elle cristallisa son sang sous la forme d’une longue lame ciselée, saisit par sa main de chair. De l’autre, elle ouvrit la garde de l’être distordu, et abattit son sabre sanguin, de bas en haut, avec toute sa force.

Cette fois-ci, ce fut les fluides de l’homme qui giclèrent. Angora trancha à la base de son épaule, et la lame qu’elle avait solidifiée, coupante comme le verre, traversa les muscles et les os.

Le bras droit du Dragon distordu tomba sur les planches, et il tituba en arrière, stupéfait.

Il palpa son épaule, découpée net dont dégoulinaient des flots de sang noirâtre, l’air plus surpris que peiné. Angora n’en revenait pas. Ne ressentait-il donc pas la douleur ?

— Stupéfiant… stupéfiant, répétait-il à voix basse, comme s’il se parlait à lui-même…

Il contracta ses muscles avec une grimace, et son hémorragie cessa alors que ses pouvoir régénérant entraient en action. Il se força à sourire, par automatisme, et du regard examina sa consœur.

— Tu es stupéfiante, Angora, annonça-t-il d’une voix tranquille. D’ordinaire, les Symbiotes mobilisent leur pouvoir plusieurs secondes avant de l’utiliser ; leur organisme n’est pas entièrement optimisé, tu comprends ? Toi, l’activation de tes pouvoirs est presque instantanée, c’est stupéfiant…

Angora adopta une garde plus agressive. Allait-il tenter quelque chose ? Rendait-il les armes ?

— Comment fais-tu pour savoir ça ? l’interrogea-t-elle, méfiante. C’est quoi ton pouvoir ?

Il rit, d’un rire nerveux. Son crâne galbe, cabossé et couru de cicatrices oscilla de droit à gauche avant que ses lèvres ne se mettent en mouvement, ponctuées de rictus digne d’une bête :

— Moi, je sens les choses. Bien qu’il soit assimilé à ton organisme, je peux sentir l’artefact qui est en toi. Je trace les gemmes, je les renifle, je sais qui a été en contact avec, je sais qui les porte.

Angora serra la mâchoire à s’en faire mal.

— Alors tu es bien là pour me traquer, en déduit-elle. Qu’est-ce qui a motivé le Sénat à venir me chercher maintenant ? Est-ce que cela valait le coup de ravager le Surplomb de l’Amiral Ford ?

Sagaryn haussa une arcade –à défaut d’un sourcil– et se gaussa d’elle :

— Je te pensais pas si nombriliste, Angora ! Laisse-moi t’apprendre quelque chose…

Il arrondit le dos, et elle le sentit bondir à l’instant où il tentait de lui trancher la gorge. Son épée sanguine dévia le coup, porté du seul bras qu’il lui restait. Lors de la manœuvre, leur regard se croisèrent, et il lui murmura à l’oreille :

— Il y a une autre gemme sur ce navire, une gemme qu’on nous a cachée...




Yulia toussa, et reprit difficilement ses esprits. Devant ses yeux dansaient les étoiles, et elle mit un instant à se souvenir où elle était.

Ce fut la douleur qui la réveilla complètement : dans sa cuisse, un gros éclat de bois s’était planté. Elle grinça des dents, l’attrapa d’une pleine main, et l’arracha. Heureusement, il n’était pas rentré très loin dans sa chair, et elle ne saigna qu’un peu…

Alors que tout se mélangeait dans sa tête, elle entendit distinctement, au-dessus d’eux, le bruit des armes et des bottes en nombre. Ils étaient abordés ! La jeune fille, paniquée, chercha Mphu du regard, lequel peinait à se relever après avoir pris une poutre –arrachée par les tirs adverses– sur le crâne. Les deux autres mousses reprenaient leurs esprit, mais Kurd Bawn était introuvable.

A présent que la coque de l’Eclat était percée d’impacts, le vent du dehors –glaçant et furieux– s’engouffrait, et elle pouvait également avoir un aperçu des scènes du dehors : ces nuages qui défilaient à grande vitesse, ce navire immense presque collé à eux, ainsi que ces dizaines de soldats qui sautaient d’un pont à l’autre, au moyen de grappins, d’échelles ou de pontons lancés entre les deux vaisseaux.

Qu’est-ce qu’ils étaient nombreux ! L’équipage des Corsaires ne pourrait jamais tenir face à autant de soldats ! Son ventre se serra. Tomberaient-ils finalement entre les griffes de l’Inquisition ?

Ce fut alors que, du fond de cale, monta l’écho d’une lourde marche. Bondissant sur le pont de batterie, un colosse de métal, une gigantesque épée de fer dans les deux mains, montait à l’affrontement. Yulia, ébahie, en lâcha le boulet qu’elle venait de ramasser par terre.

— Lâchez les canons, vous autres ! leur cria Leoda à travers son casque. Ils ont engagé l’abordage, on a besoin de nous sur le pont !

Les mousses sortirent alors leurs sabres, brulant d’en découdre. Jonattan, le crâne entaillé sur la longueur d’une paume, ne se préoccupa pas du sang empoissant ses cheveux ras, et se releva, ses boucles et anneaux brillant le long de ses oreilles et de sa nuque, un sourire haineux sur le visage. Jasmine, les yeux sombres, sortit son pistolet et le chargea d’une balle, l’air tout aussi féroce. Suivant la Paladin, ils montèrent sur le pont de l’Eclat.

Alors que les vents et les éclats de la bataille emplissaient le monde autour de Yulia, Mphu la prit par la main, et ils descendirent s’abriter dans la cale.




L’Eclair de Jade, ce surnom qu’on lui avait donné au court de ses batailles, elle le devait à sa vitesse et sa dextérité. C’était un titre dont elle était fière, le seul qu’elle ait gagné par elle-même. Ses deux sabres aussi, elle les avait conquis, arrachés aux cadavres qu’elle avait laissés dans son sillage. Il y avait celui à la garde d’ivoire et à la lame aux reflets bleutés, et celui au pommeau d’ambre, à l’éclat d’argent. Tous deux entrèrent dans leur danse, elle-même au centre, insaisissable et féroce.

Le Chevalier agitait sa masse dans tous les sens, et elle devait sauter, glisser, se couler à droite, à gauche, alors tout volait autour. Les soldats, ayant assistés au sort de leurs camarades s’étant trop avancés, se tenaient à l’écart. Ils formaient un cercle à la fois admiratifs et menaçant autour de la Première Epée, fine et légère, et du Chevalier, gigantasque et redoutable. Personne n’osait approcher, il était tout à elle. Allez, viens coco, que je te transperce !

Il balança les bras, d’un grand mouvement accompagnant son marteau. Elle en profita pour se redresser, bondir, ses pieds prenant appuis sur sa genouillère puis son épaulière, et elle fut derrière lui. Un coup de sabre. Deux coups de sabre. Il cria, et un de ses bras se mit à pendre, comme mort. Elle avait glissé ses lames dans les interstices de ses blindages, lui tranchant les muscles de l’épaule droite. Bonne chance pour manier son énorme marteau d’une main, maintenant !

Il se crispa, et sa machinerie expulsa beaucoup de vapeur, forçant pour mettre en mouvement le poids énorme de l’armure et de l’arme. C’en était presque comique.

Soudain, précédé du fracas des armes, apparut un second Chevalier, dans une armure tout aussi massive. Ashä recula, et se retrouva coincé entre eux-deux. Elle fit tourner ses sabres dans ses paumes, et se prépara à combattre, inquiète.

C’est alors qu’une autre armure à vapeur fit son entrée, sortant de la cale. Leoda !

— Je vous avais dit que vous feriez moins les malins quand j’aurais mon armure ! hurla-t-elle en guise de cris de guerre.

Une énorme épée à la main, elle fonça sur le Chevalier qui chargeait Ashä. Cette dernière n’attendit pas d’en savoir plus pour se retourner, et entreprit d’en finir avec monsieur marteau. Il se débattit, mais elle lui tourna autour, lui sectionnant les tendons, un à un, jusqu’à ce qu’il s’écroule sur les genoux. Les Corsaires se ruèrent sur lui, lui arrachant son arme, son casque, avant de l’égorger sauvagement.

La bataille tournait court à présent : la Paladin Leoda Klane, ayant repoussé le Chevalier jusqu’au bord du bastingage, agitait son arme, repoussant les soldats qui commencèrent à focaliser leurs tirs sur elle –sans grand effet, ses blindages la protégeant des balles. Ashä souffla quelques secondes, et compta les morts. Trop nombreux, les corps sans vies des soldats Impériaux, recouvraient en partie les cadavres de Dominique Corto, mort les yeux ouverts et la hache à la main, celui de Clef Perry, disloqué, et elle devait sans doute compter Dorian, tombé en Contrebas. D’autres, plus nombreux, se traînaient, blessés plus ou moins gravement, au sol : l’asticot Crapaud était tombé des cordages, sa jambe tordue dans un drôle de sens, il se tenait l’épaule gauche ; il y avait aussi gros Tom, touché par quelques tirs –ce qui n’avait rien d’étonnant vu son gabarit– mais qui continuait à essayer de protéger les blessés ; Judith Karano, la midinette, semblait avoir perdu quelques doigts à sa main gauche et restait immobile dans son coin –Ashä pensait qu’elle était simplement évanouie et non morte– ; et il devait y en avoir d’autres descendus entre-temps à l’infirmerie. Ils n’étaient plus que quelques-uns sur le pont, mais ils avaient repoussé la première vague.

Seulement, voilà que l’autre navire de ligne les contournait et semblait vouloir les prendre en tenaille. Ils devaient faire vite…

L’Eclair de Jade se concentra sur la cabine, et le duel des Dragons là-haut.




Angora avait taillé si finement le tranchant de sa lame sanguine, qu’elle défit l’acier des griffes de Sagaryn. Alors qu’il dérapait dans son propre sang, elle brisa son gantelet, et lui prit trois doigts au passage. Il ne hurla pas, grimaça à peine, et se mit à rire.

Elle lui porta un coup de pied dans la bouche, lui faisant ravaler ses dents avec une satisfaction non feinte.

— Taylor, le pressa-t-elle, amorce le plongeon, c’est le moment !

Il se précipita, et défit les nœuds qui bloquaient la barre. Sagaryn continua à rire :

— Ahahah ! Vous pensez vraiment pouvoir vous échapper ? Mais on ne vous lâchera jamais ! On vous poursuivra toujours ! Vous ne pourrez pas échapper à l’Impératrice !

Elle n’écouta aucune de ses divagations, et repartit à l’attaque. Elle devait vite en finir : ses forces diminuaient, elle avait mis trop de sang dans cette épée !

Sagaryn l’accueillit avec le regard d’une bête livrant son dernier combat.

— Oui, viens à moi, murmura-t-il…

Elle tenta de lui porter un coup en diagonal, souhaitant le trancher en deux une bonne fois pour toute, mais il fit brusquement deux pas en avant, et ouvrit la gueule.

— Je vais t’emmener avec moi, Angora ! rugit-il.

Il la percuta, et elle perdit l’équilibre. Il la mordit au trapèze, et l’entraina avec lui dans sa chute. Ce fut lentement qu’Angora se sentit passer par-dessus la balustrade…

Taylor lui agrippa l’avant-bras, et la retint alors qu’elle tombait par-dessus bord.

— Tiens bon ! lui dit-il, le souffle coupé par l’effort.

Elle cria. Sagaryn, les crocs fermement enfoncés dans sa nuque, pendait dans le vide. Elle put sentir son sang s’écouler dans la gueule du Dragon de l’Inquisition. Réunissant une dernière fois son pouvoir, elle en prit le contrôle. Le fluide se solidifia dans la trachée de son adversaire, et elle l’affûta, le tailla en pointes, pour finalement le faire éclater en millions de petits copeaux ravageurs.

La mâchoire de Sagaryn explosa, sa gorge s’ouvrit, et il lâcha prise, traversé d’un long spasme.

Elle le regarda tomber, comme au ralenti, en Contrebas. Il traversa les nuages et disparut.

Taylor la remonta à bord, et elle tomba à genou, exténuée. L’épée sanguine, tombée un peu plus loin, retourna à son état liquide alors qu’elle relâchait sa volonté.

— Il est… mort ? demanda-t-il, déboussolé.

— ‘sais… pas… Plus… important… Fais… le… plongeon, articula-t-elle difficilement, à bout de force.

Le Capitaine de l’Eclat hocha la tête, récupéra son sabre court, et se redressa. Il lui conseilla de se tenir à la balustrade –ce à quoi elle répondit en levant le pouce– puis s’installa à la barre à roue. Sur le pont, les combats faisaient encore rage, mais il n’y avait plus de temps à perdre. Il vérifia d’un regard la position des autres navires, et cria à son équipage :

— Accrochez-vous !



Yulia, réfugiée dans la cale, contemplait d’un regard vide l’agitation de l’infirmerie. On criait dans tous les sens, on réclamait des soins, et Simon ne semblait plus disposer d’assez de calmant pour tout le monde.

C’est alors qu’elle sentit le navire plonger. Tout autour d’elle se mit à flotter de façon anarchique : les bancs, les paillasses, les cordages… Prise par la fièvre, elle se demanda un instant si elle ne commençait pas à rêver. Mais non, ça y était enfin ! L’Eclat plongeait !



Gros Tom s’encordait précipitamment avec les blessés –y compris Karano qui était inconsciente. Ashä, elle, s’agrippa au bastingage, et regarda, fascinée, les grappins, les poutres et les échelles ennemis basculer dans le vide ou être sectionnés par la force de leur mouvement. Pendant un court instant, ils entrainèrent même le navire de ligne dans leur chute, dont le pont s’inclina dangereusement, ce qui fit tomber de nombreux soldats.

Sur l’Eclat, Leoda, à la faveur de la chute de gravité, donna un ultime coup d’épée qui fit basculer le Chevalier dans le vide, avant de courir empoigner une balustrade. Autour d’eux, les soldats Impériaux tentèrent de s’accrocher à ce qu’ils purent, mais les tireurs d’Hellshima prirent leur temps pour les éliminer, alors que les blessés et les fuyants perdaient pieds, tombant avec le navire des Corsaires.

On traversa les nuages. Ashä n’avait jamais rien vu d’aussi beau et dangereux. Ils flottaient tous, dans un instant irréel, arrachés à la gravité, fonçant droit vers ce qui pourrait être une mort certaine. Elle ferma les yeux. Elle avait confiance en Taylor.



Angora assista à leur chute, et resta accrochée. Lutter contre une force d’une telle violence fit crier de douleur chacun de ses muscles. Le Capitaine Sans-nom, à la barre, menait son navire vers le Contrebas, son manteau claquant au vent.

Et ils sortirent des nuages.

Le Contrebas était dégagé. Il n’y avait pas de Brume.

— Redresse ! cria-t-elle à Taylor.

— J’essaye ! répliqua-t-il, tirant sur toutes ses cordelettes, et braquant à fond la barre à roue.

Le Contrebas, désertique et absolu, venait à eux à une vitesse hallucinante. L’Eclat se mit à trembler, déchiré par deux forces contraires. Le pont vibrait, des planches sautaient, les cordages craquaient, et le Ballon à Voile était parcouru d’un bruit terrible, sur le point de se déchirer.

Les trois secondes que durèrent cet état de tension extrêmes parurent être des minutes pour les Corsaires. Angora fixait le nez de l’appareil, qui ne semblait pas vouloir se redresser, jusqu’à la dernière minute.

Là, par un appel d’air libérateur, le Ballon les arracha aux sols désolés du Contrebas. Le nez se redressa, la gravité revint, et tous retombèrent contre le pont.

Ils frôlèrent le crash, mais en rechapèrent.





Le Colonel d’Inquisition Hubert Viral Automne replia sa longue vue. Ainsi se terminait l’histoire des Corsaires de Taylor : écrasés en Contrebas.

Il refit les plis de son costume, et demanda à ses aides de camp de lui apporter un remontant.

— Colonel, lui demanda le Timonier, devons-nous envoyer nos navires en bas ?

— Les Brumes sont interdites aux mortels, Sergent, le sermonna-t-il. Les pirates ont été abattus, nous attendrons le matin et un temps clair pour aller récupérer leurs restes.

Le Timonier salua et disposa. Viral soupira, puis apostropha un autre gradé :

— Toi, là ! Amenez-moi l’Inquisiteur S. dès qu’il est disponible !

— C’est que, Colonel… On nous a signalé que l’agent S. menait l’assaut sur le navire Corsaire, on ne sait pas encore s’il a réchappé de sa destruction…

— Arrêtez de douter, s’impatienta l’Inquisiteur, et obéissez.

Sagaryn était un Dragon Impérial, et les rumeurs disaient de lui qu’il ne pouvait pas mourir. Dès qu’il serait revenu, ils pourraient reprendre leur traque de l’artefact, et ils commenceraient par fouiller l’épave de l’Eclat.

Une pensée triste lui vient : il aurait bien aimé s’amuser avec Yulia Mangora, mais c’était à présent une option éteinte… Il se lécha les babines en pensant à l’expression qu’aurait ce traître de Ford quand il apprendrait qu’ils avaient tués sa fille.

Un plaisir en compense un autre, comme on dit.

Viral claqua la porte de la salle des opérations, et se rendit à ses quartiers pour profiter des dernières heures de la nuit.





Yulia monta retrouver Angora.

Les deux filles se serrèrent dans les bras, toutes deux marquées par leurs épreuves. Ce ne fut qu’en cet instant que la Dragon remarqua la perle de plomb enfilée au collier de la petite. Mais l’heure n’était pas aux questions. L’Eclat était ravagé, abimé de toute part, et les Corsaires s’affairaient déjà à réparer les avaries tandis que Taylor pilotait d’une main tranquille.

La protectrice et la fille de l’Amiral se tinrent sur le bastingage arrière, alors que le navire voguait vers l’Ouest. Devant leurs yeux s’élevaient la base du Surplomb de Cathuba : un immense pilier de roche, montant sur des centaines de mètres. Senex aurait dit qu’il s’agissait là des restes d’une cheminée volcanique des anciens temps, lorsque l’eau s’était retirée du monde et que les vents avaient sculpté les Surplombs. Angora, elle, y voyait une œuvre d’art, quelque chose d’insaisissable dans son essence, et pourtant incroyablement beau.

La petite versa une larme. Elle quittait son monde, le monde de son enfance.

Avec Cathuba, elle laissait derrière elle son univers, et plongeait vers l’inconnu.

Elles se retournèrent, et considérèrent l’équipage. Taylor leur offrit un sourire compatissant, le premier qui sembla entièrement sincère à Yulia. Elle essuya ses joues, et les deux filles descendirent se reposer dans la calle.

Le voyage serait loin.

L’Amiral les attendait au Nouveau Monde.





fin de la partie 1 : Cathuba
Dernière modification par Judas_Cris le ven. 18 nov., 2016 1:52 pm, modifié 1 fois.
DisneyClochette

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Re: Le Temps des Surplombs (Chapitre 9 : Entre les Mondes) [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par DisneyClochette »

Haha! J'y crois pas! Je suis la première!! 8-)
Que dire que je n'ai déjà dit... :?: C'est toujours aussi additif et on sort de ce chapitre totalement hors d'haleine.
Seuls moments "calmes", les passages avec Yulia. En fait, ils sont un peu trop calme à mon goût par rapport au reste. Je sais qu'elle n'est pas au cœur des combats, mais peut-être qu'en évoquant davantage les bruits, son sentiment d'oppression quant à son inutilité, et sa peur face au combat au dessus de sa tête, tu aurais pu les rendre plus intenses.
Ensuite, ça n'enlève rien au fait que ce chapitre est génial! Il tient le lecteur en haleine jusqu'à la dernière ligne... j'ai même eu un doute sur le fait que Taylor parvienne à redresser suffisamment à temps.

Vivement la suite!! Tiens moi au courant. ;)

Gros bisous
Judas_Cris

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Re: Le Temps des Surplombs (Chapitre 9 : Entre les Mondes) [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par Judas_Cris »

DisneyClochette a écrit :Haha! J'y crois pas! Je suis la première!! 8-)
Que dire que je n'ai déjà dit... :?: C'est toujours aussi additif et on sort de ce chapitre totalement hors d'haleine.
Seuls moments "calmes", les passages avec Yulia. En fait, ils sont un peu trop calme à mon goût par rapport au reste. Je sais qu'elle n'est pas au cœur des combats, mais peut-être qu'en évoquant davantage les bruits, son sentiment d'oppression quant à son inutilité, et sa peur face au combat au dessus de sa tête, tu aurais pu les rendre plus intenses.
Ensuite, ça n'enlève rien au fait que ce chapitre est génial! Il tient le lecteur en haleine jusqu'à la dernière ligne... j'ai même eu un doute sur le fait que Taylor parvienne à redresser suffisamment à temps.

Vivement la suite!! Tiens moi au courant. ;)

Gros bisous
Félicitation, et bravo ! :lol:
Merci beaucoup, c'est super alors ^^ Les pdv de Yulia sont volontairement plus "calmes" mais il s'y passe des choses quand même ! :lol: Mais je vois ce que tu veux dire quand même oui : avant la vrai baston il y a la volonté de créer un rythme plus "étouffé" par rapport à ce qui se passe en haut ; mais quand la baston commence c'est le chaos et l'impression d'être sonné.e qui est là... Hum, je ne sais pas si je suis très clair :roll: :lol:
C'est super si le suspense était là, j'y tenait vraiment ! :D Merci ! :3

Promis !
Comme on est à la fin de la première partie, je vais prendre un peu de temps avant de publier la suite : histoire de 1- me reposer (10 pages par semaines, c'est un sacré rythme mine de rien !) 2- préparer bien comme il faut le scénar de la seconde partie :3
Mais je vous tiendrais au courant, ne t'en fais pas ! :D
Encore merci !
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Re: Le Temps des Surplombs (Chapitre 9 : Entre les Mondes) [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par Judas_Cris »

Marjogch a écrit :Ouah quelle partie.. C'est une scène intense qui vient de se jouer sous nos yeux. Angora est vraiment exceptionnelle et une combattante hors pair. Je sens vraiment que nous avons encore beaucoup de choses à apprendre et j'espère qu'ils arriveront en entier auprès de Ford...
Aucun calme, aucun répit dans ce chapitre.
Vraiment top, j'ai adoré le lire.
Je me demande ce que nous réserve la suite. Le Dragon est-il mort?? Nan, les plus vicieux vivent longtemps :lol:
Merci !! :D La tension est à son comble, hein ? :3
J'espère que la deuxième partie te plaiera ! :D
DanielPagés

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Re: Le Temps des Surplombs (Chapitre 9 : Entre les Mondes) [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par DanielPagés »

Waoouuu ! le souffle court, la sueur qui perle au front... obligé de lire très vite pour arriver vite au dénouement, j'ai dû en perdre des détails... Ouf ! ils s'en sont tirés ! j'espère que le monstre s'est bien éclaté en arrivant en bas et que le sable a bu tout son sang... mais je crains qu'il ne soit plus dur que ça !! :lol:

Bon, la fin de la première partie... un vrai tome 1, 500 000 signes, ça fait déjà un bouquin de 400 pages... Bravo... ;)
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Re: Le Temps des Surplombs (Chapitre 9 : Entre les Mondes) [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par Judas_Cris »

DanielPagés a écrit :Waoouuu ! le souffle court, la sueur qui perle au front... obligé de lire très vite pour arriver vite au dénouement, j'ai dû en perdre des détails... Ouf ! ils s'en sont tirés ! j'espère que le monstre s'est bien éclaté en arrivant en bas et que le sable a bu tout son sang... mais je crains qu'il ne soit plus dur que ça !! :lol:

Bon, la fin de la première partie... un vrai tome 1, 500 000 signes, ça fait déjà un bouquin de 400 pages... Bravo... ;)
Ahah j'adore que tu me racontes les choses comme ça ! :lol:

Wow, j'ai écrit autant que ça ? :shock: Il y a 5 parties de prévues... combien de pages ça va faire au final ? :lol:
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Re: Le Temps des Surplombs (Chapitre 9 : Entre les Mondes) [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par Sahiane »

Bon alors je profites que ce soit encore la mi-temps pour taper mon commentaire.

Chapitre impressionnant en action. Le décollage de l'éclat est impressionnant. La tension crée par le déplacement des deux navires de ligne puis après le côté ajout au dramatique du mouvement du cuirassé. C'est vraiment bien amené.
Le premier tir d'Angora est vraiment bon, ça fait plaisir de voir que son titre n'est pas que pour la déco.

Juste un petit bémol quand tu introduit la vue de Viral qui dirige les manœuvres du cuirassé j'avoue que j'ai du relire trois fois le passage pour savoir qui pense et je ne sais toujours pas si c'est Angora ou Yulia. Je penche pour Yulia mais je crois que ça mériterait une précision.

Le débarquement de l'autre monstre pile au moment ou ils allaient s'échappé est très bon. Tu évites la sortie facile de la situation. Et le combat avec Angora et leur discussion a apporté beaucoup d'informations.

Je suppose que les fameuses gemmes contiennent les symbiotes qui donnent aux dragons leurs spécialités. Au vu de la conversation, soit chaque gemme en apportent une différente et leurs pouvoirs sont tenus secrets, soit la création de la symbiose génère aléatoirement des capacités. On doit surement les récupérer dans les corps de chaque vieux dragons ou morts pour les réattribuer.
Vu le rambal qu'a déclenché le chapardage de celle que Yulia a au cou il ne doit pas y en avoir énormément et il est probable qu'elles aient différent niveau de puissance.

Le pouvoir d'Angora m'a rappelé Deadmanwonderland, je suis contente qu'elle ait eut Sagarine. J'espère vraiment qu'il est mort, je trouverai totalement abusé qu'il revienne comme une fleur après une semi décapitation et une chute de plusieurs dizaine voire centaine de mètres de haut.

Aisha est également très impressionnante, son combat contre le chevalier était superbe de précision.

Beaucoup de victimes dans les rangs pirates je me demande si ils vont trouver de nouvelles recrues. Il me tarde d'assister aux prochaines débats et explications.
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Re: Le Temps des Surplombs (Chapitre 9 : Entre les Mondes) [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par Dracnor »

T'aurais pas un peu abusé des jeux vidéos? Tes chevaliers ressemblent vraiment à des mini-boss. Ce qui m'y a vraiment fait penser, c'est la démesure de leurs armures, et leurs armes: un marteau à piston? Je... Ca sert à quoi? Ca marche comment? Les pistons font quoi? Il y a une alimentation en énergie? De quel type? Je pense que tu as compris, ces chevaliers m'ont fait sortir de ma lecture, il y avait du "trop" dans leur apparition.
Même sensation avec la file d'attente à l'infirmerie: nom de diou, pourquoi cet infirmier n'a pas d'assistant? Il y a un apprenti érudit mais pas un apprenti soigneur?

J'ai croisé quelques petites fautes, mais j'ai la flemme de relire :x

Quant au reste... Tu m'embêtes, car tu es devenu bon, et que par conséquent sauf rares exceptions je n'arrive plus à pointer du doigt ce qui va et qui ne va pas, ce que j'essayais de faire autrefois.

Le combat entre les deux Dragons étaient vraiment bien, avec son rythme qui alternait entre la furie et deux prédateurs attendant une opportunité. C'est ce que j'ai préféré depuis le début de ton récit je pense, même devant le sadisme de Viral (si si). Et le pouvoir d'Angora est génial. Si je voulais être tatillon, je dirais que certaines répliques des combattants étaient trop longues, mais c'est un artifice commun et pas trop gênant.

Le combat en général donne une impression de chaos et de panique qui n'était pas pour me déplaire, et encore une fois les affrontements étaient très bien gérés.

Simple curiosité: de combien de (kilo)mètres S. est-il tombé? Et la gravité sur ce monde est-elle similaire à la notre (oui, je vais calculer la force qui l’aplatira comme une crêpe :D )

Enfin: j'avais raison, ce Papa c'est un vilain Papa.

PS: je peux faire le même calcul pour Dorian, mais en enlevant tous les frottements si tu veux :3
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Re: Le Temps des Surplombs (Chapitre 9 : Entre les Mondes) [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par Judas_Cris »

Sahiane a écrit :Bon alors je profites que ce soit encore la mi-temps pour taper mon commentaire.

Chapitre impressionnant en action. Le décollage de l'éclat est impressionnant. La tension crée par le déplacement des deux navires de ligne puis après le côté ajout au dramatique du mouvement du cuirassé. C'est vraiment bien amené.
Le premier tir d'Angora est vraiment bon, ça fait plaisir de voir que son titre n'est pas que pour la déco.

Juste un petit bémol quand tu introduit la vue de Viral qui dirige les manœuvres du cuirassé j'avoue que j'ai du relire trois fois le passage pour savoir qui pense et je ne sais toujours pas si c'est Angora ou Yulia. Je penche pour Yulia mais je crois que ça mériterait une précision.

Le débarquement de l'autre monstre pile au moment ou ils allaient s'échappé est très bon. Tu évites la sortie facile de la situation. Et le combat avec Angora et leur discussion a apporté beaucoup d'informations.

Je suppose que les fameuses gemmes contiennent les symbiotes qui donnent aux dragons leurs spécialités. Au vu de la conversation, soit chaque gemme en apportent une différente et leurs pouvoirs sont tenus secrets, soit la création de la symbiose génère aléatoirement des capacités. On doit surement les récupérer dans les corps de chaque vieux dragons ou morts pour les réattribuer.
Vu le rambal qu'a déclenché le chapardage de celle que Yulia a au cou il ne doit pas y en avoir énormément et il est probable qu'elles aient différent niveau de puissance.

Le pouvoir d'Angora m'a rappelé Deadmanwonderland, je suis contente qu'elle ait eut Sagarine. J'espère vraiment qu'il est mort, je trouverai totalement abusé qu'il revienne comme une fleur après une semi décapitation et une chute de plusieurs dizaine voire centaine de mètres de haut.

Aisha est également très impressionnante, son combat contre le chevalier était superbe de précision.

Beaucoup de victimes dans les rangs pirates je me demande si ils vont trouver de nouvelles recrues. Il me tarde d'assister aux prochaines débats et explications.
Merci ! :D
Pour la vue de Viral et du Cuirassé, je confirme, c'est bien Yulia ! Pour ce qui est de clarifier le point de vue, tous les possessifs du passage se rapportent à Yulia, mais je vais peut-être introduire d'autres pensées du personnages dès le début du point de vue si ça peut clarifier la lecture :) Aussi, quand je saute 3 lignes, je signale que je change de point de vue (les "..." signalent un changement de scène temporelle, que ce soit le même point de vue ou non)
Au niveau vocabulaire, un symbiote est le résultat d'une symbiose... donc ce ne sont pas les gemmes qui "contiennent les symbiotes" mais tu es sur beaucoup de bonnes pistes :mrgreen: (en même temps j'ai choisit des termes bien spécifiques qui mettent sur la voix des bonnes idées) Je n'en dirais cependant pas plus ! :mrgreen: :twisted:
Je n'ai pas lu Deadmanwonderland (enfin, j'ai du lire les deux premiers chapitres en scan, mais je crois que je n'avait pas accroché au style graphique et à la narration) mais c'est un pouvoir d'inspiré de quelques trucs... je ferais peut-être un bonus un jour en listant les influences pour chaque personnages, ça pourrait être amusant !
Bon, là, Sagaryn a prit super cher, on va pas se mentir :mrgreen: Et même s'il a un pouvoir de régénération assez vénère... là il va avoir du mal :roll:
Merci !
Moi aussi :mrgreen: Merci beaucoup pour ce commentaire, c'était géant !
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Re: Le Temps des Surplombs (Chapitre 9 : Entre les Mondes) [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par Judas_Cris »

Dracnor a écrit :T'aurais pas un peu abusé des jeux vidéos? Tes chevaliers ressemblent vraiment à des mini-boss. Ce qui m'y a vraiment fait penser, c'est la démesure de leurs armures, et leurs armes: un marteau à piston? Je... Ca sert à quoi? Ca marche comment? Les pistons font quoi? Il y a une alimentation en énergie? De quel type? Je pense que tu as compris, ces chevaliers m'ont fait sortir de ma lecture, il y avait du "trop" dans leur apparition.
Même sensation avec la file d'attente à l'infirmerie: nom de diou, pourquoi cet infirmier n'a pas d'assistant? Il y a un apprenti érudit mais pas un apprenti soigneur?

J'ai croisé quelques petites fautes, mais j'ai la flemme de relire :x

Quant au reste... Tu m'embêtes, car tu es devenu bon, et que par conséquent sauf rares exceptions je n'arrive plus à pointer du doigt ce qui va et qui ne va pas, ce que j'essayais de faire autrefois.

Le combat entre les deux Dragons étaient vraiment bien, avec son rythme qui alternait entre la furie et deux prédateurs attendant une opportunité. C'est ce que j'ai préféré depuis le début de ton récit je pense, même devant le sadisme de Viral (si si). Et le pouvoir d'Angora est génial. Si je voulais être tatillon, je dirais que certaines répliques des combattants étaient trop longues, mais c'est un artifice commun et pas trop gênant.

Le combat en général donne une impression de chaos et de panique qui n'était pas pour me déplaire, et encore une fois les affrontements étaient très bien gérés.

Simple curiosité: de combien de (kilo)mètres S. est-il tombé? Et la gravité sur ce monde est-elle similaire à la notre (oui, je vais calculer la force qui l’aplatira comme une crêpe :D )

Enfin: j'avais raison, ce Papa c'est un vilain Papa.

PS: je peux faire le même calcul pour Dorian, mais en enlevant tous les frottements si tu veux :3
(pour m'aider à fixer mon univers, j'ai commencé par concevoir le Temps des Surplombs sous la forme d'un jeu de rôle... et oui, les chevaliers l'Ardre servaient de sous-boss :roll: et oui les Dragons servaient de boos :roll: Mais euuuuuh c'est un peu plus subtile à l'écrit, non ? :cry: :lol: ) Chut, un point sera fait sur la technologie de l'Ardre avec Leoda et Käsh, ne t'en fait pas :mrgreen: (je te demanderais sans doute des conseils techniques à ce moment-là... mais on en reparlera ;) )
Héhé, ils sont déjà bien content d'avoir un chirurgien ! :lol: Mais oui, Simom gueule souvent pour qu'on lui trouve un petit apprenti... il en avait un il y a quelques années, mais il s'en enfuit :roll:
Ouep, pour les fautes je sais qu'il doit en rester quelques-unes : Enora a bossé sous pression et super rapidement à ma demande, on repassera un coup de balais quand j'aurais récupéré un ordi qui marche.
Merci merci, je me touche devant tes compliments, tu le sais <3 Et ouais, je vois que tu penses à ce moment où Sagaryn attaque et a le temps de glisser une réplique à l'oreille d'Angora, une réplique avec une virgule dramatique en plus ? :o Ouais, c'est un peu too-much, mais tellement jouissif, avoues-le ! :lol:
A la base j'avais rédigé intégralement, du début à la fin du combat, chaque PDV (un de Yulia, un d'Angora, et un d'Asha) et je me suis retrouvé avec un chapitre de 30 page sans aucun rythme... alors j'ai coupé :mrgreen: J'ai coupé très gros, de sorte à ne garder que le meilleur, que ce qui devait être vu à travers de point de vue en particulier, et je n'ai presque pas raconté deux fois la même scène sous un PDV différent : avec cet éclatement, survient le chaos :twisted: :lol: Ça a vraiment donné un rythme au chapitre, heureusement ^^
Au niveau des kilomètres... je dirais un ou deux, trois peut-être, c'est pas encore fixé dans ma tête. Mais bon, soyons honnête : S. va prend très cher à atterrissage ! :lol:
Laisse papa tranquille ! :cry:
Owi je veux :3 tu peux calculer la taille de la zone dans laquelle on retrouvera ses organes ? :3
(ps : oui, j'étais allé me coucher, mais c'est bon : je suis malade avec un mal de crâne à tuer des ours... du coup j'arrive pas à dormir et je viens répondre ici... Que devient ma vie ?! :( )
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Re: Le Temps des Surplombs (Chapitre 9 : Entre les Mondes) [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par Sahiane »

dark-vince a écrit : Merci ! :D
Pour la vue de Viral et du Cuirassé, je confirme, c'est bien Yulia ! Pour ce qui est de clarifier le point de vue, tous les possessifs du passage se rapportent à Yulia, mais je vais peut-être introduire d'autres pensées du personnages dès le début du point de vue si ça peut clarifier la lecture :) Aussi, quand je saute 3 lignes, je signale que je change de point de vue (les "..." signalent un changement de scène temporelle, que ce soit le même point de vue ou non)
Au niveau vocabulaire, un symbiote est le résultat d'une symbiose... donc ce ne sont pas les gemmes qui "contiennent les symbiotes" mais tu es sur beaucoup de bonnes pistes :mrgreen: (en même temps j'ai choisit des termes bien spécifiques qui mettent sur la voix des bonnes idées) Je n'en dirais cependant pas plus ! :mrgreen: :twisted:
Je n'ai pas lu Deadmanwonderland (enfin, j'ai du lire les deux premiers chapitres en scan, mais je crois que je n'avait pas accroché au style graphique et à la narration) mais c'est un pouvoir d'inspiré de quelques trucs... je ferais peut-être un bonus un jour en listant les influences pour chaque personnages, ça pourrait être amusant !
Bon, là, Sagaryn a prit super cher, on va pas se mentir :mrgreen: Et même s'il a un pouvoir de régénération assez vénère... là il va avoir du mal :roll:
Merci !
Moi aussi :mrgreen: Merci beaucoup pour ce commentaire, c'était géant !
En fait chaque organisme participant à la symbiose est un symbiote, d'où le fait que pour moi les gemmes devaient être liées aux symbiotes apportant les "pouvoirs" puisque l'autre symbiote à savoir l'humain on le voit depuis le début et on sait que les autres humains non pas ses capacités.
Elles peuvent renfermer des bactéries ou tout autre organismes participant à ça.

Pour deadmanwonderland je n'ai pas vraiment lu le manga non plus car je n'ai pas accroché également, c'est la première référence qui me soit venu, mais ce n'est clairement pas la seule je te l'accorde volontiers.

De rien pour mon commentaire, j'aurais aimé avoir plus de temps pour développer un peu mes précédent, mais quand ça tombe entre les cours au travail ....
Bref je n'aime pas laisser des commentaires trop court du style "j'adore la suite" ça n'a aucun intérêt pour l'auteur et l'aider à améliorer son récit et les futur.
DorianGray

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Re: Le Temps des Surplombs (Chapitre 9 : Entre les Mondes) [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par DorianGray »

SALAUD TU M'AS TUE
MissDramione

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Re: Le Temps des Surplombs (Chapitre 9 : Entre les Mondes) [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par MissDramione »

Bonsoir !

Quel long chapitre mais on ne voit pas le temps défiler car on est pris aux tripes par le récit ! J'ai vraiment aimé comment tu as retranscrit la bataille et j'ai vraiment cru que j'allais plonger avec l'Eclat.
En tous cas il ne va pas falloir crier victoire trop vite car les soldats Impériaux vont bien se rendre compte que l'Eclat n'a pas fini écrasé ...
J'ai hâte de lire la suite ! Bisous.
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Re: Le Temps des Surplombs (Chapitre 9 : Entre les Mondes) [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par DanielPagés »

Sahiane, après la pègue, le rambal !! décidément les gens du nord vont acquérir du vocabulaire !! :lol:
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Re: Le Temps des Surplombs (Chapitre 9 : Entre les Mondes) [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par Sahiane »

DanielPagés a écrit :Sahiane, après la pègue, le rambal !! décidément les gens du nord vont acquérir du vocabulaire !! :lol:
Le vocabulaire c'est toujours bon à prendre.
En plus à un mot tous les 15 jours le rythme est tenable.

Donc pour les nordistes rambal peut s'interpréter comme du raffut :D
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Re: Le Temps des Surplombs (Chapitre 9 : Entre les Mondes) [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par Dracnor »

DorianGray a écrit :SALAUD TU M'AS TUE
Attend que je calcule ta crêpisation.
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Re: Le Temps des Surplombs (Chapitre 9 : Entre les Mondes) [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par DorianGray »

Y'a des morceaux de mon génie un peu partout dans les contrebas ; il n'empêche que j'ai eu le sort que j'ai demandé, et ça, c'est beau.
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Re: Le Temps des Surplombs (Chapitre 9 : Entre les Mondes) [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par DisneyClochette »

dark-vince a écrit : Félicitation, et bravo ! :lol:
Merci beaucoup, c'est super alors ^^ Les pdv de Yulia sont volontairement plus "calmes" mais il s'y passe des choses quand même ! :lol: Mais je vois ce que tu veux dire quand même oui : avant la vrai baston il y a la volonté de créer un rythme plus "étouffé" par rapport à ce qui se passe en haut ; mais quand la baston commence c'est le chaos et l'impression d'être sonné.e qui est là... Hum, je ne sais pas si je suis très clair :roll: :lol:
C'est super si le suspense était là, j'y tenait vraiment ! :D Merci ! :3

Promis !
Comme on est à la fin de la première partie, je vais prendre un peu de temps avant de publier la suite : histoire de 1- me reposer (10 pages par semaines, c'est un sacré rythme mine de rien !) 2- préparer bien comme il faut le scénar de la seconde partie :3
Mais je vous tiendrais au courant, ne t'en fais pas ! :D
Encore merci !
Attention! Je n'ai pas dit qu'il ne se passait rien. Juste que je trouvais qu'on ressentait moins la pression du combat avec Yulia.
Prends ton temps pour la suite, avec un auteur comme toi, l'attente est comme une douce torture :twisted: :lol:
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Re: Le Temps des Surplombs (Chapitre 9 : Entre les Mondes) [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par Judas_Cris »

DorianGray a écrit :SALAUD TU M'AS TUE
C'est pas moi, c'est la gravité
Judas_Cris

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Re: Le Temps des Surplombs (Chapitre 9 : Entre les Mondes) [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par Judas_Cris »

MissDramione a écrit :Bonsoir !

Quel long chapitre mais on ne voit pas le temps défiler car on est pris aux tripes par le récit ! J'ai vraiment aimé comment tu as retranscrit la bataille et j'ai vraiment cru que j'allais plonger avec l'Eclat.
En tous cas il ne va pas falloir crier victoire trop vite car les soldats Impériaux vont bien se rendre compte que l'Eclat n'a pas fini écrasé ...
J'ai hâte de lire la suite ! Bisous.
Merci !! :D C'est super si l'immertion a oppéré !
En effet... :3
Merci beaucoup !:)
Judas_Cris

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Re: Le Temps des Surplombs (Chapitre 9 : Entre les Mondes) [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par Judas_Cris »

Sahiane a écrit :
DanielPagés a écrit :Sahiane, après la pègue, le rambal !! décidément les gens du nord vont acquérir du vocabulaire !! :lol:
Le vocabulaire c'est toujours bon à prendre.
En plus à un mot tous les 15 jours le rythme est tenable.

Donc pour les nordistes rambal peut s'interpréter comme du raffut :D
Elle leur fait la charité, laisses donc :mrgreen:
Judas_Cris

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Re: Le Temps des Surplombs (Chapitre 9 : Entre les Mondes) [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par Judas_Cris »

DorianGray a écrit :Y'a des morceaux de mon génie un peu partout dans les contrebas ; il n'empêche que j'ai eu le sort que j'ai demandé, et ça, c'est beau.
Moi j'ai beaucoup aimé te décrire en disant que tu n'étais bonqu'aux lancés de dé... avant de te faire tuer par un échec critique :p
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Re: Le Temps des Surplombs (Chapitre 9 : Entre les Mondes) [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par Judas_Cris »

DisneyClochette a écrit :
dark-vince a écrit : Félicitation, et bravo ! :lol:
Merci beaucoup, c'est super alors ^^ Les pdv de Yulia sont volontairement plus "calmes" mais il s'y passe des choses quand même ! :lol: Mais je vois ce que tu veux dire quand même oui : avant la vrai baston il y a la volonté de créer un rythme plus "étouffé" par rapport à ce qui se passe en haut ; mais quand la baston commence c'est le chaos et l'impression d'être sonné.e qui est là... Hum, je ne sais pas si je suis très clair :roll: :lol:
C'est super si le suspense était là, j'y tenait vraiment ! :D Merci ! :3

Promis !
Comme on est à la fin de la première partie, je vais prendre un peu de temps avant de publier la suite : histoire de 1- me reposer (10 pages par semaines, c'est un sacré rythme mine de rien !) 2- préparer bien comme il faut le scénar de la seconde partie :3
Mais je vous tiendrais au courant, ne t'en fais pas ! :D
Encore merci !
Attention! Je n'ai pas dit qu'il ne se passait rien. Juste que je trouvais qu'on ressentait moins la pression du combat avec Yulia.
Prends ton temps pour la suite, avec un auteur comme toi, l'attente est comme une douce torture :twisted: :lol:
J'avais bien compris, ne t'en fais pas ! :lol:
Merci, vous aurez sans doute un Interlude court dans les prochains jours ^^
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