Attention, texte à caractère explicite!
Ambre
Il y a une question que l'on finit par se poser à un moment de sa vie: "
Comment en suis-je arrivé là?" Cette question pourrait se poser lors d'un mariage qui bat de l’aile, ne reconnaissant plus la personne que vous êtes, ou lorsque vous vous retrouvez derrière les barreaux ou le plus anodin, lorsque vous vous trouvez dans un métier qui aspire lentement vôtre âme et ne vous laissent qu’une image de vous, que vous mépriserez. Dans mon cas, je n’aurais jamais pensé que cette question se poserait à un moment aussi angoissant. Pourquoi je n'ai pas pris le temps de penser à ma propre sécurité? Mon impulsion m'a poussé comme d’habitude et, comme d’habitude, je subis les conséquences de mes choix. Il est trop tard pour les "
J’aurai dû foutre le camp de cette ville quand j’en avais location…" Moi et mon rêve stupide, telle une fille qui croit au contes de fées et aux fins heureuses. Il ne reviendra jamais. Nous ne formerons jamais une famille. Étrange que je finisse par l’accepter juste avant de contempler la mort, si c’est ce qui m’attend.
Le vampire a une odeur nauséabonde, l'opposé de l'agréable après-rasage de William. Seigneur. Faîte que ce chevalier vampire vienne m'aider. Faîte qu’il m’ait entendue d’une certaine manière. Pitié! Je dois vivre. Je veux vivre. Ma fille a besoin de moi, je t'en prie, mon seigneur!
Je me bats, mais sans succès. Il est difficile de se défendre quand on n'a pas à regarder la personne devant soi. Il m’envoie frapper la benne à ordure. Je crie à nouveau dès qu’il me lève et pose son corps gras contre le mien. Sa main vient sur ma bouche, étouffant un nouveau crie. Son souffle est aussi épouvantable que l’odeur de son corps. Chaud et métallique. C’est tellement écœurant que je suis sûr de m'évanouir. Toute cette odeur immonde me pique le nez.
— Je pense que je viens de trouver ma nouvelle source. Tu es très combative, j’aime ça…, murmure-t-il à mon oreille.
Il me lèche une pommette et me laisse sur le visage une trace du sang de sa proie. Je riposte en le martelant avec mes ongles, mes genoux, tout qui peut me permettre d’échapper à ce cauchemar.
Il rigole, je l’amuse.
— Rassure-toi, je te laisserai tes souvenirs et ton libre-arbitre. Mis à part le fait que tu ne révéleras rien à qui que ce soit à notre sujet. Tu ne trouveras pas un vampire plus généreux que moi.
Il rit plus fort et attrape mon menton pour me faire pencher la tête vers la gauche, exposant tout mon cou.
— Tu n’as pas de marque. Tu n’es pas l’humaine d’aucun vampire. Tu m’appartiens maintenant.
J’ouvre soudain les yeux, horrifiée par la tournure des événements. Il étouffe mon nouveau cri d’effroi dès que je le vois ouvrir la bouche pour sortir d'énormes canines. J'attends l'inévitable, mais quelque chose d'étonnant se produit soudainement. Qui aurait pensé que le son d’un cou cassé m’aurait rempli de joie? Je reste silencieuse, immobile, observant le vampire inerte à mes pieds pendant un moment. Mon corps tremble comme jamais auparavant. J’ai peur et je suis soulagée en même temps.
J’entends une voix, elle me dit qu’il ne faut pas rester ici, qu’il va se réveiller.
J’ai veux envoyer cette créature d’où qu’elle vient ; dans les enfers. Mais je lui ai juste donné un coup de pied dans le cou — qui a maintenant un angle anormal — l’endommageant encore plus. Ne me sentant ni meilleure ni pire, je me tourne enfin vers l’origine de la voix. C’est un homme qui ne doit pas avoir plus de vingt-cinq ans. Il est accroupi à côté de la malheureuse petite blonde sur le trottoir de la ruelle. Celle-ci est dans un état terrible. Je me joins à eux et me prépare à appeler les urgences, mais... Vont-ils croire à notre histoire ou nous prendre pour des fous? Je regarde celui qui est venu à ma rescousse. Je ne l’ai même pas remercié. Qu’elle impolitesse de ma part. Il vient de m’éviter un destin des plus méprisables. Je pense soudainement à la façon dont il a brisé le cou du vampire. Il a beaucoup de force. Mais surtout, il sait. Il connaît leur existence, il n'y a pas de doute. Je pense aussi qu'il pourrait être l’un d'entre eux.
J’entends la jeune femme gémir douloureusement. Je saisis le bout de ses jambes et dis à l’homme qui casse les cous :
— Aidez-moi à la faire rentrer, s’il vous plaît, dis-je en montrant la porte arrière du restaurant.
Il ne me doit rien. Mais je sens d’une manière que je ne peux pas expliquer qu’il fera ce que je lui demande.
La petite blonde bougea comme une enfant. Elle me fait soudain penser à Amelia et mon cœur se serre de tristesse. Depuis combien de temps cette fille est-elle sous l’emprise de ce monstre? Pauvre petite fille.