Anomédé - La Fin du Monde [fantastique/magie] [Terminée]

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cerise14

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Re: Anomédé ou la Fin du Monde

Message par cerise14 »

Rooooo Anomédé est diabolique! J'adore ça :twisted: :twisted: :twisted: :twisted: et en plus Kalian est de son coté... Je le sens pas celui là.. qu'il se retourne comme ça contre son père c'est louche, il faut le tenir a l'oeil :twisted: :twisted: et au moindre geste de travers mmm à mort :lol: :lol: :twisted: :twisted:
vampiredelivres

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Re: Anomédé ou la Fin du Monde

Message par vampiredelivres »

Flamboyante a écrit :J'adore ce chapitre !
Ano, fais gaffe à pas tomber sur un psy en vadrouille, tu es un cas en or ! Bon, en même temps, comme c'est la fin du monde... :? :mrgreen:

Effectivement, Ano est mieux comme ça ! Toujours aussi diabolique, oui, mais un peu moins "lokienne"!
Merci d'avoir écouté ma remarque, au fait ! ;)
Quant à Kalian... tu fais bien d'assurer tes arrières, Anomédé ! Je ne crois pas qu'il mente totalement, à mon avis, il est vraiment amoureux d'elle, sauf qu'il doit être assez intelligent pour comprendre ce que personne avant lui n'a compris : à savoir, qu'Anomédé a souffert, et que le fait qu'elle soit amoureuse de lui lui permettra peut-être de la "contrôler" un peu, et par là, de contrôler un peu le sort du monde... Sauf que Kalian ne sait pas pour le moment que contrôler Anomédé est impossible. De même, je gage que lorsque ça commencera vraiment à y avoir du grabuge, ils vont se déchirer, parce qu'ils n'ont pas du tout la même vision, et que Kalian n'est là "que" par amour pour sa belle démone.
Ils vont souffrir tous les deux, c'est couru.

Et "Eurazie" s'écrit en réalité "Eurasie". Je n'en étais pas sûre l'autre jour, mais maintenant si.
Le psy ... nan, y'a pas de psy prévu dans l'histoire :mrgreen: Bon, quoique, j'aurais pu.
Pour la remarque, toutes sont à voir, qu'elles soient positives ou négatives. Mais juste pour te dire, je l'avais volontairement fait "trop" sadique, cruelle, etc ...
Miss Flamboyante se met en mode inspecteur ? Le pire ? Tu as entièrement raison.
Ok, merci pour l'Eurasie, c'est corrigé.
cerise14 a écrit :Rooooo Anomédé est diabolique! J'adore ça :twisted: :twisted: :twisted: :twisted: et en plus Kalian est de son coté... Je le sens pas celui là.. qu'il se retourne comme ça contre son père c'est louche, il faut le tenir a l'oeil :twisted: :twisted: et au moindre geste de travers mmm à mort :lol: :lol: :twisted: :twisted:
Moi aussi, je l'adore comme elle est ... mais Kalian ... pourquoi il se retournerait contre elle ? :roll: :) A mort, ouais, j'y ai pensé, mais Ano a déjà pas mal souffert comme ça ...
dianabeth

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Re: Anomédé ou la Fin du Monde

Message par dianabeth »

Kalian... c'est mignon !! Ah moins que ce soit un piège ? En tout cas Ano à l'air assez retourné :D Ça alors c'est la première fois que le fils du "gentil" dieu devient un traitre :D Ton histoire est vraiment originale ! Le plan de conquête avance... cool ( et oui maintenat moi aussi je suis du coté des méchant du coup :twisted: :lol: ) Poste vite la suite ! :D
vampiredelivres

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Re: Anomédé ou la Fin du Monde

Message par vampiredelivres »

dianabeth: Tu le trouves mignon ? Ouais, ça peut le faire comme adjectif ... Et la suite est ici, ne t'inquiète pas.

Flamboyante: Oui, si on ne s'identifie pas, c'est la cata pour l'auteur.

Désolée pour la suite, elle ne sera peut être pas à l'heure, mais en attendant, voici ce que j'ai pu produire:


Chapitre 6 *Expédition Fin du Monde*.

Si j’avais voulu tuer les demi-dieux restants, j’aurais fait effondrer la voûte de leur caverne sur leurs têtes. Pourtant, je ne l’avais pas fait. Ce que je n’avais pas prévu, c’était qu’ils sortent, et opposent de la résistance à mes envoyés. Oui, parfois, j’ai trop confiance en moi.
C’est ainsi que je me retrouve ici, dans la montagne enneigée, à poursuivre une bande d’adolescents dotés de pouvoirs divins, et qui ont décidé que la fin du monde ne leur convenait pas, ou plus.
Pendant ce temps, mon père, devenu fou amoureux d’une belle déesse guerrière, discute tranquillement au coin du feu avec l’élue de son coeur. Comme quoi la justice de la vie ne laisse plus place au doute …
Je serre les dents, contenant ma mauvaise humeur sous un masque de neutralité absolue. Kal, qui m’accompagne, m’envoie un sourire réconfortant, et désigne un point devant moi. J’aperçois ce qu’il me montre, et pour la première fois, un peu de joie passe les murailles de mon esprit. Je pioche dans ma réserve d’aiguilles. Le problème de l’élixir de Morphos, c’est que dix millilitres endorment un dieu majeur, mais qu’une goutte tue le plus puissant des sang-mêlés en moins de trente secondes chrono. Donc, n’ayant pas envie de tuer à mains nues, il est temps que je me serve de l’élixir. Je prends donc une fléchette, que je trempe dans le liquide. Je la place dans ma sarbacane. Kal m’imite, et sur mon signal, avant de tirer, nous préparons de la même façon le reste de nos armes. Elles sont aussi trempés dans un anesthésiant, mais il faut être rapide. J’ajuste ma cible, qui se déplace. Nous nous rapprochons, pour éviter des fautes. Nos tenues, faites par magie, nous rendent quasiment invisibles. Ce sont des vêtements de camouflage utilisées par les soldats en montagne. Je les ai adaptés à ma façon, mais passons. Je lève la main gauche, tenant de la droite ma sarbacane posée contre mes lèvres. Je fais un décompte. Cinq. Quatre. Trois. Deux. Un. Zéro. Nos tirs partent en même temps. Ils se figent dans la cheville de deux des demi-dieux. Nous réarmons rapidement et l’opération se poursuit. Les jambes sont des cibles de choix. On ne sent pas grand chose, et il n’y a aucun risque d’atteinte mortelle.

Eeem, en fait, si, il y a un risque dans mes tirs. Voire, une probabilité. Voire une certitude. Tant pis, oubliez ça.

Rapidement, toute l’expédition “demi-dieux anti fin du monde” est touchée, sans qu’aucun d’eux ne s’en rende compte. Puis, l’un d’eux tombe. Soudainement. Sans raison apparente. Avant de réaliser ce qui leur arrive, tous suivent. Bientôt, le sol est jonché de cadavres. On se dépêche de les enfouir sous la neige, et je provoque une petite avalanche, pour cacher les raisons du décès, ayant auparavant retiré mes fléchettes. Nous repartons, et aucune trace de l’accident ne sera découverte avant que les corps soient totalement gelés. D’ici là, l’élixir aura disparu du sang de nos ennemis.


La neige couvre les nos pas. Elle est tellement forte qu’aucune empreinte ne subsiste. On est peut-être qu’en septembre, mais dans les contrées nordiques, il neige déjà fortement. Et j’ai l’intention de renforcer le processus.

Je retourne à ma caverne, accompagné de mon allié, qui n’a toujours pas ma confiance. Je repars à fond de train, après m’être changée, vers la caverne Origine. Oui, je l’ai surnommée ainsi. Bref. Arrivée là-bas, je touche l’Arbre, et j’invoque les quatre dieux. Je me moque totalement du fait que toutes les divinités puissent m’entendre, j’ai besoin de faire vite, et, de plus, tous les autres finiront rapidement en miettes. Je souris légèrement. Selon la partie prophétique du Ragnarök, le soleil ne brillera plus pendant trois ans. Soit. Cela dit, je n’ai pas envie d’attendre trois ans. Il ne brillera donc pas tout court. Il reste Rê et Apollon. Chose dont je compte me charger bientôt. Je pense que le loup Hati, fils de Fenrir, et Apophis pourront leur régler leur compte.
Trois dieux et une déesse apparaissent devant moi. Je les salue d’une signe de tête. Je leur ai déjà décrit mentalement le rituel dans toutes se phases, ils savent donc à quoi s’attendre. Cela dit, avant de commencer, je parle un peu avec mon père.
- Alors ?
- Alors quoi, ma fille ?
- Comment vont mes demi-frères ?
- S’ils allaient bien, la Terre ne serait déjà plus la même depuis bien longtemps …
- Je sais. Avez-vous parlé avec votre famille ?
- Oui. Les géants des glaces nous suivront sans mal. Je m’inquiète en ce qui concerne les autres mondes, cela dit.
- Je m’en arrangerai, père.
- Ton sens de l’organisation me surprend à chaque fois. Pour l’instant, nous n’avons reçue aucune attaque, le tout grâce à toi.
- Le pauvre petit Thor doit sans doute avoir peur de perdre son dernier fils …

Je ricane mentalement, puis reprends là où j’en étais physiquement.
Les dieux se remettent à une taille normale, et le cérémonial débute. Nous nous plaçons dans une ligne droite, se tenant les mains (comme des enfants en petite section, ce qui m’amuse), et je touche l’Arbre. Son contact me fait sentir l’énergie immense qu’il irradie. Je me concentre, et me glisse dans un monde second, ce que les chinois appelaient le monde énergétique. J’observe les dieux à travers ce monde, et les possibilités de leur puissance me terrifient presque.
Je vais essayer de m’expliquer. Imaginez la jauge d’énergie d’un appareil électronique quelconque. Un ordinateur par exemple. Maintenant, mettez le niveau d’énergie restant tout en bas, à 1%. Il vous reste 99 % de plus, qui peuvent être remplis.
Ensuite, considérez la puissance d’un dieu majeur tels que sont Hadès, Loki, Sif, ou Seth. Dites-vous que leur puissance est environ 0,0001% de ce qu’ils pourraient contenir. Si on remplit la jauge au maximum, on obtiendra un dieu 1 000 000 fois plus puissant. Autant vous dire que le résultat, même face à un dieu majeur normal (non modifié je veux dire), ne laisse pas place au doute en cas de confrontation. Wow.
Pour ne pas me déconcentrer de mon objectif, je regarde ma propre énergie. Je suis au même niveau que mes amis divins, soit 0,0001% de ma puissance maximale, bien que celle-ci soit un peu moins élevée que la leur. Je pourrais donc être 1 000 000 fois plus puissante …
La prise de conscience de ce pouvoir manque de me faire tomber à la renverse, mais je me reprends. J’imagine un interrupteur classique, comme ceux qu’on utilise en cours de physique pour faire circuler un courant électrique, et je le mets en position ON. La vague d’énergie déferle en nous tous, sapant les forces des autres dieux, remplissant nos “jauges” au maximum. Nos sens, nos pouvoirs, nos capacités se décuplent d’une manière totalement incroyable. Même moi, en tant que sang-mêlée, après avoir reçu cette force, suis bien plus puissante qu’un dieu classique, quel qu’il soit. Je serai toujours désavantagée face à mes collaborateurs, certes, mais bien assez forte pour me charger de qui que ce soit. Je fais basculer mon interrupteur en OFF, et le courant s’arrête, mais notre puissance reste. J’analyse les forces des autres dieux, et je ricane à voix haute. Ils sont aussi faibles qu’un mortel maintenant. De plus, ayant utilisé l’énergie directement à la source, chacun a désormais obtenu les pouvoirs de tous les dieux. J’ai donc autant le contrôle sur les éclairs qui me vient de Thor, que la force guerrière d’Horus, ou encore que le pouvoir sur l’eau de Poséidon. Et les autres dieux, eux, n’ont …
Rien.
Je sors du monde énergétique, et regarde mes … comment les appeler en fin de compte ? Je n’en ai toujours aucune idée. On va dire mes collaborateurs, qui donc observent leurs corps et leurs esprits, émerveillés. Je partage leur sentiment, mais je n’ai pas que ça à faire (comme d’habitude soit dit en passant).
Je sais au moins ce que je vais faire maintenant.
Je vais réécrire le destin de la Terre.
Et discuter avec les représentants des autres mondes, juste avant.


Chapitre 7

J'espère que ça vous a plu ;) La suite ... je ne sais pas, j'ai du retard. Désolée :oops:
Dernière modification par vampiredelivres le ven. 01 août, 2014 2:56 pm, modifié 1 fois.
cerise14

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Re: Anomédé ou la Fin du Monde

Message par cerise14 »

Oh lala c'est génial la terre va changer à tout jamais mouaaaa :twisted: :twisted: :twisted: :twisted: :twisted: poste vite la suite, j veux la fin du monde! :mrgreen:
vampiredelivres

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Re: Anomédé ou la Fin du Monde

Message par vampiredelivres »

cerise14 a écrit :Oh lala c'est génial la terre va changer à tout jamais mouaaaa :twisted: :twisted: :twisted: :twisted: :twisted: poste vite la suite, j veux la fin du monde! :mrgreen:
Elle arrivera d'ici peu, enfin j'espère.
Flamboyante a écrit :Elle est pire que tous les dictateurs réunis, la Ano ! :shock: :oops:

Ah, et si : Loki en mode "drague" = :o :!: :?: :lol: :lol: :lol: :lol: :lol: :lol: :lol:
Anomédé n'a qu'à prier pour ne pas tomber sur son papounet chéri en train de bécoter Sif...

D'ailleurs, à propos de baiser, Kalian, euh... évite d'embrasser ta démone par surprise si tu veux rester en vie, hein ? J'imagine bien Anomédé en train de le congeler préalablement avant de l'embrasser ! Bon, je sais, l'expression populaire parle du feu de la passion, mais je crois que ce serait nettement plus dur de rouler un patin (des jeux de mots pourris, moi ? Naaaaan ! :mrgreen: ) dans une gangue de feu que de glace ! :twisted: :lol:

Et pour le sang d'Hypnos... tu ne m'aurais pas (un peu) copiée par hasard ?
Loki en mode "drague" ... :roll: on aurait tout vu. Pff ...
Dictateur ? Naaan, pas du tout ... (ironie bien sûr).
Toi, par contre, avec tes jeux de mots, tu es vraiment mortelle :lol: :mrgreen:
J'avoue que je t'ai un peu piqué ton idée pour le sang d'Hypnos ... mais là, il y a aussi l'essence de Morphée à l'intérieur, donc puissance démultipliée par mille :mrgreen: -> Sang de Morphos.


Oui, j'écris la suite dès que possible.
dianabeth

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Re: Anomédé ou la Fin du Monde

Message par dianabeth »

La fin du monde s'organise... du coup je sais plus si c'est une bonne ou une mauvaise nouvelle :lol: Ano n'est pas du tout, su tout orgeuilleuse... "Je vais réécrire le destin de la Terre." Sans blague ?! Rien que ça ? :lol: :D :mrgreen:
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Re: Anomédé ou la Fin du Monde

Message par vampiredelivres »

dianabeth: Ouais, rien que ça ... Mais enfin, réfléchis, c'est une bonne nouvelle !!! Enfin, quoique ... Bref.


Etant donné que je ne serai pas là demain, je vous mets mon chapitre aujourd'hui, mais il faudra patienter plus pour la suite. D'ailleurs, ce chapitre ... eh bien vous verrez, après tout ... :) :)

Chapitre 7 *Les neuf Mondes*.

Je décide donc de commencer par nos alliés déjà connus. Je laisse tomber mes demi-frères Fenrir, Jörmungard, Gammr, et ma demi-soeur Hel, pour filer en Jötunheim, le monde des géants. Laufey, la … on va dire compagne … du défunt Farabauti (paix à son âme s’il en a une) m’accueille en souriant:
- Voici donc la célèbre Anomédé … Je suis enchantée de vous rencontrer, ma petite-fille.
Je grimace légèrement en entendant mes liens familiaux avec la géante qui me dépasse largement de trois mètres. Cela dit, je réalise que j’ai un atout d’envergure.
- Puis-je vous parler d’égale à égale ?
- Mais bien sûr !
La géante semble surprise par ma requête. Je m’imagine à sa taille, et je me sens grandir. Soudainement, je me retrouve nez à nez avec ma grand-mère, qui m’observe d’un air ahuri. Ayant puisé dans leurs réserves de pouvoir, les géants, et autres habitants des différents mondes, n’ont plus aucune force magique. Je ne risque donc pas de me retrouver paralysée dans une gangue de glace, ce qui me soulage.
- Que vouliez-vous me dire ? demande Laufey, ayant retrouvé ses esprits.
- Oh, rien de très important. C’était juste une visite diplomatique pour vous remercier d’être nos alliés dans notre guerre contre les dieux.
- Mais c’est un plaisir, mademoiselle. Cela dit, il y a un léger problème dans l’affaire.
Je sens que ça va en revenir aux forces magiques. Je souris mentalement.
- Je vous écoute.
- Eh bien … (elle se tortille d’un air embarrassé sous le feu de mon regard vert) nous n’avons plus aucun pouvoir sur la glace ou sur les éléments. Ni de force psychique spéciale.
Je lui adresse un sourire de loup, et rétorque:
- Je connais l’origine de ce problème, malheureusement, je ne suis pas en état d’y remédier. Cela dit, je peux vous assurer que les Ases sont dans le même cas que vous, et équivalent donc en terme de magie et de pouvoir à des mortels normaux.
Elle me rend mon sourire, et me déclare:
- Il n’y a donc aucun problème. Merci mademoiselle.
- Une dernière petite chose. Nous avons un allié, qui est le fils de Thor - le dernier d’ailleurs -, dont je vous saurais gré de ne pas le tuer.
- Mais bien sûr. Le dernier fils de Thor dites-vous ? Ce sera facile de l’éviter.
- Merci à vous aussi.
Je reprends ma taille normale, et je file en me téléportant.


Dans le monde de la glace et des brumes, Niflheim, je rencontre le second groupe de géants, qui me fait la même réponse que leurs confrères de Jötunheim. J’y passe donc moins de cinq minutes. Je décide de ne pas passer par Asgard, Ljosalfheim et Vanaheim, puisque je sais que ça ne servirait à rien, mais je décide d’aller du côté de Muspellheim, le monde de feu, gardé par le géant Surt. Son épée enflammée n’a pas d’origine divine, elle n’a donc pas perdu de son pouvoir. Il me déclare qu’il sera ravi d’enflammer Mannheim (autre nom de Mitgard, le monde des hommes) dès que je ferai appel à lui. Cela dit, il me donne l’impression d’être un lèche-bottes, ce qui m’énerve prodigieusement. Je cache évidemment ce sentiment face à lui, mais je ne peux pas m’empêcher de le penser.

Svartalfheim, par contre, me donne quelques espoirs. Il ne fait pas partie des mondes alliés, et je n’espère rien des nains, mais les elfes noirs pourraient nous être d’une grande aide. Leur ambassadeur, envoyé vers moi lors de mon “atterrissage” sur le monde, n’est autre que Malekit, le roi elfe. A mon grand plaisir, il traite sans mal avec moi, et m’assure de sa collaboration. En gage de ce traité, il m’offre un anneau noir, qui “repoussera toute forme de vie visant à me faire du mal”. J’accepte le cadeau avec - officiellement - joie, et avec - officieusement - méfiance. Pour ne pas avoir à dire à mon père que je n’ai pas tout essayé, je passe quand même faire un tour chez les nains. Et je laisse mon anneau dans la poussière svartalfheimienne.

Je pénètre dans les cavernes habillée de ma tenue “asgardienne”, soit une armure moulante en or asgardien, une cape verte flottante et mon sceptre-cube. L’air, contrairement à ce qu’on pourrait croire d’une galerie de tunnels, n’est pas plus lourd que dehors. J’avise une étrange machine qui souffle de l’air froid, et je pouffe, comprenant que c’est une climatisation terrienne adaptée. Je m’annonce en tant que diplomate d’un dieu au portier, qui relaie l’information jusqu’aux hautes sphères. Quand je dis hautes sphères, je parle bien sûr des dirigeants nains. Un escadron de gardes m’accompagne à l’intérieur, et nous passons devant toutes sortes d’endroits. Des forges, bien sûr, mais aussi un atelier de travail à la chaîne, et beaucoup d’autres lieux que je ne pourrais décrire. Les premiers couloirs sont assez hauts pour moi, mais au fil des instants, je commence à me baisser. Le garde me lance un regard désolé qui me fait frémir, tellement je déteste la compassion. Pour lui clouer le bec, je puise dans ma nouvelle réserve de forces divines, et je diminue ma taille, conservant toutefois mes proportions, et me mettant ainsi à la taille du nain. Il me regarde avec des yeux ronds, mais ne commente pas. Le trajet me semble long, et j’ai l’impression d’étouffer, tellement les galeries sont sombres. Au bout d’un laps de temps qui me semble interminable, nous émergeons dans une vaste halle, bien plus grande que la gare de Central Park, au fond de laquelle siège une assemblée de neuf nains. Je récupère avec soulagement mon mètre quatre-vingt-cinq. Pour faire bonne mesure, j’ai fait disparaître mes armes, mais je ne doute presque pas que j’en aurai besoin. Je m’incline très légèrement devant les dirigeants de ce petit peuple (question hauteur bien sûr), et ils me rendent mon salut. Celui qui se trouve au centre, un rouquin, me déclare d’une voix qui emplit toute la salle:
- Bienvenue chez les Dvergr. Présente-toi et dis nous pourquoi tu viens ici.
Je m’incline à ses conditions sans protester pour une fois, consciente de l’enjeu de cette rencontre.
- Je suis Anomédé, la demi-déesse. Je viens en tant que messagère des dieux.
Ma réponse provoque quelques éclats:
- Pourquoi t’ont-ils envoyé ici ?
- Pourquoi toi ?
- Qui est-tu vraiment ?
- Depuis quand les dieux utilisent-t-ils les sang-mêlés en tant que messagers ?
Celui qui semble être le chef calme les tensions montantes d’un geste, et reprend:
- Donc, bienvenue Anomédé. Pourrais-tu répondre aux questions que t’ont posées les membres de cette assemblée ?
- Mais avec plaisir. Il y en a une seule que je ne traiterai pas, si votre honneur me le permet. C’est celle qui concerne mes origines profondes.
- Je comprends, et nous t’écoutons.
J’avais préparé mon speech dans les tunnels, je sais donc exactement quoi dire.
- Je suis considérée comme la messagère des dieux depuis longtemps. Je viens à la demande de mon père (pas tout à fait vrai mais c’est pas grave), qui considère, comme peu d’entre les Ases, qu’il faut vous prévenir de l’imminence d’une guerre (des exclamations se font entendre, mais je hausse la voix pour les couvrir). Depuis longtemps, les enfants des dieux, qu’ils soient Ases ou Vanes, sont considérés comme des messagers, de la chair à canon, ceux qu’on fait naître pour le plaisir, pour les voir ensuite mourir, souvent de façon tragique, sans ressentir quoi que ce soit. Les Asgardiens ont depuis longtemps versé dans une quasi-méchanceté envers nous, leur progéniture. Nous sommes un divertissement pour eux. Les sang-mêlés ont donc organisé une révolte, mais ont été décimés. Il ne reste qu’onze d’entre nous sur les deux cent qui vivaient encore il y a trois jours (encore une fois, je change un peu l’histoire, mais j’ajoute une touche d’Aphrodite dans ma voix). Nous avons été tués par nos propres parents ! Il n’y a que deux dieux qui manifestent un peu de compassion pour nous, et sont prêts, en notre nom, à mener la guerre contre les autres. Nous avons réuni quelques alliés, assez pour pouvoir prendre notre revanche, mais nous ne sommes pas certains de tenir une vraie bataille rangée. Les camps grecs, romains et égyptiens, maudits soient-ils, prennent le parti de leurs géniteurs. Je fais appel à vous pour cela. Avec l’aide de mon père, de Sif, Hadès et Seth, j’ai retiré aux autres dieux leur pouvoir. Cela dit, il semble qu’ils sont encore trop forts. Nous avons besoin d’aide. Seul un enfant de chaque Ase a survécu. C’est pourquoi nous faisons appel à vous.

J’ai le plaisir de voir que les nains crient pour la plus part à l’injustice, sauf quelques uns moins convaincus. Il n’empêche que ce parti est largement minoritaire.
Une bonne vingtaine de minutes s’écoulent avant que le chef ne puisse reprendre la parole. Il s’adresse autant à moi qu’à tout son peuple:
- Ce que dit cette jeune fille est scandaleux !
Je vois des petites caméras s’agiter autour de lui et en déduis que la rencontre a été retransmise à travers toute la montagne. Je commence à penser que la situation pourrait être bonne en fin de compte. Mais la suite me dégrise:
- Elle ose accuser les dieux d’une telle infamie, mais je n’y crois guère. Il n’est pas dans la nature de Thor de faire de telles choses. Par contre, je connais un dieu fourbe qui le pourrait.
Je recule légèrement, sentant que la suite va se concentrer sur moi. Pour mon malheur, je suis tombée sur un chef nain intelligent. Et flûte !
- Je sais qui est le père si incroyable dont elle parle ! proclame le nain. C’est Loki, le dieu traître à tous !
Des huées me pleuvent dessus, tellement les nains sont indignés. Et le chef termine, narquois:
- Ce n’est pas le jour où une fille de Loki arrivera à tromper le nain Frûdr. D’ailleurs, nous avons reçu un invité, ton cousin, qui a prétendu venir de la part de son père. Sauf qu’aucune magie n’imprégnait sa voix, et aucun sort ne dissimulait ses armes.
Je remarque seulement à ce moment la lentille dans les yeux du roux. Et re-flûte ! Mon esprit brillant me joue des tours, aujourd’hui. Parlant d’esprit … il bloque sur la seconde phrase du nain. Un cousin ? Mais …
Une colère froide m’envahit, à la pensée qui m’effleure. Un cousin. Sauf que le seul cousin que j’aie est adoptif. Est-ce que ça compte comme lien familial ? Pour le rouquin, visiblement oui. Et je connais le cousin en question.
Le chef tend la main vers une porte, qui s’ouvre doucement. Avant même que je ne voie le visage, je sais à quoi il ressemble. Je sais que j’ai été trahie. Je réalise qu’il a dû me suivre. Je lui avais confié une toute petite parcelle de la magie du Cube. Elle lui a visiblement été suffisante. Il savait bien jouer en fin de compte. Prétendre des sentiments a été facile pour lui. Pendant que je parlais avec Malekit, il a filé avertir les nains, ces maudits êtres des montagnes, qui n’ont pas de forces magiques. En fin de compte, les géants seront très utiles face à ces cafards. Cela dit, j’ai un avantage de taille. Il ne sait pas que j’ai récupéré la magie de l’Arbre. Il ne connaît pas mon potentiel actuel. Et je demeure curieuse. Je choisis une alternative simple. Lorsqu’il pénètre dans la salle d’un pas conquérant, je me propulse vers lui en dégainant un poignard caché dans ma manche. Je ne sors pas ma Sombre Eclair de Nuage, au lieu de ça je la déplace dans un casier de la Douât, avant qu’ils ne me la prennent, ainsi que mon arc et mon carquois. Contrairement à tout ce à quoi il s’attendait sans doute, je n’atterris pas sur lui, mais juste devant lui. Et lui lacère d’un unique mouvement les deux bras et le torse, avant de revenir dans un revers meurtrier vers sa gorge. Il bloque le coup sans faire attention à la douleur qui doit irradier de ses profondes blessures. Bon, perso, je n’aurais pas envie d’être décapitée non plus. Un coup de marteau bien placé me brise le poignet droit, dans lequel je tiens mon arme, et un autre me fait voler au plafond, avant de m’écraser lamentablement contre le sol. Un filet lesté de plomb (ah ces filets !) me cloue au plancher, qui est en marbre gris, comme le remarque mon nez dans un craquement. Il s’approche de moi d’un pas victorieux, et je fais rapidement disparaître mon sceptre dans la Douât.
Mon expédition inter-mondes semble terminée. Le filet s’ajuste automatiquement à ma taille, et, pour faire bonne mesure, lorsqu’il approche sa main, je me transforme en puma noir. Il fait semblant de me caresser, je le repousse d’un coup de patte griffues.
- Bon, je n’insisterai pas.
L’ironie pointe, comme d’habitude. Je hoche la tête, reconnaissant devant moi un valeureux adversaire. Il se penche vers moi, triomphant.
- On va en revenir au plan initial, qu’en penses-tu ? Toi en tant que prisonnière de mon père, et moi en tant que fils victorieux.
Pour toute réponse, je n’explose pas face à mon ravisseur, comme certains pourraient le prédire. Je préfère garder l’atout “explosion à puissance solaire” dans ma manche (c’est un peu grand pour une manche, donc on va dire dans mon réservoir cosmique invisible). Au lieu de ça, je fais la seule chose que me permet ma forme. Je montre les crocs, et mords à pleines dents dans le nez de Kalian.


Chapitre 8

Voilà :twisted:
Il était trop gentil, le Kalian, hein ? Ben changement de tactique. Pour une fois d'ailleurs qu'un fils de Thor réfléchit, ça devait être celui sur lequel tomberait Ano ... :roll:
Bref, la suite mercredi, normalement.
Dernière modification par vampiredelivres le ven. 01 août, 2014 2:55 pm, modifié 1 fois.
cerise14

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Re: Anomédé ou la Fin du Monde

Message par cerise14 »

Je le savais!!! :twisted: :twisted: Je savais qu'il était louche !!!!! :twisted: Et maintenant A MORT LE TRAITRE!! :twisted: :lol: :mrgreen:
vampiredelivres

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Re: Anomédé ou la Fin du Monde

Message par vampiredelivres »

Flamboyante a écrit :C'est hallucinant qu'elle ait pu avaler ça ! Mais si ça se trouve, Kalian a fait exprès de la capturer en présence des nains pour s'assurer leur soutien et la libérer ensuite sans qu'ils s'en doutent, le malin ! À mon humble avis, il cherche à la paumer niveau sentiments pour mieux la manipuler ensuite... il sait très bien qu'en dépit des apparences, Ano est une personne profondément blessée.
Et même, s'il la capture aussi « directement » il sait que ce sera la guerre entre Thor et Loki, ce qui serait plutôt pas mal d'éviter... Franchement, c'est quoi le plus plausible ? Le plan basique de " Tenez, je vous livre la traîtresse en pâture, vous m'accordez votre confiance, oui oui, je la ramène chez papa, juré !" ou le plan "je fais juste mine de, elle est paumée sur le coup, et dès que je lui dis, elle va me tomber dans les bras parce que je suis diabolique et capable de jouer double jeu !"
Le fils de Thor doit savoir que s'il joue à la régulière avec Anomédé, elle ne sera jamais amoureuse de lui... mais si il lui prouve qu'il peut être aussi retors qu'elle... :mrgreen:


Enfin, j'ai peut-être faux, mais bon...
Faux ! Mais enfin, tu verras, je ne vais pas tout te dire maintenant. On va juste dire qu'elle va ... craquer d'ici le prochain chapitre, qui sera posté mercredi.
cerise14 a écrit :Je le savais!!! :twisted: :twisted: Je savais qu'il était louche !!!!! :twisted: Et maintenant A MORT LE TRAITRE!! :twisted: :lol: :mrgreen:
J'aime bien ton avis :lol: Et comme tu dis, à mort ! (j'ai pas envie de le tuer cela dit :geek: ) Mais y'a pas photo, elle va le détester là ...
dianabeth

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Re: Anomédé ou la Fin du Monde

Message par dianabeth »

Aie ! La vache si Ano met la main sur Kaian je donne pas cher de sa peau... :D :) Je me demande si Ano va se laisser amener à Thor en prisonière.. Ça m'étonnerais beaucoup.. En tout cas, Kalian prouve par cette ocasion qu'il est aussi traitre et diabolique qu'elle! Qui se ressemble, s'assemble non ? :lol: :mrgreen: Poste vite la suite ! :lol:
vampiredelivres

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Re: Anomédé ou la Fin du Monde

Message par vampiredelivres »

dianabeth: Kalian est vraiment en mauvaise posture tu as raison. Mais il en profite à fond, tu vas voir. Elle, se laisser amener ? Naaan, elle va venir toute seule ... :twisted: Ben il est sal***, c'est comme ça. Mais tu vas voir ici, c'est pas totalement le cas non plus.
Qui se ressemble s'assemble ??? Tu veux qu'ils terminent ensemble ? :roll:

Bref, voici la suite, Ano est assez déstabilisante ici. Je vous laisse découvrir. Mais elle est aussi ... humaine. Vous verrez.

Chapitre 8 *Captive*.

Je tourne en rond depuis des heures dans ma cage en or asgardien. Oh, je pourrais la détruire sans mal, mais je n’en ai pas envie. Je voudrais savoir ce qui se trame, ce que les dieux feront pour récupérer leur pouvoir. Surtout mon oncle adoré. Certains lecteurs se demanderont sans doute pourquoi j’ai été capturée alors que je pouvais sans mal envoyer tout le monde au tapis d’une petite décharge. En fait, c’est par curiosité. C’est aussi par curiosité que je reste dans cette prison. Pour être capturée, j’ai fait appel à un stratagème simple, le même qu’il y a quelques dizaines d’années, lorsque le plan A n’a pas marché dans ma conquête du pouvoir. Lorsque j’ai combattu Kalian, j’ai d’abord dirigé un coup considéré comme maladroit vers son torse (qui a quand même marché), et j’ai continué par un tout aussi mauvais lancer vers sa gorge. Je lui ai permis, en fin de compte, de m’envoyer au sol, et de me briser le poignet. Je prends une note mentale de ne plus refaire ça, parce comme vous pouvez vous en douter, ça fait mal ! Aie ! Il m’a totalement déplacé les os. En traduction, mon cubitus est totalement cassé, et ma carpe se trouve deux centimètres au dessus du radius. Il n’y a plus aucun lien entre ces trois là, s’ils s’étaient trouvés aux trois coins de mon corps, ça aurait fait le même effet. Aieuuhhhh ! Je puise rapidement dans mes réserves de magie pour réparer ma main abîmée. Je ne l’ai pas fait avant pour ne pas dévoiler ma puissance, et parce qu’il y avait des gardes. Là, c’est la relève. Et devinez qui débarque en même temps que les nouveaux nains armés ? Mon cher cousin, accompagné de son père, les deux personnes qui commencent à m’énerver prodigieusement. Le premier m'adresse la parole d’un ton victorieux:
- Salut cousine ! Ça avance tes plans diaboliques ?
- Plus que tu ne le crois, je réplique sereinement.
Je me tourne ensuite vers Thor, d’une voix clairement moqueuse:
- Votre Seigneurie, que me vaut l’honneur de cette visite dans ma demeure princière ?
- Oh, mais simplement récupérer ma magie afin que je puisse vous carboniser dès que possible.
- Quelle entrée brusque en la matière ! Depuis quand me vouvoyez-vous ? j’ironise doucement.
Il se tait un instant, déstabilisé par ma totale confiance en moi. Puis il reprend à grand peine:
- Rends-moi mon pouvoir !
Je laisse planer un instant de silence, et je décrète:
- Non.
Il ouvre et ferme la bouche comme un poisson hors de l’eau, sans parvenir à produire le moindre son. J’active par magie une petite protection invisible autour de moi, au cas où, et je déclenche la caméra cachée dans ma montre, pour filmer le dieu ahuri. Je m’amuse à penser que je reverrai ça plusieurs fois d’ici quelques temps. Je coupe ensuite la vidéo, et je reprends mon attitude amusée et détendue.
- Anomédé ? m’appelle Kalian.
Je ne bouge pas et ne réponds pas au traître.
Cette fois-ci, je ne suis pas disposée à me laisser entraîner par un élan de sentimentalisme.
J’affiche un visage totalement neutre lorsqu’il se plante devant moi.
- Je t’ai appelée, gronde-t-il d’une voix contrariée.
Je me tourne enfin vers lui, et lui rétorque, glaciale:
- Je ne suis pas obligée de t’obéir comme un chien sous prétexte que tu es le fils de ton père et que je suis dans une cage. Tu n’es pas mon maître, ta seigneurie, et de nous deux, c’est actuellement toi le plus démuni.
Il semble perdre le contrôle, et me plante son épée droit dans le ventre à travers les barres d’or. Elle traverse ma protection, et une fois entrée dans mon corps, ne ressort plus. Je me suis pliée sous la douleur, mais n’ai pas proféré un son. Je l’arrache des mains de son propriétaire, la retire de mon estomac, que je reforme sous le regard ahuri des nains, et reviens à la charge.
- Au cas où tu l’aurais oublié, mon cher cousin, j’ai de la magie qui vient de moi-même, parce que mes deux parents sont des spécialistes dans ce domaine.
J’enchaîne quelques mouvements à l’épée, avant de la lancer en l’air, façon Jack Sparrow. Je la rattrape ensuite dans ma main, lame contre paume, et la tend au garçon avec une moue dédaigneuse:
- Tiens. Je n’ai pas besoin de sortir d’ici. Mais je vais rester encore quelques temps.
Il affiche un visage surpris. Son père, qui s’est enfin repris, me parle d’une voix douce:
- La persuasion n’arrivera pas à te convaincre non plus j’imagine ?
J’éclate d’un grand rire.
- Si seulement vous vous écoutiez un peu !
J’attends un peu pour me calmer, puis je reprends, toujours amusée:
- En fait, votre monde et votre règne sont perdus, et vous le savez. Vous vous raccrochez simplement au moindre espoir. La torture n’aura pas plus d’effet d’ailleurs, si l’idée vous a effleuré. Non, en fait, vous le savez très bien. J’ai passé assez de pactes pour vous vaincre même sous votre forme toute-puissante, tous autant que vous êtes.
- Ça ne te gêne donc absolument pas, me demande Kalian, de détruire le monde entier, toutes les civilisations, le savoir accumulé, ta famille …
Je secoue la tête, hilare.
- Non, ça ne me gêne absolument pas, imbécile ! C’est même mon objectif depuis le début. Quand à ma famille, tu parles de qui au juste ? Toi peut-être ? Tu n’es pas ma famille, tout comme ton stupide géniteur n’est pas mon oncle. Mon père a été adopté, cela dit, il n’a aucun lien avec vous, et vous feriez mieux de vous en rendre compte, après cinq mille ans … Il est d’ailleurs ma seule famille. Ma mère est morte, grâce au dieu en face de moi.
Je pointe un doigt accusateur vers l’Ase blond, qui a la décence de paraître enfin un peu coupable. Je reprends sur ma lancée en martelant mes mots.
- Je n’arrêterai pas, jusqu’à ce que ces mondes soient détruits. Je suis née pour ça. Je vis pour ça. Je mourrai pour ça s’il le faut. Il n’y aura pas d’autres survivants que ceux que je choisirai, que nous choisirons. Vous m’avez causé trop de douleur, en tant que famille pour que je puisse oublier, revenir sur mes actes, mes pensées, mes mots. De mon côté, j’ai progressé trop loin pour revenir en arrière.
Je prends une inspiration, et je laisse échapper mes dernières paroles:
- Vous. Êtes. Tous. Morts.
Je me détourne, signifiant clairement que la conversation est terminée. Un dernier regard glacial à mon cousin qui m’a trahie, et j’érige un mur de glace autour de moi, me plaçant dans une colonne à moitié transparente, coupée du monde. Là, je laisse enfin échapper un doux rire. J’ai réussi à jouer ma partie exactement comme je le voulais. J’ai joué sur mes émotions, passant de l’amusement à l’ironie, ou au sérieux, voire aux menaces, sans transitions, déstabilisant mes adversaires.

Une petite voix se fait entendre à travers le mur. Thor, comme le signale son hua, quitte la pièce sans mot dire, tandis que Kalian s’adresse à moi.
- Anomédé, je suis désolé. Je t’aime vraiment. Mais tu ne peux pas faire ça.
Je jette ma montre dehors en mode enregistrement vocal, et j’épaissis les parois de ma tourelle. Je n’ai pas envie d’écouter le discours persuasif d’un amant maudit. Du moins, pas pour le moment. Je me concentre sur mes objectifs. Je réfléchis à la façon dont ma vision intérieure se présente. En fait, à cause des mes origines asiatiques (que je n’ai pas citées), elle prend cette forme. J’ai lu une histoire à ce propos, je crois que ça s’appelait Eon et le douzième dragon, ou un truc du genre. Mais j’ai des problèmes plus importants.
Comme celui qui vient de se pointer dans ma tête, sous la forme d’un message assez paniqué de mon père.
- Anomédé ? Tout va bien ?
- Oui père, pourquoi ?

Je soupire intérieurement en même temps.
- Ton cher oncle, mon demi-frère adoré, souhaite me parler. Et comme tu n’es pas revenue, je me demande si tu as un lien avec ça …
Je laisse planer un petit silence, avant de répondre.
- Hummm … En fait …
- Quoi ?
- Je suis officiellement sa “prisonnière”
(les guillemets se font sentir dans ma voix mentale). Et officieusement captive volontaire. Quoi qu’il vous dise, père, sachez que je peux m’échapper à tout instant. Votre frère est d’ailleurs totalement démuni.
- D’accord. Quand comptes-tu quitter cette joyeuse compagnie ?
- Lorsque le temps sera venu.
- Quelle réponse équivoque à souhait !

L’ironie se fait bien entendre.
- Tout comme les vôtres père.
Je pense soudain que j’aime beaucoup ces joutes verbales avec mon père. Je reprends plus sérieusement.
- Non, en fait, je sortirai d’ici quelques temps, pas trop longtemps. Mais cela dit, ne cédez pas aux exigences de Thor, quelles qu’elles soient. Elles ne sont pas fondées.
- Oui capitaine. Communication terminée, il plaisante.

Je me rends compte qu’en fait, toute la fin du monde dépend de moi. De moi, de mes actes, de ma façon de faire, de mes actions en général. De ma prévoyance aussi.

J’en ai assez de rester cloîtrée dans cette tour à la manière de Raiponce. Je prends sur moi-même, je ramasse mon énergie personnelle, et je fais exploser les murs de glace. Je conditionne ensuite les éclats dans un unique flocon, dont j’absorbe la force contenue, puis je récupère la montre. Kalian est parti pendant mon échange mental. J’enclenche la fonction audio, et je m’appuie contre les barreaux pour écouter.

“Anomédé, je suis désolé. Je t’aime vraiment. Mais tu ne peux pas faire ça.
J’admets, j’ai mal joué mon rôle dans cette histoire. Je t’ai trompée, d’une certaine façon, bien que je me doute que tu ne m’as jamais fait vraiment confiance. Mais cela dit, je suis pris maintenant entre deux principes. La loyauté, et la volonté du coeur. J’ai choisi dès le départ le premier. Je savais qu’il ne pourrait pas mener à quoi que ce soit de bien, pourtant, je l’ai fait. Je sais que nous n’avons aucune chance contre toi. Mais j’ai décidé, par loyauté, par amour de ce monde, de me battre jusqu’au bout. Ne crois pas que ça influe sur mes sentiments pour toi. Quoi que je puisse faire, quoi que tu puisses dire, quoi qu’il puisse arriver, sache que je t’aime plus que tout. Je peux paraître idiot à tes yeux, je peux paraître superficiel, comme je le semble sans doute aux nains qui sont ici en ce moment, mais je te dis ce que je pense, et ce que je ressens. Oserais-tu faire la même chose ?
Je sais que tu ne m’écoutes pas, sans doute occupée à tes plans machiavéliques. La romance avait toujours été impossible, et je ne cherche pas à me faire entendre de toi. J’ai conscience que j’ai mal agi envers toi, et je le regretterai toujours. Il est temps pour moi d’y aller, d’organiser la résistance, comme l’ont décidé les dieux. Encore un point là dessus avant que je ne parte. Tu fais tout ça par vengeance, parce qu’ils ont détruit ta vie. Mais ça n’a pas été pareil pour nous tous. J’étais personnellement heureux, jusqu’à ce que tu viennes tout bouleverser. Nous n’avons pas tous une mort tragique et abominable … Les dieux ont beau nous utiliser à leur guise, on s’y fait au bout d’un certain temps. Mais je n’arriverai pas à te convaincre. Tu es trop plongée dans ta solitude pour comprendre ce genre de pensées. Je sais que tu as souffert.
Une dernière chose. Si je meurs, ce qui est probable, je mourrai avec honneur. Je suis un fils de Thor après tout … Mais je ne veux pas mourir de ta main, ce serait trop … douloureux. Je ne veux pas non plus que tu m’épargnes par bonté d’âme, mais je mourrai, la conscience tranquille.
Je pense ne pas me tromper en te disant adieu, en ce moment même. Je ne pense pas te revoir, pas avant la fin du moins.
Pense à moi quand tu auras accompli ton destin.”

Je reste le dos appuyé contre les barreaux un long moment encore. Je n’ai pas besoin de réécouter, je connais presque chaque phrase par coeur. Les questions qu’il me posent indirectement me font mal. Pas physiquement, mais moralement et émotionnellement. Je m’oblige à ne pas craquer, à ne pas verser de larmes. J’ai dix-neuf ans, j’ai assez pleuré jusqu’à aujourd’hui.
La réalité s’impose à moi.
En fait, en dix-neuf ans, et surtout pendant les dix dernières années, depuis la mort de ma mère, je n’ai jamais laissé couler une seule larme. Pas une.
Et je sens que cette fois, je ne pourrai pas me contenir.
Pas maintenant.
Pas après ça.
Pas après ce que j’ai vécu.
Les sanglots montent de ma gorge, convulsifs, irrépressibles, sous le regard surpris de mes petits gardiens. Pour me protéger, moi et mon intimité, je dresse une barrière de glace, encore une fois.
Je ne tiendrai pas.
Je l’insonorise rapidement. Je me roule en boule, et tandis que l’eau sort à flots, une chanson me vient en mémoire. Une chanson que j’ai écoutée, il n’y a pas longtemps, pendant que j’étais sur Midgard. Sortie des profondeurs de mon corps, la magie déferle en une vague glaciale et destructrice. Imaginez une supernova glacée qui explose … C’est la même chose qui m’arrive. Une seule et unique vague de pouvoir concentré, venue de la pire des douleurs, gèle les murs, les barreaux, la montagne entière. Elle est suivie d’une seconde, faite de flammes d’une chaleur de plus de deux mille degrés, qui font tout exploser autour de moi. En quelques secondes, je me retrouve seule, au milieu des décombres. Pour la première fois, cette oeuvre ne m’inspire ni satisfaction ni réconfort.
Seule tache verte roulée en boule dans ce paysage blanc, je me rends compte que je me suis moi-même faite prisonnière de mes propres chaînes. Captive de mon amour.


Chapitre 9

Elle n'est pas si ... comment dire ? sans coeur, après tout. Non ? J'attends vos avis.
Dernière modification par vampiredelivres le ven. 01 août, 2014 2:54 pm, modifié 1 fois.
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Re: Anomédé ou la Fin du Monde

Message par cerise14 »

Ah il à le culo de lui laisser un message le Kalian! apres l'avoir trahi! le vilain :evil: :twisted: moi je dis vengeance ! :twisted: :twisted: :lol:
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Re: Anomédé ou la Fin du Monde

Message par vampiredelivres »

Flamboyante a écrit :PREUM'S !!!!


Non, effectivement.
Mais elle est trop enfermée dans sa solitude pour comprendre. Et elle n'a pas réellement le choix non plus : si Loki s'aperçoit de ce qu'elle ressent, elle deviendra son pion, comme les autres. Elle n'a pas envie de ça. Elle a des sentiments, oui, mais pas au point de lui faire oublier son amour du pouvoir.

Franchement, j'aimerais avoir pitié d'elle, mais c'est impossible, elle a fait trop de mal.
Donc, je ne dirais pas que c'est bien fait pour elle, mais... presque. :mrgreen:

La dernière "image" était vraiment très belle : seule, au milieu d'un abîme de destruction. L'histoire de sa vie.

PS : je t'ai envoyé un petit message sur ton mur.
Là, je ne fais pas de commentaire, tu fais tes suppositions. Mais je conteste juste un truc. Elle est quasi-totalement honnête avec son père, et elle l'adore, quasiment au point de l'aduler. Et elle sait très bien qu'il est là, et elle aussi, pour prendre le pouvoir. Elle ne souhaite pas l'oublier, au contraire. Bref. Pour l'image ... :roll:
cerise14 a écrit :Ah il à le culo de lui laisser un message le Kalian! apres l'avoir trahi! le vilain :evil: :twisted: moi je dis vengeance ! :twisted: :twisted: :lol:
En fait, il ne lui a pas vraiment laissé un message, il a juste parlé, alors qu'elle était enfermée dans sa "tour", et c'est elle qui a enregistré pour pouvoir l'écouter ensuite. Sinon, il lui aurait parlé en face.
Vengeance ? T'inquiète ... elle arrive :mrgreen:
Flamboyante a écrit :
cerise14 a écrit : moi je dis vengeance ! :twisted: :twisted: :lol:

Elle a un peu tout fait exploser à part ça elle ne s'est pas vengée du tout I :mrgreen:
Naaan, sérieux ? Mais alors juste un peu, pour l'explosion. :D
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Re: Anomédé ou la Fin du Monde

Message par vampiredelivres »

Hello !!
La suite d'Ano au programme. Bon, c'est sans doute le chapitre où il n'y a pas vraiment d'action. Désolée pour les fanas du "massacrer tout le monde", ici, c'est du descriptif. Et si j'arrive à vous mettre les images, ce serait parfait, elles seront peut-être en bas. En attendant, voilà:


Chapitre 9 *Préparation à une dure après-midi*.


Je me réveille dans un grand lit à baldaquin noir, dans une chambre toute aussi sombre, faite de murs d’obsidienne. L’atmosphère me met tout de suite à l’aise, mais j’ai un grand vide en moi. Je me lève doucement, rejetant les draps qui me recouvrent. Je détaille la pièce, curieuse. Je n’ai jamais été ici, mais quels que soient mes hôtes, il me traitent comme une reine. La salle de bains que j’aperçois me fait tout de suite penser au réconfort d’un bain chaud. Je saisis un peignoir posé sur une chaise en ébène, et je l’enfile rapidement. Je me sens totalement vidée. Les vêtements que je portais avant d’arriver ici sont accrochés à des cintres, sur la poignée d’une grande armoire. Une petite coiffeuse de bois (noir évidemment) est placée contre le mur, surplombée d’un grand miroir entouré de diamants qui reflètent la lumière. Minute ! Quelle lumière ? Je lève la tête, et je découvre un somptueux lustre de cristal, portant de grandes chandelles. J’avance doucement sur le tapis moelleux qui recouvre le sol, et me traîne doucement jusqu’à la salle adjacente. Un grand bureau de travail aux baies vitrées qui laissent passer la clarté du jour me permet de découvrir que je suis toujours sur Svartaflheim. J’ouvre l’une des fenêtres pour aérer un peu, et je reviens dans la chambre. Je me glisse dans la salle de bain, où je fais couler l’eau brûlante dans la baignoire. Je récupère une brosse à cheveux, et tente de les démêler, avant de me rendre compte qu’ils sont emplis de terre, de poussière, et surtout gelés. Totalement. Une gangue de glace les recouvre, en faisant une capuche grise. Trop épuisée pour utiliser ma magie, je plonge dans les réserves du Cube, que je sens pas loin, et libère ma crinière, qui cascade jusqu’à mes genoux. J’avise un grand flacon de shampoing, et je renonce à me coiffer avant d’avoir pu me laver. J’arrête l’eau, et y plonge un pied, pour le retirer aussitôt. J’ai peut-être un peu exagéré sur la température en fin de compte … Je crée donc une petite pile de glaçons que je dissous dans la baignoire, avant d’y entrer.
Je soupire d’aise. Cela dit, rien n’explique pourquoi chaque action magique me fatigue autant …

Je décide d’abandonner le problème pour le moment, et préfère plonger dans une douce torpeur. On ne dirait pas, mais depuis que je suis sortie de la caverne de Cronos, je n’ai pas eu le temps de prendre un bain. C’est tellement revigorant …
Mes forces me reviennent soudainement. Je fronce les sourcils tellement c’est inattendu, et cherche une explication au plus profond de moi. La solution m’apparaît comme évidente soudain. J’ai absorbé le pouvoir de tous les dieux, y compris Poséidon, et … Percy ???
Hein ?
Euuuh …
Il est devenu dieu quand, celui-là ?
Bref. Passons. L’avantage, c’est que grâce à ces deux là, je récupère très rapidement, et j’absorbe un petit bout du pouvoir contenu dans l’eau. Et je médite un peu. Une illumination subite me permet de comprendre mon état.
Lorsque j’ai explosé, littéralement, j’ai puisé uniquement dans ma douleur, et ma force. Je n’ai pas utilisé l’essence du Chaos que j’ai absorbée, ni le pouvoir d’une quelconque divinité. C’était mon énergie magique. Et j’en ai tellement rejetée qu’en fin de compte, j’ai aussi puisé dans mes forces vitales. Donc, je me suis probablement évanouie, et on m’a retrouvée là-bas dans le coma. Le problème, c’est que j’aurais pu me tuer, comme ça. Et c’est très désagréable comme pensée. Mais enfin bon. Vu que je ne l’ai pas fait, il n’y a plus de raisons de s’inquiéter.

J’analyse soudain la situation, et le résultat me fait sursauter.
Je suis dans un endroit inconnu de Svartaflheim, qui peut être à la fois accueillant et hostile. Je sors tout juste d’un coma profond, vidée de mes forces (enfin, plus maintenant). Je suis dans une grande baignoire, sans armes à portée de main, vulnérable à toute attaque.
Je m’exhorte au calme, et fais sortir mon épée de la Douât. Rasséréné par le fait qu’elle s’y trouve toujours, je m’immerge totalement dans l’eau. Je passe une main dans mes cheveux, et me retrouve confrontée au pire problème qui existe. LE truc. Un gros, et horrible … noeud dans ma crinière de plus d’un mètre de long. Au secours ! Je vais y passer une heure !
Enfin, peut-être moins. Je réalise qu’il se situe presque tout en bas, ce qui fait que je peux facilement le voir. D’accord. Point positif de la journée. J’amène sous mes yeux toute la mèche atteinte, et je découvre la taille de la pelote en question. Point négatif de la journée, c’est une grosse boule d’environ cinq centimètres de rayon. Ouch.
Je me relève pour récupérer le peigne fin qui se trouve au dessus du lavabo, à ma droite, et j’entreprends patiemment de défaire cette horreur. Cheveu après cheveu, minute après minute, toute la pelote est défaite. Je soupire de soulagement en relâchant le dernier cheveu. Une bonne chose de faite. Je me lave ensuite, me sèche, m’habille, et pour éviter de refaire face à un cas désastreux comme cité, je rassemble la totalité de ma crinière en une queue de cheval haute qui part du sommet de ma tête, et qui est tressée sur sa première partie. Au lieu de récupérer mes anciens vêtements, je pioche dans ceux de l’armoire. Ils sont pour la plus part faits de satin ou de velours noir. J’ai décidé de faire honneur au maître des lieux. J’enfile donc une longue robe volante sans manches et des escarpins qui me font soudain monter jusqu’aux deux mètres de haut. Je me contemple ensuite dans le miroir. N’ayant pas l’habitude de me préparer comme pour une soirée, je ne peux retenir une exclamation surprise. Cela dit, je me tais vite, et je récupère une trousse de maquillage dans la coiffeuse. J’ajoute une touche de mascara, de crayon, et une petite ligne l’eye-liner argenté. Je n’aime pas me faire passer pour un pot de peinture ambulant, et je garde cette habitude. Un petit coup de gloss transparent termine la transformation. Je réalise que je deviens moi, Anomédé, dix-neuf ans, adolescente comme une autre. Le seul problème de la métamorphose reste le froid ambiant. Ce qui ressemble à un palais n’a visiblement pas connu le chauffage, à moins que …
Je me donne mentalement une claque, avant de courir (manquer de me tuer), et de fermer la fenêtre ouverte dans le bureau.

Je récupère tout de même au cas où une cape épaisse que je place sur mes épaules nues d’un geste vif. Je cède aussi à une petite touche de coquetterie, en prenant un collier d’émeraudes, un bracelet de perles et une bague sertie d’un saphir. Ces petites touches de couleur revalorisent les trois nuances de mes yeux.
Je jette un dernier coup d’oeil au miroir, et, satisfaite, je sors dans le couloir.


Ah, premier constat, j’ai bien fait de prendre la cape. Ma tenue n’est pas faite pour se battre, d’accord, mais je peux soit la modifier à tout moment, soit éliminer mes adversaires d’un coup de …
M***e !
Le juron m’échappe, et je rentre à nouveau dans la chambre en coup de vent, pour récupérer mon sceptre, avant de ressortir, tranquillisée. Je repêche aussi mon arc, sous sa forme de serre-tête argenté. Le carquois suivra si j’en ai besoin. Je me glisse à pas de loup dans les couloirs éclairés à la flamme. Les claquements de mes talons aiguilles produisent un bruit rassurant en se répercutant sur les murs. Claquements qui alertent visiblement aussi deux gardes postés dans le château. Ils débarquent lances brandies, prêts au combat, mais la vue d’une jeune fille habillée pour une soirée mondaine les coupe dans leur élan. Leurs casques ne me permettent pas de distinguer leurs visages, mais je sens qu’ils me détaillent des pieds à la tête. Finalement, le premier demande, prudent:
- Qui êtes vous ?
- Je me suis réveillée dans l’une des chambres non loin d’ici. Je ne sais pas du tout comment je me suis retrouvée là, ni où je suis d’ailleurs. Pourriez-vous m’expliquer ?
Je sais, quand je suis polie, on ne dirait pas que c’est moi. Même ma voix est tellement guindée que je ne la reconnais presque pas. Le deuxième fait semblant de se frapper à la tête avant de dire à l’autre:
- L’invitée de la chambre noire !
Le premier a un hoquet de stupeur, puis se tourne vers moi, totalement transformé:
- Mademoiselle, veuillez nous excuser pour notre intervention brutale. Nous avions reçu des ordres stricts concernant les intrus voyez-vous … Souhaitez-vous que nous vous accompagnions chez le maître des lieux.
- Vous me rendriez là un immense service, merci.
Il s’incline, et soulève la visière, révélant des yeux gris-verts. Lorsque je me glisse entre eux deux, je le vois bien loucher sur mon décolleté, avant de se rendre compte que je ne suis pas aveugle, et de se replacer, droit comme un piquet. Il ne peut tout de même pas s’empêcher de jeter quelques coups d’oeil sur le trajet. Nous traversons un dédale de couloirs, passons une bonne dizaine de salles, avant de débarquer dans ce que je considère encore comme la plus grande des salles à manger. Je vous assure que en général, j’ai horreur du luxe. Et là, j’ai envie de vomir devant l’écoeurante démonstration de richesse. Le sol d’un noir profond est en marbre sombre, ainsi que les murs tout autour. Des dizaines de lustres faits d’or et ornés de diamants sont accrochés de toutes parts. Ils reflètent la lumière bleue extérieure. Je dis bien bleue parce que les fenêtres sont en un matériau bleu poli, que je reconnais ensuite comme du saphir. Et je précise que les fenêtres en question ont environ deux mètres de haut sur un de large. Et qu’il doit y en avoir une bonne vingtaine. Pour en rajouter, des gargouilles dépassent des murs à des intervalles de six pieds environ. Mais pas n’importe lesquelles. Des gargouilles en rubis, émeraudes, améthystes, topazes, etc … Je suis dégoûtée. Mais alors totalement. Cela dit, comme la bonne petite fille que je suis, je cache mes pensées au travers d’un masque impassible sur mon visage. Je laisse le premier des soldats s’approcher, et s’incliner devant la longue table d’ébène à laquelle siègent neuf personnes.
- Majesté, votre invitée s’est réveillée. Nous l’avons trouvée dans les couloirs.
Je manque de grogner légèrement. On dirait qu’ils m’ont trouvée comme une boîte de bijoux perdue. Je remarque soudain l’étrange éclat de son armure. Par les dieux ! Je m’étrangle à moitié. Mais ils ne reculent devant rien ici ! Que Loki m’en soit témoin, les mailles sont incrustées de diamants pour les renforcer ! Oh par mes aïeux ! Je ne peux pas m’empêcher d’ouvrir légèrement la bouche de stupeur, et de rester ainsi quelques secondes. Je manque d’ailleurs la réponse du roi, puis le guerrier revient, et me fait signe d’avancer, tout en se retirant lui-même de cette salle à reculons (sans oublier de m’observer longuement au dessous des hanches). Je retiens une exclamation rageuse sous ce regard, mais je dois faire bonne impression, qui que soit mon hôte.
Mes talons claquent contre le sol froid, tandis que j’avance, altière, vers le groupe. Je cache cette fois ma surprise en découvrant qui y préside. Je réalise que le bois n’est pas droit, mais courbe, comme une demi-lune, ce qui fait que j’ai soudain l’impression de me retrouver devant un tribunal. Je tente une révérence devant le seigneur Malekit, qui m’a visiblement recueillie après l’accident, ô expérience difficile, étant juchée sur des aiguilles de dix-huit centimètres. J’y parviens finalement, certes un peu gauche, mais l’idée est là.
- Damoiselle Anomédé, je suis ravi que vous ayez pu récupérer.
Il semble sincère, mais la politique est mère de tromperie. Je détaille son fin visage d’elfe noir, ses yeux de jais et ses cheveux blonds cendrés.
- Je vous présente ma femme Axeilliane, que vous n’avez pas encore pu rencontrer, et mon fils, Sheidan.
La première est une blonde elle aussi, aux yeux saphir. Le second est un beau garçon aux cheveux blancs, et aux yeux turquoises. Il me dévisage assez dédaigneusement, bien que j’aperçoive une pointe d’envie dans son regard.
- Majesté, je suis très honorée de découvrir votre famille.
La diplomatie reste mon fort en toutes circonstances. Je détaille les autres personnages assis. Et j’évite de justesse d’ouvrir à nouveau la bouche, façon poisson rouge, en voyant les invités du roi. Mon père, assis à la gauche même du maître des lieux. A sa propre gauche, Sif, suivie de Seth. A la droite de la reine, Hadès, et une dame inconnue qui ne dégage aucune force magique, pourtant sa prestance est impressionnante. Je passe. Et en dernier, une chaise vide, sans doute prévue pour moi.
- Combien de temps suis-je restée inconsciente, seigneur ?
- Deux mois, me répond mon père avec un sourire d’excuse.
Ce n’est pas si terrible, en fin de compte, je me dis. On a vu pire.
La déesse à droite d’Hadès intervient soudain:
- Il veut dire trois mois Svartaflheimiens, n’est-ce pas seigneur Loki ?
Je reconnais soudain la femme à son serre-tête orné d’un croissant de Lune.
- En vérité, ça fait deux ans terriens, ajoute la belle Artémis.


Chapitre 10

Merci d'avoir lu. La suite ne sera postée que samedi prochain, je dois réviser mon brevet, je n'aurai donc pas le temps d'écrire.
Dernière modification par vampiredelivres le ven. 01 août, 2014 2:53 pm, modifié 1 fois.
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Re: Anomédé ou la Fin du Monde

Message par vampiredelivres »

Voici ce que j'ai trouvé pour Ano, au niveau vestimentaire:
Sa robe:
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Sa cape:
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Son collier:
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Sa bague:
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Son bracelet:
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Et son serre-tête:
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J'attends vos avis.
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Re: Anomédé ou la Fin du Monde

Message par vampiredelivres »

Flamboyante a écrit :Oh, je vais lui livrer une palette de maquillage en plus, moi ! :D
Elle est féminine en fait, ta démone chérie ! Moi qui la voyait davantage comme un garçon manqué... :lol: :lol: :lol:


Oh, my god, je me suis tellement MARRÉE avec l'histoire du noeud !!! Quand on pense que Miss-Je-Tue-Tout-Le-Monde s'en fait pour un truc comme ça... :? :lol: :lol: :lol: :lol: :lol: :lol: :lol:
Mais... VOLEUSE DE POUVOIRS !!!! :? :evil: :evil: :evil: :evil:

Meeeeeeerrrrrde ! Qu'est-ce qu'Artémis fout là ?! Peut-être pour représenter le côté olympien ? Mouais, j'y crois pas des masses...
Sinon, c'est vrai que c'est un chapitre calme, et on découvre une Anomédé un peu plus féminine.
Je devine que le prince elfe noir est le personnage dont tu me parlais. Et il a des vues sur Anomédé, c'est sûr !

Alors certes, il n'y a pas de bataille, mais c'est tout de même intéressant.
Tu m'as tuée avec le coup de la palette :lol: Et oui, quand elle se décide à prendre son temps et à ne pas massacrer tout le monde, elle est féminine ... :mrgreen:

Pour le noeud ... :lol: :lol: :lol: :lol: :lol: :lol: :lol: :lol: En fait, il m'était arrivé la même chose le matin où j'ai écrit cette partie, donc voilà ... et puis, un noeud dans les cheveux, c'est supra-important, hein !!! :mrgreen:
Après la voleuse de livres (le film), on a la voleuse de pouvoirs ... :D

Et Artémis ? Naaan, rien du tout ! *little angel's smile* Elle s'expliquera au prochain chapitre ... et elle a de bonnes raisons.
Le prince ... ouais, tu as tout compris. Sauf que évidemment, avec Ano, rien n'est jamais simple !
Et puis, la miss démone change un peu de temps en temps ... je dis bien "un peu". :twisted:

Et merci pour le comm'
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Re: Anomédé ou la Fin du Monde

Message par dianabeth »

OUla il se passe beaucoup de choses en deux chapitres... Je trouve plus mes mots :lol: :D Ano est touchante à sa manière surtout dans la dernière partie du chapitre précédent! Donc Artémis à rejoint les méchants... Sans Apollon ? Pourquoi ? TU me rends curieuse là !! :lol: :mrgreen: OU sont passé Kalian et Thor lors de l'explosion ? Ouille deux ans ? C'est long ça ! :D
PS: La robe est super jolie et je vois bien Ano dedans d'ailleurs tu nous mettrait des photos d'elle ? :mrgreen: Ainsi que les autres perso ? :D
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Re: Anomédé ou la Fin du Monde

Message par vampiredelivres »

dianabeth a écrit :OUla il se passe beaucoup de choses en deux chapitres... Je trouve plus mes mots :lol: :D Ano est touchante à sa manière surtout dans la dernière partie du chapitre précédent! Donc Artémis à rejoint les méchants... Sans Apollon ? Pourquoi ? TU me rends curieuse là !! :lol: :mrgreen: OU sont passé Kalian et Thor lors de l'explosion ? Ouille deux ans ? C'est long ça ! :D
PS: La robe est super jolie et je vois bien Ano dedans d'ailleurs tu nous mettrait des photos d'elle ? :mrgreen: Ainsi que les autres perso ? :D
Bon, d'abord, merci pour le comm' :P
Ensuite, beaucoup de questions, mais je ne peux pas y répondre sans gâcher la suite. Il y a une chose pour laquelle je peux par contre te donner une réponse, c'est que Kal et Thor ont filé une fois la "discussion" terminée. Ano a craqué ... allez, une dizaine de minutes après leur départ. Pour Artémis, comme je l'ai dit, elle s'expliquera au chapitre suivant.
Deux ans, oui. Ouille, comme tu dis. Elle a vingt-et-un ans, la miss !!
Pour les photos, j'ai deux dessins d'elle, mais comme c'est un scan, ils sont trop longs à charger. Mais tu peux les trouver ici, dans la partie "Prologue *Présentation*": https://sites.google.com/site/anomedeou ... uragnarok/, c'est un site entièrement dédié à la Démona. Pour des photos des autres, je chercherai.
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Re: Anomédé ou la Fin du Monde

Message par vampiredelivres »

Helloooo !!
Après un Brevet Blanc épuisant, me revoilà avec un nouveau chapitre de la miss Ano. Et en prime, vu que je suis suuuuper sympa :) , je vous offre quelques photos (et une fin ... je me tais !!!).
Donc, suffit de palabrer, voilà la suite !

Chapitre 10 *Prises de conscience*.

J’accuse le coup en silence, mais je ne montre rien. Mais sincèrement, c’est une vraie gifle. J’ai vingt-et-un ans.
- Dame Artémis ici présente, m’explique Sif, a décidé de nous rejoindre. Enfin, à ce qu’elle prétend.
Une pointe d’animosité se fait entendre dans la voix de la déesse guerrière. Je ne comprends d’abord pas pourquoi, puis la lumière se fait. En fait, ce n’est pas simplement qu’elle ne l’aime pas, mais qu’elle a peur de la déesse de la Lune. Je manque de sourire à ce constat.
- Le seigneur Malekit, reprend mon père, nous a conviés ici pour une réunion de haute importance.
- En vérité, corrige Artémis, c’est sur ma demande qu’il vous a conviés ici. Je souhaitais faire un point sur la situation, vous faire part de ma prise de parti dans le conflit, et m’enquérir de l’état de la principale organisatrice de ce Ragnarök.
- Ça en fait beaucoup, je plaisante.
Elle me dévisage avec une certaine bienveillance, et le roi des elfes noirs me fait signe de m’asseoir à son côté. Une fois assise, je goûte aux plats proposés par les serviteurs du maître des lieux, qui se révèlent délicieux, et je mange silencieusement. Les autres dieux se cadrent sur mon comportement, ce qui me paraît étrange vu la grande différence de puissance. Mais bon.
Ayant déjeuné, Malekit nous fait passer dans un petit salon et se retire avec son épouse, prétextant des affaires urgentes à gérer. Je devine qu’en fait, il ne tient pas à passer des heures en présence de cinq - soyons honnêtes, six - dieux tout puissants, ni à entendre leurs plans diaboliques.

J’entame la réunion d’une phrase banale:
- Au fait, bienvenue dans ce conseil, dame Artémis.
Je fais la fière, mais en vérité je ne le suis pas autant. Elle de son côté salue mon entrée discrète en la matière par un hochement de tête approbateur. Je réalise que les plateaux s’équilibrent. Si elle décide de venir réellement avec nous, il n’y aura pas de différences entre le nombre d’hommes et de femmes. Puis, je me gifle mentalement. Qu’importe une telle broutille face à la nécessité de réussir ? Un petit rire dans mon esprit m’informe que mon père a suivi ma réflexion. Je lui envoie une image de panthère montrant les crocs, et je me replonge dans le monde réel.
- Vous souhaitiez donc nous parler de l’état de la Terre.
Je tends ainsi une perche bien visible à la déesse, qui ne semble pas savoir par où commencer. Elle la saisit sans mal:
- Oui. Je vais repartir à la base, le jour où vous vous êtes évanouie. Ce même jour, mon frère a succombé à de forts maux de tête, et même les meilleurs guérisseurs ne sont pas parvenus à le soigner. Il n’a pas pu reprendre sa fonction de conducteur du char du soleil, et aucun dieu n’a pu le faire à sa place car le char n’illumine que si Apollon est à l’intérieur. Le dieu du soleil est depuis dans un coma éthylique qui ne semble pas avoir de fin.
J’intègre l’information pendant qu’elle poursuit.
- Donc, à partir de ce jour, le soleil a cessé de briller pour trois jours. Rê a commencé à faire le travail à la place de son homologue, mais il est fatigué, donc les jours sont plus courts, et il ne se montre pas lors d’autres. Les hommes ont plongé d’abord dans une grande perplexité, qui a ensuite viré à la panique. Les gouvernements ont ployé sous des milliards de demandes différentes, de tous types. Chacun a commencé à accuser son prochain de la faute, et les pays sont doucement entrés en guerre. Les tensions ont grandi, les hommes sont partis sur les fronts, pendant que les femmes restaient dans les villes et les villages. Les enfants ont commencé à se battre, vite suivis de leurs mères. Les hommes sont morts chaque jour, de plusieurs raisons. Les voleurs, assassins, et tous ceux qui suivent cette voie en ont profité bien sûr. Et le monde est resté plongé dans le noir. Certains ce sont enrichis au profit des autres, puis, des soldats ont commencé à déserter, pour revenir chez eux, des maladies nouvelles ont vu le jour, contre lesquelles les hommes sont totalement désemparés. Les viols, et autres choses de ce genre - je ne m’épancherai pas sur le sujet - sont devenus de plus en nombreux, etc …
J’attends patiemment qu’elle vienne au sujet qui m’intéresse vraiment.
- Les trois camps restants, grec, romain et égyptien, sachant qu’il ne reste qu’un nordique encore vivant ET libre, se sont réunis et alliés pour essayer d’aider les mortels. Ils ont conçu quelques broutilles qui ont aidé les humains normaux, mais n’ont rien tenté envers les opposants. Et vos neuf alliés, enfin, je dirais sujets, ont aidé à mettre la pagaille un peu partout en infiltrant les hauts postes. Pendant ce temps, les seigneurs Hadès, Seth, Loki, ainsi que la dame Sif sont resté cachés, hors d’atteinte. C’est un miracle que j’aie réussi à découvrir où vous vous trouviez.
Elle signale la fin de son exposé en s’appuyant sur le dossier du canapé. Je reste silencieuse, et je cogite. Je me lève, et, pour ne pas gêner les dieux qui commencent à discuter, je fais les cent pas au fond de la salle. Une question me vient à l’esprit:
- Où résident les dieux, dame Artémis ?
- Dans le camp grec, avec tous les demi-dieux.
- Aie, vous voulez dire que les dieux romains, grecs, nordiques, égyptiens, et leurs enfants, se trouvent au même endroit ?
- Oui.
D’accord. Au moins, je sais où frapper. Une autre pensée m’effleure:
- Cela dit, vous n’avez pas donné les raisons qui vous poussent à nous rejoindre …
- C’est pourtant simple. Je suis une déesse vierge et guerrière qui déteste les hommes. Pas seulement par principe, mais aussi parce qu’ils souillent la nature. Ils ont conduit à la mort le seul qui me comprenait vraiment, Pan, mais je ne me suis jamais vengée. Et puis, j’ai une face cachée, comme la lune: je suis toujours dans le camp des vainqueurs. Mais j’ai une petite condition.
- Je suppose qu’elle concerne les Chasseresses …
- Oui. Elle sont d’accord avec moi et me suivront jusqu’au bout. J’aimerais que vous (cette fois ci, le vous n’est pas seulement destiné à moi) les acceptiez.
Les autres dieux me regardent, semblent attendre ma réponse. Je prends soudain conscience de toute l’ampleur de la position que j’occupe dans cette affaire. Pour ne pas avoir à répondre, je marmonne un “Mmmmmh” indistinct, et je recommence à faire les cent pas. Cela dit, je bloque sur une des données de Dame Artémis, et j’envoie un petit message mental à mon père:
- Vous n’auriez pas pioché dans ma réserve d’élixir de Morphos par hasard ?
Avec un mental petit sourire angélique, il me répond:
- Mmmmh. Je ne sais pas …
Je lui renvoie sa marque d’affection, et je reviens sur mon petit problème actuel. Céder tout de suite serait trop simple, et puis, je me méfie depuis l’affaire “Kalian”. Ce n’est pas que je ne le faisais pas, mais mon cousin adoré m’a ouvert les yeux encore plus qu’avant. En fin de compte, je parviens à quelque chose qui ressemble à un milieu:
- Voilà ce que je vous propose: je vous laisse piocher dans une réserve de mon énergie actuelle, et vous faites vos preuves, ainsi que vos Chasseresses. Ensuite, une décision finale sera prise.
J’ai veillé à ne pas dire “Ensuite, je déciderai finalement”, pour ne pas me placer au sommet de l’échelle du pouvoir.

Un “toc-toc” discret à la porte se fait entendre. Un serviteur entre, l’air assez apeuré, et demande:
- Sa Majesté souhaite savoir si vous voulez vous restaurer.
Chacun de nous décline tour à tour, et il ressort, assez rassuré.

J’ai un petit pressentiment, que je me garde de faire part aux autres. J’ai l’impression soudaine que je dois rentrer dans ma chambre, tout simplement. Mais j’ai encore à débattre de petits problèmes.
J’opte pour une petite tactique de déstabilisation:
- Au fait, étant donné que j’ai été “absente” pendant trois ans, comment allez-vous ?
Les regards ébelurés qui me répondent me font presque rire. Montrer qu’une situation peut être renversée, encore et toujours. Sif est la première à se reprendre, en fine tacticienne:
- Bien merci, et toi ?
Oui, je sais, elle me tutoie, contrairement à Artémis, mais je préfère ça.
- A part le fait que je suis fatiguée, malgré mon sommeil prolongé, ça va.
Les autres se reprennent. Loki m’envoie son sourire habituel, ce qui me fait lieu de réponse. Hadès et Seth me répondent la même chose que la Walkyrie. Cela dit, ils ont mis quelques secondes, ce qui me prouve qu’ils ont été surpris par cette attaque.
- Maintenant, si vous voulez bien m’excuser, je vais me retirer dans ma chambre.
Encore une surprise inattendue pour eux. Mon père, qui sent qu’il y a anguille sous roche, fronce les sourcils. Je lui réponds par un léger signe de tête rassurant. Puis, son visage s’éclaire, et je sens à mon tout qu’il me cache quelque chose. Je quitte tout de même la salle sans me poser de questions.
En me levant de mon fauteuil, je manque de perdre l’équilibre, et mes talons n’arrangent pas l’affaire. La prochaine fois, je mettrai des ballerines. Je passe la porte, et aussitôt, deux gardes m’entourent en me disant que ils doivent m’accompagner à ma suite.

Nous avançons dans les longs couloirs, dont je mémorise l’emplacement, la direction, les embranchements, afin de ne pas avoir à me perdre. Bizarrement, je me rends compte qu’en réfléchissant, quelle ironie du sort, j’utilise des pensées à rallonge. Au lieu de faire une phrase dans ma tête du style “Ce couloir coupe celui-ci”, je fais plutôt “Le couloir que je suis dans une direction nord-ouest coupe le couloir nord-est perpendiculairement.” Même moi, je trouve ça tordu. Un léger raclement de gorge fait sursauter les soldats, qui se retournent, lances pointées. Pour ma part, je pivote avec une vivacité de chat, en sortant mon poignard au cas où. Je réalise vite que ce n’est que le dénommé Sheidan, qui déclare tranquillement:
- Je souhaite accompagner la demoiselle Anomédé jusqu’à sa chambre.
La demande est à peine voilée, et les gardes rougissent en obéissant. Il me tend le bras d’un air galant, mais une petite lueur glaciale dans ses yeux m’incite à ne pas lui faire confiance trop vite. Je connais trop bien cette petite flamme, elle brille bien souvent dans les yeux de mon père. Et accessoirement dans les miens. Je réponds tout de même à son invitation en faisant attention à dissimuler ce que je pense. Nous n’échangeons pas un mot pendant le trajet, et je parle finalement la première, devant la porte de “chez moi”:
- Merci, Votre Altesse, de m’avoir honorée de votre compagnie et de m’avoir si gentiment reconduite.
- Ce fut un plaisir, mademoiselle.
Je fais une gracieuse révérence avant de tourner les talons et de claquer la porte. Ce garçon, ou plutôt cet elfe, m’intrigue. Son attitude pendant le déjeuner a été distante, et voilà que maintenant, il me raccompagne ?
C’est très étrange. Mais bon, l’étrangeté est mon rayon. Je percerai sa couverture un jour ou l’autre. Je me le jure.
Entre temps, je m’allonge un instant sur mon lit. J’ai beaucoup de choses à faire … Et d’ailleurs …
Un coup de vent coupe mes pensées (oui, je sais, le jeu de mots est stupide). Il vient du bureau. Je fronce les sourcils. J’avais pourtant fermé la fenêtre, non ?
Je balaie le tout d’un geste. Oh, et puis tant pis, hein ! J’ai autre chose à faire !
Je fais apparaître un ordinateur, mais quelque chose cloche, je le sens. Je me lève doucement en enlevant mes talons échasses qui auraient claqué sur le dallage de la salle de travail, et je prends mon épée. J’avance sur la pointe des pieds, ma robe frôle doucement le tapis dans un son feutré presque inaudible. Je glisse aussi silencieusement qu’une ombre, et me plaque dos au mur en apercevant une silhouette encapuchonnée devant la fenêtre de la salle en question. Je reprends mon souffle, je jette un rapide coup d’oeil, en me rendant invisible. La personne me tourne le dos, elle regarde dehors. Je redeviens visible, prends appui, et bondis aussi silencieusement qu’une panthère. Je heurte légèrement la table du pommeau, et le visiteur se retourne. Je lui transperce le ventre d’un geste sûr, tout en rejetant sa capuche de l’autre main. Il, ou plutôt elle, se plie de douleur, puis se redresse, recule, se désempale, et me regarde, curieuse. Puis, elle lâche une phrase:
- Wow. C’est comme ça que tu m’accueilles, soeurette ?


Chapitre 11

:twisted: :twisted: :twisted: :twisted:
J'espère que vous aimez la fin :twisted:
Qui cela peut-il être :?: Mystère et boule de gomme.

Et la prime, voici les photos/images.

Anomédé:
Image
Kalian:
Image
Loki:
Image
Dernière modification par vampiredelivres le ven. 01 août, 2014 2:52 pm, modifié 1 fois.
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Re: Anomédé ou la Fin du Monde

Message par vampiredelivres »

Flamboyante a écrit :PREUM's !

Intéressant...
Je me doutais des motivations d'Artémis, mais maintenant je sais que j'avais raison.
J'aime bien les échanges entre Anomédé et son père !
Euh... si ça se trouve, les elfes noirs veulent la survie et le cube. Si Sheidan épouse Anomédé, il aura les deux, et le reste du royaume avec ! :mrgreen:

Pour l"inconnue : WHAT THE HEL ! :? :lol:

La "faute" était volontaire, croyez-moi.
On voit que tu as du talent pour deviner des trucs ...
Sheidan épouser Ano ??? AAAAAAAAAAAAAHHHH !!!!!! SOS !!! :lol: :lol: :lol: :lol: :lol:
Je plaisante.

L'inconnue ... LOL :lol: Je crois qu'encore une fois, tu as deviné, mais je préfère me taire et laisser un peu de suspens aux autres.
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