Extraits

" Pendant un instant, il se dit qu'il allait vraiment le faire. Mais après, quoi? Quoi? Qu'arriverait-il à tous ceux qu'il aimait ici ? Ils mourraient tous, comme c'était annoncé dans la prophétie. Il ne pourrait jamais laisser cela arriver. Ne laisserait jamais cela arriver. Alors…

Gregor glissa au sol, haletant, parcouru de vagues de frissons. Il lutta pour se reprendre. Il fallait que ça s'arrête ! Il ne pouvait pas perdre le contrôle chaque fois qu'il pensait à ce qu'il l'attendait. À tous les gens qu'il ne verrait plus, à tout ce qu'il ne ferait jamais. "

P.36

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" Vas-y, se dit-il. Écris-le. Tu seras mort avant même qu'elle ne le lise. Et de toute façon c'est vrai.

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GREGOR"

P.276

Il était en sécurité pour l'instant, ici sur le terrain de jeu, mais partout dans le monde des gens souffraient, s'enfuyaient, s'affamaient et se tuaient les uns les autres en menant leurs guerres. Combien d'énergie ils mettaient à se faire du mal. Si peu à s'aider. Cela changerait-il jamais ? Que faudrait-il pour que cela change ? Il pensa à la main de Luxa pressée dans la patte de Ripred. Voilà ce qu'il faudrait. Des gens rejetant la guerre. Pas un, ni deux, mais tous. Décidant que c'était une façon inacceptable de résoudre leurs différends. À vue de nez, l'espèce humaine devait beaucoup évoluer avant que ne se produise une chose pareille. Peut-être que c'était impossible. Mais peut-être que ça ne l'était pas. Comme disait Vikus, rien n'arriverait à moins de l'espérer d'abord. Si on avait l'espoir, peut-être qu'on trouverait un moyen de faire changer les choses. Parce que si on y pensait, il y avait tant de raisons d'essayer.

– Je ne veux pas aller en Virginie, annonça Lizzie, à la surprise générale.

– Mais tu as dit que tu voulais, Lizzie, s'étonna sa mère. Tu étais la première à faire tes bagages quand j'en ai parlé.

– Je ne veux plus y aller. C'est notre maison ici. Je ne veux pas m'enfuir. Ripred dit que si on fuit les choses qui nous font peur, elles vous pourchassent.

– C'est comme ça. Tu passes toute ton enfance à entendre qu'il faut être gentil et que faire du mal aux autres est un crime, et puis ils t'envoient dans une guerre et te disent de tuer. Qu'est-ce que ça va te faire au cerveau, hein ?

– Rien de bon, dit-il.

– Ça va passer, Gregor, assura-t-elle.

– Je ne sais pas. Dans mon rêve, je me tuais en tombant. J'avais des rêves de chute avant, mais c'est la première fois que je touche le fond.

– Ne t'inquiète pas. Si tu touches le fond, il y a tout un tas de gens en bas pour t'aider à te relever, dit-elle.

C'est l'idéal, vraiment. Ils vont se mettre d'accord sur un plan. Il ne plaira à personne. Tous auront l'impression d'avoir été traités injustement, mais seront heureux que leurs voisins ressentent la même chose. Et voilà la nature même du compromis.

Ce n'était pas vraiment une lettre. Il se sentit pingre, de n'avoir utilisé que onze mots. Mais même s'il avait eu des boîtes entières de marqueurs, qu'aurait-il dit de plus ? Peut-être qu'il aurait mieux expliqué pourquoi l'un d'eux devait survivre. Pour qu'ils survivent tous les deux. Pour que l'un se souvienne de l'autre tout au long de son existence. Ce ne serait pas lui, ce devait donc être elle. Et il voulait pouvoir la visualiser adulte, vivante et heureuse un jour, pour trouver le courage d'affronter ses derniers instants face au Fléau.

Il aurait aimé pouvoir en dire plus. Combien il était reconnaissant à Howard pour tout ce qu'il avait fait, s'il avait eu un grand frère, il aurait voulu qu'il soit exactement comme lui. Quelqu'un de bon et brave, qui n'avait pas peur de s'investir ni d'admettre qu'il puisse avoir tort. Mais Howard serait le frère de Luxa à présent, et c'était le plus important.

– Elle est morte.

– Oui, dit Gregor se disant qu'il préférait l'époque où Moufle ne comprenait pas la notion de mort.

– Tu la mets là, dit-elle en tapotant le torse de son frère au niveau du cœur.