Jours de tremblement

Une rafale, une autre, crépitant dans la nuit, l'explosion d'une vitre, la réponse immédiate, en saccades rageuses, puis le déferlement des tirs, salves, roulements, décharges rauques, partout autour de la cabine, dans une folie acharnée, tournoyante, avec les balles qui claquaient, sonnaient contre le métal et ces cris au loin couverts par la sirène d'alarme qui s'était mise à hululer comme une bête blessée, l'énorme masse du Katarina touchée en plein coeur, alors que je me souviens avoir regardé ma montre, cinq heures cinquante, juste avant que l'obscurité ne tombe, l'électricité coupée, avec dans l'habitacle noir ces geignements de l'enfant, ma non l'ho fatto a posto, mama, je ne l'ai pas fait exprès, maman, parce qu'il devait avoir uriné sans doute, et la voix de Livia qui cherchait à le rassurer, leurs deux voix comme une frêle tresse humaine sous les hurlements de la sirène, les déflagrations toujours plus proches, au point que je me disais c'est la fin, ils tirent à l'aveugle, une balle va faire éclater la vitre et ricocher à l'intérieur de la cabine...