L'Héritier des Castellano

Kristen était en plein cauchemar.

— Oh, mon Dieu…

— C’est tout ce que tu trouves à dire ? tonna Sergio. A cause à toi, mon affaire avec le comte Denholm est mise en péril, et les actions du groupe Castellano ont dégringolé ! Sans compter que cette histoire entache ma réputation.

Elle se répandit en excuses, mais il la fit taire d’un geste.

— Mon attaché de presse s’efforce de limiter les dégâts. Il t’a rédigé une déclaration pour la conférence de presse prévue à 9 heures. Si nous partons tout de suite, ajouta-t-il en regardant sa montre, nous pouvons encore y être à temps. Viens, ma voiture est garée de ce côté. Il s’éloigna en sens inverse, et mit quelques instants à voir que Kristen ne le suivait pas.

— Eh bien ? Qu’est-ce que tu attends ?

— Je ne peux pas t’accompagner. Il faut que j’emmène Nico à…

Elle s’interrompit, horrifiée. Quelle sotte ! N’aurait-elle pas pu tenir sa langue ? Ce n’est qu’à ce moment que Sergio sembla remarquer qu’ils n’étaient pas seuls. Tandis qu’il revenait sur ses pas, Kristen jeta un regard inquiet à Nico, et retint un soupir de soulagement : il avait le visage en partie caché par sa grande casquette. Une chance qu’il ait tenu à la porter ce matin !

— C’est ton fils ? s’enquit Sergio, les yeux plissés.

— Oui, admit-elle, fuyant son regard. Maintenant, excuse-nous, il faut vraiment qu’on y aille.

Mais il n’avait pas l’intention d’abandonner si vite.

— Tu es mariée, alors ? J’ai mis deux jours à te retrouver parce que je te cherchais sous le nom de Kristen Russell, mais tu t’appelles Lloyd, désormais. Est-ce le nom du père ?

De plus en plus mal à l’aise, Kristen se mordit la lèvre. Que pouvait-elle répondre ? Elle n’allait tout de même pas lui confier les détails intimes de sa vie au beau milieu de la rue ! Hélas, à l’instant où elle s’apprêtait à invoquer son retard pour éviter la question, Nico leva la tête. Avait-il senti que Sergio le fixait avec insistance ? Toujours est-il qu’il lui tendit sa casquette, révélant ainsi son visage.

— Tu veux voir mon chapeau ? proposa-t-il en toute innocence. C’est Winnie l’Ourson dessus.

Le choc se peignit sur les traits de Sergio. Un silence de mort s’abattit sur eux, et dura ce qui parut une éternité.

— Santa Madonna, lâcha-t-il dans un souffle.

Ses yeux exorbités passèrent de Nico à Kristen plusieurs fois, comme s’il n’osait croire ce qu’il voyait.

— C’est impossible, finit-il par murmurer. Tu as perdu le bébé… C’est moi qui t’ai conduite aux urgences quand tu as fait ta fausse couche.