Extraits

- Seindeï... dis-nous ton secret, pouffa Aureleïn en dessinant quelque chose, du bout des doigts, dans la farine éparpillée sur la table.

Seindeï paradait, son petit menton pointu en avant, et ses yeux bruns pétillaient de malice.

Dans son coin, Diane la regardait à travers ses cheveux, grignotant le reste de sa cuisse de poulet pour s’empêcher de demander à haute voix la suite que tous attendaient : comment apprendre à embrasser ?

- Je m'entraine avec les miroirs... ou le coude, lâcha enfin Seindeï.

Un long silence s'ensuivit, sans exclamation ni amusement toutes - Diane comprise -, essayaient de s'imaginer apposer leurs lèvres contre un miroir froid, ou leur coude. Ealasaid tenta même de le faire, pour grimacer rapidement et se moquer de son amie :

- ça ne donne pas envie !

- Faut y mettre la langue aussi ! Tout est dans le jeu de la langue ! leur apprit Seindeï en plaint le bras, remontant sa manche de tunique, et en embrassant goulument le creux formé sur sa peau.

Certaines en restèrent coites ou écœurées. Aureleïn fut tant absorbée par ce qu'elle voyait que, malgré elle, sa bouche suivit dans le vide les mouvements de celle de Seindeï, alors qu'Iseabal claquait de la langue en fronçant les sourcils et en lançant d'un ton narquois :

- Voilà pourquoi je retrouve des traces immondes sur les miroirs des chambres, moi qui pensais que des limaces s'étaient aventurées par là..., naye..., je découvre que c'est simplement Seindeï qui dépose sa salive gluante sur les meubles du château.

Ladite personne personne incriminée releva vivement la tête en faisant la grimace, alors que ses amies s'amusaient d'elle ouvertement.

Pages 134-135

"Cher marquis,

Allez donc poser vos gros doigts poisseux sur d'autres genoux. Soignez votre haleine aux effluves d'égouts malsains à l'aide d'une liqueur de menthe, bien que je doute sérieusement que la pauvre puisse agir et faire des miracles ! Changez aussi de tailleur ! Très cher, vous ressemblez à une baleine ainsi engoncé, et vous ne frisez plus le ridicule, vous en êtes devenu le roi !

Bien le bon vent d'une lady qui ne sera jamais vôtre et qui a eu le bon goût de fuir votre répugnante présence.

Diane, lady de Waldon"

"Un jour mon prince viendra ...", chantaient les princesses dans les contes enchantées de Charles Perralt.

Fadaises que tout cela !

Diane savait maintenant ce qu'elle aurait clamé à leur suite : " ... Et je le détesterai !".

— Saperlipopette ! jura Diane dans un souffle. Mais... qu’ai-je dit ? s’étonna-t-elle encore en portant son regard sur Iseabal, Seindeï et Seasaidh.

Ce fut la friponne de Seindeï qui répondit avec un sourire en coin :

— Demandez-vous plutôt ce que vous avez fait !

— Seindeï ! la rappela à l’ordre Iseabal en lui faisant de gros yeux.

— Quoi ? Elle l’embrasse sur la joue, l’allume comme une torche et elle s’inquiète ensuite de ce qui lui prend de tourner les talons ainsi.

— Suffit, Seindeï ! coupa la cuisinière.

Un court silence s’installa jusqu’à ce que Seindeï l’intrépide ne puisse plus juguler le flot de ses pensées. 

— Il est parti pour ne pas vous sauter dessus, aye !

Diane poussa un petit cri de souris en écarquillant les yeux et s’écria :

— Je vous demande pardon ?

— Tu es impossible, Seindeï ! marmonna Iseabal d’un air catastrophé. Ta tête est pleine de fantasmes en ébullition et du coup, tu les transposes sur tout ce qui t’entoure.

— Aye..., mes fantasmes, chantonna moqueusement Seindeï. Ce ne sont pas eux qui tendaient le kilt du laird, genre piquet de tente, soutenant le tissu à l’horizontale.