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"[...] As-tu des nouvelles pour moi ?

- Oui et de très mauvaises, répondit Lorlen en s’adossant a son fauteuil. Des nouvelles qui choqueront tous les mages de la Guilde, et toi plus que n'importe qui.

- Vraiment ? demanda Akkarin dont le regard se fit dur.

- As-tu encore de ce vin ? demanda Lorlen en désignant son verre.

- C'est ma derniere bouteille.

- Quelle horreur! C'est pire que ce que je croyais. J'ai bien peur qu'il n'y en ait pas d'autres. j'ai décidé de ne pas reconduire notre contrat avec ce fournisseur. Une fois cette bouteille vidée, il n'y aura plus d'anuren sombre pour le haut seigneur.

- C'est ça, ta nouvelle?

- Oui. terrible, non ? Répondit Lorlen en dévisageant son ami. Tu es mécontent ?

- Bien sûr que oui ! Pourquoi n'en achètes-tu plus ?

[...]"

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- Beurk ! cria Issle d'une voix pointue qui résonna dans le corridor. mais qu'est ce qui pue comme ça ?

Regin leva lui aussi les yeux et sourit.

- C'est l'odeur des Taudis ! Fais attention, plus tu en approches, plus ça sent !

Regin se plaça devant Sonea et regarda ce qu'elle tenait à la main.

- Il y a peut-être quelque chose qui pue dans son nouveau cartable.

Sonea recula au moment où Regin tendait le bras, mais une grande silhouette vêtue de noir sortit d'un couloir et le garçon se pétrifia, la main toujours prête à se refermer sur le cartable.

L'élan de Sonea la mit hors de portée de Regin, mais la projeta dans les jambes du magicien. La jeune fille s'avisa brusquement qu'elle était la seule à bouger. Immobiles, tous les autres novices présents dans le couloirs regardaient le magicien.

Le mage vêtu de noir. Le haut-seigneur.

Dans la tête de Sonea, une petite voix se mit à hurler :

- C'est lui ! Cours ! Fuis !

Elle recula précipitamment de quelques pas.

Non pensa-t-elle, n'attire pas l'attention sur toi ! Agis comme d'habitude.

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Elle ferma à moitié les yeux pour se concentrer sur la source de ses pouvoirs. Elle puisa presque tout ce qui lui restait de puissance et forma dans son esprit un schéma tactique tout à la fois magnifique et imparable. Ensuite, elle leva les bras. Cela n’avait plus d’importance désormais qu’elle dévoile ses intentions. À la seconde où elle libéra sa magie, elle sut qu’elle lâchait la force la plus terrible qu’elle avait jamais mobilisée. Elle lança trois vagues d’éclairs de force, dans un crescendo de puissance dévastateur.

Elle perçut un murmure sourd qui montait dans la foule lorsque ses attaques irradièrent d’elle pour éclore en une fleur de lumière incandescente.

Les yeux de Regin s’arrondirent devant le train d’ondes qui se précipitait sur lui. Il recula, mais il n’avait nulle part où aller. La première attaque arriva sur lui et son bouclier vola en éclat.

Un battement de cœur plus tard, la deuxième vague frappa son nouveau bouclier. L’expression sur son visage passa de la surprise à la terreur pure. Il tourna la tête vers le seigneur Garrel, puis leva les bras devant son visage à l’instant où la troisième lame déferlait.

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Pendant que Jerrik posait la même question aux hauts mages, Rothen regarda le chef de la Guilde vêtu de noir. Comme la plupart des Kyraliens, Akkarin était mince et élancé, ses traits anguleux encore durcis par sa coiffure à l’ancienne mode ; il portait les cheveux tirés en arrière et attachés sur la nuque.Comme toujours, le haut seigneur semblait distant. Il n’avait jamais montré le moindre intérêt pour un novice, et la plupart des familles avaient abandonné tout espoir de voir leur enfant devenir son pupille

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Elle ne put s’empêcher de sourire. Elle avait été aussi douée que n’importe lequel de ses amis d’enfance pour vider les poches et forcer les serrures – sauf Cery, qui la battait à plate couture – et même si sa tante Jonna lui avait seriné que le vol était un crime, elle n’avait jamais oublié l’excitation du jeu

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Sonea alla prendre sa place , consciente des regards qui la suivaient. Elle s'assit et se força à regarder ses condisciples.

Les novices la quittèrent aussitôt des yeux et Sonea soupira de soulagement. Elle s'était attendu à plus de mépris. Le garçon de la cérémonie était peut être le seul à être ouvertement désagréable ?

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CHAPITRE 1 : LA CÉRÉMONIE

Pendant quelques semaines chaque été, le ciel de Kyralie se colorait d’un bleu cru et le soleil frappait sans pitié. La poussière recouvrait les rues d’Imardin et les mâts des bateaux, dans le port, étaient brouillés par la chaleur. Les habitants restaient chez eux à s’éventer en savourant des jus de fruits… ou filaient dans les quartiers les plus mal famés des Taudis pour ingurgiter de larges rasades de soupe.

Mais à la Guilde, ces jours de canicule précédaient un événement d’importance : la cérémonie d’admission des élèves de la promotion estivale.

Sonea tira nerveusement sur le col de sa robe. Elle avait voulu mettre les vêtements simples – mais bien coupés – qu’elle portait depuis qu’elle vivait à la Guilde, mais Rothen pensait qu’elle avait besoin de quelque chose de plus raffiné pour la cérémonie.

— Ne t’inquiète pas, Sonea ! lança l’alchimiste. Ce sera bientôt fini et tu devras porter une nouvelle robe, celle de novice – et, elle, tu apprendras vite à la détester.

— Mais je ne m’inquiète pas ! répondit Sonea d’un ton irrité.

— Vraiment ? demanda le mage en étouffant un éclat de rire. Tu ne te sens même pas un peu nerveuse ?

— Rien à voir avec le concile de l’an passé. Ça, c’était coton.

— Coton ? répéta Rothen. Tu es nerveuse, Sonea. Ça fait des semaines que tu n’as pas parlé comme ça.

Exaspérée, la jeune fille leva les yeux au ciel. Depuis cinq mois – en fait, depuis le concile au cours duquel Rothen avait obtenu de haute lutte la tutelle de l’adolescente – le magicien lui avait appris tout ce que devait savoir un novice avant d’entrer à l’université. Sonea était capable de lire la plupart des textes sans aide, et, d’après Rothen, elle écrivait presque correctement. La jeune fille avait des difficultés avec les mathématiques, mais elle trouvait ses cours d’histoire passionnants.

Rothen reprenait l’adolescente chaque fois qu’elle utilisait un mot d’argot, l’obligeant à répéter chacune de ses phrases jusqu’à ce qu’elle les prononce comme une véritable dame des Maisons. Le mage avait seriné à la jeune fille que les novices n’accepteraient pas son passé aussi facilement que lui : rappeler ses origines dès qu’elle ouvrirait la bouche ne ferait rien pour arranger les choses. C’était avec cet argument, d’ailleurs, qu’il avait persuadé Sonea de porter une robe pour la cérémonie. Même si l’adolescente savait que Rothen avait raison, elle n’en était pas moins mal à l’aise.

Le mage et la jeune fille aperçurent les rangées de carrosses dès qu’ils arrivèrent en vue de l’université. Les véhicules étaient alignés devant le bâtiment. À côté de chacun se tenait un serviteur en livrée aux couleurs de sa Maison. Les domestiques saluèrent Rothen dès qu’ils le virent.

Sonea examina les carrosses et faillit s’évanouir. Elle avait déjà vu des véhicules de ce genre, mais jamais autant au même endroit. Gravés et peints de symboles complexes, tous étaient faits d’un bois poli comme un miroir. Au centre de chaque porte, les carrosses portaient le blason de leur Maison : leur « incal ». Sonea reconnut celui des Maisons Paren, Arran, Dillan et Saril, toutes d’une grande influence.

Les filles et fils de ces Maisons seraient bientôt ses camarades.

La jeune fille fut prise d’un vertige dès qu’elle y songea. Qu’allaient-ils penser d’elle, la première Kyralienne, depuis des siècles, qui entrait à la Guilde sans être née au cœur des grandes familles ? Au pire, la même chose que Fergun, le magicien qui avait tenté d’empêcher Sonea de rejoindre la Guilde l’année précédente. Ce mage était persuadé que les arcanes de la magie ne devaient être dévoilés qu’aux seuls rejetons des Maisons. Il avait enlevé Cery, l’ami de Sonea, pour obtenir l’obéissance absolue de l’adolescente. Son but ? Prouver à la Guilde que les Kyraliens de basse extraction étaient dénués de toute morale et ne méritaient pas qu’on leur fasse confiance.

Mais Fergun avait été percé à jour et muté loin de la cité. Sonea ne trouvait pas la punition sévère pour quelqu’un qui avait mis la vie de son ami en danger, et elle doutait que ce châtiment dissuade qui que ce soit de recommencer.

Sonea espérait que certains novices ressembleraient à Rothen, qui se moquait comme d’une guigne de savoir qu’elle avait vécu dans les Taudis. Les élèves étrangers, eux aussi, accepteraient mieux une fille venue des classes les plus basses de la société. Les Vindos étaient en général de bonne compagnie : dans les Taudis, Sonea avait croisé des immigrés venus travailler dans les vergers et les vignobles d’Imardin. Les Lans, d’après ce qu’on lui avait dit, ignoraient les différences de richesse. Ils vivaient en tribu, chaque homme et femme gagnant le respect des autres grâce à son courage, sa sagesse et son intelligence. Sonea ignorait totalement la place qu’elle aurait eue dans leur société.

L’adolescente regarda Rothen. Elle eut une bouffée de gratitude et d’affection en repensant à tout ce que cet homme avait fait pour elle. Au début, Sonea avait été horrifiée de se découvrir si dépendante de quelqu’un – et d’un mage, par surcroît. Jusqu’à très récemment, elle haïssait la Guilde si violemment que son premier sort lancé d’instinct – un jet de pierre – avait blessé un mage. Les magiciens l’avaient recherchée, et elle s’était persuadée qu’ils voulaient la tuer. Désespérée, elle avait osé demander l’aide des voleurs, même si elle savait que le prix de leurs services était toujours exorbitant.

Lorsque les pouvoirs de Sonea étaient devenus incontrôlables, les mages avaient fait comprendre aux voleurs que seule la Guilde pouvait prendre soin d’elle. Rothen avait retrouvé la jeune fille et il était devenu son professeur. Il lui avait prouvé que les mages – enfin, la plupart – n’étaient pas les monstres cruels et égoïstes que les habitants des Taudis imaginaient.

Deux soldats montaient la garde près des portes ouvertes de l’université. Ils n’étaient là que pour le décorum, et uniquement lorsque d’importants visiteurs devaient venir à la Guilde. Quand Rothen et Sonea entrèrent, ils les saluèrent avec une raideur toute militaire.

Le hall impressionnait toujours autant la jeune fille, même si elle l’avait déjà vu. Un millier de filaments composés d’une matière semblable à du verre et d’une extrême finesse s’élevaient du sol pour supporter de délicats escaliers en spirale. Des entrelacs de marbre sinuaient sur les rampes et les marches comme les pampres d’une vigne grimpante. Ils semblaient trop frêles pour supporter le poids d’un homme, et l’auraient certainement été si la magie ne les avait pas renforcés.

Rothen et Sonea dépassèrent l’escalier et prirent un petit corridor. Ils entrèrent dans le grand hall, une pièce immense construite autour d’un bâtiment aux murs gris et rugueux : l’ancien hall de la Guilde. Sonea sentit sa bouche s’assécher en voyant plusieurs personnes patienter devant les portes de l’ancien hall. Des hommes et des femmes se tournèrent pour regarder les nouveaux venus, et de l’intérêt passa dans leurs yeux quand ils reconnurent Rothen. Les mages le saluèrent poliment de la tête, les autres lui adressèrent une révérence.

Rothen conduisit sa protégée vers la petite foule. En dépit des températures estivales, remarqua Sonea, toutes les personnes présentes, à l’exception des mages, étaient habillées de vêtements épais et opulents. Les femmes portaient des robes sophistiquées, les hommes, des manteaux longs frappés de l’incal de leur Maison. L’adolescente les regarda de plus près, et la surprise la fit cligner des yeux. Sur chaque ourlet rutilaient de minuscules éclats de pierres rouges, bleues ou vertes, et on avait enchâssé d’énormes escarboucles dans les boutons des manteaux. Des chaînes en métal précieux pendaient aux cous et aux poignets, et des joyaux brillaient sur des doigts gantés de velours.

Sonea examina la veste d’un homme et nota la facilité avec laquelle un voleur aurait pu le délester de ses pierres. Dans les Taudis, on vendait même des lames courtes conçues pour cet usage. Il suffisait d’une collision « accidentelle », d’excuses et d’une fuite rapide. La victime ne se rendrait compte de rien avant d’être rentrée chez elle. Quant au bracelet de cette femme, il serait si facile de…

Comment pourrais-je me faire des amis parmi ces gens si je pense exclusivement à la meilleure façon de les dépouiller ? se morigéna Sonea.

Elle ne put s’empêcher de sourire. Elle avait été aussi douée que n’importe lequel de ses amis d’enfance pour vider les poches et forcer les serrures – sauf Cery, qui la battait à plate couture – et même si sa tante Jonna lui avait seriné que le vol était un crime, elle n’avait jamais oublié l’excitation du jeu.

Sonea prit son courage à deux mains et regarda les jeunes élèves. Certains baissèrent vivement les yeux, et la protégée de Rothen se demanda qui ils s’étaient attendus à rencontrer. Une mendiante dévorée par la nervosité ? Une femme courbée et fatiguée par le travail ? Ou une prostituée maquillée comme une actrice de carnaval ?

Puisque aucun d’eux ne daignait croiser son regard, Sonea put les regarder autant qu’elle le voulait. Seules deux familles avaient les cheveux noirs et la peau blanche typiques des Kyraliens : une des mères portait même la robe verte des guérisseurs. L’autre tenait la main d’une fillette maigrichonne qui rêvassait, le nez levé vers le plafond de verre.

Trois familles formaient un autre groupe. Ces gens étaient sans doute des Elynes, si on se fiait à leurs cheveux roux et à leur petite taille. Ils discutaient tranquillement et un rire leur échappait parfois, résonnant dans le hall.

Deux Lonmars à la peau sombre attendaient en silence. Le père était vêtu de robes violettes, et de lourds talismans d’or – deux symboles du culte de Mahga – pendaient sur sa poitrine. Tous deux avaient le crâne rasé. Deux autres Lonmars se tenaient à l’écart : la peau du fils était d’un brun plus clair que celle de son père, trahissant une mère d’une autre origine. Les robes du père étaient rouges, et aucun bijou ne brillait sur sa poitrine.

Une famille de Vindos attendait près du corridor. Bien que le père fût richement vêtu, les regards nerveux qu’il lançait en direction des autres trahissaient son malaise. Son fils était un jeune garçon râblé à la peau olivâtre.

Quand Sonea vit la mère poser une main sur l’épaule de l’enfant, Jonna et Ranel lui manquèrent cruellement. Ils étaient sa seule famille et s’étaient occupés d’elle après la mort de sa mère et le départ de son père, mais la Guilde les impressionnait tant qu’ils n’étaient jamais venus la voir. Sonea leur avait demandé d’assister à la cérémonie, mais ils avaient refusé. Ils refusaient de laisser leur nouveau-né à une nourrice, et il aurait été incorrect de se rendre à une cérémonie de cette importance avec un nourrisson braillard.

Sonea entendit des pas dans le couloir et se retourna. Trois Kyraliens en grande tenue rejoignaient les visiteurs : un enfant et ses parents. Le garçon toisa la foule, parcourut la pièce des yeux, fixa Rothen puis étudia Sonea.

Il la dévisagea et un franc sourire souleva les coins de sa bouche. L’adolescente lui sourit en retour, surprise, et l’enfant lui adressa une grimace dédaigneuse.

Sonea le regarda sans comprendre. Elle vit un sourire fat étirer les lèvres du garçon avant qu’il se tourne vers les autres. Sonea en profita pour l’observer.

Il devait déjà connaître le Kyralien, puisqu’ils échangèrent des clins d’œil amicaux. Les filles eurent droit à des sourires éclatants, et si la Kyralienne leur répondit avec dédain, ses yeux s’attardèrent quand même sur le dos du garçon longtemps après qu’il se fut détourné d’elle. Les autres visiteurs n’eurent droit qu’à des saluts polis.

Un cliquètement métallique interrompit les mondanités, et toutes les têtes se tournèrent vers l’ancien hall. Un silence pesant suivit le petit bruit, puis les portes s’ouvrirent et des murmures excités coururent dans l’assistance. La fameuse lumière dorée rayonna par l’interstice et envahit le hall. Elle venait de centaines de minuscules globes magiques qui flottaient à quelques pouces du plafond. Une chaude odeur de bois et de cire accueillit les familles.

En entendant des cris d’admiration, Sonea se retourna et vit que la majorité des visiteurs regardaient l’ancien hall avec émerveillement. La jeune fille comprit que les autres élèves – ainsi que beaucoup de parents – n’étaient jamais entrés dans le bâtiment. Seuls les mages et les parents qui avaient déjà accompagné leurs aînés avaient déjà vu l’ancien hall.

Et elle, Sonea…

La jeune fille se rembrunit en se rappelant le moment où le haut seigneur et Cery y avaient fait irruption pour mettre fin à l’odieux chantage de Fergun. Cery avait réalisé un de ses rêves, ce jour-là. Le jeune homme s’était juré de visiter tous les bâtiments extraordinaires de la cité. Être né dans le ruisseau avait encore renforcé sa détermination.

Mais Cery avait changé. Il n’était plus le garçon aventureux avec qui Sonea avait traîné pendant toute son enfance, ni même l’adolescent qui l’avait aidée à fuir les mages. Lorsque les deux adolescents se voyaient, à la Guilde ou dans les Taudis, Cery semblait plus mûr, et plus soucieux. Quand Sonea lui demandait ce qu’il faisait ou s’il travaillait toujours pour les voleurs, il souriait sans répondre et changeait de sujet.

Cery paraissait pourtant satisfait. Et Sonea préférait ignorer s’il était vraiment à la solde des voleurs.

Une silhouette vêtue d’une robe se découpa dans l’encadrement des portes. Sonea reconnut le seigneur Osen, l’assistant de l’administrateur. Le magicien leva une main et s’éclaircit la gorge.

— La Guilde vous remercie d’être venus, dit-il. La cérémonie d’admission va maintenant commencer. Que les élèves forment un rang, je vous prie. Ils entreront les premiers : les parents les suivront et s’assiéront sur les sièges, au niveau du sol.

Alors que de nouveaux élèves couraient pour ne pas être en retard, Sonea sentit une main se poser sur son épaule.

— Ne t’inquiète pas, la rassura Rothen. C’est bientôt fini.

— Je ne m’en fais pas, répondit-elle en souriant.

— Ah ! Vas-y, alors, dit le mage en la poussant gentiment en avant. Ne les fais pas attendre.

Une petite foule s’était massée devant les portes.

— En rang, je vous prie, répéta le seigneur Osen sur un ton moins amical.

Osen s’assura que les élèves obéissaient, jeta un coup d’œil à Sonea et lui fit un petit sourire. L’adolescente hocha la tête en réponse. Tout le monde la dépassa durant ce bref échange, et elle se retrouva au dernier rang. Un murmure, sur sa gauche, attira son attention.

— Au moins, entendit-elle, celle-là connaît sa place !

Sonea tourna doucement la tête et vit les deux Kyraliennes se parler à voix basse.

— C’est la fille des Taudis, non ? demanda une des deux femmes.

— Oui, répondit l’autre. J’ai dit à Bina de ne pas l’approcher. Je refuse de voir ma chère enfant prendre des habitudes détestables… ou pire, tomber malade.

Sonea dut avancer et n’entendit pas ce que répondit la deuxième femme. L’adolescente plaqua une main sur sa poitrine, étonnée de sentir son cœur battre si vite.

Tu ferais mieux de t’y habituer, se dit-elle, parce que ce n’est pas la dernière fois que tu y auras droit.

Elle s’interdit de jeter un dernier regard affolé à Rothen, redressa les épaules et suivit les élèves dans l’allée de l’ancien hall.

Ils entrèrent dans le bâtiment dont les hauts murs se refermèrent sur eux. Presque tous les mages de la cité étaient présents : pourtant, ils occupaient moins de la moitié des sièges. Sonea regarda sur sa gauche, et croisa les yeux d’un vieux mage ridé. L’air rébarbatif, il la foudroya du regard.

Sonea rougit, baissa les yeux, et s’aperçut, gênée, que ses mains s’étaient mises à trembler. Allait-elle perdre tous ses moyens à cause d’un vieillard désagréable ? Elle tenta de reprendre une expression calme et sereine, laissa errer son regard sur la foule…

… et faillit s’évanouir en voyant que chaque magicien semblait la dévisager. Sonea déglutit péniblement et décida de ne plus regarder que le dos du garçon qui marchait devant elle.

Les élèves avaient atteint le bout de l’allée. Osen fit signe au premier de partir à gauche, au second de filer à droite, et ainsi de suite jusqu’à ce que tous forment une ligne traversant le hall. Sonea se retrouva au milieu du rang, juste en face de l’assistant, qui étudiait la foule dans le dos de l’adolescente. En entendant leurs mouvements et les cliquetis de leurs bijoux, Sonea devina que les parents prenaient place sur les sièges mis à leur disposition. Lorsque le silence revint dans la salle, Osen se retourna pour saluer les hauts mages, assis sur leurs sièges en gradins, le dos tourné à l’entrée.

— Je vous présente la promotion estivale de l’université.

— C’est bien plus intéressant maintenant que je vois quelqu’un que je connais, murmura Dannyl alors que Rothen s’asseyait à sa place.

L’alchimiste regarda son ami.

— Je te rappelle que ton neveu, l’année dernière, était à la place de Sonea !

— Je ne le connais presque pas, grogna Dannyl. Sonea, ce n’est pas la même chose.

Rothen regarda à nouveau la cérémonie, amusé par la mauvaise foi de son ami. Dannyl était charmant lorsqu’il voulait s’en donner la peine, mais il avait peu d’amis. Tout cela à cause d’un incident survenu des années plus tôt, pendant son noviciat. Un condisciple un peu plus âgé l’avait accusé d’être attiré de façon « inappropriée » par d’autres novices, et Dannyl avait été obligé de faire face aux insinuations de ses condisciples – et des mages. Il avait été rejeté, raillé. Selon Rothen, c’était pour ça qu’il accordait sa confiance à si peu de gens.

De longues années durant, Rothen avait été le seul véritable ami de Dannyl. L’alchimiste s’était rendu compte que le jeune homme était un des novices les plus prometteurs de l’université. Lorsqu’il avait vu à quel point les rumeurs affectaient le travail de Dannyl, Rothen avait décidé de demander sa tutelle. Il avait réussi à lui faire oublier ses désirs de vengeance grâce à quelques encouragements et à beaucoup de patience, puis à le ramener sur le droit chemin des leçons et de la magie.

Certaines mauvaises langues avaient affirmé que Rothen serait incapable de faire passer le goût des robes à Dannyl. Bien assis dans le vieux hall, l’alchimiste sourit sous cape. Après avoir réussi ses études haut la main, Dannyl venait d’être nommé deuxième ambassadeur de la Guilde de Kyralie en Elyne. Rothen baissa les yeux sur Sonea et se demanda si elle lui donnerait d’aussi bonnes raisons de se rengorger.

— Comparés à Sonea, ce ne sont que des gosses, non ? souffla Dannyl en se penchant en avant.

— Je ne sais pas quel âge ils ont précisément, répondit Rothen en examinant les élèves, mais d’habitude, ça tourne autour de quinze ans. Sonea en a presque dix-sept, et quelques années ne font pas une bien grande différence.

— Je crois que si, murmura Dannyl, et ce sera à son avantage.

Osen longeait la rangée de nouveaux élèves, déclinant le nom et le titre de l’intéressé devant chacun, comme le voulait la coutume.

— Alend de la famille Genard. (Osen avança de deux pas.) Kano de la famille Temo, de la Guilde des armateurs. (Un autre pas.) Sonea.

Osen s’arrêta un instant, puis continua son inspection. Il passa au nom suivant, et Rothen plaignit Sonea. Ne porter ni nom de Maison ni titre la mettait ouvertement hors jeu. Mais le mage ne pouvait rien y faire.

— Regin de la famille Winar, Maison Paren, finit enfin Osen devant le dernier garçon.

— C’est le neveu de Garrel, c’est ça ? demanda Dannyl.

— Oui.

— Il paraît que ses parents ont demandé qu’il rejoigne les classes d’hiver trois mois après la rentrée.

— C’est stupide. Pourquoi auraient-ils fait ça ?

— Je n’en ai aucune idée, souffla Dannyl. Le reste de l’histoire ne m’intéressait plus.

— Tu veux dire que tu étais encore en train d’espionner et que tu as dû déguerpir pour ne pas te faire prendre ?

— Je n’espionne jamais, Rothen ! Je prête l’oreille.

Rothen leva les yeux au ciel. S’il avait réussi à détourner Dannyl le novice de ses envies de vengeance, il n’avait pas encore pu décourager Dannyl le magicien de colporter ses ragots.

— Je ne sais pas ce que je vais faire, quand tu seras parti. Qui me racontera les petites intrigues de la Guilde ?

— Tu n’auras qu’à faire plus attention, répliqua Dannyl.

— Je me suis demandé si les hauts mages ne t’envoyaient pas prêter l’oreille ailleurs, tu sais ?

— Oh… mais ils disent que la meilleure façon de savoir ce qui se passe en Kyralie est d’écouter ce qui se dit en Elyne.

Les deux hommes entendirent des bruits de pas et se tournèrent vers le hall. Le directeur de l’université, Jerrik, s’était levé de son siège, placé à côté de ceux des hauts mages et descendait les marches. Il s’arrêta devant les élèves et les dévisagea en affichant sa grimace désapprobatrice habituelle.

— Aujourd’hui, vous avancez d’un pas sur la route qui fera de vous des mages de la Guilde, dit-il d’une voix sévère. Vous êtes des novices, et nous vous demanderons d’obéir au règlement de l’université. Ces règles ont été approuvées par tous les signataires des traités des Terres Alliées, et chaque magicien se doit de les respecter. Même si vous n’obtenez pas votre diplôme, ces règles vous lieront toute votre vie. (Jerrik marqua une pause et fixa intensément tous les élèves.) Pour rejoindre la Guilde, vous devrez prononcer un serment en quatre points.

» Premièrement, vous devez jurer de ne jamais blesser un homme ou une femme, sauf pour défendre les Terres Alliées. Ceci sans distinction de classe sociale, d’état civil ou d’âge. Toutes les vendettas, personnelles comme politiques, sont aujourd’hui oubliées.

» Deuxièmement, vous devez jurer de respecter les lois de la Guilde. Si vous ne les connaissez pas encore par cœur, qu’elles soient votre première leçon. L’ignorance n’est pas une excuse.

» Troisièmement, vous devez jurer d’obéir à n’importe quel mage, sauf s’il vous demande de violer une loi. Cela dit, ce serment n’est pas aussi rigide que les autres. Vous ne devrez rien faire que vous jugeriez moralement répréhensible ou en conflit avec vos croyances et votre religion. Mais n’imaginez pas que vous serez les seuls à juger le bien-fondé de votre refus. Dans un cas de ce genre, vous viendrez m’exposer votre problème, et je prendrai les mesures qui s’imposent.

» Enfin, vous devez jurer de ne jamais, jamais, jeter un sort sans la présence d’un magicien. C’est pour votre propre sécurité ! N’utilisez pas la magie sans être supervisé, à moins que votre professeur vous en ait donné l’autorisation.

Jerrik se tut. Pas un murmure ne vint rompre le silence qui suivit. Le directeur haussa les sourcils et redressa les épaules.

— Comme le veut la tradition, un mage de la Guilde peut prendre un ou une novice sous sa tutelle, afin de le, ou de la, guider dans son apprentissage à l’université. (Il se tourna vers les gradins.) Haut seigneur Akkarin, voulez-vous prendre l’un de ces élèves sous votre tutelle ?

— Je n’en ai nullement l’intention, répondit une voix grave et lente.

Pendant que Jerrik posait la même question aux hauts mages, Rothen regarda le chef de la Guilde vêtu de noir. Comme la plupart des Kyraliens, Akkarin était mince et élancé, ses traits anguleux encore durcis par sa coiffure à l’ancienne mode ; il portait les cheveux tirés en arrière et attachés sur la nuque.

Comme toujours, le haut seigneur semblait distant. Il n’avait jamais montré le moindre intérêt pour un novice, et la plupart des familles avaient abandonné tout espoir de voir leur enfant devenir son pupille.

En dépit de son jeune âge, Akkarin imposait le respect aux magiciens les plus conservateurs et influents. Il était doué, intelligent et instruit, mais c’était son incroyable pouvoir qui lui valait l’estime de tous. L’étendue de son don était telle que certains affirmaient qu’il était plus puissant que tous les autres mages réunis.

Grâce à Sonea, Rothen était un des deux seuls magiciens à connaître la raison de cette puissance.

Avant que les voleurs livrent Sonea aux mages, la jeune fille, accompagnée de Cery, avait passé une nuit à explorer la Guilde. En regardant les mages utiliser leurs dons, s’étaient-ils dit, Sonea pourrait apprendre à contrôler ses pouvoirs. En guise de formation, la jeune fille avait surpris le haut seigneur pendant un étrange rituel. Cette nuit-là, elle n’avait pas compris ce qu’elle avait vu. Mais durant le concile, lorsque l’administrateur Lorlen avait lu en elle pour confirmer les crimes de Fergun, il avait remarqué ce souvenir et avait su de quoi il retournait.

Le haut seigneur Akkarin, chef suprême de la Guilde, utilisait la magie noire.

Les magiciens ordinaires ignoraient tout de la nécromancie, sinon qu’elle était interdite. Les hauts mages en savaient assez pour la reconnaître. Savoir lancer un sort noir était déjà un crime. Grâce à la communication mentale entre Sonea et Lorlen, Rothen avait appris que la magie noire permettait de voler la force de quelqu’un. Si on puisait tout le pouvoir de la victime, elle en mourait.

Rothen était incapable d’imaginer ce qu’avait pu ressentir Lorlen en apprenant que son meilleur ami savait lancer un sort interdit et ne s’en privait pas. Lorlen avait aussitôt compris qu’il ne pouvait pas dénoncer Akkarin sans mettre la Guilde et la cité en danger. Akkarin gagnerait haut la main n’importe quel combat, et chaque adversaire qu’il tuerait le rendrait plus puissant. Sonea, Rothen et Lorlen devaient donc garder leur secret pour le moment. Rothen n’osait imaginer à quel point Lorlen souffrait de feindre l’amitié devant Akkarin, sachant de quoi le mage était capable.

Bien qu’elle en ait été informée, Sonea avait accepté de rejoindre la Guilde. Rothen avait été surpris, au début, avant que l’adolescente lui explique que si elle s’en allait, sans être capable de faire appel à son don – une condition exigée de tout mage quittant la Guilde –, elle deviendrait une source de pouvoir tentante pour le haut seigneur. Puissante et dans l’impossibilité de lancer un sort pour se défendre…

Rothen en avait des frissons dans le dos. Au moins, à la Guilde, si Sonea mourait dans d’étranges circonstances, sa fin ne passerait pas inaperçue.

Rester était tout de même une décision courageuse, sachant quel monstre se cachait au cœur de la Guilde. Rothen regarda Sonea, au milieu des fils et filles des Maisons, et eut une bouffée de fierté et d’affection. Durant les six derniers mois, il s’était surpris à penser à elle davantage comme à une fille que comme à une élève.

— Un mage veut-il prendre un de ces novices sous sa tutelle ?

Rothen bondit sur ses pieds en s’avisant que c’était à son tour de prendre la parole. Il ouvrit la bouche, mais une autre voix que la sienne prononça la formule consacrée :

— Je réclame la tutelle de l’un d’eux, directeur.

La voix venait de l’autre côté de l’ancien hall. Tous les élèves se tournèrent pour voir qui avait parlé.

— Seigneur Yarrin, acquiesça Jerrik. Quel novice voulez-vous prendre sous votre tutelle ?

— Gennyl, de la famille Randa, de la Maison Saril, du grand clan d’Alaraya.

Un murmure étouffé monta des rangs des magiciens. Rothen vit que le père de l’enfant, le seigneur Tayk, était prêt à bondir de sa chaise.

Jerrik attendit que les mages se taisent, puis tourna la tête en direction de Rothen.

— Un autre magicien veut-il prendre un de ces novices sous sa tutelle ?

— Je réclame la tutelle de l’un d’eux, directeur ! lança Rothen.

— Seigneur Rothen, répondit Jerrik, lequel voulez-vous prendre sous votre responsabilité ?

— Je réclame la tutelle de Sonea.

Aucun murmure ne suivit cette déclaration, et Jerrik se contenta d’acquiescer pendant que Rothen se rasseyait.

— Voilà qui est fait, souffla Dannyl. Tu viens de perdre ta dernière chance. Tu ne peux plus y couper, maintenant ! Elle t’a pris dans ses filets pour les cinq ans qui viennent…

— Tais-toi donc ! répliqua Rothen.

— Un autre magicien veut-il prendre un de ces novices sous sa tutelle ? répéta Jerrik.

— Je réclame la tutelle de l’un d’eux, directeur.

La voix venait de la gauche de Rothen. Des chaises grincèrent lorsque des gens se tournèrent pour voir qui avait parlé. Le seigneur Garrel se leva, et un brouhaha excité courut dans le hall.

— Seigneur Garrel, dit Jerrik, surpris, lequel voulez-vous prendre sous votre responsabilité ?

— Regin, de la famille Winar, de la Maison Paren.

Les murmures se muèrent en un soupir de compréhension. Rothen vit le dernier garçon du rang sourire. Les grincements de chaises et les voix continuèrent à résonner jusqu’à ce que Jerrik lève les mains pour demander le silence.

— Je garderais un œil sur ces novices si j’étais toi, chuchota Dannyl. Personne ne demande une tutelle la première année. Tous ces mages le font sans doute pour empêcher Sonea de sortir du lot de ses condisciples.

— Ou j’ai lancé une mode ! plaisanta Rothen. Et Garrel a peut-être déjà senti un fort potentiel chez son neveu. Cela expliquerait pourquoi la famille de Regin l’envoie ici si jeune.

— D’autres tutelles ? demanda Jerrik.

Personne ne lui répondant, il laissa retomber les bras.

— Que tous les tuteurs s’avancent, je vous prie.

Rothen se leva et se fraya un chemin jusqu’au pied des marches. Il rejoignit les seigneurs Garrel et Yarrin, et attendit aux côtés du directeur qu’un jeune novice, rouge d’excitation de s’être vu confier cette tâche, leur apporte une pile de robes vermillon. Les trois mages prirent chacun un vêtement.

— Que Gennyl approche, ordonna Jerrik.

Un des garçons lonmars se précipita en avant et salua. Comme il était impressionné de voir le seigneur Jerrik d’aussi près, sa voix trembla lorsqu’il prononça ses vœux. Le seigneur Yarrin tendit sa nouvelle robe au garçon, puis il recula avec lui. Jerrik fit face à la foule.

— Que Sonea approche, dit-il.

L’adolescente avança d’un pas emprunté vers le directeur. Blanche comme un linge, elle le salua pourtant gracieusement et prononça son serment d’une voix claire. Rothen lui tendit sa robe et ils s’écartèrent.

— Par la présente, je te prends sous ma tutelle, Sonea. Ton apprentissage sera ma mission et mon devoir jusqu’à ce que tu quittes l’université.

— Je vous obéirai, seigneur Rothen.

— Puissiez-vous tous deux profiter de cet arrangement, dit Jerrik.

Rothen et Sonea allèrent se placer aux côtés du seigneur Yarrin et de Gennyl.

Jerrik appela le novice qui souriait toujours.

— Que Regin approche.

Le garçon avança d’un pas sûr, mais son salut au directeur manqua de grâce et de souplesse. Rothen regarda Sonea pendant que le mage et son novice répétaient les formules rituelles. Il se demandait à quoi elle pouvait penser. Elle était à présent membre de la Guilde, et ce n’était pas rien.

Elle fixait le garçon à sa droite, et Rothen suivit son regard. Très raide, Gennyl était empourpré jusqu’aux oreilles.

La fierté le consume, pensa Rothen.

Avoir un tuteur, à ce stade de ses études, était la preuve d’un don particulièrement prometteur.

Peu de gens auraient cru que Sonea était dans ce cas. Ils devaient être nombreux à penser que Rothen la prenait sous son aile afin de rappeler à tous que c’était lui qui l’avait trouvée. Les mages ne l’auraient jamais cru s’il leur avait parlé de la puissance et de la force de la jeune fille. Mais ils comprendraient avec le temps. Cette pensée réconforta l’alchimiste.

Regin et le seigneur Garrel avaient fini de réciter leurs formules, et ils se placèrent sur la gauche de Rothen. Le garçon jeta un œil calculateur à Sonea, qui ne sembla pas s’en rendre compte, car elle fixait Jerrik, qui invitait le reste des élèves à venir prononcer leurs vœux. Ils prirent tous une robe et se mirent en rang à côté des tuteurs et de leurs pupilles.

Avant de leur faire face, Jerrik attendit que les derniers élèves aient rejoint leur place.

— Vous voilà maintenant des novices de la Guilde des magiciens, leur dit-il. Puissent les années à venir vous être bénéfiques.

Les novices le saluèrent avec un bel ensemble.

Puis le seigneur Jerrik hocha la tête et s’écarta.

— Je présente aux novices tous mes vœux de réussite pour les années qui viennent. (Sonea sursauta en reconnaissant la voix de Lorlen.) Et déclare que cette cérémonie est terminée.

Des voix retentirent aussitôt dans l’ancien hall. Les rangs d’hommes et de femmes en robe se réveillèrent soudain : tous quittèrent leur siège en même temps, et l’écho de leurs pas emplit la salle. Les novices s’égaillèrent dans toutes les directions lorsqu’ils comprirent que les formalités étaient finies. Certains coururent vers leurs parents, d’autres examinèrent leur nouvelle robe ou balayèrent la foule du regard. Les portes de l’ancien hall commencèrent à s’ouvrir.

— Eh bien, voilà, dit Sonea à Rothen. Je suis une novice.

— Contente que ce soit fini ? demanda le mage.

— J’ai plutôt l’impression que ça ne fait que commencer…, dit la jeune fille en regardant par-dessus son épaule. Ah, voilà ton ombre !

Rothen se retourna et découvrit Dannyl.

— Bienvenue à la Guilde, Sonea, dit le grand mage.

— Merci, ambassadeur Dannyl, répliqua Sonea en le saluant.

— Pas encore, Sonea, pas encore ! lança le mage en riant.

Rothen devina une présence à ses côtés, tourna la tête et reconnut le directeur.

— Seigneur Rothen, salua Jerrik avant de répondre d’un signe de tête à la révérence de Sonea.

— Oui, directeur ?

— Sonea viendra-t-elle s’installer dans les quartiers des novices ? Je n’ai pas pensé à vous poser la question avant aujourd’hui.

— Elle restera avec moi, répondit Rothen. J’ai assez de place pour elle dans mes appartements.

— Je vois, dit Jerrik en fronçant les sourcils. J’en informerai le seigneur Ahrind. Si vous voulez bien m’excuser…

Rothen suivit des yeux le vieil homme qui se dirigea vers un mage efflanqué et aux joues creuses. Le seigneur Ahrind fronça les sourcils à son tour et jeta un coup d’œil à Sonea pendant que Jerrik s’adressait à lui.

— Et maintenant ? demanda l’adolescente.

Rothen désigna le vêtement, dans les mains de la novice.

— Maintenant ? Voyons si cette robe te va. (Il regarda Dannyl.) Je pense qu’une petite fête est de rigueur… Tu viens ?

— Je ne manquerais ça pour rien au monde, répondit Dannyl en souriant jusqu’aux oreilles

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-Tous les magiciens sont effrayants. Tout le monde a entendu parler de ce qu'ils savent faire... mais ce qui est encore pire, c'est ce qu'on ignore.

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- Le plus important, pour un mage, est la connaissance. (Il se tut pour dévisager tous les novices qui avaient mal répondu.) Sans elle, sa force ne sert à rien, pas plus que ses dons ou son talent, et toutes les bonnes intentions du monde n'y changeront rien. (Il riva les yeux sur Sonea.) Et même si ses pouvoirs se manifestent d'eux-mêmes, il mourra si il ne sait pas les contrôler.

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- Un autre magicien veut-il prendre un de ces novices sous sa tutelle ?

- Je réclame la tutelle de l'un d'eux directeur ! lança Rothen.

- Seigneur Rothen, répondit Jerrik, lequel voulez-vous prendre sous votre tutelle ?

- Je réclame la tutelle de Sonea.

Aucun murmure ne suivit cette déclaration, et Jerrik se contenta d'acquiescer pendant que Rothen se rasseyait.

- Voilà qui est fait, souffla Dannyl. Tu vient de perdre ta dernière chance. Tu ne peux plus y couper, maintenant ! Elle t'a pris dans ses filets pour les cinq ans qui viennent...

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