Extraits

Elle s'appelle Hilda Sturmm. Elle est allemande, d'une beauté sculpturale. Elle a vingt ans et, dans le Berlin de 1946, après les épreuves de la guerre, une grande envie de vivre. Le destin se présente pour elle sous les traits d'un Français, chargé de mission en Allemagne, André de Rematier. Est-ce un destin heureux ? Elle le croit... Les événements en décideront autrement. Comment cette jeune femme, promise au bonheur, va-t-elle se retrouver à Paris en proie à une folle obsession qui l'amène à commettre des actes incroyables ? Quel secret l'entraîne-t-il dans un labyrinthe de mensonges où elle se perd peu à peu ? Est-elle, à force d'amour, devenue une sorte de monstre ? Ou bien cet amour, par son immensité, sa démesure, justifie-t-il toutes les aberrations ? A travers cette extraordinaire aventure, Guy des Cars construit un de ces portraits de femmes qu'il affectionne : une femme hors du commun, déchirée par la vie mais luttant avec acharnement, jusqu'au crime, pour défendre ce qu'elle a réussi à conquérir

Depuis trois jours la pluie n'avait cessé de tomber. Elle s'était réfugiée dans la bibliothèque où la seule manifestation de vie était le crépitement d'un feu de septembre dans la vieille cheminée. Blottie, pieds nus, dans le fauteuil, la Juive restait prostrée pendant que son regard allait alternativement de la contemplation des flammes à celle du joli portrait où elle se revoyait en robe pourpre.

Voici, telle que l'entendit l'auteur une nuit, à Tel-Aviv, de la bouche même de son héroïne, l'une des confession les plus bouleversantes que femme ai peut-être jamais faite.

D'un quartier de Varsovie à cette propriété ancestrale du Jura français où elle règne en châtelaine après avoir subi la déportation et vécu passionnément des aventures souvent impitoyables, Eva, extraordinaire figure de jeune femme israélite, raconte son étonnant destin. Et, devant nous se déroule peu à peu la vie de cette femme "de partout et de nulle part", très belle, intelligente, ambitieuse, à laquelle tous les moyens sont bons pour atteindre au luxe dont elle rêve, et dont on ne pourra pourtant s'empêcher d'admirer et de craindre l'obsédante personnalité.

C'est dans la douleur et le regret d'un amour perdu qu'Eva trouvera la force de se racheter, par un retour à cette terre promise qu'est devenu le nouvel Etat d'Israël. Un récit qu'il vous sera difficile d'oublier.

Le soir même, il voulut la revoir. Il vient à la Tilleraye pour se faire pardonner mais elle refuse de le recevoir. Le lendemain, elle ne parut pas au bureau. Il lui téléphona mais ce fut la voix impersonnelle d'un domestique qui lui répondit :

- Madame la comtesse ne peut pas venir à l’appareil...

Elle était à nouveau devant nous, réelle, égale à elle-même sous la rigidité de l'uniforme mais rendre encore plus mystérieuse par le faible éclairage e la pièce

Elle avait lancé le nom prestigieux dans l'espoir qu'il y aurait une réaction. Il n'y en eut aucune : le visage boursouflé resta impavide. Il se borna à dire :

- ce doit être un homme de valeur... Vous lui avez parlé ?

Ce soir, elle ignorait encore si la venue de l'étrangère serait bénéfique ou maléfique pour la tilleraye ? L'une des seules vérités qu'avait dite Eric était que les amours d'un fils sont une chose et l'avenir du domaine une autre. La cloison aurait cessé d'être étanche si Eric avait épousé une femme riche

Les tableaux d'ancêtres se retrouvèrent devant des verres vides

Chéri, aimerais-tu me faire un grand plaisir ? Emmène-moi cet après-midi à Besançon… Ta mère m'a tellement chanté les charmes de cette ville que j'aimerais la visiter… Nous y ferons une promenade d'amoureux…