Le Fleuve de l'éternité, Tome 4 : Le Labyrinthe magique

Ressuscité dans le monde du Fleuve Eternité, Hermann Goering ressent le besoin de se racheter de son passé nazi. Il s est converti dans l Eglise de la Seconde Chance. Il est même devenu missionnaire pour le compte de son fondateur, La Viro ou Gillot de son véritable nom. C est un métis de père canadien francophone et de mère peau-rouge. Lui aussi a pu rencontrer un Ethique qui l a un peu initié aux mystères de la planète. Tout serait parti de la volonté d extra-terrestres disposant de moyens techniques et de connaissances scientifiques sans commune mesure avec celles des humains. « L aménagement de ce monde et votre rappel à la vie ont exigé à eux seuls, la mise en œuvre de moyens qui dépassent votre imagination », lui a-t-il dit. Mais quel est le but véritable de cette expérimentation ? Les humains s inquiètent d autant plus que tous les champignons distributeurs de nourriture d une des rives du fleuve ne fonctionnent plus et que les résurrections successives ou à répétition semblent avoir cessé. Pour eux, il est grand temps d agir

« Le labyrinthe magique » est le quatrième et avant-dernier tome de la saga de science-fiction historico-philosophique « Le Fleuve de l Eternité ». La lassitude et même une certaine forme d ennui peuvent gagner le lecteur qui a patienté jusque-là pour avoir la clé de l énigme. Le premier tiers du livre n est qu un long rappel des épisodes précédents. Puis l action reprend avec une nouvelle bataille navale, de nouveaux combats aériens et une troisième prise d assaut de la fameuse Tour des Ethiques. Pour ne pas déflorer la chute de cette histoire qui aurait très bien pu ne comporter qu un seul et unique volume, nous nous contenterons de dire qu elle est fort décevante et qu elle n a rien de magique et encore moins de mystique ou de philosophique. Farmer n a pas su s extraire d un matérialisme plat avec une histoire controuvée de dissidence au sein des Ethiques doublée d une affaire d ordinateur aussi mourant que capricieux, histoire de ménager un relatif suspens. Il va falloir pas mal de patience et même une certaine forme de masochisme pour s infliger le 5ᵉ et dernier tome !

Quatrième opus qui marque la fin du monde fleuve en roman, maintenant il faut lire les nouvelles pour consolider et combler les interstices dans l'histoire.

Enfin, j'avoue que j'ai eu des difficultés à accrocher à ce quatrième roman, pourtant l'histoire est pleine de rebondissement.

C'est l'heure de l'affrontement ! Sam Clemens et Joe Miller (toujours aussi drôle et attachant) d'un côté, Jean sans Terre et Richard Burton de l'autre. Les deux capitaines de leur bateau fabuleux jetteront leurs dernières forces dans la bataille... La dernière partie est un peu plus soporifique, avec la tentative d'explication de ce que sont les "wathans".

Forcément frustrant. Les duels espérés, les révélations attendues, la conclusion imaginée surviennent... et c'est tout de même moins intense, moins apocalyptique, moins ébouriffant qu'on l'aurait cru. Comme si l'énormité de la tâche avait étouffé la créativité insensée de l'auteur, qui se précipite souvent sur des passages qu'on aurait souhaités plus denses, plus détaillés, afin de continuer à vivre cette aventure fantastique en compagnie de personnages incroyablement réels (puisqu'ils l'ont tous été, ou presque !). Certes, le duel aérien a de la gueule et ses protagonistes une classe folle - mais comme tout va trop vite ! L'Armageddon entre les deux bateaux fabuleux est sans aucun doute un sommet où l'on se surprend même à esquisser une pointe d'admiration pour l'inventivité et la roublardise d'un Jean sans Terre jamais à court de ressources : les coups du sort et rebondissements tiennent le lecteur en haleine, qui vitupérera autant que possible contre la passivité arrogante de Sam Clemens et rongera son frein en attendant que les héros des précédents tomes (l'équipe de Burton et celle de Tom Mix et Jack London) entrent en scène face à Joe Miller, Cyrano et leurs alliés. Sans compter le moment où l'Ethique renégat fera enfin surface.

Reste le dernier tiers, et il est décevant : la route vers la Tour des brumes n'est pas sans embûche, les obstacles minent le moral d'un groupe qui se réduit d'autant que la suspicion est de mise. X est-il parmi eux ? Si oui, lequel est-il ? Et lorsque la tragédie se révèle, on ne peut que se satisfaire de motivations assez obscures alors que l'auteur s'égare dans des rebondissements bien naïfs (on se demande encore comment Goering, presque tout seul, a pu réussir à les rejoindre sans les qualités physiques du titanthrope, la pugnacité et le sens tactique d'un Burton, la sagesse d'un Nur el-Musafir où la puissance d'un Gilgamesh). Ca n'ôte pas grand chose au rayonnement de la saga, qui demeure considérable et la fin ouvre bien maladroitement la voie à un ultime volume.

Enfin le secret de la tour est révélé et les survivants profitent des nouveaux pouvoirs qu'ils ont acquis en maitrisant l'ordinateur de la tour. C'est fini... non car Farmer trublion après quelques années relance la machine et sort "Les Dieux du fleuve".