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La solitude, ce n'est pas de vivre seule, c'est de vivre chez les autres, chez des gens qui ne s'intéressent pas à vous, pour qui vous comptez moins qu'un chien, gavé de pâtée, ou qu'une fleur, soignée comme un enfant de riche... des gens dont vous n'avez que les défroques inutiles ou les restes gâtés.
Afficher en entierUn domestique, ce n'est pas un être normal, un être social... C'est quelqu'un de disparate, fabriqué de pièces et de morceaux qui ne peuvent s'ajuster l'un dans l'autre, se juxtaposer l'un à l'autre.... C'est quelque chose de pire : un monstrueux hybride humain... Il n'est plus du peuple, d'où il sort ; il n'est pas, non plus, de la bourgeoisie où il vit et où il tend... Du peuple qu'il a renié, il a perdu le sang généreux et la force naïve.... De la bourgeoisie, il a gagné les vices honteux, sans avoir pu acquérir les moyens de les satisfaire ... et les sentiments vils, les lâches peurs, les criminels appétits, sans le décor, et, par conséquent, sans l'excuse de la richesse.... L'âme toute salie, il traverse cet honnête monde bourgeoisi et rien que d'avoir respiré l'odeur mortelle qui monte de ces putrides cloaques, il perd, à jamais, la sécurité de son esprit, et jusqu'à la forme même de son moi... Au fond de tous ces souvenirs, parmi ce peuple de figures où il erre, fantôme de lui-même, il ne trouve à remuer que de l'ordure, c'est à dire de la souffrance... Il rit souvent, mais son rire est forcé. Ce rire ne vient pas de la joie rencontrée, de l'espoir réalisé, et il garde l'amère grimace de la révolte, le pli dur et crispé du sarcasme. Rien n'est plus douloureux et laid que ce rire : il brûle et dessèche... Mieux vaudrait, peut-être, que j'eusse pleuré ! Et puis, je ne sais pas... Et puis, zut !... Arrivera ce qui pourra...
Afficher en entierIl faudrait peut - être des truffes à Mademoiselle ?
Sans me fâcher, mais pincée et hautaine, j’ai répliqué :
– Mais, vous savez, j’en ai mangé des truffes … Tout le monde ne pourrait pas en dire autant ici …
Cela l’a fait taire .
Afficher en entierLe viol de la petite Claire défraie toujours les conversations et surexcite les curiosités de la ville. On s'arrache les journaux de la région et de Paris qui le racontent. La libre parole dénonce nettement les juifs, et elle affirme que c'est un "meurtre rituel...".
Afficher en entierMes maîtres appartenaient à ce qu'on est convenu d'appeler le grand monde parisien ; c'est-à-dire que Monsieur était noble et sans le sou, et qu'on ne savait pas exactement d'où sortait Madame.
Afficher en entier- Je vous demande pardon, mademoiselle Celestine... Il n'y a pas de mauvaises places...
- Parbleu ! je le sais bien... Il n'y a que des mauvais maîtres...
- Non... que de mauvais domestiques...
Afficher en entierQuand je pense qu'une cuisinière, par exemple, tient, chaque jour, dans ses mains, la vie de ses maîtres... une pincée d'arsenic à la place du sel... un petit filet de strychnine au lieu du vinaigre... et ça y est !... Eh bien, non... Faut-il que nous ayons, tout de même, la servitude dans le sang !...
Afficher en entiernos deux âmes !... Est-ce que c'est possible ?
Afficher en entierQuel rapport peut-il y avoir entre l'argenterie de madame et le petit café de Cherbourg ? ... En vérité, je ne sais pas pourquoi... Les moindres paroles de Joseph me font trembler...
Afficher en entierEt celle d'aujourd'hui me la rappelle... La tempête souffle, comme elle soufflait là-bas, la nuit où je commençai sur cette pauvre chair mon œuvre de destruction... Et le hurlement du vent dans les arbres du jardin, il me semble que c'est le hurlement de la mer, sur la digue de l'à jamais maudite villa d'Houlgate.
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