Le patient de la chambre 353

Dès son arrivée dans le service, le lendemain, elle apprit que les infirmières de nuit avaient dû lui administrer une seconde dose de sédatifs pour l’obliger à dormir et, surtout, à abandonner l’idée de passer son précieux coup de fil.

Une vive hostilité flottait dans l’air, et elle eut la nette impression qu’une bonne partie du personnel aurait de nouveau anesthésié ce patient rebelle avec grand plaisir.

Aussi, sur les instances de Mary Driscoll, la secrétaire particulière de Ryan Malone, l’administrateur de l’hôpital, se rendit-elle sans tarder à son chevet.

Le service de chirurgie se trouvait de l’autre côté du bloc opératoire. A peine eut-elle franchi les portes battantes que Kay Applewhite, la surveillante, fonça droit sur elle.

Tout le monde à l’hôpital connaissait l’irascible Kay Applewhite, et sa réputation n’était plus à faire. Elle dirigeait son service d’une main de fer, et se montrait intraitable lorsqu’il s’agissait du bien-être de ses patients ou des qualités qu’elle exigeait de son personnel.

En apparence, elle avait l’air d’une charmante et affable vieille dame, mais il ne fallait pas s’y fier. Elle clamait haut et fort qu’elle n’éprouvait aucune compassion pour les geignards de tout poil, et que quarante années d’expérience lui avaient appris que les patients qui se prenaient en charge sans trop s’écouter guérissaient toujours plus vite et mieux que ceux qui ne cessaient de se plaindre.

En cachette, les infirmières la surnommaient la Générale, ce qu’elle considérait sans aucun doute comme un compliment.