Le Rapport de Brodeck, Tome 1 : L'Autre

Incroyablement bien écrit! C'était vraiment magnifique. Les illustrations sont vraiment parfaite pour ce récit. Une très bonne BD.

J'ai lu "Le rapport de Brodeck" de Philippe Claudel il y a déjà un bout de temps et j'avais envie de découvrir l’adaption en BD. J'ai d'abord été attiré par l'objet livre et j'ai été conquise par le graphisme en noir et blanc de Manu Larcenet. Je n'avais pas été emballé plus que ça par le roman à l'époque et redécouvrir l'histoire en image donne au récit un intérêt différent. On y retrouve la noirceur des personnages et l'ambiance lugubre des non dits que l'on pouvait retrouver dans les petits villages d'après guerre.

BD en 2 tomes. Voir critique sur le deuxième.

Lu en 2016. Adaptée du roman de Philippe Claudel, cette bande-dessinée de Manu Larcenet est d'un implacable réalisme. Une iconographie en noir et blanc, des dessins d'un réalisme sombre, glaçant et pénétrant. Un texte épuré mais percutant, sur la violence des hommes et des sentiments, sur l'angoisse et le traumatisme, sur l'homme face à ses contradictions.

Nous sommes au sortir de la seconde guerre mondiale, dans un village reculé d'Allemagne. Brodeck est un homme brisé par deux années passées dans un camp de concentration. Il est chargé par les habitants du hameau de rédiger un rapport sur la disparition (exécution) d'un homme surnommé "der Anderer", un étranger suscitant la méfiance des villageois...

Un peu lent mais plein de mystère et on veut enquiller avec la suite. Et le trait est d'une beauté et d'une précision à couper le souffle. Du Larcenet quoi. :)

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Cette BD se rapprochant d'un roman graphique vous happe dans une ambiance sombre et pesante dès ses premières pages. A l'image de ce pauvre Brodeck qui vient de faire irruption, tel un cheveu tombant sur la soupe, au milieu d'une assemblée à laquelle il n'était pas convié où des visages d'hommes fermés et burinés aux regards lourds de sous-entendus le guettent comme des prédateurs, nous nous sentons propulsés, lecteurs, au coeur d'un drame dangereux dont nous ne sommes pas sûrs de vouloir connaître le détail.

Serons-nous jamais assez solides pour regarder en face toute la noirceur de l'âme humaine sans flancher ?

Ce premier tome du rapport de Brodeck se déroule au lendemain de la seconde guerre mondiale et nous montre l'humanité oubliée, abandonnée, volée. Des hommes qui se sont comportés comme des animaux et qui se voilent la face pour ne pas être confrontés à l'ignominie de leurs actes. Des hommes qui n'ont pas encore enregistré que l'époque sombre de la guerre et de l'occupation était finie, que plus rien ne couvre leur comportement.

Ce qui marque en parcourant l'album, c'est la beauté et la puissance des dessins ciselés rappelant les gravures minutieuses de Rembrandt. La nature y figure belle et lumineuse tandis que l'être humain y est sombre et presque informe. La BD n'est pas très bavarde, mais on a pas besoin de mots pour ressentir cette violence latente, cette angoisse croissante et la paranoïa qui s'installe. Tous ces regards qui s'attardent plus que nécessaire, jusqu'aux animaux qui semblent épier dans l'expectation, on ressent pleinement le malaise d'un drame en attente. D'ailleurs quand elle "parle" enfin, c'est pour asséner des vérités comme on prodigue des uppercuts : sans prévenir et sans ménagement. Une page vous vous extasiez sur la beauté de la nature, la suivante vous êtes rattrapé par la noirceur du récit.

Pour ne rien gâcher, cet album est un très bel objet dont l'édition est réussie avec son format particulier, son papier épais et velouté, et son fourreau élégant. Un vrai pied de nez à la laideur de son contenu.

De tres jolis dessins, un excellent format mais j'ai vraiment eu du mal avec l'histoire je l'ai trouvé inintéressante et trop molle

http://lafetedesmots.blogspot.fr/2016/09/le-rapport-de-brodeck-tome-1-lautre-de.html

J'ai été plus que surprise par cette BD. Il se dégage une atmosphère particulière. Le dessin est également particulier. Il met en évidence le propos contenu au sein de cette bande dessinée. Il est précis et en noir et blanc afin d'ajouter à cette ambiance si particulière. Les thèmes abordés sont universels. L'intrigue se situe après la seconde guerre mondiale donc la violence des hommes est mise en évidence. On montre à quel point l'homme peut être capable du pire, à quel point il ne vaut pas mieux que les animaux. La religion est légèrement mentionnée. Le prêtre est d'ailleurs bien particulier. Il est à peu près dans la même situation que Brodeck à la différence près que le village lui fait confiance contrairement à Brodeck. On mentionne également l'acceptation de l'étranger. En effet, Brodeck vit dans un village qui n'est pas le sien. Il y est accepté mais par obligation.

Les propos sont clairs, nets et précis. J'ai apprécié le fait que le narrateur est des difficultés à exprimer clairement les choses. Il fait beaucoup de digressions mais ça ne m'a pas gêné. Bien au contraire, ça nous permet de connaître et comprendre encore plus Brodeck. Cela renforce la réalité du propos, le côté témoignage. On y croit encore plus. Les personnages rencontrés ont tous quelques choses à cacher, ont tous une part sombre. Ils ont des choses à se reprocher. Par moment, le propos est, certes, généraliste mais il reflète une réalité. Il y a un aspect philosophique très simple à comprendre. Il n'est pas forcément réjouissant mais à l'heure actuelle, n'importe qui approuvera ces propos-là. Je vais vous citer juste une phrase qui est juste parfaite "la guerre, c'est le triomphe du médiocre". Je crois qu'il n'y a rien à ajouter.

En bref, j'ai apprécié cette BD. Je vais m'y mettre maintenant. Ça y est. Le propos peut sembler violent mais il reflète une réalité. On en ressort grandi. On en ressort une morale qui n'est pas négligeable. Je lirais le deuxième tome avec beaucoup d'intérêt

On ne va pas se mentir, je suis un énorme de fan de Larcenet. Quand j'ai vu qu'il adaptait un roman de Claudel (j'aime beaucoup "la petite fille de monsieur Linh" que je conseil souvent) j'ai su que ça valait le coup d’œil. Et franchement... wow. Comparé à Blast (qui est l’œuvre de Larcenet qui se rapprocherait le plus du rapport de Brodeck) ce qui importe ici c'est la lourdeur, le poids des secrets, de ce qui est tait, et le dessin retranscrit parfaitement cette noirceur viscérale, comme un long nœud dans les tripes. Les personnages prennent vies avec des faces marquées, burinées presque, et certaines scènes de dialogue ou simplement de contemplation vont s'imprimer dans votre rétine.

C'est beau, c'est fort, c'est pesant et noir... ça vaut vraiment le coup d’œil !

Une BD puissante et sombre. Les dessins, en noir et blanc, sont d’une telle justesse, que l’on plonge dans une ambiance angoissante en quelques planches seulement.

Il y a quelque chose de terrifiant qui ressort rapidement des dessins, quelque chose de très similaire aux peintures noires de Goya.

L’auteur nous embarque, sans que l'on ait le temps de s'y préparer, dans un univers effroyable, où le lecteur devient malgré lui témoin de la bestialité humaine. La lecture de ce rapport nous hypnotise et il est totalement impossible d'échapper à son emprise. Entre l’envie de découvrir la vérité, ou fuir avant que la lumière se fasse sur des atrocités, le choix est cornélien.

Une BD fascinante, où le mystère et la tension dramatique règnent en maître.