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Le Secret d'un milliardaire



Description ajoutée par anonyme 2014-07-04T19:18:21+02:00

Résumé

Enceinte ? Non, Holly refuse de croire que le destin puisse se montrer aussi cruel. Il y a quelques semaines encore, cette nouvelle l’aurait emplie de joie. Aujourd’hui, hélas, elle sait que Luiz Casella, l’homme qu’elle aimait de tout son cœur, s’est joué d’elle. L’impitoyable milliardaire ne lui a-t-il pas caché sa véritable identité pendant toute l’année qu’a duré leur relation ? Pourtant, en dépit de sa colère et de son chagrin, Holly ne se sent pas le droit de lui cacher son état. Mais lorsque Luiz exige alors qu’elle devienne sa femme, elle sent la panique l’envahir. Comment se résoudre à un mariage de convenance avec cet homme en qui elle n’a aucune confiance ? Sauf qu’il est de son devoir d’offrir le meilleur à cet enfant qui grandit en elle…

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Classement en biblio - 54 lecteurs

extrait

Extrait ajouté par Underworld 2020-01-13T19:10:02+01:00

** Extrait offert par Cathy Williams **

1.

Luiz écrasa la pédale d’accélérateur de sa Porsche, propulsant le bolide sur l’étroite route enneigée qui serpentait dans la campagne du Yorkshire. C’était de la folie de rouler à cette allure à la tombée de la nuit, il le savait. A tout moment, il risquait de rater un virage. S’il fonçait dans le talus à sa droite, il s’en sortirait sûrement en un seul morceau, mais s’il percutait la paroi rocheuse qui se dressait de l’autre côté…

Pourtant, malgré le danger, il ne pouvait se résoudre à freiner. C’était plus fort que lui, il fallait qu’il évacue la souffrance qui le rongeait depuis des mois. Existait-il un meilleur exutoire que la vitesse ? Il y avait quelque chose d’enivrant à défier la mort ici, loin de la perfection étouffante de sa maison londonienne.

Cela faisait bientôt un an que son père avait péri dans un tragique accident. Comment Mario Casella, cet homme qui croquait encore la vie à pleines dents à soixante ans, avait-il pu disparaître du jour au lendemain ? Son corps avait été retrouvé, brisé, au milieu des décombres du petit avion qu’il avait appris à piloter.

Les dents serrées, Luiz augmenta encore sa vitesse afin de chasser cette affreuse image de son esprit. C’était sa mère qui lui avait appris la terrible nouvelle. Ni une ni deux, il était parti la rejoindre au Brésil, où il avait essayé de se montrer à la hauteur de la situation. Etant le seul fils de la fratrie, il était de facto devenu le chef de famille ; c’était donc lui qui avait dû assumer l’organisation des obsèques, mais aussi gérer la vacance de direction dans la société de son père — tout en continuant de s’occuper à distance de ses propres entreprises.

Il avait su être le roc sur lequel s’étaient reposés sa mère, ses trois sœurs et le reste de leur famille, ainsi que tous les associés de son père. Au lieu de se laisser aller au désespoir, il s’était focalisé sur ses responsabilités. Il avait désigné un successeur à la tête de la société paternelle ; il s’était aussi chargé de revendre la propriété familiale, à la demande de sa pauvre mère, qui ne se sentait plus le cœur d’y vivre. Il lui avait alors déniché une maison dans le voisinage de l’une de ses sœurs, moins spacieuse mais tout aussi luxueuse. Pour elle, il avait fait mettre en lieu sûr toutes les photos, tous les objets de valeur sentimentale, en attendant qu’elle trouve la force d’affronter les souvenirs de son défunt mari.

Tout cela, Luiz l’avait fait sans verser une seule larme.

Après plusieurs mois, il avait fini par retourner à Londres, pour aussitôt se jeter à corps perdu dans le travail. S’imposant un rythme presque inhumain, il avait lancé l’expansion de son empire, ce qui avait eu pour effet de multiplier sa fortune par dix.

Et il ne comptait pas s’arrêter en si bon chemin…

Cet après-midi encore, il avait racheté une société d’électronique en difficulté, basée à Durham, dans le nord du pays. Voyant là l’occasion de changer d’air, il avait tenu à faire le déplacement en personne pour signer le contrat, et avait même décidé de s’octroyer quelques heures de répit dans son emploi du temps surchargé pour rentrer à Londres par ses propres moyens. Après s’être organisé pour pouvoir récupérer sa Porsche à l’aéroport de Durham, il avait pris le volant et, pour la toute première fois depuis le décès de son père, s’était autorisé à relâcher la pression.

S’il avait initialement prévu de rentrer par les grands axes, il n’avait pas tardé à dévier de son parcours pour passer par les voies de campagne, allant même jusqu’à couper son GPS et éteindre son téléphone. Comment résister au défi de ces routes désertes couvertes de neige ? Il négociait chaque virage à une vitesse supersonique, sous les flocons qui s’étaient remis à tomber — comme si la nature s’amusait à tester ses limites. Rien ne troublait le silence sépulcral de l’hiver, hormis le vrombissement puissant du moteur.

Et la tempête de questions qui tourbillonnait dans son esprit.

Son père avait-il souffert avant de mourir ? Avait-il eu peur ? A quoi avait-il pensé pendant le crash, à l’instant où il avait compris qu’il ne lui restait plus que quelques secondes à vivre ? Avait-il éprouvé des regrets ?

Non, sûrement que non… Son père avait été l’exemple même de la réussite. Grâce à sa seule force de caractère et à des années de travail acharné, il s’était arraché à la misère de son milieu d’origine pour grimper un par un les échelons, jusqu’à se faire une place dans le cercle restreint de ceux pour qui l’argent n’est pas un problème. Il avait épousé son amour de jeunesse, qui l’avait épaulé tout au long de ce parcours du combattant et lui avait donné quatre enfants. Qu’aurait-il bien pu regretter après une vie aussi accomplie ?

Luiz crispa les mains sur le volant. Supposer que Mario était parti en paix ne suffisait pas : ne pas en avoir la certitude était insupportable. Son unique certitude, c’était que l’homme qu’il admirait le plus au monde avait disparu pour toujours. A cette pensée, une souffrance intolérable lui lacéra le cœur. Enfonçant une nouvelle fois la pédale d’accélérateur, il avala la route à une vitesse toujours plus folle.

Soudain, l’impitoyable paroi rocheuse surgit devant ses phares.

D’un brusque coup de volant, Luiz braqua à droite. Il réussit à éviter l’impact de justesse, mais la roche racla la carrosserie sur toute sa longueur dans un hurlement déchirant. Prise dans un dérapage incontrôlé, la voiture partit en toupie sur la chaussée glissante avant de heurter le talus de plein fouet.

Etourdi quelques instants par le choc, Luiz reprit ses esprits, la tête dans l’airbag. Santa Maria ! Il l’avait échappé belle ! Alors qu’il s’extirpait péniblement de son véhicule, un éclair de douleur lui traversa la jambe. Se sentant vaciller, il se retint à la portière et inspecta la blessure avec précaution. Une vilaine estafilade lui barrait la cuisse. Bon, il avait eu de la chance, ça aurait pu être bien pire. Sa Porsche, en revanche, n’était plus qu’un amas de tôles froissées…

Il sortit son téléphone portable de sa poche et l’alluma. Il poussa un juron : pas de réseau. Evidemment, dans un trou perdu comme celui-ci ! Pas le choix, il fallait qu’il avance jusqu’à ce qu’il capte un signal ou croise quelqu’un. Avec sa jambe blessée, voilà qui n’allait pas être une partie de plaisir, mais que pouvait-il faire d’autre ?

Pour ne rien arranger, la neige redoublait d’intensité et de gros flocons lui fouettaient le visage. Il ne manquait plus que ça ! Dire qu’il n’avait même pas emporté son manteau… Ce n’était certainement pas son pull de créateur et son pantalon de costume déchiré qui allaient le protéger ! Il allait être trempé jusqu’aux os en un rien de temps !

« Rien de grave », soupira-t-il en claudiquant vers la route avec un léger sourire. Dans un sens, la douleur physique était une bonne chose : pour la première fois depuis des mois passés à contrôler ses émotions, il se sentait vivant…

* * *

Holly était en train de s’occuper des animaux de son refuge quand elle entendit un bruit de raclement et de ferraille tordue résonner dans la nuit. Aussitôt, elle se figea et tendit l’oreille. Elle avait grandi sur cette belle terre sauvage et en connaissait le moindre petit bruit, le moindre changement d’atmosphère. Plus particulièrement en plein mois de février, quand le silence pouvait être absolu.

« Aucun doute, quelqu’un a raté un virage », s’alarma-t-elle en refermant l’enclos pour rentrer en hâte dans son cottage. Alors qu’elle retirait son bonnet, libérant sa crinière de boucles blondes, elle prit un instant pour réfléchir. Devait-elle appeler Andy ? Non, mauvaise idée, son collègue et meilleur ami était descendu en ville ce soir, alors il ne pourrait lui être d’aucune aide.

Alors, téléphoner à Ben Firth, à la caserne ? Ou bien au vieux Abe, pour qu’il fasse venir une ambulance ? Non, le temps que les secours arrivent, il serait peut-être trop tard. Il valait mieux qu’elle se rende elle-même sur le lieu de l’accident, quitte à parcourir ensuite vingt kilomètres pour emmener les blessés à l’hôpital. De toute façon, elle connaissait ce coin mieux que personne et savait exactement dans quelle zone chercher.

Attrapant ses clés de voiture, Holly jeta par réflexe un coup d’œil dans le miroir de l’entrée. Comme d’habitude, les yeux bleus que lui renvoya le reflet n’étaient pas maquillés. Décidément, songea-t-elle avec un soupir dépité, elle n’avait vraiment rien de sexy. Elle était mignonne, d’accord, mais elle avait le visage trop poupin pour être belle, et trop de rondeurs pour s’habiller à la mode. Pas étonnant qu’elle soit toujours célibataire à vingt-six ans…

Mais pourquoi pensait-elle à ça maintenant ? Ce n’était pas du tout le moment de s’apitoyer sur son sort ! Elle verrouilla sa porte avant d’aller s’installer au volant de son vieux 4x4, puis démarra malgré les flocons qui tourbillonnaient de plus en plus fort. Dans le Yorkshire, les hivers étaient toujours rudes : il fallait plus que quelques centimètres de neige pour l’effrayer !

Au bout de son allée, plusieurs directions s’offraient à elle mais Holly tourna à droite sans hésiter. Cette route était la plus dangereuse, la plus tristement réputée pour ses accidents mortels. Tout en roulant aussi vite que le temps le lui permettait, elle ne put s’empêcher de penser à James, le seul petit ami sérieux qu’elle ait eu. Aurait-elle dû faire plus d’efforts pour que leur relation fonctionne ?

Elle avait vécu un peu plus d’un an avec le jeune vétérinaire, jusqu’au jour où il s’était fait muter dans le sud du pays. Elle s’était alors rendu compte qu’elle ne tenait pas suffisamment à lui pour supporter la distance. Seulement voilà : depuis, le temps passait et elle ne pouvait pas dire que les prétendants se bousculaient à sa porte… D’un autre côté, il était évident que sa vie isolée se prêtait peu aux nouvelles rencontres. Depuis longtemps, ses amis la pressaient de venir s’installer à la ville, mais pas question de renoncer au calme de la campagne pour emménager dans le bruit et la pollution ! Le célibat ne lui pesait pas à ce point.

Et puis, elle aimait bien trop son métier pour changer de vie. Depuis qu’elle était toute petite, elle avait toujours vécu entourée d’animaux. Quand son père était mort, peu après qu’elle eut fêté ses dix-huit ans, elle n’avait eu d’autre choix que de se séparer de leur ferme — jamais elle n’aurait pu gérer une exploitation agricole aussi importante ! Grâce à l’argent de la vente, elle avait pu s’acheter le refuge dont elle s’occupait désormais à plein temps, ainsi que son vieux cottage à la plomberie capricieuse et au système de chauffage antédiluvien. Et, même si elle n’avait pas les moyens de faire des travaux, cet endroit n’en était pas moins son petit havre de paix.

Holly sortit brusquement de sa rêverie : elle venait de repérer la voiture accidentée — ou plutôt ce qu’il en restait. A cette vision, un frisson d’horreur la parcourut. Pourvu qu’il y ait des survivants ! Alors qu’elle s’apprêtait à se garer, elle distingua un peu plus loin sur la route une silhouette qui faisait de grands gestes pour attirer son attention. Comme elle s’arrêtait à sa hauteur, elle remarqua qu’il s’agissait d’un homme bien trop peu couvert pour la saison ; il semblait tenir à peine debout.

Elle rangea son 4x4 et se précipita pour venir en aide au naufragé de la route.

— Y a-t-il quelqu’un d’autre avec vous ? s’inquiéta-t-elle.

Elle lui passa un bras autour de la taille pour le soutenir. Lorsqu’il s’appuya lourdement sur elle, Holly ploya quelque peu sous son poids, mais sentit un corps puissant sous le tissu trop fin du pull.

— Non, il n’y a que moi, répondit-il dans un souffle.

— Votre voiture…

— Elle est bonne pour la casse, je sais.

— Je vais appeler une dépanneuse pour qu’on vienne la récupérer au plus vite.

Elle l’aida à s’installer sur le siège passager de son véhicule.

— Ne vous donnez pas ce mal, dit-il avec un gémissement de douleur. Je m’en moque complètement.

Cette remarque la sidéra. Qui pouvait bien se moquer d’une dépense aussi considérable qu’une voiture ? D’autant qu’il percevrait peut-être une indemnité de son assurance !

Toutefois, cette question fut vite balayée par d’autres, plus urgentes : manifestement, cet homme avait les idées claires et pouvait plus ou moins marcher ; toutefois, se pouvait-il qu’il soit plus gravement blessé qu’il n’y paraissait ? Si la neige continuait de tomber à cette cadence, elle allait mettre une éternité à se rendre à l’hôpital ! Ne vaudrait-il pas mieux qu’elle essaie de l’examiner pour vérifier qu’il n’y avait pas de blessure sérieuse ?

Prenant place au volant, elle se tourna vers lui, prête à lui proposer son aide, mais les mots moururent aussitôt dans sa gorge. Cet homme était incroyablement beau ! Des traits anguleux et virils, des cheveux de jais coupés court parsemés de flocons de neige, une peau cuivrée qui laissait supposer des origines exotiques… Dans la pénombre, elle ne parvenait pas à distinguer la couleur de ses yeux ; néanmoins, l’intensité de son regard la déstabilisa.

Le cœur battant la chamade, Holly cligna des yeux pour se ressaisir. Malheureusement, elle parla d’une voix aiguë qui ne lui ressemblait pas.

— Comment vous sentez-vous ?

— A merveille. Enfin, si on oublie ma jambe en sang, bien sûr.

Ce sarcasme suffit à lui faire retrouver le sens des priorités.

— Il faut que je vous emmène tout de suite à l’hôpital ! s’exclama-t-elle en démarrant.

Sur la couche de neige de plus en plus épaisse, les roues de sa voiture patinèrent quelques instants dans le vide avant d’adhérer au bitume.

— C’est loin d’ici ? lui demanda l’inconnu.

— Assez, oui. Vous n’êtes pas du coin, n’est-ce pas ?

— Ça se voit tant que ça ?

— C’est votre tenue qui vous trahit. Personne ne s’aventurerait aussi peu couvert à cette saison.

* * *

Amusé, Luiz s’appuya contre la vitre pour mieux observer le profil de celle qui avait volé à son secours. Sans cette douleur lancinante à la jambe, qui lui rappelait que tout ceci était bien réel, il aurait pu croire qu’il avait été tué dans l’accident pour se réveiller au paradis tant cette femme lui faisait l’effet d’un ange. Avec son teint de porcelaine, ses longues boucles folles et ses grands yeux clairs, elle était à l’opposé des Londoniennes au bronzage artificiel et au brushing impeccable qu’il croisait tous les jours.

— Ecoutez, dit-elle, il y a trop de neige, je ne pense pas que ce sera possible de vous conduire à l’hôpital. Mais je peux toujours essayer de leur demander d’envoyer un hélicoptère.

A ces mots, Luiz se rembrunit. C’était à cause de sa propre imprudence qu’il avait perdu le contrôle de son bolide.

— Non, ne les dérangez pas pour moi. Ce n’est pas si grave.

— Vous êtes sûr ?

Après un court silence, la jeune femme s’exclama :

— Au fait, je ne me suis pas présentée ! Je m’appelle Holly George.

— Enchanté. Mais, dites-moi, Holly George, que faisiez-vous dehors par ce temps ? Vos parents ne vont-ils pas s’inquiéter ?

Elle sourit, ce qui creusa sur sa joue une adorable fossette.

— Je vis seule. Tout près d’ici, en fait. J’ai sauté dans ma voiture dès que j’ai entendu le bruit de l’accident. J’aurais bien téléphoné à Ben ou au vieux Abe, mais ils auraient mis un temps fou à venir jusqu’ici. C’est le problème quand on vit dans un coin aussi reculé : si on a un souci en plein hiver, il vaut mieux croiser les doigts en espérant pouvoir tenir quelques heures.

— Qui sont Ben et Abe ?

— Oh ! excusez-moi. Ben dirige la caserne de pompiers et le vieux Abe est le médecin de la région.

Cette remarque arracha un sourire à Luiz. A l’entendre, tout le monde se connaissait par ici.

— Et vous, reprit-elle, que faisiez-vous dans les environs ?

— Je me débarrassais de quelques vieux démons.

Luiz fronça les sourcils. Cette réponse lui avait échappé. Depuis quand racontait-il sa vie à une parfaite inconnue ? Son ange gardien dut sentir qu’il ne souhaitait pas s’épancher car elle changea de sujet dès qu’ils quittèrent la route principale.

— Vous voyez la lumière au bout de l’allée ? C’est chez moi. Je tiens un refuge.

— Un refuge ?

— Oui, un refuge pour animaux. Les bâtiments sont là-bas, juste à côté de la grange, vous voyez ? En ce moment, nous avons près de cinquante bêtes — des chiens, des chats, des poules, un âne… L’année dernière, nous avions même récupéré un couple de lamas ; heureusement un parc zoologique les a vite adoptés.

Luiz n’en croyait pas ses oreilles. Des poules, des ânes, des lamas… Sur quelle planète avait-il atterri ?

— Et vous, que faites-vous dans la vie ? l’interrogea la jeune femme.

Il s’apprêtait à répondre lorsqu’ils se garèrent devant un petit cottage. L’éclairage de la porte d’entrée illumina tout à coup l’intérieur de la voiture. Le souffle coupé, Luiz étudia le visage en forme de cœur que la conductrice tourna vers lui, remarquant les détails qui lui avaient échappé dans l’obscurité. Elle avait les yeux les plus bleus qu’il ait jamais vus, mis en valeur par de longs cils noirs, et une bouche pulpeuse parfaitement dessinée.

Il laissa son regard glisser sur ses mains fines — pas d’alliance, ni de bague de fiançailles. En fait, elle semblait ne porter aucun bijou et était d’ailleurs très mal habillée : un affreux bonnet de laine, un anorak vert, un gros pull informe, un vieux jean et même des bottes de caoutchouc. Cela faisait bien longtemps qu’il n’avait pas rencontré quelqu’un qui accordait aussi peu d’importance à son apparence.

— Vous ne m’avez pas dit votre nom. Attendez, enchaîna-t-elle sans attendre de réponse, je vais vous aider à descendre. On va jeter un œil à votre blessure ; si elle n’est pas trop grave, je peux peut-être vous arranger ça avec ma trousse de secours. J’ai l’habitude des plaies superficielles ; dans mon travail, il vaut mieux ne pas être douillet.

« Quel moulin à paroles ! » s’amusa Luiz en réprimant un sourire. Il prit appui sur l’épaule de la jeune femme et, lentement, elle le guida jusqu’à sa cuisine, où elle l’aida à s’asseoir sur une chaise massive.

— Je reviens tout de suite, dit-elle.

Luiz promena un regard dubitatif sur la pièce. La décoration était bien trop rustique pour lui : de grosses poutres au plafond, des meubles de bois encombrants, un carrelage fissuré… Quel manque de goût !

Son hôtesse revint presque aussitôt, une trousse de secours à la main. Dès que leurs regards se croisèrent, elle baissa nerveusement les yeux.

— Alors, voyons cette blessure…

— Le mieux serait que vous m’aidiez à enlever mon pantalon, suggéra-t-il. Comme ça, vous pourrez y voir plus clair pour me soigner.

Holly leva vers lui de grands yeux ébahis, avant de rougir jusqu’aux oreilles.

— Non, je vais le découper, ça sera plus simple. De toute façon, comme il est déjà déchiré, le vêtement est fichu. C’est dommage, un si beau tissu…

Elle s’agenouilla alors devant lui, une vision qui déclencha en Luiz une brusque flambée de désir. Que lui arrivait-il ? Pourquoi cette femme lui faisait-elle un tel effet ? Elle n’avait pourtant rien des mannequins qu’il avait l’habitude de fréquenter ! Au contraire, maintenant qu’elle avait retiré son anorak, il voyait qu’elle était tout en courbes. Même son pull ne parvenait pas à cacher sa poitrine généreuse.

Tandis qu’elle entreprenait de découper la jambe de son pantalon, une image s’imposa à l’esprit de Luiz : elle, entièrement nue, qui le déshabillait avec sensualité avant de s’offrir à lui, ici même, sur cette chaise… Ce fantasme le fit se sentir si à l’étroit dans son boxer qu’il ne put s’empêcher de remuer sur sa chaise, les poings serrés.

— Je vous ai fait mal ?

Esquissant un sourire crispé, il secoua la tête. Comment réagirait-elle s’il lui avouait ce qu’il venait d’imaginer ? L’effroi ferait sans doute place à l’inquiétude.

— Je vous préviens, ça risque quand même d’être douloureux. Oh ! je sais ! s’exclama-t-elle en se relevant. Attendez une seconde.

Elle revint un instant plus tard avec une boîte de médicaments et lui servit un verre d’eau.

— Tenez, prenez un analgésique. Ça vous soulagera.

Il s’exécuta. Tandis qu’elle sortait de sa trousse de quoi nettoyer la plaie, sa belle secouriste improvisée lui lança un regard en coin.

— Je ne connais toujours pas votre nom, vous savez.

— Ah, oui. Je m’appelle Luiz. Luiz… Gomez, lâcha-t-il non sans un pincement de culpabilité.

C’était le nom de famille du jardinier de ses parents qu’il venait de donner. Mentir n’avait pourtant jamais été dans ses habitudes. Mais changer d’identité pour la soirée lui était tout à coup apparu comme une bonne idée : ici, dans cet environnement totalement étranger, avec cette femme si simple, il avait l’occasion d’être un autre homme. Juste pour quelques heures, il n’aurait pas à être Luiz Casella, le bourreau de travail à la tête d’un empire, celui vers qui tout le monde se tournait toujours, celui qui devait être opérationnel à tout moment. S’accorder un peu de répit, loin des responsabilités de son quotidien, n’était pas un crime, n’est-ce pas ?

— Et d’où venez-vous, Luiz ?

— Je vis à Londres depuis quelques années mais je suis brésilien.

A l’évocation de son pays natal, une étincelle s’alluma dans le regard de l’Anglaise. Elle enchaîna alors sur les endroits qu’elle rêvait de visiter, tout en lui soignant la jambe de ses doigts agiles.

C’était étrange, en sa présence, il se sentait comme… apaisé. C’est à peine si sa blessure le faisait encore souffrir.

C’est alors qu’une idée lui vint. Et s’il s’octroyait quelques jours de congé ? Voilà ce qui lui ferait le plus grand bien : rester au calme dans ce coin reculé, là où personne ne viendrait l’importuner. Et puis, pourquoi ne pas en profiter pour faire plus ample connaissance avec cette charmante jeune femme ? Il n’y avait qu’à voir la façon dont elle se mettait à bafouiller dès que leurs regards se croisaient pour comprendre qu’il ne la laissait pas indifférente.

Cerise sur le gâteau : pour elle, il ne représentait rien de plus qu’un inconnu blessé. Pour une fois, il avait affaire à une femme qui n’avait pas la moindre idée de sa fortune, une femme qui ne se pâmerait pas devant lui simplement parce qu’il était quelqu’un d’important.

Quelle idée séduisante…

— Et voilà ! s’exclama-t-elle avec un grand sourire. Vous aurez sans doute besoin de quelques points de suture mais, en attendant de voir un médecin, c’est toujours mieux que rien !

* * *

Holly jeta un regard satisfait au bandage qu’elle avait réalisé. Comment avait-elle pu le réussir en étant aussi nerveuse ? Cet homme la troublait tant ! Non seulement il avait un charisme fou, mais il n’était pas du genre à se plaindre, ce qui lui plaisait beaucoup. Et cette façon qu’il avait de poser sur elle ses yeux d’une couleur fascinante — un noir profond constellé d’éclats dorés… Elle en avait des frissons partout. Pourvu qu’elle ne l’ennuie pas à parler de tout et de rien ! Lorsqu’elle perdait ses moyens, elle devenait plus bavarde qu’une pie !

Soudain, sa voix la tira de ses pensées.

— Y a-t-il un endroit où je pourrais passer la nuit, dans les environs ?

— Vous n’auriez pas pu choisir pire endroit pour avoir un accident, répondit-elle avec un petit rire contrit. L’hôtel le plus proche est à plus de trente kilomètres. Mais vous pouvez dormir ici cette nuit, si vous voulez. Je vais m’occuper du repas, puis je vous préparerai la chambre d’amis.

Alors que Holly commençait à s’activer dans la cuisine, elle ne put s’empêcher de s’interroger : le beau Brésilien était-il célibataire ?

— Avez-vous besoin du téléphone pour prévenir quelqu’un de votre accident ? demanda-t-elle innocemment. Votre femme, peut-être… ?

Elle sut au sourire qu’il lui retourna qu’il n’était pas dupe.

— Je n’ai ni femme ni petite amie. Personne à contacter.

Bien que cette réponse fût celle qu’elle avait espéré entendre, Holly ne savait plus où se mettre. Alors, elle reporta son attention sur la cuisson des œufs et du bacon, et se remit à bavarder nerveusement. Elle lui parla du refuge, des animaux, des collectes locales qui constituaient son unique moyen de financement.

Au cours du repas, son patient lui expliqua qu’il était représentant de commerce pour le compte d’une entreprise d’informatique, ce qui l’amenait à voyager beaucoup. Cependant, il ne s’étendit pas sur le sujet — sûrement parce qu’elle avait avoué ne pas comprendre grand-chose aux ordinateurs —, et il ramena vite la conversation sur le refuge. Il lui posa toutes sortes de questions, et semblait sincèrement intéressé par ses réponses. Emportée par cette cause qui lui tenait à cœur, Holly, de plus en plus à l’aise, retira le pull qui lui donnait trop chaud et se retrouva en T-shirt moulant.

La flamme qui s’alluma aussitôt dans les yeux de son invité ne lui échappa pas. Pourtant, elle n’en éprouva aucune gêne. Au contraire, le regard caressant dont il l’enveloppait était très agréable. Pour la première fois depuis bien longtemps, elle se sentit désirable.

Ce fut lui qui brisa le silence chargé d’électricité.

— Tout compte fait, je vais peut-être rester ici plus d’une nuit.

Holly en resta sans voix. Qu’entendait-il par rester ici ? Voulait-il dire qu’il logerait dans la région le temps que sa blessure guérisse, ou bien chez elle ?

Elle s’avoua soudain qu’elle n’avait rien contre l’idée de partager son intimité avec cet homme. Seigneur, que lui arrivait-il ? Jamais elle ne pensait des choses pareilles ! Sentant qu’elle perdait ses moyens, elle bondit de sa chaise pour débarrasser la table.

— Votre patron ne va-t-il pas vous reprocher de prendre quelques jours de congé ?

— Mon patron ? Oh ! je… Je suis sûr qu’il comprendra.

— Mais, quand vous parlez de rester ici, à quoi pensez-vous, exactement ?

— Eh bien, je vous avoue que rester chez vous me paraît plus pratique que d’aller à l’hôtel, s’il est si loin. Mais je compte bien vous dédommager ! En fait, je suis prêt à y mettre le prix. Je veux dire, corrigea-t-il précipitamment, que, connaissant l’amour que mon patron porte aux animaux, je suis certain qu’il n’hésiterait pas à faire un don généreux à votre refuge.

— Vous voulez rire ! s’étrangla Holly. Pour rien au monde je ne vous réclamerais de l’argent ! Il faudrait être un rapace pour vouloir tirer profit de la détresse d’autrui !

* * *

Luiz lui retourna un regard stupéfait. Décidément, il n’avait jamais vécu une soirée comme celle-ci ! C’était bien la première fois qu’une femme refusait son argent. Ses maîtresses adoraient qu’il les couvre de cadeaux — bijoux, voitures, voyages… Mais bien sûr, si Holly s’était doutée de la taille de son compte en banque, elle aurait accepté son offre sans hésiter. Il connaissait suffisamment les femmes pour savoir qu’elles étaient toutes pareilles sur ce point. Là, elle éprouvait seulement des scrupules parce qu’elle le prenait pour un VRP qui ne roulait pas sur l’or.

D’un autre côté, il tenait à la remercier de lui avoir sauvé la vie ; sans elle, il serait sûrement mort de froid à l’heure qu’il était ! Et puis, il était touché par la passion qu’elle semblait mettre dans son travail. Même lui n’était pas aussi enthousiaste quand il concluait une affaire fructueuse ! L’entendre parler de ses animaux lui avait vraiment donné envie de lui apporter un soutien financier. Malheureusement, empêtré dans son mensonge comme il était, il lui fallait trouver une autre solution…

— Laissez-moi tout de même vous montrer ma gratitude d’une façon ou d’une autre. Je peux vous aider à monter un site internet, si vous voulez ? Cela fera un peu de pub à votre refuge.

— Vous êtes un ange ! Mais ne vous embêtez pas pour moi. La seule chose qui compte, c’est que vous vous rétablissiez. Puis-je vous offrir un thé ?

Il accepta et elle alla mettre de l’eau à bouillir.

— Après, reprit-elle, je vous aiderai à monter dans votre chambre. Et demain matin je téléphonerai au vieux Abe pour lui demander de venir vous examiner. La neige a l’air de se calmer : avec sa Jeep, il ne devrait pas avoir de mal à venir jusqu’ici.

— Est-ce que vous êtes toujours aussi optimiste ? s’étonna-t-il.

Cette fois encore, le sourire qu’elle lui offrit le désarma.

— Il faut dire que j’ai beaucoup de chance. Je vis dans un endroit magnifique, j’adore mon métier, j’ai des amis.

Son sourire s’effaça alors qu’elle posait deux tasses sur la table.

— Par contre, je n’ai plus mes parents. Ma mère est morte quand j’étais petite, mon père il y a quelques années. Mais je me console en me disant qu’ils ont eu une vie heureuse.

— Cela vous suffit à faire le deuil ? demanda Luiz avec une grimace.

Comment pouvait-elle accepter si facilement une réalité que, personnellement, il trouvait insupportable ?

— Bien sûr.

Elle reprit place en face de lui. Enveloppant sa tasse des deux mains, elle souffla sur son thé fumant avant d’en boire une gorgée. Elle passa pensivement le bout de sa langue sur ses lèvres, puis leva le nez vers lui.

— Pardonnez ma curiosité mais, tout à l’heure, quand vous avez dit vous débarrasser de vieux démons, qu’entendiez-vous par là ?

Luiz la dévisagea en silence. Si n’importe qui d’autre lui avait posé cette question, il l’aurait remis à sa place d’un seul regard. Pourtant, quand il plongea dans ces yeux bleus bienveillants, il éprouva soudain le besoin de se libérer de son fardeau.

Alors, il s’autorisa à parler de son père. Après tout, ce soir, il n’était pas Luiz Casella, mais Luiz Gomez, un homme ordinaire qui n’avait pas à cacher ses sentiments. Quand s’était-il ouvert à quelqu’un pour la dernière fois ? Lorsque l’on portait autant de responsabilités professionnelles que lui, se confier passait pour un signe de faiblesse. Et, dans cette jungle qu’était son quotidien, on ne faisait pas de quartier aux faibles.

Holly lui prêta une oreille attentive qui lui fit le plus grand bien. Elle réussit à lui faire oublier sa jambe blessée, son corps endolori, sa voiture démolie et son chagrin.

Au bout d’une heure, sa décision était prise : il allait séduire Holly George.

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Commentaires récents

Commentaire ajouté par SuBla65 2019-08-26T03:40:26+02:00
Diamant

Belle romance agréable.

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Commentaire ajouté par lou02 2016-09-11T09:32:37+02:00
Bronze

Le livre est plein d’émotion. Holly ne veut pas encombrer Luiz et refuse sa demande en mariage car elle est enceinte de lui. Elle ne l’a toujours pas oublié. Elle l’aime toujours et est prête à se sacrifier pour Luiz. Elle était prête à vivre avec son bébé toute seule et que Luiz aurait droit de le voir quand il veut. C’est une Belle preuve d’Amour. Luiz quant à lui est blessé par une relation qui s’est mal terminée. C’est pourquoi lors de sa rencontre avec Holly, il ne lui dit pas qui il est. Il croît qu’elle s’intéressera qu’à son argent et pas à lui tel qu’il est. Ne jamais dire que toutes les femmes sont pareilles. Une peut être avide d’argent et rechercher que des hommes riches et d’autres ne se soucient que de l’humaine et non de son compte en banque.

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Commentaire ajouté par FraiseOsucre 2016-07-06T02:25:34+02:00
Bronze

J'ai été très énervée du comportement de Luiz envers Holly. Il a été plus que désagréable durant tout le tome et le petit final mielleux n'a malheureusement pas réussis a apaiser ma rancœur envers lui ..

Holly fait face durant le tome, mais après toutes ses réserves sur les sentiments de Luiz j'aurais pensé qu'elles aurait mis ses idées de partir seule a exécution, histoire de le faire réfléchir un bon coup.

Un bon final tout de même ..

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Lu aussi

Un moment de détente grâce à la lecture de ce livre.

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Commentaire ajouté par EloOdii378 2014-07-19T03:30:28+02:00
Argent

J'ai bien aimé ce livre : on s'attache vite aux personnages ainsi qu'à leur caractères respectifs. Je ne l'ai pas lâché ^^

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Date de sortie

Le Secret d'un milliardaire

  • France : 2014-07-01 - Poche (Français)

Activité récente

Arji l'ajoute dans sa biblio or
2023-09-12T22:58:02+02:00
Drahlan l'ajoute dans sa biblio or
2022-07-12T17:26:53+02:00

Évaluations

Editeurs

Les chiffres

lecteurs 54
Commentaires 5
extraits 3
Evaluations 10
Note globale 7.33 / 10

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