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Les belles endormies



Description ajoutée par Virgile 2009-08-08T20:26:15+02:00

Résumé

Publié en 1961, ce roman décrit la quête des vieillards en mal de plaisirs charnels qui rejoignent pour une nuit les belles adolescentes endormies qui les attendent pour leur offrir les derniers voluptés et le souvenir des femmes de leur jeunesse.

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Classement en biblio - 117 lecteurs

extrait

Extrait ajouté par Uneautrelecture 2015-08-28T15:04:50+02:00

Il était évident que la fille ne dormait là que par amour de l'argent. Cependant, pour les vieillards qui payaient, s'étendre aux côtés d'une fille comme celle-ci était certainement une joie sans pareille au monde. Du fait que jamais elle ne se réveillait, les vieux clients s'épargnaient la honte du sentiment d'infériorité propre à la décrépitude de l'âge, et trouvaient la liberté de s'abandonner sans réserve à leur imagination et à leurs souvenirs relatifs aux femmes. Était-ce pour cela qu'ils acceptaient de payer sans regret bien plus cher que pour une femme éveillée ?

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Commentaire le plus apprécié

Argent

Nous avons là à la fois un grand classique d’un maitre de la littérature, mais aussi un roman dont je peux comprendre qu’il puisse paraitre dérangeant, en particulier pour ses lectrices.

Eguchi est un vieil homme de soixante-sept ans, un âge respectable , sans être canonique, lorsque le roman de Kawabata fut publié. Autour de lui, il constate la déchéance physique de ces amis qui, l’un après l’autre, perdent leur statut d’homme, gagnés par l’impuissance. Eguchi redoute de voir les ravages du temps l’éloigner des femmes et de leur pulsion de vie, le forçant alors à commencer son chemin solitaire vers la mort. Un de ses amis lui a indiqué une maison particulière : les vieillards impuissants peuvent y passer la nuit avec de belles jeunes filles endormies à l’aide de narcotiques puissants. Ces hommes fragmentaires peuvent les toucher, les regarder, les caresser, mais leur âge, et le règlement de la maison, leur interdisent toute activité réellement sexuelle avec elles.

Eguchi va, par cinq fois, faire appel aux services d’une belle endormie. La présence de leurs corps chauds, souples et désirables à ses côtés lui permet de s’égarer dans ses souvenirs, de se remémorer sa jeunesse et, dans une demi-conscience, de revivre des bribes de sa vie amoureuse. Il revoit celles qu’il a aimé, celles qui l’ont aimé, celles qu’il a désiré, celles qui l’ont repoussé… Des moments agréables, et d’autres qui le furent moins, défilent. Lentement, Eguchi essaie de rassembler, conscient ou lors de songes provoqués par les somnifères mis à sa disposition, les fils de sa vie de jeune homme, de père, puis de chef de famille… Il éprouve ainsi la solidité des liens qui le retiennent encore, au seuil du néant, au monde de la vie.

L’attitude d’Eguchi, le thème même du roman peuvent paraitre glauques et résonnent étrangement à nos oreilles modernes. Ce serait toutefois se méprendre que de voir ici uniquement un vieux pervers qui vient se donner du plaisir en caressant de jeunes filles soumises à sa volonté. Tout d’abord, parce qu’il n’y a, dans ce roman, aucune vulgarité. Ensuite, parce que le viol, auquel on peut penser, n’est plus à la portée physique des clients. Enfin, et surtout, parce que ces endormies sont aussi une image, un mirage, celui de la force vitale qui s’étiole, qui disparait, qui se meurt. Elle existe encore, mais endormie, indolente, dans les corps de ces vieux hommes qui ne peuvent plus que rêver de leur vie. Elle menace, à chaque instant, de s’éteindre. Eguchi en est bien conscient, bien qu’il s’en défende. J’aime peu donner des citations des romans que j’ai lus, mais en voici une qui en dit beaucoup : « Les désirs rêvés à perte de vue par de misérables vieillards, les regrets des jours perdus à jamais ne trouvaient-ils pas leur aboutissement dans les forfaits de cette maison mystérieuse ? »

« Les belles endormies » est aussi une ode à la beauté féminine, à la jeunesse, à la force de la vie. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les songeries du vieil Eguchi, pourtant encore vert, dessinent en creux un immense respect pour ces belles femmes disponibles, mais qu’il ose à peine toucher, qui le font rêver, qui sont à ses côtés, physiquement, mais malgré tout aussi inaccessibles et lointaines que les beautés qui peuplent ses souvenirs, qui parfois le tourmentent jusque dans ses rêves, comme Kawabata l’écrit lui même : « Venu à la recherche de voluptés perverses, était-ce pour cela qu’il rêvait de perverses voluptés ? »

Je ne puis que vous recommander de lire ce livre, vous en éprouverez une volupté qui n’aura rien de perverse, loin de là : celle de lire un bon roman, pudique et merveilleusement bien écrit, sur un thème éternel et cependant traité ici de main de maître, d’une manière puissamment originale.

J’ai pu me procurer ce livre dans une édition particulière d’Albin Michel, sous forme d’un coffret décoré de dessins et de photographies de Frédéric Clément, et accompagné d’un petit livret de photographies (tout à fait sages, même s’il s‘agit de nus en noir et blanc) d’un modèle féminin qui illustre fort bien le roman. Je recommande cette édition, qui est un bel objet, un joli écrin pour un texte magnifique.

Je terminerai en précisant que l’éditeur présente ce texte comme étant érotique, ce qu’il n’est pas, et les amateurs d’érotisme en seront pour leurs frais. C’est juste l’histoire d’un homme qui va déclinant, terrifié par l’abîme, et qui se raccroche, pour éviter d’être englouti par l’inexorable, à ces belles endormies dont pas une n’ouvrira les paupières sur sa triste destinée.

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Commentaires récents

Commentaire ajouté par Lorene91 2023-09-30T15:09:00+02:00
Argent

Le thème principal est l'érotisme japonais.

Le thème secondaire est le l'opposition entre la vieillesse et la jeunesse.

J'ai trouvé ce roman intéressant bien qu'un peu dérangeant.

Le vieillards sont censés ne faire que dormir près de ces jeunes filles droguées, mais quelques-uns, comme Eguchi, tentent d'aller plus loin, même si je ne me choque pas facilement J'ai trouvé ces passages inconvenants pour ne pas dire plus.

Le vieil Eguchi a besoin de dormir près de gamines endormies pour être bien et se remémorer ses femmes, ses conquêtes...il pourrait faire pareil avec des photos (ok il n'y aurait pas de roman!)

J'ai fait des recherches sur ce genre de maison mais je n'en ai trouvé trace nul part.

Soit c'est un secret d'état dont le Japon ne se vante pas, soit l'auteur a de drôles de phantasmes.

Si vous êtes vite scandalisé je vous le déconseille, sinon pour les autres il est bien écrit et se lit vite.

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Commentaire ajouté par ClemenceRameau 2023-02-27T10:26:43+01:00
Bronze

Très beau texte à mettre dans le concept societal des années 60 au Japon. Où jamais le très vieil homme de...67 ans ne mentionne le sexe des Belles Endormies. Au mieux des odeurs fortes de sueur et la rondeur des seins et la gourmandise des lèvres. La sexualité des vieux mourants passent donc par l’olfaction des chairs. Avant la putréfaction des impotents.Mais je me suis forcée à lierne libre, je n'ai pas du tout accroché .

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Commentaire ajouté par Kid_A 2022-11-21T16:52:53+01:00
Lu aussi

Les Belles endormies est peut-être bien le roman le plus connu de Kawabata, mais ce n'est, à mon avis, clairement pas le meilleur. L'écriture est certes soignée, mais le propos, même remis dans son époque, ne me paraît pas des plus enrichissant. Je pense que j'aurais pu m'en penser.

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Commentaire ajouté par rabanne73 2022-03-30T12:33:56+02:00
Bronze

Lu en 216. Un curieux roman. Une belle écriture, mais l'intrigue lancinante avait quelque peu gâché ma lecture.

Un récit très sensuel, méditatif et introspectif sur l'inexorabilité du temps, qui affaiblit les corps et consume les passions, charnelles comme spirituelles. La démarche de ces "vieillards" est-elle pathétique, malsaine, consolatrice, identitaire, réparatrice ? L'on se pose ces questions en même tant que le narrateur, au fil des nuits qu'il passe dans cette mystérieuse maison...

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Commentaire ajouté par Belami77 2021-10-13T19:05:28+02:00
Or

« Les belles endormies » de Yanusari Kawabata c’est l’histoire étrange sans début ni fin véritable d’un vieillard, Eguchi, qui passera 5 nuits allongé et lové contre 6 jeunes filles plongées dans le plus profond des sommeils.

Une histoire étrange, dérangeante et splendide qui vire très souvent au grotesque et au pathétique mais empreinte d’une poésie incroyable.

Le lecteur ne pourra être que troublé par ce voyeurisme subtil, esthétique et surréaliste typiquement japonais. Toute la poésie de Kawabata s’y exprime : une poésie picturale mais aussi sensorielle car ce sont par les cinq sens que l’auteur dépeint ces belles endormies.

Mais le vrai sujet de cette œuvre c’est la vieillesse. Ces cinq nuits sont pour Eguchi un sas d’entrée dans la vieillesse qui lui permettra, par le biais des souvenirs déclenchés par la mémoire de ses sens, un inventaire, un bilan et de s’accoutumer ainsi à cet état puis à sa mort.

Kawabata nous fait vivre par touches successives, par un effet de répétition et de surcharge picturale la réalité de cet âge. Par empathie, nous ne pouvons qu’être renvoyés à notre propre état de mortel.

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Commentaire ajouté par poppiwells 2020-10-10T15:13:44+02:00
Lu aussi

https://mydearema.wordpress.com/2020/10/10/jai-lu-les-belles-endormies/

C’était une lecture difficile, dans un sens quasi académique. Plusieurs éléments m’ont dérangé, mais en poussant l’analyse, il est possible d’en dégager un tout autre sens. Je n’avais pas la tête à me prêter à cet exercice directement et ai eu besoin de plusieurs jours avant de réussir à mettre des mots sur tout ça.

La personne qui m’a prêté ce livre m’avait assuré que « je risquais de bien aimer ». Pourtant, après avoir parcouru la quatrième de couverture, j’avais moult a-priori. Ceux-ci se sont vérifiés lorsque j’ai débuté ma lecture. Un bâtiment, de jeunes femmes endormies presque offertes à de vieux hommes esseulés : fuyons. Une règle est assez vite établie : il est interdit de faire quoi que ce soit aux femmes. Le vieil homme narre ainsi cinq nuits qu’il passera avec cinq filles différentes. L’analyse la plus évidente à effectuer est celle d’un énième livre gonflé d’une obsession presque malsaine pour la beauté féminine, avec un penchant sexiste et assurément dangereux. Ne t’y méprends pas, j’ai absolument abhorré plus d’une lignes de ce livre :

"Le corps de sa fille n’était pas fait autrement que celui de toute femme. Il était fait pour subir la loi de l’homme."

Merveilleux, right ?

Au final, cela s’avère un exercice intéressant, une fois l’indignation passée. Je l’ai dit, il y a cette notion d’obsession pour le corps et la beauté féminine. Toutefois, l’aspect pervers n’est créé que dans et par les yeux de celui qui regarde. Un corps n’est qu’un corps. Il n’y a absolument rien de mystique ou merveilleusement charnel dans le corps d’une femme. Ce que ce livre démontre c’est surtout à quel point les femmes existent à travers le regard que les hommes posent sur elles. À quel point nous sommes définies par et pour une société d’hommes. J’imagine que l’auteur souhaitait mettre son lectorat mal à l’aise, il lui demande de passer outre son inconfort pour entamer une réflexion.

Au-delà de l’admiration portée à la femme, le livre comporte toute une dimension éphémère. L’auteur, à travers son personnage, exprime un besoin de « saisir l’impression à l’état pur« . De ce que j’ai pu comprendre, c’est quelque chose de très récurrent dans ses écrits et j’admets avoir été sensible à cet aspect. Chacune des nuits passées en compagnie du vieil homme permet au lecteur d’entretenir un rapport inhabituel avec le temps qui passe. Dans ses descriptions de paysages, des visages qui lui sont présentés, de la peau des femmes étendues à ses côtés, il est soumis à ses propres souvenirs. De multiples évocations de son passé lui parviennent, ces jeunes femmes endormies jouent le rôle d’une espèce de fontaine de jouvence. Mais avant tout, il se rend compte de son rôle passif par rapport à ces dernières. Cette passivité à laquelle il est contraint déclenche une certaine colère et des idées noires. C’est très représentatif de ce que la vieillesse provoque. Il ne peut que la subir, il est forcé à l’inaction.

Dans "Les belles endormies", le temps semble suspendu. Le lecteur côtoie de près le sommeil éternel entre évocations d’amour, beauté, solitude et vieillesse. Je n’arrive pas à me mettre d’accord sur mon opinion, il m’a suffisamment dérangée que pour me trouver incapable d’affirmer que je l’ai aimé. Cependant, je ne peux nier l’impact que cette plume a eu sur moi et la réflexion provoquée…

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Commentaire ajouté par Ulmin 2019-10-27T22:57:39+01:00
Or

Les Belles Endormies de Yasunari Kawabata fait parti des grands classiques de la littérature Japonaise que j'avais hâte de découvrir. Tout d'abord c'est un petit roman de 120 pages qui raconte 5 nuits du vieux Eguchi dans l'auberge "Les belles endormies" . Durant ces 5 nuits, Il va partager sa couche avec 6 filles différentes qui ont pour point commun d'être endormie avant l'arrivé du vielle homme.

Chaque nuit est l’occasion pour Eguchi de faire une découverte sensuelle et sensorielle ou se mêlent le plaisir et la gravité. Et durant la rencontre avec chacune d'elle, ses souvenirs enfouis vont resurgir et lui rappelleront des moments passés avec certaines femmes qu'il a rencontré durant sa jeunesse, ses enfants ou encore sa mère. Les Belles endormies est un livre dérangeant qui a su crée de la gène chez moi surtout sur la fin, mais cela dit, le style de l'auteur atténue ce sentiment.

Kawabata sait manier les mots pour rendre les moments difficile en poésie. Il rend les scènes très sensuelle , très belle, il n'y aucune vulgarité dans ces moments intimes.

Au final Kawabata parvient à mêler avec brio cette douceur, sensualité féminines avec cette violence, noirceur dans un livre sur le désir, la beauté de la jeunesse, la vie avec attirance et la répulsion de la mort.

Un livre que je conseil vivement si vous connaissez cette auteur , mais si vous voulez le découvrir, lisez plutôt Pays de Neige par exemple pour voir son univers car Les belles endormies ne plaira pas à tout le monde.

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Argent

Nous avons là à la fois un grand classique d’un maitre de la littérature, mais aussi un roman dont je peux comprendre qu’il puisse paraitre dérangeant, en particulier pour ses lectrices.

Eguchi est un vieil homme de soixante-sept ans, un âge respectable , sans être canonique, lorsque le roman de Kawabata fut publié. Autour de lui, il constate la déchéance physique de ces amis qui, l’un après l’autre, perdent leur statut d’homme, gagnés par l’impuissance. Eguchi redoute de voir les ravages du temps l’éloigner des femmes et de leur pulsion de vie, le forçant alors à commencer son chemin solitaire vers la mort. Un de ses amis lui a indiqué une maison particulière : les vieillards impuissants peuvent y passer la nuit avec de belles jeunes filles endormies à l’aide de narcotiques puissants. Ces hommes fragmentaires peuvent les toucher, les regarder, les caresser, mais leur âge, et le règlement de la maison, leur interdisent toute activité réellement sexuelle avec elles.

Eguchi va, par cinq fois, faire appel aux services d’une belle endormie. La présence de leurs corps chauds, souples et désirables à ses côtés lui permet de s’égarer dans ses souvenirs, de se remémorer sa jeunesse et, dans une demi-conscience, de revivre des bribes de sa vie amoureuse. Il revoit celles qu’il a aimé, celles qui l’ont aimé, celles qu’il a désiré, celles qui l’ont repoussé… Des moments agréables, et d’autres qui le furent moins, défilent. Lentement, Eguchi essaie de rassembler, conscient ou lors de songes provoqués par les somnifères mis à sa disposition, les fils de sa vie de jeune homme, de père, puis de chef de famille… Il éprouve ainsi la solidité des liens qui le retiennent encore, au seuil du néant, au monde de la vie.

L’attitude d’Eguchi, le thème même du roman peuvent paraitre glauques et résonnent étrangement à nos oreilles modernes. Ce serait toutefois se méprendre que de voir ici uniquement un vieux pervers qui vient se donner du plaisir en caressant de jeunes filles soumises à sa volonté. Tout d’abord, parce qu’il n’y a, dans ce roman, aucune vulgarité. Ensuite, parce que le viol, auquel on peut penser, n’est plus à la portée physique des clients. Enfin, et surtout, parce que ces endormies sont aussi une image, un mirage, celui de la force vitale qui s’étiole, qui disparait, qui se meurt. Elle existe encore, mais endormie, indolente, dans les corps de ces vieux hommes qui ne peuvent plus que rêver de leur vie. Elle menace, à chaque instant, de s’éteindre. Eguchi en est bien conscient, bien qu’il s’en défende. J’aime peu donner des citations des romans que j’ai lus, mais en voici une qui en dit beaucoup : « Les désirs rêvés à perte de vue par de misérables vieillards, les regrets des jours perdus à jamais ne trouvaient-ils pas leur aboutissement dans les forfaits de cette maison mystérieuse ? »

« Les belles endormies » est aussi une ode à la beauté féminine, à la jeunesse, à la force de la vie. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les songeries du vieil Eguchi, pourtant encore vert, dessinent en creux un immense respect pour ces belles femmes disponibles, mais qu’il ose à peine toucher, qui le font rêver, qui sont à ses côtés, physiquement, mais malgré tout aussi inaccessibles et lointaines que les beautés qui peuplent ses souvenirs, qui parfois le tourmentent jusque dans ses rêves, comme Kawabata l’écrit lui même : « Venu à la recherche de voluptés perverses, était-ce pour cela qu’il rêvait de perverses voluptés ? »

Je ne puis que vous recommander de lire ce livre, vous en éprouverez une volupté qui n’aura rien de perverse, loin de là : celle de lire un bon roman, pudique et merveilleusement bien écrit, sur un thème éternel et cependant traité ici de main de maître, d’une manière puissamment originale.

J’ai pu me procurer ce livre dans une édition particulière d’Albin Michel, sous forme d’un coffret décoré de dessins et de photographies de Frédéric Clément, et accompagné d’un petit livret de photographies (tout à fait sages, même s’il s‘agit de nus en noir et blanc) d’un modèle féminin qui illustre fort bien le roman. Je recommande cette édition, qui est un bel objet, un joli écrin pour un texte magnifique.

Je terminerai en précisant que l’éditeur présente ce texte comme étant érotique, ce qu’il n’est pas, et les amateurs d’érotisme en seront pour leurs frais. C’est juste l’histoire d’un homme qui va déclinant, terrifié par l’abîme, et qui se raccroche, pour éviter d’être englouti par l’inexorable, à ces belles endormies dont pas une n’ouvrira les paupières sur sa triste destinée.

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Commentaire ajouté par Abyssos 2018-03-14T20:59:25+01:00
Or

Le vieil Eguchi se rend dans une auberge étrange où des vieillards paient pour passer la nuit et dormir au côté d'une jeune femme endormie. Le concept peut paraître fou et pourtant, il fait sens : ces vieux sont en quête d'une seconde jeunesse, ils veulent revivre les plaisirs exquis une dernière fois. Et quoi de mieux qu'une "morte" pour ne pas avoir à assumer ses désirs inavouables et cette "décrépitude" qui fait que le corps n'est plus désirable et en état de fonctionner ?

D'abord choquant, le livre se révèle être profondément touchant et tellement humain que les actions d'Eguchi en deviennent presque "louables" ou tout du moins compréhensibles. Chaque chapitre nous raconte une nuit passée avec une femme différente. Et c'est là que la poésie se déploie fébrilement comme une fleur aux premières lueurs du matin : avec chaque femme, à travers le prisme d'une odeur, d'un détail physique, d'une forme ou d'une teinte particulière, les souvenirs d'Eguchi refont surface. Nous revivons les amours déchus, les nuits passées avec une femme plus jeune jusqu'à la toute première femme de sa vie, en passant par le cadre familial qui est brièvement exposé.

Ces femmes endormies agissent comme des projecteurs sur les souvenirs enfouis au fond de la mémoire d'Eguchi. Elles sont toutes différentes, de l'expérimenté, à la provoquante, à la débutante et vivent toutes car même dans leur sommeil, Eguchi arrive à sonder et comprendre leur caractère grâce à leur physique. Avec une écriture poétique, elles semblent se révéler plus encore que si elles avaient été éveillées pour s'offrir à lui. Ce dernier hésite maintes fois à succomber aux plaisirs de la chair et sa curiosité possède un visage humain qui le pousse à en savoir plus sur ce lieu mystérieux.

Ce livre offre son lot de questionnements sur l'existence en nous rappelant par la même occasion que la jeunesse est une richesse éphémère dont il faut chérir chaque instant. Car quand il sera trop tard, il faudra, comme le vieil Eguchi, s'en remettre aux souvenirs. Kawabata, s'il livre ici une étrange façon de les revivre, présente tout de même une façon efficace et poétique de le faire.

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Commentaire ajouté par CookieMama 2017-09-10T11:40:26+02:00
Lu aussi

Très agréablement surprise par ce livre qui était mon premier appartenant à la littérature japonaise.

Passé l'aspect dérangeant du concept de l'auberge dans laquelle le personnage principal Eguchi se rend et de ses envies soudaines ; on découvre une réelle réflexion sur la mort et du soucis de la vieillesse au travers du repos artificiel de ces jeunes filles.

L'écriture est très fine et très imagée, surtout pour les souvenirs d'Eguchi qui donne l'envie de voyager pour voir les fameuses fleurs dont il parlait.

En soi, ce livre, soit on l'aime, soi on le déteste, mais il n'y a pas d'entre-deux. Pour ma part, je l'ai beaucoup aimé mais ne sait pas vraiment dans quelle liste le placer.

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Date de sortie

Les belles endormies

  • France : 2003-06-27 - Poche (Français)

Activité récente

Rafthom l'ajoute dans sa biblio or
2022-09-28T19:22:33+02:00

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