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Elle ne put s'empêcher d'éclater de rire. Ce n'était pas tout à fait un rire hystérique, elle était cependant incapable de le contrôler.
Elliot s'était figé, tel un animal se demandant s'il devait attaquer ou décamper. Pauvre Elliot. Que devait-il penser de cette femme en robe de mariée qui l'avait réveillé en s'asseyant sur ses cuisses, puis s'était mise à rire parce que son fiancé l'avait abandonnée ?
Juliana cessa de rire et s'essuya les yeux du bout des doigts. Ses beaux cheveux roux foncé commençaient à échapper aux épingles qui les maintenaient et l'une des roses jaunes piquées dedans tomba sur ses jupes.
— Stupides fleurs, marmonna-t-elle.
Elliot se redressa en position assise, une main agrippée au banc. Il avait regardé la jeune femme rire, regardé sa chevelure se défaire, ses yeux bleus s'emplir de larmes, ses doigts fins s'emparer en tremblant de la rose sur ses genoux. Il aurait voulu l'enlacer et la serrer dans ses bras pour la réconforter. « Là, là, lui aurait-il murmuré. Après tout, c'est aussi bien que tu sois débarrassée de cet imbécile. »
Afficher en entierUne femme convenable ne buvait pas d'alcools forts. Et Juliana avait reçu l'éducation la plus convenable qui fût. Mais le tour pris par les événements n'avait de toute façon plus rien à voir avec les convenances.
La jeune femme avala une gorgée de whisky. Une coulée de feu lui incendia le gosier, provoquant une quinte de toux.
Cameron avait eu tort de lui proposer de boire, car elle commençait à voir la réalité sous son angle le plus cru.
Deux cents personnes attendaient dans l'église que Juliana St John épouse Grant Barclay. Deux cents personnes qu'il faudrait renvoyer chez elles. Deux cents cadeaux qu'il faudrait retourner à leurs expéditeurs. Deux cents lettres d'excuses qu'il faudrait écrire. Et les journaux feraient des gorges chaudes du scandale.
Afficher en entierJuliana n'aurait su dire combien de temps ils demeurèrent enlacés. Les bras musclés d'Elliot tremblaient, mais il ne la lâcherait pas, elle le savait.
Une chandelle grésilla. Et le vent qui pénétrait par les fenêtres ouvertes agita les tentures. Juliana avait l'impression d'être l'une de ces princesses de contes de fées; le beau chevalier qui l'avait emmenée dans ce vieux château lui ouvrait les portes d'un monde inconnu. Elle avait plus appris en deux jours qu'au cours de trente années précédentes.
Afficher en entierNandita s'agrippait désespérément au montant de la charrette en roulant des yeux affolés. Ses cris réussirent à dominer le vacarme des roues écrasant les planches du vieux pont branlant. La malheureuse ne paraissait pas être beaucoup plus âgée qu'Hamish - à peine vingt ans -, elle était en tout cas beaucoup plus jeune que sa sœur, Channan. Ce qui ne l'avait pas empêchée d'avoir déjà perdu un mari. Rien d'étonnant qu'elle soit aussi effrayée.
Afficher en entierÉcosse, 1884
Le fiancé de Juliana St John avait une heure de retard à son propre mariage. Pendant que Juliana, resplendissante en satin blanc et bouquet de roses jaunes, attendait sagement dans la sacristie, assise sur une chaise, amis et membres de la famille s'étaient dispersés sous la pluie, à travers Édimbourg, pour tenter d’éclaircir le mystère.
Ainsley Mackenzie, la dame d'honneur, et Gemma, la belle-mère de Juliana, essayaient l'une et l'autre de remonter le moral de la jeune femme. Mais celle-ci sentait intuitivement qu'il était arrivé quelque chose de grave.
Quand les amis de Grant revinrent bredouilles et très embarrassés, Ainsley demanda alors à son mari, une grande brute d'Écossais, d'aller lui-même aux nouvelles. Cette fois, le résultat fut fort différent.
Moins d'une demi-heure plus tard, lord Cameron Mackenzie entrouvrait la porte de la sacristie et passait la tête à l'intérieur.
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