Les Petits vieux d'Helsinki, tome 3 : Les Petits vieux d'Helsinki se couchent de bonne heure

« Ou alors on peut se proposer comme volontaires. Moi je ferais une très bonne contrôleuse de vie, dit Irma qui, dans son enthousiasme, se mit à fouiller dans son sac à main pour y dénicher une cigarette.

— Ça fait bizarre comme nom de métier, on ne sait pas trop de quelle vie tu parles. On dirait plutôt contrôleuse de morts, non ?

— Ah, mais oui ! Je toquerais aux portes et je demanderais s’il y a de gentils morts à l’intérieur. »

Irma vida son sac à main sur sa table en porcelaine à fleurs qu’elle avait décorée elle-même et trouva son paquet de cigarettes. Elle venait d’allumer son premier « dégage-nez » de la journée quand on entendit quelqu’un s’éclaircir la voix à la porte. Une personne était entrée.

« Nous sommes bien vivantes ! » s’écria Irma de son brillant falsetto, souvenir des cours de chant qu’elle avait pris dans ses vertes années.

Une grande femme svelte s’avança vers elles. Son âge était difficile à estimer, car elle n’avait rien de jeune, mais ne pouvait pas non plus passer pour vieille comparée à Siiri et à Irma. Elle avait des cheveux brillants, teints en noir, de grosses lunettes à monture noire, et un regard alerte qui explorait l’appartement avec curiosité.

« Sirkka, bonjour. »