Extraits

-Je suppose qu'une demoiselle aussi désespérément convenable que vous n'a pas lu le poème de Catulle que je préfère. Tu me demandes combien de tes baisers il faudrait pour me satisfaire.

- Tu me demandes, Lesbia, combien de tes baisers il faudrait pour me satisfaire, reprit-elle surprise par une note rauque que sa voix n'avait jamais eue. Il en faudrait autant que de grains de sable dans le désert de Lybie...

— Je veux la séparer de Maitland, expliqua-t-elle à voix basse.

— Et pour ça, il faut qu'elle me persécute ? Je me fais l'effet d'une dinde farcie dans laquelle elle va planter sa fourchette !

Elle comprenait maintenant pourquoi Draven n'avait jamais voulu aller plus loin qu'un baiser. Comment une petite campagnarde mal dégrossie, fagotée comme l'as de pique,

pourrait-elle se montrer digne de lui, même si elle l'adorait? Il l'avait certainement embrassée comme on visite les malades, par pure charité.

Si sa mère avait le teint bilieux, c'était certainement dû à un accès de méchanceté. C'était la seule maladie dont elle ait jamais souffert, et de façon chronique.

— Allons donc voir ce verger ! Offrit Garret dès qu'ils s'approchèrent.

Instinctivement, Teresa chercha le regard de M. Felton. Pour une fois, il n'avait pas les jumelles braquées sur les chevaux, mais les observait tous les deux. De toute évidence, il avait parfaitement saisi les intentions du comte, et n'avait aucune intention de s'y opposer. Il prit tranquillement place près d'Annabelle, qui lui décocha son sourire le plus langoureux, ce qu'il parut visiblement apprécier.

— J'en serais ravie ! Accepta Tess en passant son bras sous celui du comte.

Sans un regard pour M. Felton, elle suivit son soupirant.

Elle avait l'impression de jouer une pièce de théâtre. Ils s'arrêtèrent sous un pommier, et Mayne lui offrit une pomme cueillie sur l'arbre, qu'elle accepta avec grâce. Il porta la main de Tess à ses lèvres, et elle leva les yeux vers lui. Il lui fit sa demande, et elle accepta. Puis il lui demanda la permission de l'embrasser et déposa un baiser sur sa joue. Elle lui sourit et il l'embrassa de nouveau, sur les lèvres cette fois.

Un baiser très agréable, ma foi...

Après quoi elle reprit le bras que Garret lui offrait, et ils s'en retournèrent fiancés, futurs mari et femme.

Ou plutôt, comte et future comtesse.