Les tourments d'une passion

Laetitia a prévu de passer son dernier jour à Montréal enfermée dans le meublé. Quand elle repense à ce qui s’est passé la veille avec Ludovic elle s’en veut. Comment a-t-elle pu faire ça à Alain ? Et à Karine ? Elle se revoit dans les bras de son amant, elle était si bien… elle se sentait aimée… Elle a honte en repensant à ce qu’il s’est passé ensuite. Elle s’est littéralement enfuie, sans un mot, comme une femme choquée. Avec n’importe quel homme, elle aurait disparu sans donner aucun signe de vie, mais avec lui c’est impossible.

Lorsque son café est prêt, elle s’en remplit une tasse. Alors qu’elle la porte à sa bouche, on frappe à la porte. Elle n’attend personne, pose la tasse sur la table et va ouvrir.

– Bonjour, dit Ludovic.

– On n’avait pas prévu de se voir, bafouille-t-elle.

– Tu comptais te planquer là aujourd’hui ? sourit-il.

– Pourquoi ? Je ne peux pas ?

– Non, ma lady, on a de l’ouvrage !

– Quoi donc ?

– Tu vas me laisser entrer ou l'on va parler sur le pas de la porte.

– Bien sûr. Excusez-moi, dit-elle en se poussant pour qu’il entre.

Elle ferme la porte ensuite, se sentant mal à l’aise parce qu’elle ne sait pas comment être avec lui.

– Je voulais te montrer des affiches pour la campagne de pub que je vais sortir d’ici quelques jours pour ta collection.

– Bien sûr.

– J’aimerais aussi savoir pourquoi tu t’es enfuie de la sorte hier.Elle craignait qu’il lui pose cette question et n’a aucune réponse à lui donner.

– Tu as perdu ta langue ? demande-t-il après un moment de silence.

– Je ne sais pas pourquoi je suis partie. Sur le moment, ça m’a semblé

la meilleure chose à faire.

– Et présentement ?

– Je n’en sais rien, murmure-t-elle.

Il s’approche d’elle et sans crier gare il l’embrasse sur les lèvres. Elle l’empoigne contre elle, ne pouvant pas le repousser.

– Peut-on travailler à présent ? l’interroge-t-il après l’avoir embrassée.

– Laissez-moi juste boire mon café. Vous en voulez un ? propose-telle, complètement déconcertée.

– Tu pourrais me tutoyer, tu ne crois pas ?

– Si.

– D’accord pour le café.

Elle lui remplit une tasse avant de la lui tendre ; il la prend en la remerciant. Elle boit son café tout en se demandant ce qu’il pense de leur

étreinte de la veille. Apparemment, il a l’intention d’avoir une liaison avec elle puisqu’il l’a embrassée de nouveau. C’est inespéré pour elle, cependant très risqué. Elle se mettrait Karine à dos et elle ne le veut pas, puis sa vie est en France et elle est mariée.

– Très bon, ton café, la complimente-t-il en posant la tasse dans l’évier de la cuisine. On peut y aller présentement ?

– Tu me sembles bien pressé !

C’est la première fois qu’elle le tutoie, ça le fait sourire. Il l’attire à lui et l’embrasse tendrement sur le front.