Extraits

"Avant il me semblait que tout était possible. Je n'avais qu'à me pencher sur une feuille pour que ma voix jaillisse avec aisance et fluidité, pour que mon âme brûle la page, l'envahisse, la consume, ne laissant subsister, à la fin, que la musique du langage.Mais ce n'est pas parce qu'on sait coucher des paroles sur un papier, sans fautes d'orthographe ni erreurs de syntaxe, qu'on est capable de faire entrer l'autre dans ses émotions, ses sentiments, ses pensées les plus secrètes..."

Ce qu'il y a de pire dans le silence de l'autre, c'est qu'il vous renvoie à vous-même, à vos peurs les plus profondes, à vos souffrances les plus inavouées. A-t-il rêvé ces regards chargés de promesses ? Pour lui, la rencontre de leurs deux âmes était une réalité, jusqu'au moment où cette osmose s'est muée en détresse"

"Quand un dauphin perd sa compagne, il refuse de s'alimenter. Quand dans un couple d'oies l'une meurt, l'autre divague en cacardant, la cherchant de tous côtés jusqu'à perdre le sens de l'orientation...'"

Tout ce que nous n'aurons pas, que nous n'aurons jamais, est plus lourd à porter que ce qui a été.

Les heures s'égrènent avec lenteur. Combien de temps encore avant de retrouver Nina, ses cheveux noirs et ses yeux d'eau profonde, l'ange armé compassionnel sans lequel il meurt mais pour lequel il se doit de vivre, encore un peu ?

J'hésite à donner le nom de malheur à quelque chose dont la plénitude est telle que je pourrais aussi l'appeler bonheur. Je me retrouve tel que j'étais ce matin lointain, je pleure et je souris en même temps, tout ce qui me fait mal me fait aussi du bien. Comme la peine et la joie sont liées ! Tu me rends vivant jusqu'au bout des doigts.

Je n'ai jamais réussi à retrouver cette audace, cette effronterie candide. Cette légèreté enjouée.

Tant de souvenirs, de sourires et d'amour entre toi et moi. Pourquoi nous sommes-nous perdus ? Pourquoi en suis-je là, cette nuit ?

Ma Nina. Je serais resté avec toi jusqu'à notre dernier jour, le tien, le mien, si tu l'avais voulu. Je ne l'ai dit à personne d'autre, jamais.

Le passé existe-t-il par lui-même ou se perd-il dans les méandres de nos souvenirs pour be plus être qu'une représentation personnelle, et qui disparaîtra avec nous ? À celle-ci s'ajoute une autre question, plus obsédante encore ces derniers temps, à quoi ai-je jamais pensé d'autre qu'à toi ? Même quand il me semblait que je n'y songeais pas, c'est to qui étais ma musique de fond, le son de clochette qui me ramenait à moi-même et à ce noyau que je t'avais ouvert dès ce premier jour.

Cela nous donnerait une liberté jamais goûtée auparavant, et à moi, une nostalgie qui durerait une vie.

Tu m'as tellement manqué, mais même ce manque, je l'ai aimé, puisqu'en quelque sorte, c'est comme si tu m'avais accompagné tout ce temps.