Orlando

Je relis régulièrement Orlando. Et à chaque lecture, je découvre un élément poétique, une fantaisie philosophique, un détail qui m'interpelle et me réinterroge sur le sens de la vie.

aventure et compagnie ce que j'ai préférer dans ce livre c'est le personnage principal et ses changements.

Je ne savais pas trop à quoi m'attendre exactement en lisant ce roman en langue originale, en dehors du fait qu'il est féministe, et au final, c'est une belle découverte, car j'ai pu découvrir une facette du début du XXe siècle que je ne connaissais pas du tout.

Je n'ai pas pu m'empêcher de trouver ce roman très actuel, de par les questions de genre qui sont abordées, même si leur traitement est assez différent de ce qui se fait de nos jours. L'idée d'un genre qui n'est pas tout à fait binaire se dessine déjà, ce que j'ai trouvé très surprenant. Réflexion faite, c'est évident que cette question a dû se poser ne serait-ce qu'à un niveau individuel bien avant les années 1990. De ce point de vue-là, Orlando est très enrichissant.

J'ai personnellement beaucoup apprécié les scènes sur la glace avec Sasha, l'ambiance très sombre du XIXe siècle ainsi que celle du début du XXe siècle. L'autrice sait assurément créer une atmosphère particulière pour chaque époque. À chaque changement de siècle, c'est comme si le personnage se renouvelait entièrement.

J'ai en revanche un peu moins accroché au style de Woolf. N'étant pas très fan de base des biographies, même sous une forme parodique, le rythme très rapide est quelque chose qui me gêne toujours un peu. En revanche, les interventions du narrateur-biographe sont toujours bien trouvées et apportent une vraie plus-value à l'ouvrage. J'ai également eu du mal avec des phrases parfois à rallonge, qui ne se terminent même pas toujours. Ça m'a obligé.e à relire plusieurs fois une même phrase pour comprendre que l'autrice avait volontairement omis sa fin, ce qui a rendu la lecture un peu ardu.

J'ai également un peu moins apprécié le ton parfois très militant de Woolf, qui ne se gêne pas pour dire ce qu'elle pense des questions de genre même lorsque la situation ne s'y prête pas. Je comprends qu'elle ait eu besoin de convaincre son public de ses convictions, mais je pense qu'elle aurait pu le faire de façon plus subtile.

Au final, Orlando est vraiment à lire, pour la culture générale mais aussi pour avoir une première approche du genre dans l'histoire, ce qui me paraît essentiel dans une société qui considère encore trop souvent ces questions comme un phénomène de mode sans fondement historique.

En tant que roman, cependant, il peut être assez difficile à lire, ce ne sera donc pas une lecture plaisir.

C'était une lecture enrichissante quoique parfois déconcertante de par ses allures "d'exercice d'écriture" pour le moins atypique. Orlando s’inscrit en effet dans un champ littéraire des plus variés : biographie, roman fantastique, roman historique, satire sociale, roman d’artiste et de formation... il y a donc de quoi surprendre.

Je mentirais si je prétendais avoir abordé ce roman pour une raison autre que son discours sur les identités. Je n'ai d'ailleurs pas été déçu : c'était un véritable plaisir que de lire de telles réflexions sur les distinctions entre les genres, sur la manière dont le genre influe sur la perception de la société mais aussi (et surtout !) sur la perception des genres par la société elle-même. Nombreux sont les sujets tailladés par la plume de Woolf et je ne saurais les exposer ici sans révéler des pans de l'histoire. Disons simplement que ce roman, pourtant déjà centenaire, résonne encore très fort aujourd'hui, ne serait-ce que par sa première phrase qui évoque Spoiler(cliquez pour révéler)le souci de détermination des pronoms personnels.

Il y a beaucoup de choses à dire concernant la portée de ce roman et la critique du système genré qu'il dresse (tout en jouant avec un langage profondément sexué !), et il serait inutile de tenter de les résumer dans un banal commentaire. Le mieux reste de se procurer ce petit bijou et de se laisser guider par Woolf et Orlando pour comprendre si la norme est une vérité ou si la vérité ne réside pas plutôt dans la disparition de pseudo-normes.

Un livre à lire absolument ! Il a changé ma perception de la vie, ou plutôt, m'a fait redécouvrir ce qu'elle était. Orlando, ni homme ni femme, est en fait en évolution perpétuelle (qui sait si, dans l'optique où l'histoire continuerait, iel ne deviendrait pas un arbre, un grain de sable ?) et je pense que ça nous donne une bonne leçon sur ce monde, à savoir celle de relativiser, car tout n'est que changement perpétuel. (En plus de l'immortalité apparente du personnage, qui lui donne une certaine sagesse puisqu'iel traverse les âges sans paraître marqué par eux). Bref, j'ai adoré ce livre en ce qui concerne l'intrigue. De façon plus évidente, je le trouve vraiment moderne pour l'époque, étant donné qu'il remet déjà en question le genre et ses conventions. Mais comme dit précédemment, je ne pense pas que ce chef d'oeuvre soit uniquement tourné vers le genre et le besoin de s'en émanciper – bien plus il est tourné vers cette spirale infinie qui fait de nous des individus différents chaque jours et pourtant toujours les mêmes, tourné vers ce qui fait de nous des êtres humains : notre flottement entre continuité et métamorphose.

Bien sûr, ce livre est aussi à apprécier pour le style de l'écrivaine, qui me charme toujours quoiqu'il en soit ; un style fluide, toujours très poétique, philosophique, profond. Ici il est un peu différent des autres romans, plus factuel, parce que l'auteure se positionne comme biographe. Une position par ailleurs intéressante puisqu'elle remet en cause la limite entre fiction et réalité (et cette limite est aussi perturbée grâce aux photos de Vita Sackville-West qui sont ajoutées (d'ailleurs, elles ont dû s'éclater en les faisant)) et qui donne un côté "vrai" à l'histoire.

Bref, ce livre peut être difficile à aborder, comme tous les écrits de Woolf, mais une fois que l'on y est plongé, on a plus qu'à se laisser emporter par la fluidité de l'écriture. Je pense qu'il faut lire les oeuvres de cette auteure comme ça : en essayant de lâcher prise, d'apprécier la langue et les mots pour eux, de laisser les images résonner en nous.

J’ai commencé à lire et j’ai arrêté très vite (avant la fin du premier chapitre, malgré ma volonté d’y arriver). Déjà c’est écrit petit et serré, ca n’aide pas? ; mais c’est surtout le style d’écriture qui m’a vaincue.

Une œuvre qui reste actuelle et interroge sur la place que la société réserve à l'individu selon qu'il soit homme ou femme. Pas le même sort.

Je conseille ce livre à tout le monde, extrêmement bien écrit, poétique, profond, sublime et magique, une sorte de fausse biographie originale et inventive ! L'auteure nous propose un conte philosophique qui évoque parfois le Candide de Voltaire, porteur de nombreuses considérations sur l'évolution du monde, la différence des sexes, les modes de vie occidentaux et orientaux, les époques Elisabéthaines et Victoriennes, la littérature et la poésie.

On y découvre une tendance aux exagérations Rabelaisiennes et aux descriptions extravagantes, irréelles, presque fantastiques... qui soulignent à gros traits un propos socialement et moralement critique, notamment sur la question de l'identité sexuelle réduite à un jeu d'apparences ... Le récit repose également sur une distorsion continue de l'espace et du temps, facilitant les arrêts sur image et les descriptions d'autant plus saisissantes qu'elles traduisent les mouvements psychologiques internes de l'auteur.

A l'issue, il y a l'instant présent vécu comme une contingence extrême, celle d'être femme et d'enfanter, celle de la publication de son livre, celle de l'aboutissement toujours inachevé de sa quête : "la vie et un amant" ! dont on sait qu'elle sera, pour l'essentiel, littéraire.

Et puis, il y a surtout "cette attirance pour la surface de l'eau, les reflets dans l'eau noire de l'esprit, où les choses flottent à une profondeur telle qu'elles en sont méconnaissables...".

Un livre extrêmement bien écrit, poétique, profond, sublime et magique. Poétique surtout a mon avis, On y trouve des passages juteux et plein d’esprit. On apprécie les détours de cette biographie fictive, l’apostrophe au lecteur et on note au passage que cet ouvrage est l’un des plus personnels de l’auteur.Ceci étant dit c'est un peu pesant, pas très distractif et plutôt ennuyeux à lire...

Je me suis pris une vraie claque avec cette lecture d'une richesse et d'une justesse incroyables. Je pense que c’est le genre de texte qui résonne différemment pour chacun et chacun peut en tirer ce dont il a besoin.