Extraits

- Qu'est-ce qu'il y a?

- Ils sont venus à ma demande, m'annonce Amber. C'est une intervention d'urgence.

Elle ouvre sa boîte à casse-croûte hello Kitty et en sort mon flacon de pilules.

- C'est vrai? demande Drea en levant la tête vers moi.

- Mais quoi?

- Que tu es accro m'informe PJ en agitant le pied avec une vigueur accrue. Accro aux petites pilules de paradis artificiels?

- Pardon?

- Tu es au régime sec, déclare Amber. On s'inquiète pour toi. Tu fais nimporte quoi en cours, tu restes dans les vapes pendant des jours, tu bouffes des calmants par poignées.

- C'est fini, tout ça.

- Tu te fous de moi? Janie m'a raconté que tu avais fouillé partout comme une folle hier soir - pour chercher tes pilules sans aucun doutes - et ensuite j'ai vu qu'on avait fracturé mon tiroir aux trésors.

- OK. Je ne vais pas le nier. Mais si je prenais mes pilules, c'était pour dormir, pour rêver de jacob. Alors qu'en fait, les tranquilisants m'enpêchent de rêver.

- Ça veut dire que tu ne vas plus en prendre? veut savoir Chad.

"Jacob s'est peut-être noyé ce soir-là, mais le mort qui flotte entre deux eaux, c'est moi."

- Je sais quand même si je suis allée à la bibliothèque ou non. Tu dois me confondre avec quelqu'un d'autre.

Ormeau s'attarde encore quelques secondes, [...]

- Pardon, dit-il. Tu as raison. C'est une erreur. Il fait demi-tour et s'éloigne rapidement. Quelques secondes plus tard, la fille le rappelle.

- Hé, attends ! Tu as perdu quelque chose.

Elle fait quelques pas vers lui, s'éloignant de sa mère, puis se baisse comme pour ramasser un objet par terre.

Ormeau est certain de n'avoir rien laissé tomber.

- Tu n'as pas intérêt à perdre ça, chuchotte-t-elle en lui mettant quelque chose dans la main.

Ormeau regarde ce que c'est et son coeur fait un bond. Une petite broche en argent? En forme d'ailes d'ange.

- Elle te cherche, lui murmure la fille.

- Qui?

Elle trace un X sur son propre cou du bout des doigts. Juste après, sa mère l'appelle. La fille croise son regard une dernière fois, puis s'éloigne à la hâte.

En me rasseyant sur mon lit, je remarque un long paquet rectangulaire par terre. Je le ramasse et lit l'étiquette. C'est adressé à moi, de la part de ma mère. Amber a dû le prendre avec mon courrier. Le l'ouvre et retire au moins trois épaisseurs de papier de soie avant de découvrir son contenu : une gros bougie rouge.

- Pour les souvenirs, je chuchote.

Je regrette aussitôt ce que je lui ai dit, quand je l'ai accusée de vouloir que j'oublie tout - que j'oublie Jacob - alors qu'à l'évidence elle tient à ce que je me souvienne de lui.

Je reprends le téléphone pour l'appeler.

- Ti l'as reçue ? me demande-t-elle avant même de me saluer.

- Oui. Merci.

- Je veux que tu te souviennes, Lucy. Tu ne serais pas celle que tu es, sinon.

- Je sais. Pardon de m'être énervée contre toi.

- Ne t'inquiète pas pour ça. Sois heureuse, c'est tout. Ne rumine pas tes souvenirs ; apprécie-les pour ce qu'ils sont et pour la personne qu'ils t'ont aidée à devenir.

- Merci, dis-je de nouveau.

- Ne me remercie pas. Allume la bougie rouge et souviens-toi de lui. N'oublie pas d'espérer.

- D'espérer quoi ?

- Tout ce qui peut te rendre heureuse.

- Et si je n'ai aucun espoir d'obtenir ce qui me rendrait heureuse ?

- Il y a toujours de l'espoir.

-Mais qu'Est-ce que vous avez tous les deux? demande Drea en remarquant qu'Amber est pratiquement assise sur les genoux de son amoureux transi.

Cette dernière ne répond rien et pose la tête sur l'épaule de Pj.

-Cette pauvre petite était perdue sans moi, dit-il.

Il lui grogne quelque chose à l'oreille et ils se roulent une grosse pelle baveuse.

[Ormeau , page 143]

"- Et qui sait ... peu être qu'elle sera là . Si c'est ce qui doit être ... Tu ne crois pas au destin ?

- Je crois qu'on fabrique son destin "

Je veux rentrer chez moi.

Pendant qu'Amber et moi déballons nos affaires, Janie, notre nouvelle coloc, jacasse non-stop sur le fait que ses roses vont jurer avec mes rouges, et que les couleurs arc-en-ciel d'Amber mériteraient une chambre à elles toures seeules.

Qu'est-ce que je fait là ?

-Alors, il te plaît ?me demande Janie.

Elle parle de son dessus-de-lit.Il est rose bonbon,traversé de tourbillons blancs. Elle a les draps assortis, ainsi qu'un poster représentant un gros coeur rose dans les nuages, avec de grandes ailes de papillon.

-J'adore,dis-je froidement en me détournant.

-Ne t'occupe pas de Lucy, conseille Amber à notre joyeuse camarade. Elle a traversé quelques mois difficiles.

-Ah oui, toi aussi? s'enquiert Janie en serrant contre elle son nounours rose. Eh bien, sic'était aussi atroce que mon dernier semestre, tu mérite un sticker.

Elle sort de son sac à dos et me colle une pastèque hilare sur la main.

La nuit dernière , j'ai rêvé de lui : nous étions assis sur un télésiège et nous regardions les pistes de ski en dessous. Il faisait jour, mais on voyait quand même les étoiles et la lune à son premier quartier, comme si on pouvait presque les toucher. Jacob retirait un de ses gants et dessinait la rune des partenaires sur mes lèvres, du bout du doigt. Puis il m'embrassait, et cela avait un gout de cidre et de champagne, ce n'était que bulles et douceurs sucrée dans ma bouche. J'avais l'impression de tomber de mon siège, dégringoler dans le ciel, le long des montagnes vers la terre en dessous. Mais quand je rouvrais les yeux, nous étions toujours sur le télésiège et il m'embrassait toujours. Et à présent il faisait nuit... comme si nous nous étions embrassés tout le jour, comme si le monde s'était arrêter pour nous alors qu'il continuait pour les autres.

Je passe les doigts sur mes lèvres, ou s'attarde un picotement, pleine de l'espoir que mon rêve soit un présage de ce qui nous attend.

Une larme isolée me roule sur la joue. Jacob l'essuie du bout des doigts et je résiste à l'envie de lui embrasser la main.

Et puis je l'embrasse quand même.

[...]

-Tout ira bien, me dit-il à voix basse.

-Je sais.

-Tu es sûre?

J'opine, sachant que Jacob et moi sommes destinés à être ensemble, que rien - ni le temps, ni l'espace, ni l'amnésie - ne nous séparera plus jamais.

J'enfouis le poivron et tasse la neige pour tout égaliser.Puis,du bout de l'index,j'y trace un pentacle,de gauche à droite,pour invoquer mes rêves.Je me redresse et lève la tête vers la lune montante.La neige tombe en cascade sur moi,vient se poser sur ma langue,sur le bout de mon nez,au sommet de ma tête. Je prie de tout mon cœur pour que,quelque part,Jacob fasse de même.