Toxic, Saison 1 - Épisode 5 : Jool

La chute dura une éternité.

C’était faux, ce que les patients affirmaient au sujet de l’existence qui défilait au moment de mourir, songea Elaine. Elle ne vit rien de tel, pas même une image de ses parents ou bien d’elle petite qu’elle avait oubliée, enfouie au plus profond de sa mémoire atavique. Pourtant, elle cligna des yeux en guise d’appel, pour vivre cette régression en espérant y croiser un membre de sa famille. Rien. Elle ne ressentit aucune espèce de félicité à l’approche de la mort, comme si son heure n’était pas encore venue. Alors elle se prépara au pire, à la souffrance, les paupières closes et les poings serrés. Elle eut conscience de l’impact de son corps sur un revêtement solide, du souffle coupé. Ni bruit de bidoche écrasée, ni sensation de plonger au sein d’une mare visqueuse. Ni même de douleur. À son étonnement, les dents ne s’attaquèrent pas à sa chair, les phalanges crochues ne déchirèrent pas sa peau. Impossible, lui cria son esprit.

Elle ouvrit les yeux. Ses doigts hésitèrent, touchèrent une surface pareille à une croûte de sel. Les explosions avaient cessé, mais pas le crépitement des AK ni celui des M16 plus bruyants que l’arme russe. Elle porta ses mains devant son visage, sales, crasseuses. Pas de sang ? s’interrogea-t-elle, déroutée. Une odeur de cramé empestait l’air lourd et humide. Elle avait remplacé celle des m-v. Elaine se redressa, déboussolée, au milieu de la fosse. Autour d’elle, les créatures avaient disparu, volatilisées sans explication. Une muraille de contaminés se dressait à vingt, peut-être trente mètres. Ils s’agitaient et grognaient sans avancer vers elle, bloqués dans leur marche en avant, cognant contre une sorte de barrière invisible qu’ils grattaient de leurs membres rongés.