Un époux en héritage

Il lui suffisait d’un regard pour lui couper le souffle, songea-t-elle en fermant les yeux. Mais c’était « purement sexuel », comme il l’avait dit. Il fallait apprendre à considérer cet aspect de leur relation avec la même désinvolture. Y parviendrait-elle ? Elle avait déjà une fâcheuse tendance à le trouver attachant…

— Archie peut dormir sous le lit, décréta-t-il. Mais pas dedans avec nous.

— Il vaudrait mieux éviter de… faire quoi que ce soit, murmura-t-elle, les joues en feu. Je… J’ai un peu mal…

— Ce n’est pas un problème.

Soulagée, elle sourit et ferma les yeux.

Cesare se leva et se déshabilla en contemplant son visage détendu. Mission accomplie, lune de miel de nouveau sur les rails, songea-t-il avec satisfaction. Lorsqu’il se glissa sous les draps à côté d’elle, il se surprit à glisser un bras autour de sa taille. C’était parce qu’elle avait le sommeil agité, se dit-il aussitôt. S’il la laissait libre de bouger, elle allait le gêner.

Curieusement, malgré l’épisode de la salle de bains, elle ne l’avait pas agacé un seul instant. Peut-être parce qu’elle n’avait rien d’une femme intéressée, comme il l’avait cru au départ. Pourquoi l’avait-il si mal jugée ? Après tout, il avait une grand-mère, une belle-mère et trois sœurs, qui n’étaient ni riches ni intéressées.

Pendant toutes ces années, avait-il délibérément recherché des femmes qui ne s’intéressaient qu’à son argent ? Et, si oui, était-ce vraiment par goût des relations éphémères ? Ou bien par crainte de retomber amoureux ? Presque dix ans s’étaient écoulés depuis que Serafina l’avait laissé tomber pour épouser son prince. Il refusait de penser qu’elle l’avait traumatisé au point de l’empêcher de s’engager dans une relation durable. Et pourtant, depuis dix ans, il n’avait jamais vécu ne serait-ce que temporairement avec une femme…

Dans l’obscurité, Cesare jura silencieusement. Que lui arrivait-il ? Se livrer à l’introspection n’était pas dans ses habitudes… C’était sans doute l’alliance qu’il portait au doigt qui le perturbait. C’était le fait de se sentir marié et peut-être un peu piégé… avec Archie qui ronflait à côté du lit et Lizzie qui était blottie contre lui.

Mais elle s’était mariée par intérêt tout comme lui, se rappela-t-il. C’était un mariage de convenance. S’ils devaient vivre comme un couple normal, c’était uniquement parce qu’ils avaient prévu de faire un enfant. Pourquoi le fait de coucher avec une femme devrait-il systématiquement déboucher sur une relation sérieuse ? Il n’y avait aucune raison. Depuis Serafina, il n’avait jamais fait le moindre effort pour une femme. Il n’était pas stupide au point d’en faire pour Lizzie, non ?

Les ronflements d’Archie semblèrent prendre soudain des accents moqueurs.