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J’étais toute petite quand on m’a raconté l’histoire de ma naissance et le désespoir de mon père à l’annonce que sa femme venait d’accoucher d’une fille. Un désespoir si puissant qu’il a nié mon arrivée pendant près de trois semaines. Aux amis qui venaient aux nouvelles, il affirmait : « Non, Fritna n’a pas encore accouché. » Certains s’étonnaient : « Voyons, pas encore ? » Mais Édouard persistait : « Non, toujours pas. Bientôt, bientôt… » Il ne parvenait pas à se faire à cette catastrophe – une descendance féminine –, lui qui, pourtant, avait déjà un fils aîné. Ce récit mille fois relayé en famille a résonné dans tout mon être comme un glas : j’étais née du mauvais côté. Mais c’était aussi un appel au sursaut et à l’insoumission. Oui, la révolte s’est levée très tôt en moi. Dure, violente. Mes engagements ultérieurs en sont directement le fruit. La blessure de l’injustice m’a donné une force fabuleuse, parce que désespérée.
- Parce qu'une vie ne se refait jamais. Prenez une feuille de papier et déchirez-la, vous aurez beau recoller chaque morceau, il restera toujours les déchirures, les pliures et le scotch.
- D'accord mais quand les morceaux sont recollés, vous pouvez continuer à écrire sur cette feuille.
- Oui, si vous avez un bon feutre.
Quand Léonine est apparue, ma jeunesse s'est fracassée aussi violemment qu'un vase en porcelaine sur du carrelage. C'est elle qui a enterré ma vie de jeune fille. En quelques minutes, je suis passée du rire aux larmes, du beau temps à la pluie. Comme un ciel de mars, j'étais les éclaircies et les giboulées en même temps. J'avais tous les sens en éveil, aiguisés comme ceux d'une aveugle.
Après la fermeture des grilles, le temps est à moi. J'en suis l'unique propriétaire. C'est un luxe d'être propriétaire de son temps. Je pense que c'est un des plus grands luxes qu'un être humain puisse s'offrir.
J'envie les personnes qui ne se soucient pas de l'image qu'elles renvoient, de ce que pensent les autres. Les personnes qui ont tellement confiance en elles que rien ne peut les déstabiliser. Moi, je me remets tellement en question que je suis capable de me sentir coupable même si je suis victime. Il y en a qui, pour ne pas déplaire, n'osent pas avouer qu'ils pensent le contraire des gens. Moi, je n'ose même pas penser le contraire. J'envie ceux qui n'ont pas besoin de l'approbation des autres pour s'aimer. J'aimerais que la seule approbation qui compte soit la mienne.
C'est douloureux, ce passage entre l'enfance et l'adolescence, quand les illusions volent en éclats et les rêves se fracassent contre la réalité. Je regrette cette candeur confortable, ce monde épargné où les bobos s'envolent en un dodo. Je regrette cette vie où je ne savais pas, cette bulle de douceur dont papa et maman étaient les remparts. J'avance vers la majorité en semant des petits cailloux d'innocence. Je ne veux pas tous les perdre. Je ne veux plus grandir.
J'écris parce que je crois à la force militante des mots. Je n'ai jamais été ni ne serai un homme de convictions religieuses parce qu'elles heurtent mes convictions morales, mais je garde du christianisme la formidable affirmation : "Au commencement était le verbe", vérité jamais théologique mais grammaticale, car le mot est en soi un acte de fondation et que les choses existent à force de les nommer.
Le mot victime est précis, dur, sans équivoque, et ne requiert pas d'ornements pour exalter sa raison. Mais la banalité et la version unilatérale d'un camp lui ajoutent aujourd'hui l'appendice des "dommages collatéraux" et, comme par enchantement, les victimes se transforment en quelque chose d'indéchiffrable, la douleur est minimisée et le bourreau se voit ainsi exonéré de toute responsabilité.
- Le moment est venu de te dire quelque chose d'intelligent.
- Ok, vieux sage. Dis-moi une vérité universelle, me répondit-il.
- Mon grand-père disait qu'on est de là où on se sent le mieux.
- Ça me plaît. C'est vrai. Alors je suis d'ici.
Nous les Chiliens, nous aimons les diminutifs, peut-être parce que nous vivons dans un pays trop long, que nous ne sommes pas très nombreux et que la tendresse des diminutifs fait que nous nous sentons moins seuls.
- Et qu'est-ce que c'est la littérature, Goyo ? lui demande ma voix.
- Bien se servir des mots, les laisser libres et honnêtes, parce que les mots veulent être libres et honnêtes, répond-il entre deux bouffées de fumée bleue.
Je dois également porter ceci au crédit des Indiens : c'est un peuple formidablement tolérant et, si certaines de nos manières ou de nos coutumes semblent perpétuellement les amuser, ils n'ont encore jamais fait mine de les condamner ou de nous censurer. Ils se sont jusqu'ici montrés simplement curieux, mais toujours respectueux.
Dans les différentes fonctions que j'ai occupées, au gouvernement, au Parlement européen, au Conseil constitutionnel, je me suis efforcée de ne pas faseyer, plaçant mes actes au service des principes auxquels je demeure attachée par toutes mes fibres : le sens de la justice, le respect de l'homme, la vigilance face à l'évolution de la société.
J'ai répété que nous ne devions pas perdre de vue la chance qui fut la nôtre, après la Seconde Guerre mondiale, de vivre dans un régime de liberté, tandis que le rideau de fer se refermait sur l'autre moitié de l'Europe. Soyons honnêtes : nous avons joui de cette liberté sans trop nous soucier de ce qui se passait là-bas ni vraiment nous sentir solidaires de la misère des autres.
Les Français n'ont jamais compris l'utilité de ce genre d'action, incapables de voir qu'il ne sert à rien de déplorer la perte d'influence de son pays si l'on reste chez soi, les bras croisés.
Peut-être aurais-je pu me battre davantage, mais les jeux politiciens que je n'avais fuis en France que pour mieux les retrouver à Strasbourg avaient eu raison de mes forces.
Autre chose me gêne dans ces droits de l'homme prétendument universels, c'est que, précisément, ils ne le sont pas. Il y a toujours deux poids et deux mesures.
Nous vivons un paradoxe : l'Européen d'aujourd'hui voyage beaucoup, l'euro est devenu une réalité dont la plupart se félicitent, Internet est entré dans les mœurs et la dimension de la mondialisation domine la pensée contemporaine. Cependant, les citoyens semblent beaucoup plus attachés à leur identité nationale qu'il y a vingt ans, au point que partout se développent des tentations communautaires.
[...] des espaces dénudés sur lesquels règne le silence ; c'est le poids effrayant du vide que l'oubli n'a pas le droit de combler, et que la mémoire des vivants habitera toujours.