Extraits

Extrait de "Une si jolie nuit" d'Olivia Ruiz (p.201)

C'était aussi çà, la magie de ces minuscules bonbons, recouvrir leurs existences d'une épaisse couche de peinture pour faire oublier qu'en dessous le mur s'effrite.

Extrait de "Une si jolie nuit" d'Olivia Ruiz (p.192)

Pierre venait de lancer les réjouissances. Avant même qu'ils soient arrivés à destination. Les mèches dans leur ventre étaient allumées. Dans trente minutes, elles feraient décoller les milliers de petites fusées pour les faire exploser dans leur cerveau. Les mâchoires serrées prouveraient le bon fonctionnement du bonbon illicite. Anita aimait tellement ça. Perdre le contrôle. Sentir ses pupilles indomptables faire des loopings dans ses yeux écarquillés au point d'avoir l'impression de voir jusqu'au bout du monde. De se sentir plus proche de son homme que jamais. Au point de se comprendre comme jamais. De s'aimer comme jamais.

... ... ...

Les plus infimes parties de leur anatomie semblaient mises en éveil par la musique.

… nous entrâmes dans cet âge sombre où la vieillesse rétrécit le monde, gâche les jours, abîme le bonheur et tourmente les corps.

Spoiler(cliquez pour révéler)Jean-Paul Dubois – Une belle vie avec Charlie

Ces années-là furent prodigieuses. Elle et moi portions en nous cette sève incomparable de la vie qui suffisait à nous rendre heureux.

Le visage de Charon devint radieux.

-Eh oui, il n'y a pas à dire, un premier amour, ça rapporte ...

Comme il dévalait les marches, un hurlement le saisit qui résonna dans la cage d'escalier. Le hurlement d'un damné.

Ses yeux s'écarquillèrent. Je n'en revenais pas de dire des horreurs pareilles. Je ne comprenais pas cette jalousie inattendue et incontrôlable. En réalité, je ne la comprenais que trop bien? Eric n'avait jamais utilisé ce ton-là, même quand il avait pu évoquer de bons souvenirs avec son ex-femme. Là, il me parlait d'une autre, tombée du ciel comme par magie, d'un ton romantique. Elle avait été importante pour lui, très importante, c'était palpable, je n'avais pas besoin qu'il me le dise pour le saisir.

Bizarrement, je ne lui en voulais pas de m'avoir volé mon premier amour. De cela, de "Franz", je me fichais même totalement. Mais à elle, à elle, je reprochais sa duplicité.

Elle m'avait menti, elle m'avait trahie pendant trois ans. C'était elle mon premier amour, et c'était elle qui m'avait volé ma confiance en la musique et mon adoration pour elle.

Quelle tristesse de constater que son travail à elle, son amour pour la musique, ses études, ses dons aboutissaient à cela : tenter de transmettre un peu de sa passion à des enfants de beaufs, bouchés à l'émeri.

J'ai probablement connu l'un ou l'autre de ses amants, lors des dîners de copains musiciens qu'elle donnait dans notre minuscule logis, mais n'en ai rencontré aucun au petit déjeuner.