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Un souvenir prend ses aises dans sa tête, un secret dont il n’a jamais parlé, à personne. Dans la petite librairie en bas de sa rue, à Paris, Jules feuillette les livres qu’il sait qu’il ne va pas acheter. Il caresse leur couverture (mais tout le monde le fait, ça, ça ne compte pas) puis il ouvre la dernière page et lit les derniers mots. Et tenir la main d’Eric contre sa peau, le sentir avec lui, lui procure le même frisson. Ça doit avoir affaire avec l’éternité ou un truc du genre.
Afficher en entierIl se couche et éteint la lumière. L’obscurité qui les entour est d’une espèce de bleu sombre peut-être similaire à la couleur de la Fosse des Mariannes. Jules n’a toujours pas fermé les yeux même si les formes du corps d’Eric n’expriment plus rien qu’une masse imprécise. C’est le moment parfait pour sortir une référence au 9 novembre 1989, mais rien ne vient. En fait, il n’a pas envie de se réfugier dans l’humour, parce que ça ne paraît pas nécessaire. Il ne doit se protéger de rien.
Il ne connaissait pas ce sentiment.
Afficher en entierCet amour pour la région n'est pas de sang, il est fait de la chair de ses souvenirs.
Afficher en entier"Celui-ci est cadencé par des cigales à un tel point nombreuses qu’elles ont fini par se coordonner pour ne frémir qu’en un seul chant. Parfois, Jules ne les entend plus, comme le son de son propre cœur qui bat ; une espèce de chanson qui est une partie de lui et qui fait tout en paraissant n’être rien. C’est comme ça qu’il trouve que la vie est belle, quand les petits bonheurs qui rythment les années ont fini par se coller à sa peau et se sont inscrits dans sa chair, sans que personne ne s’en rende compte."
Afficher en entierIl y a, dans les Alpilles, cette complexité poétique qui forme les intérêts les plus bruts. Autour de la roche dure et froide, les oliviers gorgés de soleil se sont installés. Le ciel bleu y nargue la terre orangée comme la palette d’un peintre qui ne jouerait que de la complémentarité abusive d’un genre mis en place selon son bon vouloir. Les monts sont à portée de la volonté, ce n’est pas la Suisse, ce n’est pas le Népal. Et les villages sont inscrits dans le sol depuis des siècles, presque timides dans toute leur beauté simple.
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