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Ce n’est surement pas de briller

Qui nous empêchera de tomber

Ce n’est surement pas de tomber,

Qui nous empêchera de rêver.

Deux par deux rassemblées, Pierre Lapointe 2006

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Sa voix est chaude. Il a murmuré cette demande en tendant un bras dans ma direction, mais sans me toucher. Lorsque je sens que j'ai les yeux pleins d'eau, mon regard quitte le sien et je me dirige vers la porte. Je suis libre de partir, et c'est ce que je fais sans rien dire. Que dire de plus ? Je dévale l'escalier en courant. Est-ce que j'ai oublié quelque chose ? Non. Je n'avais pas de sac, j'avais placé l'essentiel dans mes poches. Je pense que j'ai abandonné quelque chose là-haut. Pas un objet, non, mais quelque chose de plus important. Je me concentre sur cet escalier qui défile à toute vitesse parce que je ne veux pas me fouler une cheville. Ça m'arrive souvent... J'ai l'impression d'avoir laissé... d'avoir oublié... J'ai le sentiment que je devrais remonter. J'ai peur d'avoir fait une erreur. Ai-je laissé mon cœur là-haut ?

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— Allons nous promener! On ne peut pas être ici sans faire un peu les touristes et profiter du paysage enchanteur…

— D’accord, répond-il en abdiquant.

En haut d’une rue en pente, je sors mon téléphone et photographie en plongée le séduisant jeune homme qui m’accompagne. On voit tout le décor de cette rue commerciale charmante. Hum, il flotte une odeur de maïs soufflé, c’est incroyablement accrocheur. Avec un parfum pareil, nul besoin de vendre à la criée.

Ensuite, alors qu’il se tient à côté de la rambarde, près du Château, je photographie Manuel à nouveau. Puis, je me mets à chanter Polaroid, d’Alex Nevsky. À fredonner, disons.

C’est beau, oh, oh…On ferait des po-la-la-la-laroids…

Les commissures de sa bouche s’étirent et il enchaîne:

Toi qui cours nue dans la nuit,moi l’accro, toi la drogue, c’est chaud-o-o.

Puis, je le prends cette fois en contre-plongée. Et je fredonne toujours:

la-la-la…

— Tu vas sembler aussi grand que le Château!

— Je vais t’en faire une, contre-plongée, moi!

— Aaahh!

Il me soulève et… j’ai l’impression qu’il va me lancer au bout de ses bras! Il me tient en l’air une seconde ou deux, puis me fait glisser le long de son corps pour me poser au sol. Nos respirations se mélangent, et je suis fébrile. Ses iris sont brillants. Avec les rayons du soleil qui les illuminent, je peux voir le brun riche et le doré scintillant autour de ses pupilles. Et sa bouche est invitante, encore une fois. Nous reprenons la marche, et Manuel siffle sur cet air enjoué:

On ferait la la la la l’amour…

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