Commentaire de Im-a-Sassenach

Je suis complètement confuse, je ne sais pas quoi penser de ce one-shot. Je ne saurais pas dire si je l'ai adoré ou détesté. Bon, j'admets, on ne peut pas détester ce récit, il présente des qualités indéniables. La dystopie présentée est parfaitement bien construite et crédible, on retrouve de la dystopie pure et dure : un gouvernement d'apparence utopique, qui prône la liberté et l'égalité des citoyens alors qu'il est évident qu'il y a des failles sous la surface. Entre autres la corruption, la spoliation des biens, l'exploitation des pauvres, la surveillance de la population. L'auteur a su avec brio toucher là où ça fait mal et à rapprocher cette ère futuriste de la nôtre. On ne sait pas quand se passe le déroulement de l'intrigue, nous n'avons aucun indice de date. Cependant, il semble évident que cela se rapproche plus de notre ère que d'autre chose. Appelez simplement l'Europe "l'E" et la Triade (pays riches et développés, comme le nôtre par ex) "le premier monde", en opposition avec le Tiers Monde, et c'est la seule vraie différence avec notre époque. L'histoire nous révèle un monde où les affamés, les malheureux, voient leurs matières premières exponentielles exploitées par les pays riches, d'où le fait qu'ils sont dans la misère malgré leur richesse apparente. Ça ne vous rappelle rien, ça ? Ça fait des siècles qu'on est en plein dedans ! Du coup, on parvient aisément à s'identifier à cette histoire et la trouver crédible, voir même tout à fait réalisable dans notre monde actuel, nous sommes actuellement dans le processus. Car l'écrivain traite aussi beaucoup sur les nouvelles technologies et sur l'atteinte à la vie privée. Vous savez, la surveillance, l'espionnage de la population à travers leurs téléphones. Tom Easton va encore plus loin en nous présentant la disparition d'éléments considérés obsolètes, comme le téléphone fixe, pour s'implanter les téléphones dans le cerveau. Métaphore subtile de la manipulation et de la dépendance qu'on subit à cause de ces engins. Pour sa dystopie, Easton a su trouver les bonnes idées et arguments à exploiter. Alors pourquoi n'ai-je pas eu le coup de cœur pour ce roman dans ce cas ? Disons que les sept secondes du titre (titre qui, au passage, colle très bien à l'histoire) se sont allongées, égrainées, elles m'ont parue plus de longues minutes que de simples secondes. Ce que je reproche à l'histoire, vous l'aurez compris, c'est sa longueur, et notamment à cause de sa focalisation sur la fuite de Mila, l'héroïne. Cela prend toute la place dans l'intrigue, et c'est ennuyant, et je n'ai pas su voir où Tom Easton voulait en venir exactement avec cette traque quasi interminable. Certains points sont intéressants, certes, comme montrer la cruauté et le robotisation des hommes sous contrôle, mais je pense que le problème vient de l'histoire en elle-même, il aurait fallu une autre manière d'amener à la dystopie, au gouvernement insulaire défectueux, qu'avec ce sempiternel jeu du chat et de la souris, qui m'a vite lassée. D'autre part, les lieux entre les îles ou le pays natal de Mila sont difficiles à cibler au départ, c'est un peu déroutant. Enfin, les personnages sont peu attachants, enfin, pour les Agents insulaires, j'imagine que c'est normal, mais même pour Mila, cela m'a été dur de l'aimer. La fin sauve le reste, car elle n'est certes pas un happy ending (et ce n'est certainement pas ce que j'aurais voulu) mais elle est belle, telle que je l'espérais, tout en gardant sa part d'amertume, en contrario avec le monde inégal dans lequel Mila vit et qui ne va pas se soigner de sitôt. Une fin très réaliste en somme, sans pour autant plonger dans le pessimisme total qu'on peut trouver dans d'autres dystopies. Je vous recommande la lecture de ce roman si, comme moi, vous êtes fan du genre, mais je vous préviens que ça peut paraître longuet sur la durée.