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Extrait ajouté par PataloChou 2018-06-12T08:55:08+02:00

Nous prenons la route un peu avant huit heures du matin. Je suis conscient que quelque chose d’étrange s’est passé entre So Peanh et moi. Je me demande si elle s’en est rendue compte. Forcément, puisque c’est elle qui a fait le premier pas en tendant ses doigts vers mon visage. Geste de femme enfant, geste de partenaire sexuel en devenir, ou un peu des deux ? Difficile de se faire une opinion.

Jusqu’à quatre heures de l’après-midi, sous un soleil particulièrement clément, nous explorons les alentours du chantier et la partie la plus orientale du plateau du Bokor, sans trouver la moindre trace de grand fauve. Puis, après avoir discuté une nouvelle fois avec les architectes français et certains ouvriers, nous reprenons la piste. À mi-descente, So Peanh prend tout droit dans un lacet, manœuvrant son 4x4 sur un chemin étroit, mal élagué, que je n’avais pas remarqué à la montée. Au bout de deux ou trois cents mètres d’un trajet ponctué par le fracas de branches rayant ou frappant la carrosserie, nous nous arrêtons devant un tout petit village de cinq maisons sur pilotis. L’ensemble, dressé au milieu des arbres, traversé par un cours d’eau pour le moment à sec, dénué de fils électriques, d’antennes de télévision, de paraboles, semble surgi de l’âge du fer ou presque.

Des enfants de tous âges, une bonne dizaine, nous entourent en riant dès que nous sortons du 4x4 – ils veulent des bonbons ou juste dire bonjour. So Peanh me conduit d’abord jusqu’à la pompe du village où nous nous lavons les pieds et chaussons des tongs en plastique blanc, puis jusqu’à une haute maison sur pilotis dans laquelle nous montons pieds nus après nous les être essuyés.

Un vieil homme maigre aux yeux blanchis par la cataracte nous accueille d’un grand sourire et d’un salut respectueux. Il adresse trois mots secs à sa femme, aussi âgée et fripée que lui, et nous invite à nous asseoir dans son humble demeure, à même la natte disposée sur le plancher.

Confortablement assis l’un en face de l’autre, So Peanh et le vieil homme se lancent dans une longue conversation amicale qui dure peut-être vingt minutes et dont je suis, par la force des choses, totalement exclu. Au sein de ce torrent de mots et de sourires, je reconnais à plusieurs reprises le vocable « klor » qui signifie « tigre » en khmer. Alors que le tête à tête semble prendre fin, la maîtresse de maison me tend une chope à bière contenant une décoction d’écorces très odorante, brûlante, dans laquelle je me contente de tremper mes lèvres.

Quand le silence revient enfin, je demande à So Peanh de quoi elle et le vieil homme viennent de discuter.

« De la tigresse… Il a vu la tigresse quand il était enfant, et il l’a vue de nouveau, il y a une lune, la même tigresse. Il dit que la vraie tigresse, celle de son enfance, a été tuée par les Khmers Rouges au tout début de leur règne. Celle qu’il a vue cette année est un fantôme.

— Un fantôme ? N’importe quoi…

— Chut, il comprend un peu l’anglais… Il m’a dit aussi que si vous cherchez la tigresse, vous devez d’abord la chercher en vous. Ce qui ne devrait pas être difficile car vous êtes connecté avec les tigres. » Elle me montre discrètement mon visage. « Connecté, vous comprenez ?

— C’est tout ? Vous avez parlé au moins vingt minutes… »

D’un seul coup, So Peanh semble à la fois embarrassée et amusée. Si sa peau n’avait pas été aussi sombre, je crois qu’elle aurait rougi.

« Non, ce n’est pas tout, je lui ai demandé pour vous et moi.

— Pour nous deux, qu’est-ce que ça veut dire ?

— Il a dit que du tourment pouvaient naître de bonnes choses, mais que je devais être sûre de moi, car il n’est pas aisé de partager l’ombre de trois fantômes…

— Je ne comprends pas.

— Mais si, me dit So Peanh en souriant. Trois fantômes dans votre vie d’aujourd’hui… Le soleil se couche, je vais vous laisser. Quand vous aurez fini, je serai avec les femmes, ou dans le 4x4. N’oubliez pas, pou Shepard, personne n’est parfait.

— Vous êtes parfaite, So Peanh. »

Elle éclate de rire et, sans doute pour me contredire, se lève en se grattant ostensiblement la fesse.

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