Extraits

— Tu es à l’aise ? demanda-t-il, et le dernier à-coup au niveau de mes hanches me fit sursauter. C’est ta dernière chance, donc parle.

— Étonnamment, oui, répondis-je. C’est confortable, monsieur. Solide, mais rassurant, d’une certaine façon, comme si ce n’était pas à moi de rester droit, et que je pouvais lui faire confiance pour me maintenir debout.

Il fit un nœud pour le garder en place, puis plaça ses mains sur mes hanches, embrassant mon épaule.

— Vois ça comme si c’était moi qui te maintenais debout et t’aidais à rester calme et droit. Je sais que tu es nerveux à l’idée de te montrer affectueux envers moi devant ta famille et, franchement, peu importe à quel point ils se sont habitués à ton orientation sexuelle, ils ne seront peut-être jamais prêts à nous voir faire autre chose que nous tenir côte à côte à leur table. Ce corset, c’est une façon de te rappeler que, où que nous soyons, tu es à moi. Quand tu te sentiras stressé, je serai là avec toi, même si je ne me trouve pas dans la même pièce ou que je ne peux pas te toucher comme j’en ai envie.

De la même façon qu’il faut plus de force pour s’incliner devant quelqu’un que de se tenir debout à ses côtés, il faut plus d’humilité et de conscience de soi pour savoir ce que l’on ne peut pas contrôler pour éviter de perdre le contrôle entièrement.

— Oncle Gavon, tu joueras à la dînette avec moi ? demanda Annalise, une main sur chacune de mes joues alors qu’elle me regardait depuis son perchoir, sur mon bras.

— Elle va te faire porter une couronne, me prévint Marcie.

— Et alors ? Les garçons portent des couronnes si ça en a envie.

Annalise tira la langue à sa sœur.

— Parfois, dit Ben, en souriant et tenant la porte ouverte afin que nous puissions échapper au froid. On appelle ça des drag queens.

— Qui est-ce qu’ils draguent ? demanda Annalise avec de grands yeux.

— Personne, répondis-je, en feignant de lancer un regard noir à Ben.

Mason allait nous adorer.

— Ce sont des hommes qui s’habillent en femme. Certains sont des acteurs et d’autres le font parce qu’ils sont plus à l’aise. Certains sont même plus jolis en femme que les femmes.

— Je veux être une drag queen, piailla Annalise. Surtout si je peux porter une couronne.

— Maman ne voudra pas, dit Marcie avec un air de je-sais-tout. Les trucs de princesse doivent rester à la maison, tu te souviens ?

— Les trucs de princesse. Pas les trucs de drag queen.

Annalise leva les yeux au ciel comme si la différence aurait dû être évidente. Elle gigota pour redescendre et partit en courant vers la cuisine, sa sœur sur les talons, pour voir ce que dirait leur mère.

— Génial. Merci, Ben. Merci beaucoup.

Il haussa les épaules, prenant nos manteaux et les accrochant au portemanteau près de la porte.

— Hé, à quoi servent les oncles si ce n’est à jeter des clés à molette dans les roues de leurs frères et sœurs déjà parents ?

— Mais c’est moi qu’on engueule.

— Raison de plus.

Plus il s’approchait du lit, plus ses mouvements se faisaient lents, jusqu’à ce que je commence à remuer sous mes liens, cherchant à l’atteindre, arquant les hanches dans sa direction, cambrant tout mon corps comme un tournesol en mal de soleil.

— Qu’y a-t-il, mon chat ? demanda-t-il quand je me mis à gémir, et il posa une main sur le lit, à quelques centimètres de mes côtes.

Juste assez près pour me faire sentir sa chaleur, mais rien de plus.

— Touchez-moi, je vous en prie, suppliai-je.

La soumission avait reculée et je n’acceptais plus passivement ce qui arriverait, mais le recherchais activement.