Extraits

La volupté des impressions : (page 37)

« … Il a repris un air sérieux pour formuler une requête qui semble le préoccuper.

— J’aimerais vous revoir, Sacha.

Un vent frais se lève, le temps va changer. Je baise la tête, puis la redresse en regardant ailleurs, comme si je n’osais pas affronter son regard pour lui parler.

— Ce serait avec plaisir !

Il se penche et murmure à mon oreille :

— Vous n’êtes pas rien pour moi…»

— Sacha ? Enfin ! J’étais inquiet, je pensais qu’après vous avoir donné ma carte vous me recontacteriez, comment allez-vous ?

Je ne cache pas ma surprise :

— Aurélien ?

Son nom dans ma bouche me fait fondre intérieurement.

— Je désespérais de vous entendre, j’ai demandé votre numéro à votre mère.

Je m’esclaffe.

— Heureusement que vous n’êtes pas un tueur en série !

— Honnêtement, rétorque-t-il, les hommes politiques n’en sont pas toujours loin. Vous n’avez pas répondu à ma question…

— Je suis un peu préoccupée en ce moment, ne vous en formalisez pas.

— Aurélien ? Quel effet ça te fait de me faire l’amour ?

Il se redresse gauchement, puis s’appuie sur un coude pour me répondre :

— Tu veux savoir ce que je ressens quand je… jouis ?C’est quelque peu inhabituel comme question, mademoiselle Grasset ! se moque-t-il gentiment.

— Non, Aurélien. C’est juste que moi, je ressens quelque chose de singulier.

Il rigole doucement en mordillant mon bras.

— Je suis un Dieu du sexe !

Je frappe sa cuisse et il crie. Ce n’est pas vraiment ce que j’avais en tête. Je bougonne :

— Tu ne comprends pas.

Alors, comme si le ton avait changé, il me fait me retourner. Son expression est plus sérieuse.

— Tu veux savoir à quel point l’ivresse me rend fou ? Je n’ai rien ressenti de comparable de toute ma vie, c’est comme si je vivais un détachement éveillé. Il y a quelque chose de mystique et différent, parce que nous sommes capables de faire interagir plus que nos simples besoins charnels, tout est plus fort et plus grand. La vie à tes côtés Sacha, n’a rien d’une banale existence. Tu es une promesse.

— On peut voyager sans vecteurs également. Nos capacités seraient plus étendues dans ce cas. On parle d’âmes libres.

Il ricane :

— Quel joli terme pour des auras prisonnières de leur condition ! Libres d’être mieux asservies ?

— C’est la Tour Eiffel ! Et elle est neuve !! Aurélien c’est incroyable ! Je sautille sur place, mais soudainement mes yeux se voilent et tout bascule. Je me reprends dans les bras d’Aurélien qui me tient contre son torse.

— Bon sang, Sacha ! Tenez-vous ! Corsetée, à t’exciter, tu vas faire une hyperventilation !

Il a raison, j’avais oublié ce détail qui ne lui a pas échappé. Il ne relâche pas sa prise sur moi. J’observe avec envie et admiration la belle coloration de ses yeux bleus limpides. Nous réduisons spontanément la distance qui nous sépare, je m’avance lentement et ses bras se resserrent. À quelques millimètres nos peaux se frôlent et il murmure sur mes lèvres :

— Oh ! Sacha ! Il capture ma bouche d’un baiser chaste et ferme, je savoure ce contact qui me grise comme un vin trop capiteux.

Aucun de nous ne bouge. L’instant est interminable et magique. Deux amants, échangeant un premier baiser sous les tilleuls en fleur du champ de mars au printemps, enveloppés par le soleil et entourés des plus grandes merveilles du monde. Lorsque nos bouches s’écartent sa langue audacieuse vient à ma rencontre. Et je lui rends ce baiser dont la langueur me galvanise tout entière. Je me sens puissante, heureuse et invincible. Lorsqu’il cesse, j’ai le souffle court et je fixe ses prunelles pleines de dévotion.