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Carine se sentait parfois mal à l’aise dans cette maison où elle avait l’habitude d’être toute seule durant des journées entières, mais le frisson qui venait de la parcourir était différent. Elle tenta vainement d’ignorer la sensation de danger qu’elle percevait dans cette cuisine qu’elle connaissait si bien. Pourtant elle ne parvenait pas à identifier la raison de son anxiété. Son instinct lui conseillait d’immédiatement sortir de cette pièce.
Une main s’abattit soudain sur sa bouche et tira violemment sa tête en arrière. Le bras puissant de son agresseur se referma sur elle. Carine eut beau se débattre et essayer de se dégager, elle était incapable d’affronter un homme aussi fort. La paume collée sur sa belle petite bouche l’empêchait de crier. L’homme se pencha pour lui murmurer à l’oreille :
— Tu es très belle, et très gentille Carine, et j’ai quelques questions pour toi. La peur dans le ventre, Carine hocha vigoureusement la tête.
— Ne me tuez pas s’il vous plait ! articula la jeune femme à bout de souffle.
— Il y a qui d’autres dans la maison ?
Carine se sentait complètement impuissante. Elle pensa au garde à l’entrée.
Au secours !
— Le garde va m’entendre ! mentit-elle, elle savait très bien qu’il était trop loin pour entendre le moindre bruit.
— Je me suis déjà occupé de lui, répliqua l’homme. Une peur glaçante saisit Carine aux entrailles. Elle réussit à libérer un bras en remuant furieusement, se retourna et tenta de griffer son agresseur. Mais celui-ci bloqua chacune de ses tentatives, avant de lui donner une gifle qui la fit tournoyer sur place. Elle trébucha et se retrouva sur le sol. Le blond la saisit d’un bras et la hissa sur le rebord de la gazinière d’où brulait une marmite pleine d’eau que Carine avait, elle-même, mise en feu.
Cela tombe bien.
— Qui d’autres vit ici ? Parle ! dit l’homme en la poussant plus près de la surface de l’eau chaude. La vapeur chaleureuse se propagea dans la gorge de la jeune femme.
— Personne ! Personne ! Ils sont tous en vacances, il n’y a que M. Boussamba et moi. Sa femme est en voyage. Je fais le ménage et la cuisine, hoqueta-t-elle. Laissez-moi partir s’il vous plait !
— Si tu mens... Il augmenta encore la pression jusqu’à ce que les cheveux de Carine se retrouvent en partie dans l’eau bouillante.
— C’est la vérité ! cria-t-elle en toussant. Le quatre janvier, elle rentre le quatre janvier. C’est ce même jour que les autres employés reprennent le service !
— Merci beaucoup, Carine. Croyez-moi, ce que je m’apprête à faire ne me réjouit pas beaucoup, mais je dois le faire.
Ses mains puissantes se refermèrent sur la nuque de la dame de ménage. Une force implacable plongea son visage dans le liquide bouillant, une douleur ardente jaillit dans ses yeux et sur son visage. Protégé par des gants de cuir noir, l’homme enfonça complètement la tête de Carine sous l’eau chaude. Elle se débattit, mais sans succès. Tellement la douleur était insupportable. C’était comme gouter aux buchées et se faire bruler vive. Avec la dernière force possible, Carine essaya d’émerger, mais malheureusement, les mains de son agresseur ne bougèrent pas le moins du monde.
Il faut que je respire ! Je vais m’étouffer !
Complètement submergée, elle s’efforçait de n’ouvrir ni les yeux ni la bouche. Carine luttait contre une puissante envie de respirer, mais le pire c’était la douleur des brulures. Et le réflexe naturel finit par prendre le dessus, la bouche de la jeune femme s’ouvrit grandement, sans qu’elle lui en donne l’ordre. Ses poumons se dilatèrent d’un coup pour avaler l’oxygène dont son corps avait éperdument besoin. En une fraction de seconde, des litres d’eau bouillante s’engouffrèrent dans sa gorge. Le liquide chaud envahit sa trachée, lui remplit les poumons.
Carine n’avait jamais ressenti une douleur aussi horrible. Elle se débâtit par instinct, mais sans espoir. Elle succomba et la nuit éternelle tomba sur son univers.
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