Extraits

- Tu ne peux pas rompre avec moi. Ton contrat est très précis sur ce point. J'ai vérifié.

- Un cookie aux pépites de chocolat ? me propose-t-elle en me tendant une assiette. Les conversations pénibles passent mieux avec une petite douceur.

Je me demande si elle tient cette théorie de Griff, ou si c'est l'inverse. Quoi qu'il en soit, je me laisse tomber sur la chaise vide et prend un cookie. C'est la première bonne chose qui m'arrive depuis le début de la journée.

Je ne tarde pas à m'apercevoir de mon erreur. Ces saletés ne sont pas au chocolat, mais aux flocons d'avoine et aux raisins secs.

- J'ai bien conscience que mes réactions n'ont aucune logique. Mais c'est parce que je ne sais plus quoi faire.

- Tu n'as rien à faire. Contente-toi d'être Lucy.

- Même si ça signifie être à cran, lunatique et exigeante ?

- Je t'aime comme tu es.

"Sans cœur", m'a dit quelqu'un l'autre jour. "Tu es une garce sans cœur".

C'est là que je bloque.

Si je n'ai pas de cœur, quelle est cette chose douloureuse, brûlante et pleine d'espoir qui palpite si fort dans ma poitrine que ça m'empêche de dormir la nuit ? Cette chose qui se serre quand il m'embrasse, et encore plus lorsqu'il s'éloigne ?

Je suis sévèrement allergique à tout projet de groupe. Prince-Moucheté pense que je souffre d'un complexe de supériorité. Il a peut-être raison, car lorqu'il m'a fait part de cette théorie, je lui ai répondu : "Qu'est ce tu en sais ? Tu n'es qu'un cheval." Ce à quoi il m'a rétorqué : "Hiiiiii !"

Dans la vraie vie, il semblerait que le travail d'équipe rende les fardeaux plus supportables que je ne l'aurais imaginé.

Il pousse un soupir indigné, et j’imagine ses yeux bruns et sa tignasse frisée de génie excentrique baignant dans la lueur de l’écran d’ordinateur.

– Pas de Sherlock, pas de Watson, pas d’enquête.

Je gratte le ventre de Zombie.

– Tu ne lâcheras pas le morceau, pas vrai ?

– Aucune chance, poupée, répond-il sur un ton de détective de film noir. On va résoudre ce crime et épingler ce guignol, poupée.

Zombie ronfle sur mes genoux, et pour la première fois depuis que le scandale a éclaté, je commence à y croire. Peut-être que j’ai vraiment une chance de récupérer ma meilleure amie.

– Bon, voilà ce que je te propose : OK pour Sherlock, pour Watson et pour l’article. Mais en échange, tu dois me promettre de ne plus jamais me parler comme ça.

– Marché conclu, Sherlock ! 

- Des Tartes aux Regrets ?

- Chocolat-espresso et citron-myrtille. Je ne voulais pas venir les mains vides. En fait, je ne voulais pas venir du tout.

C'est ce que j'adore dans les jeux en ligne. A partir du moment où on est capable de tuer des morts-vivants et de défendre ses camarades, on peut être qui on veut. Princesse. Guerrière. Mystérieuse étrangère. A l'inverse du monde réel, où tout le monde peut me voir me tortiller comme une idiote dans ma robe.