Extraits

J'ai voulu lui coller un baiser sur la joue mais il s'est esquivé.

- Je rectifie. Je serai ton anti-cavalier. Et surtout ne va pas te faire des idées. [Patrick]

-Quelles idées ? [Brie]

- Ne me fais des scènes de jalousie si toutes les filles de la soirée se jettent sur moi.

- Ne te gène surtout pas, chéri.

- Whaouh ! Tu as dit chéri ?

- C'est trop te flatter ?

- Mon Dieu ! Ses yeux brillaient. Tu as vraiment une idée derrière la tête, hein ?

J'ai pincé son bras très fort.

- Arrête de prendre tes rêves pour la réalité !

Son visage s'est illuminé et il m'a souri. Le sol a tremblé sous mes pieds et je l'ai entendu me glisser sans ouvrir la bouche.

- Ne jamais dire jamais, trésor. Il y a un début à tout.

Il m'a tendu la main.

- Je m'appelle Patrick.

- Brie.

Il m'a regardé comme si j'avais un poivron géant collé sur le visage.

- Brie ? Comme le fromage ?

- Ouais, on ne me l'avait encore jamais faite.

- Merci, a-t-il dit en souriant, je sais, je trouve toujours les bons mots.

Ensuite on s'est tus. J'ai regardé les autres puis j'ai compris quelque chose : [...] Tout le monde ici à l'exception de Madame Mots Croisés était jeune.

- Tu a l'air bizarre, a-t-il dit.

Perspicace en plus de ça. Je me suis penchée vers lui et j'ai chuchoté :

- Qui sont tous ces gens ?

- Des morts sans intérêt.

- Mais où sont tous les vieux ? Les adultes ?

- Euuh ... Sans doute dans un restaurant plus chic, a-t-il dit en grimaçant.

- Tu es toujours aussi aimable ?

- Tu es toujours aussi belle ?

- Très drôle. Sérieusement, qu'est-ce qu'on fait ici ?

Il a haussé les épaules, une fois de plus.

-Tu veux aller piquer une tête ?

-Négatif.

-Faire un tour de poney ?

-Non, merci.

-Faire un câlin ?

J'ai brusquement cessé ma lecture.

-Pardon ?

Il a souri.

-C'était juste pour te faire réagir.

-Ca m'a l'air intéréssant, a dit Patrick.

-Quoi ?

-Je ne savais pas que c'était une plage de nudistes. La californie n'est plus ce qu'elle était.

-Qu'est ce que tu racontes ? Ce n'est pas une plage nudiste.

Et là, j'ai senti le vent caresser ma fesse gauche.

Nom de Dieu, mais je suis nue !

Dans la joie ou la détresse

Dans le malheur ou le bonheur

Dans le plaisir ou la douleur :

Fais ce que tu dois faire et tu seras en paix.

La vie n'offre rien de plus beau que la paix,

Si ce n'est l'amour.

Que l'amour soit toujours avec toi.

Je n'en revenais pas. Sur la plage, leurs ombres se découpants dans la lumière du soir, se tenaient mes trois copines. Emma, Tess et Sadie, en jeans et sweat-shirt avec leurs oreillers et leurs sacs de couchage, toutes les trois debout sur une grande couverture. Près d'elles, un feu de camp crépitait sous le ciel orangé. De les revoir comme ça ensemble, j'en ai eu les larmes aux yeux. J'ai regardé Patrick.

C'est quoi ça ?

Il a souri. Une fête d'anniversaire. Pour toi.

J'en étais abasourdie. Comment aurai-je pu le remercier ? J'ai ouvert la bouche mais en vain.

Il a mit un doigts sur ses lèvres.

-Elles t'attendent, cette soirée et à toi, amuse-toi.

Avant même que je réalise ce qui se passe, Patrick se penchait vers moi. Doucement, il a effleuré ma joue de ses lèvres. mes yeux se sont fermés et l'espace d'une seconde, j'aurais juré que je sentais quelque chose palpiter dans ma poitrine, comme de délicates ailes de papillons battant à l'endroit de mon coeur. Même si c'était impossible.

Wouah.

Quand j'ai rouvert les yeux, Patrick avait disparu. Volatilisé dans l'air du soir, comme sil n'avait jamais été là. Il faudrait vraiment qu'il m'apprenne ce tour.

Cheveux courts, blonds, yeux très bleus.

Non.

-Daniel.

-Sarah.

Mme Brenner ?

J'allais m'étouffer. Mon professeur. Ma voisine. La meilleure amie de Maman.

Papa a déposé sa serviette, a désséré sa cravate et contre toute attente, a fondu en larmes. Sans bouger tout d'abord puis en lui tombant dans les bras.

Non, pitié, non.

-Incroyable, a dit Patrick.

Mon dieu, je vais vomir.

Et ils s'enlaçaient. Et ils s'embrassaient. Et je me suis enfuie dans le couloir sans me retourner.

Avec Patrick, on a passé tout l'après-midi sur cette pelouse. Sans beaucoup parler. Sous le soleil hivernal de novembre, l'un après l'autres, à regarder passer les nuages en leur inventant des formes.

-Un caniche, a dit Patrick.

-Tu es aveugle ou quoi ? Jamais vu un nuage qui ressemblait si peu à un caniche !

-Dis donc, ce que tu peux être dure quand tu veux !

-C'est un lapin, je te dis.

«La guerre est douce

à ceux qui ne se sont jamais battus.»

«Attends-moi toujours, attends-moi éternellement»