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LE premier jour à la ferme ! L’air avait une fraîcheur plus intense, qui était perceptible. Le soleil déclinait et une brise de septembre soufflait sur les pâturages quand Slade arriva, porteur de ses planches de lecture.
Il soupira. Ce serait bientôt le soir et il ne voulait pas attendre à demain. Il avait acquis la conviction qu’il pourrait se remémorer sans peine les jours heureux de son enfance à la ferme. S’il échouait aujourd’hui, le doute l’envahirait, donnant naissance à la tension nerveuse.
Afficher en entierJ’ai été en relation avec Michael Slade durant une période d’environ deux mois et demi. Je l’ai aidé une heure par jour à pratiquer l’entraînement visuel. Ses progrès étaient lents, car après un retour à la normale le premier jour, il avait subi une rétrogression anormalement forte.
Quand je l’ai interrogé sur les phénomènes qu’il avait observés lors de son bref accès de vision surdéveloppée, il a longtemps hésité, puis a secoué la tête.
Au bout de dix semaines, son troisième œil avait une acuité d’un quarantième seulement. Ce fut alors qu’il décida d’aller séjourner dans sa ferme de Canonville, espérant que le décor de son enfance, en lui détendant l’esprit, lui apporterait une amélioration.
J’ai su plus tard qu’il était revenu chez lui, mais je ne l’ai pas revu jusqu’au jour où l’on m’a appelé à la morgue pour identifier son corps.
Afficher en entierAu début, le paysage environnant demeura partie intégrante du décor. Il voyait toujours les planches de lecture, la haie du jardin, les massifs d’arbustes, les maisons voisines. Mais les éléments d’un paysage différent s’y greffaient, dont il percevait les contours vagues comme en surimpression.
Afficher en entierJe m’appelle Miriam Leona Crenshaw. J’ai été la femme de Michael Slade et j’ai repris mon nom de jeune fille après notre divorce. J’avais fait sa connaissance il y a six ans et avais toujours vu en lui un être normal.
Je n’ai rencontré que deux fois mon mari après l’accident qui a révélé son anomalie. La première fois pour le supplier de renoncer à garder son troisième œil. Mais il était profondément influencé par l’opinion d’un spécialiste de la vue, citée dans la presse locale, qui estimait possible une rééducation simultanée de ses trois yeux. Et il pensait que la publicité accordée à son cas rendrait vain tout effort pour rentrer dans l’anonymat.
Cette décision fut la cause de notre séparation, et je ne revis mon mari que pour signer les papiers du divorce.
Je ne sais rien de spécial sur les événements qui ont suivi. Je n’ai même pas vu le corps. J’ai refusé de l’identifier quand on m’a dit à quel point il était déchiqueté.
Afficher en entierUne blessure superficielle au front, survenue dans un accident d’auto, a révélé que Michael Slade, le jeune agent de change, avait un troisième œil. Mr. Slade a été interviewé à l’hôpital où il a été transporté hier. Il est en bon état, mais fortement troublé par le phénomène dont il est l’objet. La blessure, a-t-il indiqué, a touché un point sensible de son os frontal, point qui a toujours été fragile. Mais il ne s’explique pas la présence de cet organe inutile, dont il se demande quel dessein de la Nature il peut servir.
Afficher en entier« Ton front, Michael ! Le point sensible… Il y a un trou, cela saigne et… Michael, c’est un œil ! »
Slade, ahuri, se pencha vers le rétroviseur, qu’il redressa pour capter son image. L’entaille au centre de son front avait cinq centimètres de large.
À l’intérieur, était visible un troisième œil.
La paupière de cet œil était maintenue fermée par l’afflux de sang. Mais il vit qu’elle commençait à palpiter. Une vague perception lumineuse parvenait à son cerveau.
La plaie commençait à le faire souffrir.
Afficher en entierJE m’appelle Thomas Barron et je suis agent de change. Michael Slade était mon associé depuis neuf ans. Je n’ai jamais rien soupçonné d’anormal chez lui. C’était une forte personnalité ; je le considérais comme un individu supérieur à la moyenne.
Après l’accident d’auto qui a déclenché les événements, je l’ai revu plusieurs fois, pour négocier avec lui le rachat de ses parts dans la société Slade & Barron. Je n’ai décelé en lui rien d’alarmant, et j’ignore ce qui s’est réellement passé.
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